
Psaumes
20/06/2017 11:05Psaumes (Livre des).
Auteur.
Près de la moitié des psaumes (73) portent, dans leur suscription, la mention « de David ». Il est vrai que l’on peut aussi lire cette note : « à David » (c’est-à-dire : dédié à David) ou : (appartenant au recueil) « de David ». Mais Jésus a clairement attribué le psaume qu’il citait au roi David (#Mr 12:36). Les apôtres ont fait de même (#Ac 2:34; 4:25 ; #Ro 4:6-8; 11:8-10). Les livres historiques l’appellent « le chantre agréable d’Israël » (#2S 23:1) et lient son nom à la musique et la poésie de son époque (#1S 16:15-23 ; #2S 1:17-27; 3:33-34; 6:5-15; 22:1,23 ; #1Ch 16:4-37 ; #2Ch 7:6; 29:30 ; #Am 6:5 ; #Mr 12:36 ; #Ac 2:25-31; 4:25-26). Beaucoup de psaumes se réfèrent à des événements précis de sa vie (#Ps 13; 18; 23; 32; 34; 51; 52; 57 … ) racontés ailleurs. Il n’y a donc pas de raison valable de lui dénier la paternité de ces psaumes. 73 psaumes sont attribués à David. Les critiques extrêmes (Duhm, par exemple) ont cherché à prétendre qu’il n’avait rien écrit, et que tout le recueil n’est que de la période postexilique. Pourtant on peut faire valoir de forts arguments en faveur de l’ancienneté de la majorité des psaumes :
1. La poésie religieuse existait longtemps avant David. On a découvert des hymnes égyptiens ou babyloniens du 15e siècle avant Jésus-Christ, et il y a des ressemblances de style, de forme et d’expression entre certains psaumes et la poésie épique de Ras Shamra (14e siècle avant Jésus-Christ ; cf. J. Patton, Canannite Parallels in the Book of Psalms, Baltimore, 1944). Il n’y a donc aucune raison historique ou archéologique de penser avec Pfeiffer que « la majorité des psaumes aurait été écrite entre 400 et 100 avant Jésus-Christ ». D’ailleurs, la Bible elle-même contient des cantiques très anciens : le chant du puits (#No 21:17-18), le cantique de Moïse (#Ex 15), celui de Débora (#Jug 5), les oracles de Balaam (#No 24), etc.
2. David était exceptionnellement doué pour la poésie et la musique.
3. L’établissement de la monarchie fut une époque de renouveau national caractérisée par la victoire sur les ennemis extérieurs, la paix et la stabilité politique, la prospérité, les préparatifs de la construction du Temple. Pourquoi l’activité littéraire aurait-elle seule fait défaut ?
Un psaume a été composé par Moïse, deux par Salomon, douze par Asaph, onze par les fils « descendants » de Qoré, un par Héman l’Ezrahite et un par Etân l’Ezrahite ; quarante-neuf sont anonymes.
Date.
Les hymnes remontent très haut dans l’histoire de l’humanité (voir Livres poétiques). La poésie précède la prose dans la littérature. Notre plus ancien psaume date du 15e siècle avant Jésus-Christ, la plupart d’entre eux des 11e et 10e siècle, le #Ps 137 reflète le temps de l’exil (6e siècle), les #Ps 74; 79; 126 sont postexiliques (fin 6e siècle). La composition de ce livre s’échelonne donc sur plus d’un millénaire. On pense que la collection des psaumes était achevée, peut-être par Esdras, au 6e siècle.
Lieu.
Les psaumes ont été composés dans des circonstances très différentes qui éclairent leur interprétation. La plupart d’entre eux ont été utilisés dans le culte en famille ou dans le Temple : matin et soir (#Ps 3; 4; 5), lors de certaines fêtes ou au cours des pèlerinages à Jérusalem (#Ps 120:1-134:@).
Contenu.
Les Juifs donnaient au psautier le titre général de tehillim (louanges). On peut louer Dieu de bien des manières : en l’adorant, en chantant sa joie de le connaître, en le remerciant pour ses bienfaits ; mais on peut le louer également en l’appelant au secours, en exhalant devant lui son indignation en face de l’injustice des hommes, en réclamant son intervention dans le cours de l’histoire, en rappelant ses hauts faits du passé et en exprimant sa foi dans son triomphe final.
L’homme a été créé pour vivre avec Dieu, « à la louange de sa gloire » (#Ep 1:6,12,14). Par la louange, il transcende tous les buts de vie limités qu’il a pu se proposer ; par elle, il répond à sa vocation première et éternelle. Ainsi, l’apôtre Paul cite comme première manifestation d’une vie remplie de l’Esprit de Dieu, le chant (ou la récitation) des psaumes (#Ep 5:19).
