Toutes les paraboles de Jésus

22/11/2024 09:07

Toutes les paraboles de Jésus

Chapitre 1

L'enseignement en parabole

L'enseignement du Christ en paraboles s'inspire du principe même qui le guidait dans sa mission en faveur de l'humanité. Afin de nous familiariser avec sa personne divine, le Sauveur revêtit notre condition et habita parmi nous. La divinité s'est révélée dans l'humanité et la gloire invisible sous une forme corporelle. Ainsi l'inconnu pourrait s'apprendre par le connu, les choses célestes par les terrestres, Dieu s'étant rendu semblable aux hommes. Il en est de même dans l'enseignement du Christ : l'inconnu est illustré par les choses visibles et les vérités divines sont mises à la portée de tous par des faits de la vie courante.

L'Écriture nous rapporte que « Jésus dit à la foule toutes ces choses en paraboles... afin que s'accomplît ce qui avait été annoncé par le prophète : J'ouvrirai ma bouche en paraboles, je publierai des choses cachées depuis la création du monde. » (Matthieu 13:34,35) Il se servait des scènes de la nature et de la vie ordinaire de ses auditeurs pour illustrer les vérités spirituelles de la parole écrite. En reliant ainsi les règnes animal et végétal au domaine spirituel, les paraboles du Christ sont les anneaux d'une chaîne de vérités qui unit l'homme à Dieu et la terre au ciel.

En empruntant ses instructions à la nature, le Christ se servait de choses qu'il avait lui-même créées et auxquelles il avait communiqué ses qualités et sa puissance. Dans sa perfection initiale, toute la création était l'expression de la pensée de Dieu. Pour Adam et Ève, en Éden, la nature où ils puisaient leur instruction était remplie de la connaissance divine et la sagesse parlait aux yeux et pénétrait le coeur. Nos premiers parents communiaient ainsi avec Dieu dans ses oeuvres magnifiques. Mais dès qu'ils eurent transgressé la loi du Très-Haut, la gloire qui rayonnait de la face de Dieu se retira de la nature; celle-ci perdit sa beauté et fut souillée par le péché. Elle conserva néanmoins de nombreux vestiges de sa magnificence d'antan. Les leçons de choses offertes par le Seigneur ne sont pas entièrement supprimées, car la nature parle encore de son Auteur à celui qui s'applique à comprendre son langage.

Au temps du Christ, on avait perdu de vue cet enseignement, et l'homme discernait à peine Dieu dans ses oeuvres. Le péché avait voilé les merveilles de la création; les oeuvres de Dieu étaient devenues l'obstacle qui dérobait celui-ci aux regards des hommes au lieu de le révéler. Ils « ont adoré et servi la créature au lieu du Créateur », à tel point que les païens « se sont égarés dans leurs pensées et leur coeur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres » (Romains 1:25,21). Ainsi, en Israël, l'enseignement humain avait pris la place de l'enseignement révélé. Non seulement les choses de la nature, mais tout ce qui avait été donné aux hommes pour leur faire connaître Dieu – le service du culte et les Écritures elles-mêmes – avait été perverti au point d'en voiler sa face.

Le Christ s'efforça d'écarter ce qui obscurcissait la vérité et il déchira le voile que le péché avait jeté sur la nature, afin de mettre en évidence la gloire spirituelle qu'elle devait réfléchir. Par ses paraboles, il remit en honneur les enseignements de la nature et des Écritures et en fit une révélation nouvelle.

Jésus cueillait le lis éclatant pour le placer dans la main des enfants et des adolescents, et tandis que ceux-ci considéraient son jeune et frais visage empreint de la gloire de son Père, il leur inculquait une leçon de confiance : « Considérez comment croissent les lis des champs : ils ne travaillent ni ne filent; cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi? » (Matthieu 6:28-30)

Mais dans le sermon sur La montagne, Jésus ne s'adressa pas seulement aux enfants et aux adolescents. Il avait là devant lui toute une foule composée d'hommes et de femmes accablés et angoissés, déçus et troublés. Jésus leur dit : « Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : Que mangerons-nous? Que boirons-nous? De quoi serons-nous vêtus? car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin. » Puis, étendant les mains sur la foule qui l'entourait, il ajouta : « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. » (Matthieu 6:31-33)

Le Christ dégageait ainsi le message qu'il avait lui-même placé dans les lis et l'herbe des champs. Il désire que nous le lisions sur chaque lis et sur chaque brin d'herbe.

