Sabbat : repos, cessation d’activité. Jour du repos divinement institué pour tous les hommes.
Origine. Selon le récit de la création, Dieu se reposa au 7e jour de toute son œuvre ; il bénit et sanctifia le 7e jour (#Ge 2:2-3). Le terme Sabattu se trouve en cunéiforme sur les tablettes babyloniennes ; il semble désigner un jour néfaste et s’applique aussi bien au 14e, 19e, 21e et 28e jour du mois lunaire qu’au 7e jour. De toute façon, les Babyloniens avaient une « semaine » de 5 jours. Si le roi devait s’abstenir de certaines choses lors du « sabbat », les autres Babyloniens continuaient à travailler.
Certains contrats de travail découverts à Mari, sur l’Euphrate, montrent aussi que les gens de Mari travaillaient de façon continue, sans rompre le 7e jour.
Ainsi le sabbat israélite n’est pas d’origine mésopotamienne. De plus, il n’est pas lié aux phases de la lune. Le roi en ces jours-là, devait s’abstenir de certaines actions. On voit combien une telle conception est éloignée du sabbat israélite, qui n’était d’ailleurs aucunement lié aux phases de la lune.
Institution et but. La première mention de l’institution pour Israël d’un 7e jour de repos, consacré à l’Éternel, se trouve dans #Ex 16:23-30. Cette ordonnance fut aussitôt après incluse dans le 4e commandement du décalogue, avec le rappel exprès de la cessation de l’activité créatrice le 7e jour (#Ex 20:8-11; 31:13-17). Dieu s’est arrêté en considérant et en bénissant toute l’œuvre accomplie ; l’homme est appelé à participer à cette bénédiction et à interrompre aussi son travail, en ce jour sanctifié. Le repos du sabbat est ainsi lié à l’accomplissement entier de l’œuvre de l’homme : « Tu travailleras 6 jours et tu feras tout ton ouvrage. »
D’autre part, selon #De 5:15, le sabbat rappelle la délivrance de l’esclavage de l’Égypte : le peuple peut se réjouir de la liberté que lui a accordée la puissante main de Dieu. Tous doivent avoir part à ce repos : parents, enfants, serviteurs, étrangers, et même les bêtes de somme (#De 5:14) Le sabbat devient un signe particulier de l’alliance perpétuelle conclue par le Seigneur avec Israël (#Ex 31:13,16-17).
Observation du sabbat.
1. Le décalogue défendait de façon générale de faire aucun ouvrage ce jour-là (#Ex 20:10). La loi spécifie qu’on ne doit pas allumer de feu dans les maisons, car les repas seront préparés la veille (#Ex 35:2-3). Le fait de ramasser du bois est considéré comme une violation du sabbat, et les transgresseurs sont punis de mort (#No 15:32-36) ; de même, il est interdit de transporter des fardeaux (#Jér 17:21-22). On considéra ensuite que voyager le jour du sabbat était contraire à #Ex 16:29, et qu’il n’était pas davantage permis de trafiquer (#Né 10:31-32; 13:15-21 ; #Am 8:5).
2. Le sabbat était le jour consacré à l’Éternel (#Ex 16:23; 35:2). On devait immoler dans le sanctuaire 2 agneaux, en plus de l’holocauste perpétuel des jours ordinaires (#No 28:9-10,13). Les 12 pains de proposition étaient renouvelés chaque sabbat (#Lé 24:5-8 ; #1Ch 9:32). Le sabbat était ainsi compté parmi les jours de joie d’Israël (#No 10:11 ; cf. #Os 2:13). Le peuple devait en faire ses délices, pour chercher particulièrement en ce jour-là, à accomplir la volonté du Seigneur, le sanctifier, le glorifier et l’honorer ; l’homme pieux avait alors à cœur de ne point suivre ses penchants ni ses propres voies (#Esa 58:13). Il était béni, sanctifié par sa recherche de Dieu, et proclamé heureux (#Esa 56:2,4-6 ; #Ez 20:12,21).
C’est surtout après l’Exil que l’observation du sabbat devint d’un légalisme extrême. Antiochus Épiphane, le roi persécuteur de Syrie, avait cherché à en interdire la célébration (#/APCJ 1Ma 1:45,52 ; #/APCJ 2Ma 6:6). Mais les Israélites fidèles, s’étant révoltés sous la direction des Maccabées, n’en furent que de plus stricts observateurs.