Par la chute, l’homme s’est détaché de Dieu. Il a voulu devenir autonome, ne voulant dépendre d’aucune instance supérieure, ne reconnaissant aucune autre loi que les siennes. Mais s’il prie Dieu, il manifeste le désir de renouer les relations avec lui, il reconnaît sa souveraineté et veut partager avec lui ce qui constitue sa vie. Ainsi il le « glorifie » (voir #Ro 1:21).
Celui qui loue Dieu cesse de se considérer comme sa propre fin ; celui qui invoque son aide confesse son incapacité à s’en sortir tout seul ; celui qui rend grâce pour ses dons renonce à se considérer comme seul artisan de son bonheur (#Ps 50:23) ; celui qui répand sa plainte devant lui, ou lui confesse sa faute, ou lui dit sa joie, exprime sa confiance en lui. C’est bien pour cela que les anciens Hébreux ont intitulé tous les psaumes « louanges ».
Après avoir été le recueil de cantiques et de prières de la communauté juive, le livre des psaumes est devenu celui de l’Église universelle : depuis trois mille ans, les croyants trouvent dans les paroles de David, d’Asaph, des fils de Qoré … , la formulation de « toutes les douleurs, tristesses, craintes, doutes, espérances, sollicitudes, perplexités, voire jusqu’aux émotions confuses dont les esprits des hommes ont accoutumé d’être agités » (Calvin).
Tous les psaumes étaient chantés (lorsque le mot chant figure dans la suscription, il semble qu’il s’agissait d’un chant sans l’accompagnement instrumental habituel).
À travers les péripéties de sa vie, le psalmiste a souvent préfiguré la destinée du Juste par excellence, c’est-à-dire du Messie. Ainsi, beaucoup de psaumes sont en même temps des prophéties. Comme tout bon Juif, Jésus a prié, depuis son enfance, les psaumes qui tracent prophétiquement les étapes marquantes de son ministère : sa prédication en paraboles (#Ps 78:2), la haine dont il serait l’objet (#Ps 22:7; 41:9-10; 69:5; 88:9,18; 109:2; 142:5), ses souffrances, sa résurrection, sa gloire (#Ps 22:2,8,9,16,17,19; 31:6; 41:10; 42:6,11; #Ps 69:5,22; 118:22), (#Ps 8:3; 16:10; 110:1; 118:22-23,28), et son avènement futur (#Ps 110:1). Il les a cités maintes fois dans des situations critiques (#Mt 21:16,42; 22:43-44; 23:39, etc.). Il a rendu témoignage à leur inspiration divine (#Mr 12:36). Il les a chantés et priés jusqu’à son dernier souffle (#Mt 26:30 ; #Lu 23:46 ; #Ps 31:6).
Depuis lors, l’Église chrétienne les prie avec lui, ou, selon la formule chère à l’apôtre Paul : « en lui ». Car il a pris sur lui nos luttes, nos détresses et nos péchés.
Après sa résurrection, il a rappelé à ses disciples ce qu’il leur avait déjà enseigné avant sa mort, à savoir que tout ce qui était écrit de lui « dans la Loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes » devait s’accomplir (#Lu 24:43).
L’Église est comme résumée en son chef : « Ces membres nombreux unis par le lien de l’amour et de la paix sous une seule tête qui est notre Sauveur, ne forment qu’un seul homme. Dans les psaumes, la plupart du temps, leur voix à tous retentit comme celle d’un seul homme : c’est un seul qui supplie pour tous, parce que tous ne sont qu’un dans l’Unique » (saint Augustin).
Ainsi, nous sommes arrachés à la solitude dans laquelle notre souffrance (ou notre joie) voudrait nous enfermer, parce que nous pouvons les apporter à Dieu, en communion avec Jésus-Christ et les croyants de tous les temps. Nous nous dépassons, nous et nos petites misères ou nos satisfactions personnelles, pour nous insérer dans ce grand Corps qui chante et qui pleure, qui prie et qui souffre jusqu’au jour où il sera parfait dans la gloire. Particularités. Les Septante considèrent le #Ps 1 comme une introduction anonyme et n’attribuent pas le #Ps 2 à David, qu’ils regardent comme l’auteur des autres. Les Septante réunissent les #Ps 9; 10 et mettent au #Ps 33 la rubrique « Pour David ». Le #Ps 43, qui est peut-être des fils de Qoré, constitue la conclusion du #Ps 42, avec lequel il formait primitivement un tout. Le #Ps 50, d’Asaph, forme la transition avec un groupe de 20 psaumes attribués à David, exceptés les #Ps 66; 67. Les Septante attribuent cependant le #Ps 67 à David. Le 2e livre se termine par un psaume anonyme et par un cantique de Salomon (#Ps 71; 72). Le #Ps 53 reproduit presque intégralement le #Ps 14 du 1er livre ; et le #Ps 70 répète le #Ps 40:14-17. Les psaumes du 3e livre furent recueillis après la destruction de Jérusalem et l’incendie du Temple (#Ps 74:3-8; 79:1).