Les conceptions de Jésus sur la vérité et son enseignement étaient si vastes que le moindre détail de la nature lui servait d'illustration. Toutes les scènes de la vie journalière étaient reliées à quelque vérité essentielle, si bien que la nature entière se trouvait revêtue des paraboles du Maître.

Dans la première partie de son ministère, Jésus avait parlé d'une manière si claire que tous ses auditeurs pouvaient comprendre la vérité divine qui conduit au salut. Mais malheureusement, dans beaucoup de coeurs, elle n'avait pas pris racine. « C'est pourquoi je leur parle en paraboles, disait-il, parce qu'en voyant ils ne voient point, et qu'en entendant ils n'entendent ni ne comprennent... car le coeur de ce peuple est devenu insensible; ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux. » (Matthieu 13:13-15)

Jésus voulait éveiller la curiosité de ses auditeurs et secouer les indolents pour faire pénétrer la vérité dans leur coeur. L'enseignement en paraboles était populaire; il attirait l'attention et forçait le respect non seulement des Juifs, mais encore des gens d'autres nations. Aucune méthode n'était plus efficace que celle-là. Si les auditeurs de Jésus avaient eu vraiment le désir de connaître les choses divines, ils auraient pu saisir les enseignements du Maître, car il était toujours disposé à les expliquer à ceux qui en cherchaient sincèrement le sens.

Le Christ devait aussi présenter des vérités que le peuple n'était pas préparé à recevoir ni même à comprendre. C'est l'une des raisons pour lesquelles il enseignait en paraboles. En tirant ses instructions des scènes de la vie ordinaire ou de la nature, il captait l'attention et impressionnait les coeurs. Plus tard, ceux qui l'avaient entendu illustrer ainsi ses enseignements par les objets qui leur étaient familiers pouvaient se rappeler les exhortations du divin Maître. Ses paroles devenaient alors de plus en plus claires dans la pensée de ceux qui avaient ouvert leur coeur à l'action du Saint-Esprit. Les mystères s'éclaircissaient et ce qui avait d'abord été difficile à saisir devenait évident.

Jésus s'efforçait de trouver le chemin de tous les coeurs. Grâce à un choix d'illustrations variées, il n'exposait pas seulement la vérité sous ses aspects divers, mais il l'adaptait aux différentes classes de ses auditeurs. Il attirait leur attention par des images prises dans la vie quotidienne. Personne ne pouvait dire qu'il avait été oublié ou laissé de côté. Les plus humbles et les plus grands pécheurs entendaient une voix qui leur parlait avec tendresse et sympathie.

Une autre raison poussait Jésus à s'exprimer en paraboles. Dans cette multitude rassemblée autour de lui, il y avait des sacrificateurs, des rabbins, des scribes et des anciens, des hérodiens et des magistrats, des mondains, des bigots et des ambitieux qui n'avaient qu'un seul désir : découvrir un motif quelconque pour l'accuser. Ils le suivaient pas à pas chaque jour pour surprendre une parole qui pourrait faire condamner et réduire au silence celui qui semblait entraîner le monde à sa suite. Le Sauveur n'était pas dupe de leurs secrètes intentions, aussi présentait-il la vérité de telle manière qu'ils ne pouvaient rien trouver qui leur permit de l'accuser devant le sanhédrin. Dans ses paraboles, il censurait leur hypocrisie et leur méchanceté. Sous un langage imagé, il enseignait des vérités qui, exposées de façon directe, les auraient éloignés et poussés à mettre fin immédiatement à son ministère. Tandis qu'il échappait ainsi aux pièges des espions, il développait la vérité de façon si claire que l'erreur était démasquée et que les coeurs sincères profitaient de ses leçons. Il utilisait la nature et les expériences de la vie pour enseigner aux hommes la sagesse et la bonté de Dieu. « Les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l'oeil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. » (Romains 1:20)

