Sacrifices, Offrandes, Holocaustes, Libations.

25/02/2016 16:46
Sacrifices, Offrandes, Holocaustes, Libations. 
 
I. Dès le début de l’histoire, les hommes ont fait à Dieu des offrandes de toute espèce. Parmi celles mentionnées dans l’Ancien Testament et se rapportant à des époques très reculées il y a : l’offrande des produits du sol (#Ge 4:3) ; le sacrifice des premiers-nés du troupeau (#Ge 4:4) ; l’holocauste (#Ge 8:20 ; #Ex 10:25) ; le repas rituel (#Ge 31:54) ; la libation (#Ge 35:14). Longtemps avant Moïse, les Babyloniens, les Égyptiens, et d’autres peuples encore sacrifiaient d’après un rituel minutieux. Voir Ras Shamra au sujet des sacrifices cananéens à l’époque de Moïse. 
 
      L’abondance et la variété des offrandes et des sacrifices caractérisaient le culte israélite. Les chapitres 1 à 7 du Lévitique et d’autres livres de l’Ancien Testament le prouvent. On distinguait les offrandes publiques faites au nom de la nation, et les offrandes privées d’un particulier. Ces offrandes étaient de 3 sortes. 
 
1. Boissons ;
2. Produits du sol, ou fleur de farine ;
3. Animaux.
 
 
      L’aspersion du sang accompagnait tout sacrifice à l’Éternel. Sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission des péchés (#Hé 9:22). Sans cela l’homme, pécheur dans sa nature et dans sa vie, n’a pas le droit de s’approcher de Dieu. Un sacrifice expiatoire non sanglant n’était pas agréé. Lors de cas exceptionnels d’indigence, on pouvait cependant faire une telle offrande, mais elle n’était acceptée que conjointement avec le sang répandu sur le grand autel public (#Lé 2:2,8; 5:11-13). 
 
1. La libation n’avait lieu qu’avec l’offrande de fleur de farine, qui accompagnait tous les holocaustes (sauf peut-être celui de #Lé 12:6). Tous les sacrifices d’actions de grâces relatifs au naziréat, aux vœux ou aux offrandes volontaires comportaient des libations (#No 6:17; 15:1-12). Les sacrifices de culpabilité et d’expiation se présentaient sans libations.
2. Les produits de la culture du sol formaient des offrandes non sanglantes. C’était la fleur de farine, le pain sans levain, les gâteaux, les galettes, les épis rôtis. On devait ajouter à ces offrandes du sel et, excepté dans le sacrifice de culpabilité, de l’huile d’olive (#Lé 2:1,4,13,15; 5:11). Une partie de cette oblation pouvait être placée sur l’autel, le reste appartenait au sacrificateur, comme c’était le cas des offrandes privées et volontaires, ou dans le cas d’une personne très pauvre offrant une telle oblation en sacrifice pour le péché, au lieu d’un animal (#Lé 5:11-13). Mais cette offrande pouvait aussi être entièrement consumée sur l’autel, ce qui correspondait alors à un holocauste. On procédait ainsi pour la consécration du souverain sacrificateur et la purification du lépreux (#Lé 8:18-21; 14:10,20). L’offrande de produits du sol pouvait aussi accompagner un autre sacrifice : elle s’ajoutait invariablement à l’holocauste (sauf peut-être dans le cas de #Lé 12, purification de l’accouchée) ; elle accompagnait aussi les sacrifices d’actions de grâces, sauf ceux que l’on devait présenter à la fête des semaines (Pentecôte). Dans ces cas, d’après la tradition, l’offrande de produits du sol était complètement brûlée sur l’autel. Dans d’autres cas, on ne mettait sur l’autel qu’une partie de l’offrande, le reste était pour le sacrificateur ; il recevait des galettes lors de la consécration des sacrificateurs (#Lé 8:26-28), lors du sacrifice d’actions de grâces (#Lé 7:12-15), et quand le naziréen était relevé de son vœu (#No 6:13-20).
3. Le terme de sacrifice désigne plus particulièrement l’immolation d’animaux : taureaux, bœufs, vaches, béliers, brebis, boucs, chèvres. Les sacrifices de pigeons, de tourterelles n’intervenaient que rarement. Il fallait des animaux sans défaut, âgés d’au moins 8 jours. Tous ces sacrifices opéraient l’expiation par le sang (#Lé 1:4; 17:11) ; ils étaient de 3 sortes :
 