But.
Quand le cœur déborde de joie ou de douleur, l’homme a besoin d’en épancher le trop-plein par des paroles ou des cris. Les psaumes sont de tels « cris d’hommes » adressés par des croyants à Dieu et, en second lieu, aux autres, amis ou ennemis.
Les psaumes donnent expression à tout ce qui est en nous. Ces 150 poèmes sont « 150 miroirs de nos révoltes et de nos fidélités, de nos agonies et de nos résurrections » (Chouraqui). Les psalmistes transforment tout cela en prières. Plus : en prières inspirées par l’Esprit. Nous pouvons donc être assurés qu’elles sont conformes à la volonté de Dieu et prêtes à être exaucées (#1Jn 5:14-15). Si « nous ne savons pas ce qu’il nous convient de demander dans nos prières, l’Esprit nous aide dans notre faiblesse » (#Ro 8:26) en nous donnant les psaumes. « Ils enseignent à prier avec ferveur, à souffrir avec patience, à mettre son espoir en Dieu, à le craindre, à l’aimer, à le bénir, à le louer sans cesse » (A. Rippert).
« Pour apprendre à bien prier, disait Tommy Fallot, rien de tel que les psaumes. Lorsque votre cœur est plus sec qu’une rivière sans eau, que vous voulez prier et que vous n’y parvenez pas, prenez votre Bible, cherchez un psaume qui convienne à votre situation, lisez-le lentement, répétez-le en vous servant des paroles que vous prononcez pour y envelopper vos propres requêtes. Voilà plus de trente-cinq ans que j’use ainsi des psaumes. Dans quelque état d’âme que je me sois trouvé, ils ne m’ont pas laissé sans secours ».
Beaucoup de psaumes ont été composés pour le culte. Ils étaient généralement chantés en chœurs antiphonés par deux groupes de Lévites ou par les Lévites et l’assemblée qui reprenait le refrain (#Ps 136).
Les psaumes dits « imprécatoires » et certaines expressions posent problème. Comment pouvons-nous demander à Dieu la destruction de nos ennemis (#Ps 35:8; 55:16), qu’ils aient les dents cassées (#Ps 58:7), les yeux aveuglés (#Ps 69:24) et voient leurs enfants massacrés alors que Jésus nous a appris à aimer nos ennemis (#Mt 5:44) ?
Nous pouvons, certes, opposer à ces expressions le « mais moi, je vous dis » de Jésus comme étant l’expression d’une révélation plus complète de la volonté de Dieu à notre égard. Toutefois, souvenons-nous que :
1. Toutes ces paroles sont des prières. David, qui les a formulées (#Ps 5:11; 12:4-5; 28:4), n’a jamais agi contre son ennemi même lorsqu’il le tenait à sa merci (#1S 24:1-22; #1S 26:12). Il a, certes, demandé sa mort (#Ps 109:8-19), mais après la mort de Saül, il a agi avec bonté envers ses successeurs (#2S 9:3,11-13).
2. Il faut distinguer ton et contenu. Le ton participe à la véhémence de la poésie orientale et aux hyperboles coutumières dans ce genre littéraire. Par les paroles, le sémite décharge le trop-plein de sentiments que l’événement a suscités, sa colère se défoule sur le plan verbal. Mais Dieu regarde au cœur et aux actes.
3. Le psalmiste identifie ses intérêts avec ceux de Dieu. Généreux envers ses ennemis personnels, David est implacable envers ceux de Dieu (#Ps 9:16-20; 94:16-17) et de son peuple (#Ps 109:2-5,16-20). Il fait corps avec ceux qui souffrent injustement.
4. Il est réaliste. Il sait que l’établissement de la justice doit passer par le châtiment des coupables. Le Nouveau Testament lui-même ne dissocie pas instauration du règne de Christ et punition des rebelles (#2Th 1:8-10 ; #Lu 18:1-8 ; #Ga 1:8 ; #Ap 6:10; 18:20; 19:1-6).
Plan.
Le psautier est divisé en 5 livres (peut-être par analogie avec le Pentateuque). Chacun d’eux est terminé par une doxologie.
-Le livre un contient quatre psaumes anonymes, les trente-sept autres sont de David. Le nom de Yahvé (l’Éternel, le Dieu de l’alliance) domine dans le livre.
-Dans le livre deux, les huit premiers psaumes sont des « fils de Qoré », vingt sont de David, un de Salomon, un d’Asaph et quatre sont anonymes. Ce livre emploie beaucoup le nom d’Elohim pour Dieu.
-Dans le livre trois, nous trouvons onze Psaumes d’Asaph, quatre des « fils de Qoré », un de David et un d’Etân.
-Les livres quatre et cinq contiennent surtout des psaumes anonymes. Voir Poésie.
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