Dans l'enseignement en paraboles, le Sauveur donne une conception exacte de la véritable éducation. Il aurait pu amener les hommes à sonder les vérités scientifiques les plus profondes, leur faire saisir des mystères dont la compréhension a exigé des siècles de recherches; il aurait pu éclairer la voie des savants à venir et stimuler l'esprit d'invention jusqu'à la fin des temps. Il ne le fit pas, car il ne voulait pas satisfaire la curiosité ou l'ambition des hommes ni leur frayer la voie des grandeurs terrestres. Dans tout son enseignement, le Christ mettait l'intelligence humaine en contact avec l'Esprit infini. Il ne poussait jamais ses auditeurs à étudier les théories en cours au sujet de Dieu, de ses oracles ou de ses oeuvres. Il leur apprenait à le discerner dans sa parole ses ouvrages et les interventions de sa providence.

Jésus ne s'exprimait jamais en théories abstraites, mais il insistait sur les principes fondamentaux nécessaires au développement du caractère, et qui permettent à l'homme de mieux connaître Dieu et d'augmenter sa capacité de faire le bien. Il annonçait des vérités pratiques et aux conséquences éternelles.

C'est le Christ qui avait dirigé l'éducation d'Israël. Voici ce qu'il avait déclaré au sujet des commandements et des préceptes de l'Éternel : « Tu les inculqueras à tes enfants, tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. Tu les lieras comme un signe sur tes mains et ils seront comme des fronteaux entre tes yeux. Tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes. » (Deutéronome 6:7-9) Jésus démontra, dans son enseignement, comment ce commandement devait être accompli, comment les lois et les principes du royaume de Dieu pouvaient être présentés pour que l'on voie leur valeur et leur beauté. Quand l'Éternel forma Israël pour faire de lui son représentant sur la terre, il le fit habiter dans un pays de collines et de vallées. Sa vie familiale et religieuse devait être en perpétuel contact avec la nature et la parole de Dieu. C'est ainsi que le Christ enseigna tantôt sur les rives du lac ou sur le versant des coteaux, tantôt dans les champs ou les jardins, là où ses disciples pouvaient contempler la nature dans laquelle il puisait les illustrations de son enseignement; et à mesure qu'ils recevaient celui-ci, ils faisaient usage des connaissances acquises en coopérant avec lui dans son oeuvre.

C'est ainsi que la création nous familiarise avec son Auteur. La nature est le précieux manuel que nous devons utiliser avec les Écritures pour faire connaître le Seigneur et ramener à la bergerie les brebis égarées. Par l'étude des oeuvres du Tout-Puissant, le Saint-Esprit crée en nous une conviction qui n'est pas le résultat de la logique humaine. Si l'intelligence reste encore capable de connaître Dieu, si les yeux ne sont pas trop obscurcis pour voir et si les oreilles ne sont pas devenues sourdes à sa voix, les vérités divines s'impriment sur le coeur en caractères indélébiles.

La simplicité et la pureté des leçons tirées de la nature leur donnent une valeur incalculable. Tout homme a besoin des enseignements qui découlent de cette source. Les beautés de la nature éloignent l'âme du péché et des vanités du monde pour l'attirer vers la paix, vers la pureté et vers Dieu. Les étudiants s'occupent trop souvent des théories et des spéculations à l'ordre du jour, faussement appelées science et philosophie. Ils ont besoin de se mettre en étroite communion avec la nature afin d'apprendre que la création et le christianisme ont un seul et même Dieu. Qu'ils s'efforcent de comprendre l'harmonie existant entre la nature et le monde spirituel. Que tout ce qu'ils voient et touchent contribue à la formation de leur caractère; ainsi leurs facultés mentales se fortifieront, leur caractère se développera et leur vie s'ennoblira.

