Soixante-dix semaines. La première année de Darius (537 avant Jésus-Christ), le prophète Daniel reçut une révélation (#Da 9:1,24-27) selon laquelle une période de soixante-dix « semaines » étaient nécessaire pour amener la fin des transgressions et des péchés, l’expiation de l’iniquité, l’avènement de la justice éternelle et l’onction du Saint des saints (#Da 9:24). Cette période est divisée en deux parties. La première, d’une durée de soixante-neuf « semaines », commence avec la promulgation d’un édit impérial autorisant la reconstruction de la ville de Jérusalem et se termine avec la première venue de Christ (#Da 9:25). La deuxième, longue d’une « semaine », décrit la période précédant la victoire definitive du Messie sur le dévastateur (#Da 9:27). Ces deux périodes semblent être séparées dans le temps par un âge durant lequel l’Oint sera rejeté, et la ville et le temple de Jérusalem détruits (#Da 9:26). Certains commentateurs n’atachent qu’un sens symbolique à la durée de ces périodes (mais lequel ?) ; d’autres ont cherché une correspondance précise dans l’histoire antique. Parmi les suggestions proposées par ces derniers, nous en relèverons deux.
Le mot hébreu chabhoua’ signifie littéralement « un groupe de sept ». En général, ce mot est utilisé pour décrire un groupe de sept jours, d’où la traduction de semaine. L’impossibilité de prendre, ici, une période de 69 x 7 jours d’une part, et la référence à la prophétie de Jérémie des soixante-dix ans d’autre part, suggèrent que la vision se réfère à soixante-dix périodes de sept années. Si le décret mentionné en #Da 9:25 est celui ayant autorisé Esdras à revenir au pays en 457 avant Jésus-Christ (#Esd 7:11-26), les soixante-neuf premières « semaines » s’achèveraient en 27 après Jésus-Christ, soit l’année généralement reconnue comme marquant le début du ministère de Jésus (l’année zéro n’existant pas, il faut pour ce calcul rajouter une année : 457 +( 69 x 7) + 1 = 27). La deuxième partie de la vision, d’une durée d’une « semaine », représenterait la période de sept ans précédant immédiatement le retour de Christ et durant laquelle se produira la grande tribulation.
Aux yeux de certains exégètes, le décret d’Artaxerxès à Esdras paraît mal correspondre à la description donnée en #Da 9:25 : en #Esd 7, le décret autorise la reconstruction et l’embellissement du temple, non la reconstruction de la ville. Même si Esdras avait une certaine liberté d’action pour entreprendre d’autres tâches (#Esd 7:18) et aurait pu commencer la reconstruction de la ville, le décret d’Artaxerxès à Néhémie en 444 avant Jésus-Christ paraît mieux convenir (#Né 2:1-8). Non seulement le roi autorise spécifiquement la reconstruction des murailles, mais encore l’opposition rencontrée lors de la reconstruction (#Né 2:1-6:@) correspond à la description de #Da 9:25 : « les places et les fossés seront rétablis, mais en des temps fâcheux. » Le point de départ des soixante-neuf premières « semaines » établi, ces exégètes proposent de prendre pour étalon de base, non une année solaire de 365, 24 jours, mais l’année commerciale couramment rencontrée dans l’antiquité. En admettant que le décret ait été donné le premier du mois #Né 2:1 les 69 x 7 périodes de 360 jours débouchent sur le 10 du mois de Nisan (30 mars) de l’an 33 après Jésus-Christ, soit quelques jours avant la crucifixion de Jésus selon l’estimation de certains historiens (voir Harold W. Hoehner, Chronological Aspects of the Life of Christ, Zondervan, 1977).
Signalons encore que les théologiens libéraux, qui situent la rédaction du livre de Daniel au deuxième siècle avant Jésus-Christ, font aboutir les soixante-dix « semaines » aux environs de 164 avant Jésus-Christ. En conséquence, ils concluent à une grossière erreur historique de l’auteur puisque la date du décret autorisant la reconstruction de Jérusalem devrait être placée avant la destruction de la ville en 654 avant Jésus-Christ (164 + 490 = 654) !
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