Targum ou Targoum

09/10/2014 08:55
Targum ou Targoum. Assyrien : parler. Dans la littérature juive, on appelle targum une version de l’Ancien Testament, en araméen. Sauf pour Daniel et Esdras-Néhémie, qui sont écrits en partie en araméen, ces versions des livres de l’Ancien Testament, paraphrasées, avec de courtes explications intercalaires, s’expliquent par les besoins du culte synagogal. Après l’exil, le peuple juif de Palestine parlait l’araméen. Il était indispensable de transcrire l’hébreu de la Torah en araméen, et de donner d’autre part des explications aux lecteurs ou aux auditeurs ignorant la géographie, l’histoire et certaines coutumes juives des temps anciens. La transcription en langue araméenne ne posait pas un grave problème, cette langue ayant été celle des patriarches avant leur entrée en Canaan, et se trouvant employée ici et là, dans le Pentateuque (#Ge 31:47), les Prophètes (#Jér 10:11), dans Esdras (#Esd 4:7; 6:18; 7:12-26) et dans Daniel (#Da 2:4-7:28). 
 
      Les divers targums. On en compte 11. 
 
1. Celui d’Onkelos, qui serait le plus ancien, sur le Pentateuque. C’est une version fidèle du texte de la Torah. Quelques passages poétiques seulement sont paraphrasés : #Ge 49 ; #No 24, #De 32; 33. Des termes traditionnels reçoivent des traductions modernes (Ismaélite est transformé en arabe, etc.). Onkelos a-t-il existé ? Certains indices paraissent militer en faveur de l’anonymat, en particulier les affirmations contradictoires du Talmud babylonien et du Talmud de Jérusalem. D’après Schiller-Szinessy, Onkelos serait, au contraire, un personnage historique dont le nom aurait été déformé, et qui aurait vécu au début du IIe siècle après Jésus-Christ. Le problème demeure entier.
Écrit en araméen palestinien, cet ouvrage paraît avoir été rédigé en Babylonie au IVe siècle. Son autorité fut très grande parmi les Juifs, si on en juge par les citations fréquentes dont il est l’objet dans le Talmud. Publié à Bologne pour la première fois, en 1482 ; une édition critique parut à Berlin en 1884, due à A. Berliner.
2. Celui de Jonathan Ben Uziel, renferme les prophètes et les livres historiques ; il est probablement plus ancien que celui d’Onkelos, et attribué au meilleur des 80 disciples de Hillel (Talmud). L’authenticité est cependant assez douteuse. Mais, du fait qu’il utilise le Targum d’Onkelos dans ses citations du Pentateuque, on peut estimer qu’il fut rédigé vers le milieu du IVe siècle, en Babylonie.
Ce targum a joui d’une grande autorité. Imprimé en 1517 dans la Bible du Rabbinat.
3. Un targum samaritain du Pentateuque, en dialecte araméen samaritain, avec des mots barbares, et auquel manquent plusieurs chapitres (VIe siècle).
4. Le targum du faux Jonathan sur le Pentateuque, qui comporte 2 recensions : le targum yerouchalmi I (le Pentateuque complet), vraisemblablement du VIIe siècle, et le targum yerouchalmi II, très incomplet. Imprimé à Venise en 1591.
5. Le targum de Joseph l’Aveugle (ou le Borgne), sur les Hagiographes (Job, Psaumes, Proverbes) ; probablement un remaniement du texte syriaque de la Pechitto pour les Proverbes, une traduction de l’hébreu pour certains psaumes, une paraphrase pour d’autres. D’origine relativement récente.
6. Le targum des 5 Megilloth (rouleaux), comprenant Ruth, Esther, Ecclésiaste, Cantique des Cantiques et Lamentations. On en possède plusieurs copies différentes. Ces targums n’ont pas grande valeur. Celui sur Esther renferme de nombreuses légendes. Date : XIIe à XIVe siècle. Imprimé pour la première fois dans la Bible du Rabbinat de 1517.
7. Le targum des Chroniques, découvert seulement au XVIIe siècle par Beck, dans la bibliothèque d’Erfurt où il s’était glissé dans un manuscrit. Imprimé en 1680. Édité par Wilkins, à Cambridge, en 1715.
8.  9 et 10. Trois targums sur Esther.
11. Un targum de Jérusalem sur les prophètes, connu seulement par une note marginale du manuscrit 154 de Kennicott.
 
 
      La valeur de la littérature targoumique. 
 
      En dépit de leur très large liberté d’interprétation, les targums sont d’un grand intérêt, surtout les plus anciens, quant à la connaissance des problèmes théologiques juifs du Ier siècle avant Jésus-Christ au IIe siècle après Jésus-Christ : préexistence de la Torah, angélologie, jugement, résurrection et questions messianiques. Le targum de Jonathan Ben Uziel, sans doute le plus messianique de tous, n’envisage pas le Messie seulement sous les traits d’un chef militaire victorieux ; il le conçoit également sous l’aspect de l’homme douloureux qui devra passer par la mort, et précurseur du fils glorieux de David. 
 
      Fondés sur une tradition orale qui, selon les targums, remonte à une période variant entre le IIe siècle avant Jésus-Christ et le IIe siècle après Jésus-Christ, les targums peuvent-ils être de quelque utilité eu égard à la critique du texte massorétique ? Nous ne le pensons pas. Car les targums sont des version araméennes dont le texte, souvent défectueux, ne se présente que très rarement comme une transcription au sens classique du terme. Généralement, les targums sont des paraphrases, sauf la plus grosse partie du targum d’Onkelos. Il paraît donc difficile de les considérer comme des témoins valables de l’exactitude du texte hébreu de l’Ancien Testament Voir Versions I, 3. 
 
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