Le but que le Christ se proposait dans ses paraboles était en étroite relation avec celui du sabbat. Dieu a donné aux hommes un mémorial de sa puissance créatrice afin qu'ils puissent le discerner dans ses oeuvres. Le sabbat nous invite à contempler la gloire de Dieu dans sa création. Jésus avait le même dessein, c'est pourquoi il a lié son enseignement aux beautés de la nature. Pendant les heures sacrées du jour du repos, nous devrions tout spécialement méditer les messages que Dieu a écrits pour nous dans le livre de la nature et étudier les paraboles dans un cadre semblable à celui où Jésus se trouvait lorsqu'il les a prononcées : dans les champs et les jardins, sous la voûte du ciel, au milieu des prés et des fleurs. Lorsque nous nous plaçons au sein de la nature, la présence du Christ devient plus réelle; il nous parle de sa paix et de son amour.

Les enseignements de Jésus se rapportent non seulement au sabbat, mais encore à la semaine de labeur. Il a des instructions pour le laboureur et le semeur. Dans les travaux du labourage et de la moisson, il nous apprend à voir l'image de l'oeuvre de la grâce dans nos coeurs. Il désire que nous fassions une application utile des vérités de la Bible dans les moindres actes de la vie. Si nous agissons ainsi, nos occupations journalières n'absorberont pas notre attention au point de nous faire oublier le Seigneur. Constamment, elles nous rappelleront notre Créateur et notre Rédempteur. Semblable à un fil d'or, la pensée de Dieu courra tout au travers de nos préoccupations domestiques. Sa gloire resplendira de nouveau pour nous sur la nature entière. Nous connaîtrons de mieux en mieux la vérité céleste et nous nous rapprocherons toujours plus de la pureté divine. Nous serons ainsi enseignés par l'Éternel et nous demeurerons avec Dieu tout en restant dans l'état on nous étions lorsqu'il nous a appelés. (Voir Ésaïe 54:13 et 1 Corinthiens 7:24

Les paraboles de Jésus

Chapitre 2

Un semeur sortit pour semer

Le semeur et la semence

La parabole du semeur illustre les mystères du royaume des cieux et l'oeuvre du Divin laboureur en faveur de son Église. Semblable au semeur qui arpente son champ fraîchement remué, le Christ sema à pleines mains la semence de vérité. Ses paraboles étaient cette graine d'où devaient éclore les plus précieuses vérités de sa grâce. À cause de sa simplicité, la parabole du semeur n'a pas été appréciée à sa juste valeur. Par la semence lancée dans le sol, le Christ désire attirer notre attention sur la semence évangélique qui a pour effet de ramener l'homme à Dieu. C'est le souverain Maître de l'univers qui nous a donné la parabole de la menue semence, et ce sont les mêmes lois de la germination qui agissent dans les coeurs pour y faire fructifier la semence de la vérité.

Une foule s'était rassemblée sur les bords de la mer de Galilée pour voir et écouter Jésus. Les malades, étendus sur leurs nattes, attendaient le moment de lui exposer leurs besoins. Le Christ avait reçu de Dieu le pouvoir de guérir les infirmités d'une race pécheresse, aussi son premier soin était-il de chasser la maladie et de répandre autour de lui la vie, la santé et la paix.

Comme la foule augmentait sans cesse et se pressait autour de Jésus au point que les nouveaux venus ne pouvaient plus arriver jusqu'à lui, le Sauveur, après avoir adressé quelques paroles aux pêcheurs qui se trouvaient dans leurs barques, monta dans l'embarcation qui devait le conduire de l'autre côté du lac. Puis, ayant demandé à ses disciples de s'éloigner quelque peu du rivage, il se mit à prêcher.

Le long du littoral s'étendait la magnifique plaine de Génésareth, surplombée par des collines. Dans la plaine, comme sur le flanc des collines, des semeurs et des moissonneurs s'affairaient, les uns à jeter la semence, les autres à moissonner les premières récoltes. Considérant cette scène, le Christ s'adressa à la foule en ces termes :

