
Prophétie
29/08/2017 13:46Prophétie. Le prophète est le porte-parole de Dieu (le verbe prophêmi signifie annoncer). Prophétiser, c’est parler sous l’inspiration divine, apporter « la parole qui convient pour une situation donnée dans le passé, le présent ou l’avenir » (G. Horster). Le prophète ne dit pas des généralités, il nomme des choses concrètes par leur nom, donne une promesse précise pour une situation précise. « La note spécifique de la prophétie c’est son caractère particulier : c’est une parole particulière inspirée par Dieu, donnée à une personne précise ou à un groupe particulier, dans un but particulier, à un moment particulier » (D. Watson)
La prophétie est le ministère fondamental de la parole que Paul souhaite à tous les croyants (#1Co 14:1-25) mais que tous ne reçoivent pas (#1Co 12:29).
Buts et fonctions.
La prédiction de l’avenir peut faire partie du message prophétique. Elle a constitué une part importante des prophéties de l’Ancien Testament, mais même alors, la prophétie était destinée à stimuler l’action présente : Dieu ne dévoile l’avenir que pour faire agir dans l’immédiat. Dans les Actes, il n’y a que trois prophéties prédisant des événements futurs (#Ac 11:28; 13:11; 21:10-11) et même l’Apocalypse, qui est essentiellement une révélation de l’avenir, avait pour mission immédiate de fortifier et d’encourager les chrétiens confrontés à la persécution de leur temps.
Le but essentiel de la prophétie est d’édifier, d’exhorter et de consoler (#Ac 15:32 ; #1Co 14:3,31 ; #Ap 19:10). Occasionnellement, la prophétie peut aussi intervenir lorsqu’il s’agit de désigner quelqu’un pour un ministère ou de préciser sa tâche (#1Ti 4:14).
Dans l’Ancien Testament, le prophète était le porte-parole de Dieu-comme Aaron était le prophète de Moïse (#Ex 7:1-2). Dieu lui mettait ses paroles dans la bouche (#Jér 1:9 ; #2Ch 20:14 ; #Am 7:16-17). Les 70 anciens d’Israël sur lesquels l’Esprit de Dieu reposait se mirent à prophétiser (#No 11:25-29).
Parfois il lui parlait aussi par des visions (#Esa 6:1 ; #Jér 1:11-13 ; #Za 1:8, etc.). C’est pourquoi le prophète était aussi appelé voyant (#1S 9:9). D’autres fois, Dieu communiquait sa pensée par des messages audibles (#1S 3:4 et suivants ; #Esa 6:8 et suivants ; #Jér 1:4 et suivants). Le don prophétique n’impliquait pas nécessairement la sainteté de l’homme qui l’exerçait (exemple Balaam, #No 23:12).
Jésus-Christ était le prophète par excellence, celui que Moïse avait annoncé (#De 18:15-19). Il s’est désigné lui-même comme prophète (#Mt 13:58) et fut appelé ainsi par ses contemporains (#Mt 16:14 ; #Lu 7:16; 24:19 ; #Jn 4:19). Il a eu des inspirations directes (#Mt 21:19), des visions (#Lu 4:5; 10:18) et il a entendu des voix célestes (#Mt 17:3-5 ; #Lu 3:22 ; #Jn 12:28-29). Une grande partie des discours de Jésus relève de son activité prophétique : c’est sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu qu’il exhortait, avertissait, consolait ou dévoilait l’avenir.
Il a prévu que le ministère prophétique serait exercé par ses disciples (#Mt 10:41 ; #Lu 11:49).
Dans l’Église primitive.
Dans les premiers temps de l’Église, les prophètes furent très nombreux : on les trouve à Antioche (#Ac 11:27; 13:1; 15:32), à Corinthe et à Thessalonique (#1Th 5:19-20), à Césarée (#Ac 21:10), à Rome (#Ro 12:6), dans les Églises d’Asie mineure (#Ap 1:3; 11:18; 16:6; 18:20), ainsi que du temps de la Didaché (Didaché 10.6-11.12). Parfois, des groupes de prophètes sont mentionnés (#Ac 13:1 ; #Ep 2:20; 3:5; 4:11 ; #Ap 10:7). L’exercice du don prophétique est directement lié à l’effusion du Saint-Esprit (#Joe 3:1-5 ; #Ac 2:18).
La prophétie est parfois accompagnée de visions #Ac 9:10; 10:3,10; 16:9 ou de voix #Ac 27:23 ; #2Co 12:4 elle peut aussi consister en une connaissance surnaturelle des choses cachées #Ac 5:1-11 ; #1Co 14:24-25 ; #Jn 4:19 ou plus simplement dans une pensée, un conseil ou un avertissement inspiré par l’Esprit de Dieu.
Le don de prophétie est accordé indifféremment aux hommes et aux femmes (#Lu 2:36-38 ; #Ac 21:9 ; #1Co 11:4-5).
Prophétie = prédication ?
Dans leurs prophéties, les apôtres et les autres serviteurs de Dieu prenaient souvent des paroles de l’Ancien Testament, les commentaient et les expliquaient (#Ac 2:22-25,29-32; 4:11; 7:43,49; 13:22,33-35,41,47 ; #Ac 15:16-17; 28:26-27), surtout lorsqu’ils s’adressaient à des gens qui connaissaient l’Écriture. Ces prophéties consistaient fréquemment en discours assez longs (cf. #Ac 7) dont Luc résume seulement la teneur (#Ac 15:32 peut aussi se traduire : « par de longs discours »).
Permanence du ministère prophétique ?
Comme pour le ministère apostolique, il y a un aspect de la prophétie limité aux premiers temps de l’Église : la transmission des révélations constitutives de « la foi transmise aux saints une fois pour toutes » (#Jude 1:3). Paul évoquait peut-être cet aspect lorsqu’il disait que l’Église est édifiée « sur le fondement des apôtres et des prophètes » (#Ep 2:20). Ce ministère prophétique a pris fin : il n’y a pas de nouvelle révélation qui devrait compléter le Nouveau Testament ou s’y substituer. Mais dès l’âge apostolique, il y avait place pour une autre forme de prophétie moins sûre et qui n’avait nul caractère normatif. La preuve c’est que l’apôtre Paul demande que le prophète se règle sur « l’analogie de la foi » (#Ro 12:6) et qu’il se soumette au jugement des frères (#1Co 14:29). L’apôtre Jean établit des critères analogues (#1Jn 4:1-3). C’est pourquoi l’emploi de la première personne du singulier (« Moi l’Éternel, je vous dis… ») est dangereux, car il bloque le jugement des autres : n’est-il pas blasphématoire de vouloir juger les paroles du Seigneur ?
À côté de ces formes courantes de la prophétie, il ne faudrait pas refuser des interventions plus spécifiques de Dieu dans la vie de ses enfants par des paroles personnalisées.
Dans une assemblée où liberté est accordée aux frères et aux sœurs d’apporter quelques mots pour édifier, exhorter ou consoler les chrétiens (#1Co 14:3), on discerne bientôt ceux qui ont un véritable don de prophétie.
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