Au début de la guerre, les Juifs pensaient ne pas avoir le droit de se défendre le jour du sabbat. Les hostilités commencèrent par le massacre de 1000 patriotes juifs et de leurs familles. Les survivants résolurent de se tenir sur la défensive si l’ennemi les attaquait pendant le sabbat, mais de ne point passer à l’offensive ce jour-là (#/APCJ 1Ma 2:31-41) même si cette attitude favorisait l’avance des païens. Plus tard, lors du siège de Jérusalem, Pompée éleva durant le sabbat des terrasses et des béliers. Les Juifs ne ripostèrent pas. Dès que le jour du repos eut pris fin, les Romains percèrent les murailles (Antiquités 14.4.2 et 3). À l’époque du Christ, les Pharisiens émettaient des prescriptions ridicules à propos du sabbat, interdisant même des gestes de miséricorde, et combattant Jésus parce qu’il opérait des guérisons le 7e jour. Or les Pharisiens ne regardaient point comme illégal le sauvetage d’un bœuf, d’un âne, d’une brebis le jour du sabbat, jour où les Juifs ne manquaient pas d’abreuver leur bétail (#Mt 12:9-13 ; #Lu 13:10-17). Les Pharisiens ne s’opposèrent pas seulement aux guérisons, mais aussi à la cueillette fortuite de quelques épis par les disciples de Jésus, un jour de sabbat. Le Seigneur déclara alors : « Le sabbat a été fait pour l’homme et non pas l’homme pour le sabbat » (#Mr 2:23-28).
Cycles sabbatiques. En plus du 7e jour, des périodes régulières étaient consacrées au repos, à l’adoration de l’Éternel, à la proclamation de la liberté. Il y avait : le 1er jour du 7e mois (#Lé 23:24-25) ; dans ce même mois, le 10e jour (#Lé 23:27,32), et à partir du 15e jour, une semaine qu’on passait sous les tentes (#Lé 23:39-41) ; une année sabbatique chaque 7e année (#Ex 23:10-11 ; #Lé 25:2-7,20-22 ; #De 15:1-4; 31:10), pendant laquelle la terre elle-même devait se reposer, et les créanciers accorder un relâche à leurs débiteurs ; tout Israélite tombé en esclavage recouvrait sa liberté. Enfin le jubilé avait lieu la 50e année, après 7 cycles d’années sabbatiques. À la fin de la 49e année, on sonnait de la trompette pour proclamer l’année de grâce (#Lé 25:8-16), voir Jubilé. On a quelques témoignages historiques concernant l’observance de l’année sabbatique : le pacte conclu à l’époque de Néhémie (#Né 10:32) ; la 150e année de l’ère des Séleucides, c’est-à-dire 164-163 avant Jésus-Christ (#/APCJ 1Ma 6:49,53 ; cf. Antiquités 12.9.5) ; la 178e année des Séleucides, en 136-135 avant Jésus-Christ (Antiquités 13.8.1 ; Guerre juive 1.2.4) ; le décret de César exemptant les Juifs de payer le tribut pendant l’année sabbatique (Antiquités 14.10.6 ; cf. Tacite, Histoire 5.4) ; l’année 38-37 avant Jésus-Christ (Antiquités 14.16.2 ; 15.1.2) ; et l’année qui précéda la chute de Jérusalem, 68-69 après Jésus-Christ (Talmud). Voir aussi Antiquités 11.8.5 pour l’époque d’Alexandre le Grand.
La captivité était prédite parmi les malédictions ; pendant ce temps la terre d’Israël allait jouir des sabbats dont elle avait été frustrée (#Lé 26:34-43). Jérémie prophétisa que Dieu châtierait l’idolâtrie du peuple par la ruine du pays et l’asservissement d’Israël à Babylone, durant 70 ans (#Jér 25:7-11). L’auteur des Chroniques confirme que la violation de la Loi et la profanation du Temple attirèrent sur les Juifs, comme Jérémie l’avait prédit, l’exil de 70 ans à Babylone et que pendant cette période la terre d’Israël jouit de ses sabbats et se reposa (#2Ch 36:14,16,20,21).
Le sabbat et la Nouvelle Alliance. Dans les évangiles et les Actes, le sabbat est souvent mentionné en rapport avec les Juifs. Dans le reste du Nouveau Testament, il est cité seulement 2 fois (#Col 2:16 ; #Hé 4:4) pour indiquer sa signification spirituelle et typologique. Ces 2 passages ne disent pas que nous devions l’observer, mais voir en lui une image du repos de la foi que nous avons en Christ. Sous la Nouvelle Alliance, tout notre temps appartient à Dieu. Aussi personne ne doit-il être jugé pour l’observation d’une fête, d’une nouvelle lune ou de sabbats (#Col 2:16). Dans les premières années de l’Église chrétienne, certains croyants faisaient encore des distinctions entre les jours, tandis que d’autres les estimaient tous égaux (#Ro 14:5) ; Paul ne veut pas que ces divergences nuisent à l’esprit fraternel. Cependant il était normal que l’observation légale du 7e jour fasse place au repos constant en Christ, dont le repos hebdomadaire était une ombre (#Col 2:17). Ceux qui croient entrent dans ce repos (#Hé 4:3,9,10) ; car ce ne sont plus eux qui agissent, c’est le Seigneur qui agit en eux et par eux, et cela tous les jours de la semaine.
Il est souhaitable qu’afin d’avoir les loisirs voulus pour fréquenter le culte (#Hé 10:25) et en vue d’un bon équilibre physique, les chrétiens chôment le dimanche, jour du Seigneur. Cependant ce n’est pas ce chômage qui leur permet d’observer chrétiennement le 4e commandement. La vraie obéissance à cet ordre de Dieu consiste à vivre tous les jours dans le repos spirituel de la foi décrit dans #Hé 3; 4. Voir Jour (Premier) de la Semaine.
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