« Un semeur sortit pour semer. Comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin : les oiseaux vinrent, et la mangèrent. Une autre partie tomba dans un endroit pierreux, où elle n'avait pas beaucoup de terre : elle leva aussitôt, parce qu'elle ne trouva pas un sol profond; mais, quand le soleil parut, elle fut brûlée et sécha, faute de racines. Une autre partie tomba parmi les épines : les épines montèrent, et l'étouffèrent. Une autre partie tomba dans la bonne terre : elle donna du fruit, un grain cent, un autre soixante, un autre trente. » (Matthieu 13:4-8)

La mission du Christ fut incomprise de ses contemporains, car sa venue sur la terre ne correspondait pas à leur attente. Il était le centre de toute l'économie juive. Les cérémonies imposantes du culte avaient été établies par Dieu. Elles étaient destinées à annoncer qu'au temps marqué apparaîtrait celui qu'elles préfiguraient. Mais les Juifs s'étaient attachés aux formes et aux rites et avaient oublié totalement leur signification symbolique. Les traditions, les maximes et les préceptes humains avaient voilé l'enseignement divin et constituaient autant d'obstacles qui les empêchaient de parvenir à la connaissance de la véritable religion. Et quand vint la Réalité dans la personne du Christ, ils ne reconnurent pas en lui l'accomplissement de tous leurs types, la substance même des ombres de leurs services religieux. Ils rejetèrent l'antitype et se cramponnèrent aveuglément à leurs symboles et à leurs cérémonies devenues inutiles. Le Fils de Dieu était venu, mais ils continuaient à demander un signe. Ils répondaient au message : « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Matthieu 3:2) en réclamant un miracle. L'Évangile de Jésus-Christ fut pour eux une pierre d'achoppement parce qu'ils exigeaient des signes au lieu d'un Sauveur. Pour eux, le Messie devait être un vaillant guerrier qui établirait par de grands faits d'armes son empire sur les ruines des royaumes terrestres. C'est à cette attente que répondit le Sauveur par la parabole du semeur. Ce n'est ni par la force, ni par de violents combats que devait triompher le royaume de Dieu, mais par l'introduction d'un principe nouveau dans le coeur des hommes.

« Celui qui sème la bonne semence, c'est le Fils de l'homme. » (Matthieu 13:37) Le Christ est venu sur la terre, non comme un roi, mais comme un semeur; non pour renverser des empires, mais pour répandre la semence; non pour entraîner ses partisans vers des triomphes terrestres et la gloire nationale, mais pour les former en vue d'une moisson qui nécessiterait des labeurs patients, des pertes et des désillusions.

Les pharisiens saisissaient le sens de la parabole, mais la leçon ne leur convenait guère; ils faisaient semblant de n'y rien comprendre. Quant à la foule, elle était encore trop étrangère au grand mystère présenté par le nouveau Maître pour en saisir toute la portée, bien que ses paroles aient étrangement remué les coeurs et amèrement déçu leurs ambitions. Les disciples eux-mêmes ne comprirent pas cette parabole, mais leur intérêt avait été éveillé. Ils vinrent trouver Jésus en particulier pour lui en demander une explication.

C'était justement ce qu'attendait le Maître. Ils répondaient ainsi à son secret désir de pouvoir leur donner un enseignement plus complet. Il leur commenta donc la parabole comme il continue à faire comprendre sa parole à tous ceux qui le recherchent sincèrement. Ceux qui étudient les Écritures le coeur ouvert à l'action du Saint-Esprit en saisiront le sens. « Si quelqu'un veut faire sa volonté, dit le Christ, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou si je parle de mon chef. » (Jean 7:17) Tous ceux qui viennent à lui pour mieux saisir ses enseignements ne seront pas déçus. Il leur dévoilera les mystères du royaume des cieux, et ces mystères seront compris de tous ceux qui aspirent à la connaissance de la vérité. Une céleste clarté brillera dans le temple de leur âme et elle sera pour leur entourage comme un flambeau sur un sentier ténébreux.

« Un semeur sortit pour semer. » En Orient, la situation était incertaine. On était exposé à de graves dangers, ce qui obligeait les gens à vivre dans des villes entourées de murailles, de sorte que chaque jour on pouvait voir le cultivateur se rendre à son travail, hors des murailles de la ville. De même, le Christ, le divin Semeur, sortit pour semer. Il quitta un séjour de paix et de sécurité, sacrifiant la gloire qu'il avait auprès du Père avant même que le monde fût, et abandonna la place qu'il occupait sur le trône de l'univers. Il vint sur la terre, homme de douleur, exposé à la tentation. Dans la solitude, il sema avec larmes et arrosa de son sang la semence de vie qu'il était venu apporter à un monde perdu.