a) L’holocauste d’un agneau, d’un bélier, d’un bouc, ou d’un taureau. Le cas de #1S 6:14 fut exceptionnel. Le sang était répandu autour de l’autel et dessus. L’animal était entièrement brûlé. Le sacrifice exprimait la consécration totale de la victime, image du Christ entièrement offert à Dieu, et du croyant prêt lui-même à le suivre dans cet acte d’abandon absolu.
b) Le sacrifice d’expiation et le sacrifice de culpabilité (appelé aussi sacrifice de réparation). Le sacrifice d’expiation exigeait un taureau, un bouc ou une chèvre, une agnelle, une tourterelle ou un pigeon (#Lé 4:4,23,28,32; 5:7). Le sacrifice de culpabilité devait se faire avec un bélier, mais pour le lépreux, et le naziréen, il fallait un agneau (#Lé 6:6 ; #Lé 14:12,21 ; #No 6:12). Le sang des victimes, répandu selon différents rites, préfigurait le sang de Jésus-Christ. Lors du sacrifice d’expiation, une partie du sang était répandu devant l’Éternel et sur les cornes de l’autel des parfums ; le reste devait être versé au pied de l’autel des holocaustes ; cette prescription visait le péché commis par le souverain sacrificateur ou par la communauté. Si quelqu’un du peuple avait péché, une partie du sang était mise sur l’autel des holocaustes, le reste était versé à la base de celui-ci, comme il est dit plus haut (#Lé 4:6,7,17,18,25,30,34). Dans les sacrifices de culpabilité, tout le sang aspergeait l’autel des holocaustes. La graisse seule était brûlée sur l’autel. La chair des sacrifices d’expiation dont le sang avait été porté dans le sanctuaire était brûlée hors du camp, tandis que celle des autres sacrifices d’expiation et des sacrifices de culpabilité appartenait aux sacrificateurs (#Lé 6:19,23; 7:6,7 ; cf. #Ex 29:14 ; #Lé 4:3,12,13,21; 16:27 ; #Hé 13:11,12). Celui qui présentait ces sacrifices n’en devait rien manger. La victime brûlée hors du camp comme une chose impure, représentait Christ chargé de nos fautes, maudit et « fait péché pour nous » (#Hé 13:11-12 ; #2Co 5:21 ; #Ga 3:13). Le donateur lui-même se présentait comme indigne de communion avec Dieu, au moment où il offrait un tel sacrifice. Le sacrifice d’expiation visait les fautes commises envers Dieu ; le sacrifice de culpabilité (réparation) celles qui affectaient surtout le prochain et à cause desquelles il fallait en plus du sacrifice, opérer des restitutions. Le sacrificateur rendait à la personne lésée ce dont on l’avait frustrée ; si elle était décédée sans héritiers, ce qui était restitué revenait au sacrificateur (#Lé 5:16; 6:5 ; #No 5:7,8). Mais les délits commis volontairement et méritant la mort ne pouvaient pas être expiés (#No 15:30,31). On pouvait présenter des sacrifices d’expiation pour effacer des fautes involontaires, et des péchés moins graves : par exemple vol, suivi de châtiment et de restitution. Les sacrifices d’expiation étaient également admis pour les péchés volontairement confessés et réparés dans la mesure du possible.
c) Les sacrifices d’actions de grâces étaient offerts :
 
1. En reconnaissance de bénédictions imméritées, inattendues ;
2. Pour s’acquitter d’un vœu ;
3. Comme offrande volontaire, probablement non pour remercier Dieu d’une faveur particulière, mais pour lui exprimer son amour et son adoration. Le besoin profond de renouveler la communion avec Dieu suscitait aussi des sacrifices d’actions de grâces (#Jug 20:26; 21:4 ; #2S 24:25). Tout animal mâle ou femelle admis pour les sacrifices, pouvait être immolé, sauf les oiseaux. Le sang était répandu ; la graisse brûlée sur l’autel. S’il s’agissait d’un sacrifice d’ordre privé, la poitrine et l’épaule revenaient aux sacrificateurs ; le donateur et ses amis mangeaient le reste de la viande près de la demeure de l’Éternel (#Lé 3; 7:11-21 ; cf. #Lé 7:22-27 ; #Ex 29:20-28 ; #De 12:7,18 ; #1S 2:15-17). Pour l’offrande agitée de côté et d’autre, voir Agiter. Le repas mangé près du sanctuaire était une fête d’actions de grâces, signifie que Dieu était l’hôte, spirituellement présent.
4. Dans les sacrifices sanglants, l’immolation comportait cinq actes extrêmement significatifs :
 
