Signe. (Hébreu ’ot ; mophet ; grec sêmeion). Marque distinctive ou symbole. Dans la Bible, le signe se rapporte le plus souvent à un acte accompli par Dieu. Il est porteur d’un message. Les signes sont la plupart du temps des miracles. Le mot est souvent associé à prodiges et en indique la fonction (voir fin de l’article). Toujours les signes attestent la crédibilité de Dieu et révèlent sa puissance et sa gloire.
Les signes ont 7 fonctions :
1. amener à la connaissance de Dieu (#Ex 7:3 ; #De 4:34) ;
2. protéger (#Ex 12:13) ;
3. faire naître la foi ou l’augmenter (#No 14:11,22 ; #De 11:3 ; #Esa 7:11,14) ;
4. rappeler les délivrances du passé et par conséquent renforcer la foi du peuple d’Israël (#Ex 13:9 ; #De 6:8 ; #Jos 4:6) ;
5. servir de signe pour l’alliance entre Dieu et son peuple : l’arc-en-ciel est le signe de l’alliance avec l’humanité (par Noé : #Ge 9:12,17), la circoncision est le signe de l’alliance avec Abraham (#Ge 17:11) et le sabbat est le symbole de l’alliance mosaïque (#Ex 31:13,17 ; #Ez 20:12,20). Un signe garantit le respect d’un accord (#Jos 2:12).
6. Un signe peut servir d’avertissement au peuple (#No 17:1-5).
7. Les signes viennent confirmer un message divin (#Ex 3:12 ; #Jug 6:17 ; #1S 2:34; 10:1,7,9). Les messages délivrés par les prophètes sont aussi des signes. Souvent les prophètes eux-mêmes se présentent comme des signes (#Esa 8:18; 20:3 ; #Ez 4:3). Ici, c’est le prophète, et non pas Dieu, qui est l’acteur. Mais le prophète agit conformément à la parole reçue. Son signe n’est pas un miracle, mais il attire plutôt l’attention par son côté insolite.
Le soleil, la lune et les étoiles étaient considérés comme des signes, car ils avaient une fonction dans l’indication du temps.
Dans #Ge 4:15, Dieu mit un signe sur Caïn « pour que quiconque le trouverait ne le tuât pas » : donc un signe à la fois de péché et de grâce. L’hébreu utilise pour signe la lettre taw qui a la forme d’une croix. Faut-il y voir une lointaine préfiguration de la croix où le péché de l’humanité a été expié pour que Dieu puisse nous faire grâce ?
Dans l’histoire de l’Ancien Testament, les signes de Dieu sont concentrés sur 3 périodes :
1. lors de l’Exode et de la conquête du pays de Canaan ;
2. à l’époque du ministère d’Élie et d’Élisée (lutte contre le paganisme) ;
3. à l’époque de Daniel (#Da 6:28).
La venue de Jésus et la naissance de l’Église ont ouvert une 4e période.
Nouveau Testament. Dans les évangiles synoptiques, Jésus est le signe donné aux bergers (#Lu 2:12). De lui, Siméon dit qu’il est « un signe qui provoquera la contradiction » (#Lu 2:34), allusion à son rejet et sa crucifixion par les Juifs. C’est la démonstration la plus évidente que les signes de Dieu peuvent être foulés aux pieds. Les Juifs éprouvaient les prophètes et exigeaient d’eux des signes pour authentifier leur ministère. Ainsi, ils en demandèrent aussi à Jésus (#Mt 12:38 ; cf. #Mr 8:11). Il refusa et leur dit qu’il ne leur serait donné que le signe de Jonas et leur déclara que le Fils de l’homme serait 3 jours et 3 nuits dans le sein de la terre (#Mt 12:39-40 cf. #Lu 11:29-32). Le signe par excellence du Nouveau Testament est donc la mort et la résurrection de Jésus-Christ.