Comme lui, ses serviteurs doivent sortir pour semer. Appelé à la vocation de semeur de vérité, Abraham reçut cette exhortation : « Va-t'en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père dans le pays que je te montrerai. » (Genèse 12:1) « Il partit sans savoir où il allait. » (Hébreux 11:8) L'apôtre Paul, en prière au temple de Jérusalem, reçut cet ordre du ciel : «Va, je t'enverrai au loin vers les nations. » (Actes 22:21) Ceux qui reçoivent un appel à s'unir à Jésus-Christ doivent aussi tout quitter pour le suivre. Cela ne se fait pas sans rompre avec d'anciennes relations, sans briser des plans soigneusement établis, sans renoncer à des espérances terrestres. Avec peine, avec larmes, dans l'isolement et l'abnégation, il faut jeter la semence.

« Le semeur sème la parole. » (Marc 4:14) Le Christ est venu pour semer la vérité sur la terre. Depuis la chute, Satan n'a cessé de répandre les germes de l'erreur. Il parvint, par un mensonge, à dominer l'homme et il s'efforce de renverser le royaume de Dieu ici-bas afin de placer l'humanité sous son hégémonie. Un semeur d'un monde supérieur, le Christ, vint sur la terre pour jeter les semences de vérité. Celui qui avait pris part aux conseils de Dieu, qui habitait les profondeurs mêmes du sanctuaire de l'Éternel, pouvait apporter sur la terre les purs principes de la vérité. Depuis la chute de l'homme, le Christ n'a cessé de révéler la vérité à l'humanité et de lui communiquer l'incorruptible semence, « la parole vivante et permanente de Dieu » (1 Pierre 1:23). Dans la première promesse faite en Éden à notre race déchue, le Christ semait la semence évangélique. Mais la parabole du semeur s'applique tout particulièrement à son ministère parmi les hommes et au ministère de son Église.

La semence, c'est la parole de Dieu. Toute semence a en soi un germe de vie dans lequel est cachée la vie de la plante. La parole de Dieu est aussi un facteur de vie : « Les paroles que je vous ai dites, fait remarquer Jésus, sont esprit et vie. ... Celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle. » (Jean 6:635:24) Chaque commandement, chaque promesse de la Bible renferme une puissance, la vie même de Dieu, qui nous donne le pouvoir d'obéir au commandement et de transformer la promesse en réalité. Celui qui, par la foi, reçoit la parole, reçoit la vie même et le caractère de Dieu.

Toute semence porte en elle du fruit selon son espèce. Mise en terre dans des conditions normales, la graine manifestera sa vitalité dans la plante qui sortira d'elle. Reçue dans votre âme, par la foi, l'incorruptible semence de la parole de Dieu produira une vie et un caractère conformes au caractère et à la vie de Dieu.

Les docteurs en Israël ne semaient pas la bonne semence de la parole. L'oeuvre du Christ offrait un contraste frappant avec celle des rabbins de son époque dont la principale préoccupation était d'exposer des traditions, des théories et des spéculations humaines. Il leur arrivait souvent de remplacer la parole de Dieu par ce que des hommes en avait dit ou écrit. Leur enseignement n'avait pas le pouvoir de vivifier l'âme. Le Christ, au contraire, choisissait toujours les Écritures comme thème central de ses exposés. Il arrêtait ses contradicteurs avec un catégorique : « il est écrit » (Matthieu 4:4), « n'avez-vous jamais lu dans les Écritures ...? » (Matthieu 21:42), « qu'y lis-tu ? » (Luc 10:26) Il ne laissait jamais passer l'occasion de jeter la semence de vie dans le coeur de l'ami ou de l'ennemi. Il est le chemin, la vérité et la vie, la Parole même de Dieu. Néanmoins, il se référait toujours aux Écritures en disant : « Ce sont elles qui rendent témoignage de moi. » (Jean 5:39) Et, « commençant par Moïse et par tous les prophètes », il expliquait à ses disciples, « dans toutes les Écritures ce qui le concernait. » (Luc 24:27)