a) Présentation de l’animal, à l’entrée du sanctuaire, par le donateur lui-même ; c’était son geste personnel.
b) Imposition des mains. Celui qui offrait une victime devait poser les mains sur la tête de l’animal, rite signifie entre autres choses qu’il la vouait à Dieu, s’assimilait à la victime et faisait passer sa faute sur elle (cf. #Lé 16:21) ; voir Imposition des mains.
c) Mise à mort de la victime par celui qui la présentait, et qui acceptait, symboliquement, le châtiment de son péché. La victime représentait Christ, que tout homme a contribué à faire mourir sur la croix (#Esa 53:4-6). Aux époques tardives, les prêtres eux-mêmes abattaient l’animal.
d) Application du sang purificateur. Le sacrificateur répandait le sang sur l’autel et à sa base. Dans certains cas, une partie du sang était mise sur celui qui offrait le sacrifice (#Lé 8:23,30), répandue devant le voile du sanctuaire (#Lé 4:6), transportée dans le lieu saint (#Lé 6:23 ; SYNODALE #Lé 6:30), ou dans le lieu très saint (#Lé 16:14).
e) Combustion totale du sacrifice, ou de sa graisse seulement, sur l’autel des holocaustes. L’odeur montait vers Dieu, qui l’agréait.
 
II. Jésus-Christ et les sacrifices lévitiques. L’épître aux Hébreux insiste beaucoup sur le fait que le culte et les sacrifices mosaïques étaient « l’ombre des choses célestes » (#Hé 8:4-5) ; ils représentaient sous une forme imagée et prophétique le grand sacrifice de la croix ; ils devaient graver dans l’esprit du peuple la grande vérité que « sans effusion de sang, il n’y a pas de pardon » (#Hé 7:27-28; 9:7-8,11-14,18-28; 10:1-22). Essayons de résumer ici le message spirituel de ces sacrifices, et leur insuffisance à la lumière de l’Évangile. 
 
1. Christ représenté par les sacrifices.
 
a) Le sacrifice d’expiation nous montre Jésus, offert à Dieu sans défaut, immolé à la place du pécheur. Son sang répandu est l’unique moyen d’expiation (#Lé 17:11 ; #Hé 9:22), il est porté jusque dans le lieu très saint (#Hé 9:12-14,24) ; son corps, maudit et fait péché pour nous, est rejeté « hors du camp », où nous devons le suivre, en portant son opprobre (#Hé 13:12-13, #Lé 4:11-12).
b) Le sacrifice d’action de grâces représente Christ devenant la nourriture de notre âme et le moyen de notre communion avec Dieu, comme avec les hommes. Le fidèle et les siens mangent la chair de la victime, dont le sang et la graisse ont été offerts sur l’autel (#Lé 3:2-5), et la poitrine donnée au sacrificateur (#Lé 7:14,31-32). Ainsi s’établit pour l’Israélite la communion avec l’autel (#1Co 10:18) et pour nous la communion avec Dieu, le Christ, et ceux qui participent avec nous à son sacrifice (#1Co 10:16-17 ; #Jn 6:54).
c) L’offrande de fleur de farine (#Lé 2; 6:7-16) est l’image du Christ offrant à Dieu sa vie parfaite, en « offrande de bonne odeur » (#Lé 2:1 ; #Ep 5:2), sans levain, type du péché (#1Co 5:6-8 ; #Lé 2:11). Cette offrande était consommée par les sacrificateurs (#Lé 2:10), de même que les membres du « sacerdoce royal » doivent se nourrir des perfections de Christ.
d) L’holocauste symbolise Christ se livrant sans réserve à Dieu dans sa mort, jusqu’à être totalement consumé sur l’autel (#Lé 1; 6:1-6). Sur la croix, Christ a été dépouillé de tout, brisé, anéanti ; il est venu pour faire intégralement la volonté du Père (#Hé 10:7 ; #Mt 26:39,42). Cet holocauste était perpétuellement renouvelé sur l’autel (#Lé 6:3-6 ; #No 28:3) comme Christ est pour toujours devant Dieu et les hommes « l’Agneau qui a été immolé » (#Ap 5:6).
 