Dans le Nouveau Testament, le signe est l’arrivée de Jésus-Christ en gloire, c’est-à-dire sa parousie. Dans #Mt 24:3, les disciples demandent à Jésus : « Quel sera le signe de ton avènement ? » Jésus répond qu’avant la fin, il y aura de « grands signes dans le ciel » (#Lu 21:11), des « signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles » (#Lu 21:25). Alors seulement, « le signe du Fils de l’homme paraîtra dans le ciel » (#Mt 24:30) : Jésus-Christ apparaîtra.
Dans l’évangile de Jean, les signes, qui révèlent Jésus-Christ, veulent amener les lecteurs à la foi (#Jn 6:2,14; 7:31; 10:41; 12:18-19; 20:30-31). La plupart des exégètes distinguent 6 signes dans les chapitres 2 à 11 :
1. l’eau changée en vin à Cana (#Jn 2:1-11),
2. la guérison du fils de l’officier royal (#Jn 4:46-54),
3. la guérison de l’infirme de Béthesda (#Jn 5:2-9),
4. la multiplication des pains (#Jn 6:1-14),
5. la guérison de l’aveugle-né (#Jn 9:1-7)
6. et la résurrection de Lazare (#Jn 11:1-44).
7. Certains voient dans la marche de Jésus sur les eaux un 7e signe (#Jn 6:16-21),
8. ainsi qu’un 8e signe dans la pêche miraculeuse (#Jn 21:6-8).
Cependant, comme dans les évangiles synoptiques, Jésus se méfie de la foi qui repose sur des signes (#Jn 2:23-25; 4:48). Il renvoie ainsi ses auditeurs aux exigences et aux promesses de l’Évangile (#Jn 3:2-3; 6:26-27,35-40).
Signes et prodiges.
Dieu a accompli des « signes et des prodiges » en faisant sortir les Hébreux d’Égypte (#De 6:22; 7:19 ; #Né 9:10 ; #Ps 78:43; 105:27; 135:9 ; #Jér 32:20 et suivant). Dans l’Ancien Testament, c’est l’acte de rédemption le plus important. Mais Dieu opère aussi des signes et des prodiges pour corriger son peuple (#De 28:45-46 ; #1R 13:3,5 ; #Jér 44:29-30 ; #Ez 14:6-8). Dans le Nouveau Testament, cette expression se rapporte à l’œuvre de rédemption accomplie par Jésus-Christ et à la proclamation de cette rédemption par ses apôtres. Dans les Actes, Jésus est décrit comme « un homme approuvé de Dieu ( … ) par les miracles, les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui… » (#Ac 2:22). Ce n’est plus Moïse, mais Jésus-Christ qui libère le peuple de Dieu de l’esclavage. L’expression s’applique également à l’œuvre de Dieu à travers les apôtres : Luc écrit qu’« il se faisait beaucoup de prodiges et de signes par les apôtres » (#Ac 2:43 ; voir aussi #Ac 5:12) l’apôtre Paul affirme que des signes et des prodiges accompagnent et attestent son ministère : « les signes distinctifs de l’apôtre ont été vus à l’œuvre au milieu de vous par ( … ) des signes, des prodiges et des miracles » (#2Co 12:12). L’auteur de l’épître aux Hébreux lie aussi les signes et les prodiges à l’apostolat (#Hé 2:3).
Faux signes.
De faux signes peuvent être produits par des personnes qui ne sont pas envoyées par Dieu (#Ex 7:1-8:@). Ces faux prophètes cherchent à authentifier leur message par des signes. Ainsi, très vite, Dieu commanda aux Israélites de tester les signes des prophètes pour voir s’ils correspondaient bien à leur message (#De 13:1-5). Jésus lui-même mit ses disciples en garde en disant que de faux Christ et de faux prophètes opéreraient des signes et des prodiges au point de séduire si possible même les élus (#Mt 24:24 ; cf. #Mr 13:22). Voir Miracle, Symbole.
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