Les serviteurs du Christ doivent suivre son exemple. Aujourd'hui comme hier, les vérités fondamentales de la parole de Dieu sont enfouies sous les théories et les spéculations des hommes. Nombreux sont les prétendus ministres de l'Évangile qui n'acceptent pas toute la Bible comme la parole inspirée de Dieu. L'un n'admet pas ceci, l'autre repousse cela. Ils s'accordent pour mettre leur jugement au-dessus de l'Écriture, et le message qu'ils enseignent ne repose que sur leur propre autorité. L'origine et l'autorité divines de la parole sont détruites. Des semences d'infidélité sont largement répandues et les fidèles sont dans la confusion, ne sachant plus ce qu'ils doivent croire. Nombreuses sont les croyances qu'on n'a pas le droit de conserver. Au temps du Christ, les rabbins attribuaient un sens mystique et outré à certains passages des Écritures. Ils s'évertuaient ainsi à éliminer la force de la parole de Dieu qui condamnait leurs pratiques. Il en est de même de nos jours. On rend l'Écriture obscure et mystérieuse afin d'excuser la transgression de la loi. Au cours de sa vie terrestre, Jésus condamna cette manière d'agir. Il affirmait que la parole de Dieu pouvait être comprise par tous les hommes. Il attirait l'attention sur l'autorité absolue des Écritures. C'est ce que nous devrions faire nous-mêmes. La Bible doit être présentée au monde comme la parole d'un Dieu infini, comme le point final de toute controverse et le fondement de toute croyance.

La Bible a été privée de sa puissance et il en est résulté un abaissement de la spiritualité. Bien des sermons prêchés de nos jours ne révèlent pas cette manifestation de la puissance divine qui réveille les consciences et communique la vie à l'âme. Les auditeurs ne peuvent plus dire : « Notre coeur ne brûlait-il pas au-dedans de nous, lorsqu'il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures. » (Luc 24:32) Nombreux sont ceux qui crient au Dieu vivant et qui soupirent après la présence divine. Les systèmes philosophiques ou les productions littéraires les plus admirables ne sauraient satisfaire le coeur humain. Les affirmations et les inventions de l'homme sont sans valeur. Seule la parole de Dieu doit parler aux âmes. Puissent ceux qui sont lassés des traditions, des maximes et des théories humaines, entendre la voix de celui dont la parole peut communiquer la vie éternelle!

Le thème favori du Christ était la tendresse paternelle de Dieu et son abondante grâce. Il insistait sur la sainteté de son caractère et de sa loi; il se présentait lui-même comme le chemin, la vérité et la vie. Que ce soit aussi les thèmes des ministres du Christ. Exposez la vérité telle qu'elle est en Jésus. Présentez clairement les exigences de la loi et de l'Évangile. Parlez aux hommes de la vie de sacrifice du Christ, de ses humiliations, de sa mort, de sa résurrection glorieuse, de son ascension, de son intercession en leur faveur dans les parvis célestes et de sa promesse : « Je reviendrai, et je vous prendrai avec moi. » (Jean 14:3)

Au lieu de perdre votre temps à discuter des théories erronées ou à chercher à combattre les adversaires de l'Évangile, suivez l'exemple du Christ. Que vos discours procèdent de la source limpide qui procure la vie. « Prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non. » (2 Timothée 4:2) « Heureux vous qui partout semez le long des eaux. » (Ésaïe 32:20) « Que celui qui a entendu ma parole rapporte fidèlement ma parole. Pourquoi mêler la paille au froment? dit l'Éternel. » (Jérémie 23:28) « Toute parole de Dieu est éprouvée. ... N'ajoute rien à ses paroles, de peur qu'il ne te reprenne et que tu ne sois trouvé menteur. » (Proverbes 30:5,6)