2. L’insuffisance des sacrifices de l’Ancienne Alliance est évidente. Utiles au point de vue du symbole et de la prophétie, ils ne pouvaient sauver personne :
a) Le sang des taureaux et des boucs n’ôtait pas vraiment les péchés (#Hé 10:4) ; la purification qu’il apportait n’était que rituelle, extérieure et passagère (#Hé 9:12-13). Dieu pardonnait provisoirement en attendant la venue du Messie (#Ro 3:25-26).
b) Les sacrifices lévitiques étant inefficaces, il fallait les répéter chaque jour, chaque année, perpétuellement (#Hé 10:1-3) ; tandis que le Fils de Dieu, s’offrant lui-même une fois pour toutes, a aboli le péché par la croix (#Hé 9:25-28).
c) Les sacrifices étaient présentés par des sacrificateurs pécheurs et mortels comme nous. Le sacerdoce d’Aaron pouvait servir, lui aussi, de type et de prophétie, mais il ne pouvait rendre acceptable devant Dieu des sacrifices déjà imparfaits en eux-mêmes (#Hé 7:23-28). Il est donc indispensable que nous ayons un souverain sacrificateur tel que Christ, capable d’offrir le seul sacrifice valable et efficace (#Hé 10:10-14).
 
 
III. Les prophètes et les sacrifices. Certaines déclarations des prophètes ont fait croire aux critiques qu’ils n’avaient pas connaissance de la loi des sacrifices, donnée par Moïse au Sinaï. Il est vrai que, parlant à une époque de décadence spirituelle, où les cérémonies et les sacrifices étaient devenus une routine légaliste, les prophètes s’expriment violemment contre ce genre de piété hypocrite. Car « l’obéissance vaut mieux que les sacrifices » (#1S 15:22), et Dieu hait la multiplication des holocaustes, lorsque les mains des adorateurs sont souillées de crimes (#Esa 1:11-15). Mais d’après ce même passage, l’Éternel repousse également toute autre forme religieuse dénuée de sincérité : saintes assemblées, offrandes, encens, fêtes, sabbats, prières. C’est dans ce sens qu’Osée dit : « J’aime la piété, et non les sacrifices, et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes » (#Os 6:6). Michée (#Mi 6:6-8) et David (#Ps 51:18-19) font clairement entendre qu’avant tout autre sacrifice, Dieu veut un cœur humilié, brisé et contrit ; ce qui n’empêche pas David de vouloir être purifié avec l’hysope (#Ps 51:9), qui servait à l’aspersion du sang expiatoire sur le lépreux (#Lé 14:4-7 ; cf. #Ex 12:22), et de promettre au Seigneur des holocaustes dignes d’être agréés (#Ps 51:19 ; voir la même pensée dans #Mal 2:13-14; 3:3-4). Dieu demande, dans Amos (#Am 5:25-26), si le peuple lui a offert des sacrifices et des offrandes pendant les 40 années du désert. Oesterlay montre dans son livre, Sacrifices in Ancient Israel, que la réponse est positive. Mais #Am 5:26 pourrait aussi indiquer que par attachement aux idoles, ces sacrifices au vrai Dieu ont été négligés (cf. #De 12:14). Ceci semble confirmé par #Ac 7:41-43. D’autres ont pensé aussi que par manque de cheptel les sacrifices privés avaient été quasiment impossibles dans le désert. Le passage de #Jér 7:21-23, paraît à première vue plus difficile à expliquer : Dieu n’aurait donné aucun ordre à Israël au sujet des holocaustes et des sacrifices lors de sa sortie d’Égypte, mais aurait demandé plutôt qu’il marche dans ses voies. Des hébraïsants ont montré cependant que l’expression traduite au verset 22 par « au sujet de » signifie souvent « à cause de » ou « en vue de » (comme dans #De 4:21 ; cf. W. R. Harper, Int. Crit. Com. et Binns, Westminster Commentary). Le sens devient clair : Dieu n’a pas parlé aux premiers Israélites en vue des sacrifices, mais en vue de leur obéissance (Manley, Nouveau Manuel de la Bible, page 148 ; Nouveau Commentaire biblique, #Jér 7:22, Éditions Emmaus, 1978, page 658). Cette interprétation est appuyée par toutes les confirmations que donne Jérémie de la révélation transmise au peuple par Moïse. Il mentionne la sortie d’Égypte avec ses miracles, la loi, les sacrificateurs, l’arche de l’alliance, l’alliance elle-même, la personne de Moïse, l’ordonnance du sabbat, l’année sabbatique, etc. Toutes ces choses viennent directement du Pentateuque, que le prophète connaissait donc exactement ; comment aurait-il ignoré l’existence des sacrifices ? Il les ignore si peu qu’il souhaite voir le peuple, revenu à toute la Loi de l’Éternel, apporter dans sa maison toutes les sortes d’offrandes et de sacrifices expressément ordonnés par #Lé 1:1-7:2 (#Jér 17:22,26). Voir Expiations (Jour des). 
 
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