« Le semeur sème la parole. » Tel est le grand principe qui devrait être à la base de notre système d'éducation. « La semence, c'est la parole de Dieu. » (Luc 8:11) Dans la plupart des écoles, aujourd'hui, la Bible est mise de côté et les esprits se nourrissent d'autres sujets. L'étude des auteurs incrédules tient une trop grande place dans nos programmes scolaires et le scepticisme se trouve mêlé aux enseignements de nos manuels. La recherche scientifique tend à égarer les esprits à cause des interprétations erronées qui sont données de ses découvertes. Ce que l'on appelle enseignements de la science est mis en concurrence avec la parole de Dieu et on fait passer celle-ci pour incertaine et indigne de confiance. Des semences de doute sont jetées dans le cerveau de la jeunesse et à l'heure de la tentation, elles lèvent infailliblement. Sans la foi dans la parole de Dieu, l'âme en danger n'a plus de guide, et la jeunesse est conduite dans des sentiers qui l'éloignent de Dieu et de la vie éternelle.

C'est en grande partie à cette cause que l'on peut attribuer l'iniquité qui règne dans le monde à notre époque. Quand les Écritures sont délaissées, les mauvaises passions du coeur naturel échappent à leur puissance de contrôle. Les hommes sèment pour la chair et moissonnent de la chair la corruption.

C'est ici encore qu'il faut chercher la raison principale de notre faiblesse mentale. Lorsqu'on se détourne de la parole de Dieu pour se nourrir des écrits d'auteurs non inspirés, l'esprit se rabougrit et perd de sa vigueur. Peu à peu, il s'éloigne des principes larges et profonds de la vérité immuable. Notre intelligence s'adapte à ce qui lui est devenu familier et se laisse absorber par des aspirations purement matérielles; elle s'affaiblit et la faculté de s'assimiler les choses spirituelles diminue au point de devenir, après un certain temps, incapable d'expansion.

C'est là de la fausse éducation. L'oeuvre de tout éducateur devrait être de mettre la jeunesse en rapport avec les grandes vérités de l'inspiration. Telle est l'éducation essentielle pour la vie présente et celle à venir.

N'allons pas croire que cela contrecarre l'étude des sciences ou rabaisse le niveau de l'instruction. La connaissance de Dieu est aussi élevée que les cieux et aussi vaste que l'univers. Rien ne peut ennoblir et vivifier l'esprit comme la méditation des grands thèmes qui concernent notre vie éternelle. Que la jeunesse cherche à comprendre le sens de ces vérités qui viennent de Dieu, et ses facultés intellectuelles se développeront. Tout étudiant qui s'efforce de mettre en pratique la parole de Dieu enrichit ses connaissances et s'assure ainsi un trésor impérissable.

L'éducation qu'il faut chercher à acquérir en sondant les Écritures, c'est une connaissance pratique du plan du salut. Elle restaurera l'image de Dieu dans l'âme, fortifiera l'esprit contre l'assaut des tentations et permettra à l'étudiant de collaborer avec Jésus-Christ dans sa mission de miséricorde. Elle fera de lui un membre de la famille divine et le préparera à participer à l'héritage des saints.

Mais celui qui enseigne la vérité sacrée ne peut communiquer que ce qu'il connaît par expérience. Le semeur sème sa semence (Luc 8:5). Le Christ enseignait la vérité parce qu'il était la vérité. Sa pensée, son caractère, son expérience personnelle s'incarnaient dans sa prédication. Ainsi doit-il en être de ses serviteurs : ceux qui enseignent la parole de Dieu doivent l'assimiler en la mettant en pratique. Ils doivent s'approprier le Christ devenu pour eux sagesse, justice et sanctification et rédemption. Quand on présente la parole de Dieu, il importe de ne pas le faire en termes vagues comme si l'on avançait de simples suppositions. Il faut pouvoir dire avec l'apôtre Pierre : « Ce n'est pas, en effet, en suivant des fables habilement conçues, que nous vous avons fait connaître la puissance et l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, mais c'est comme ayant vu sa majesté de nos propres yeux. » (2 Pierre 1:16) Tout ministère du Christ et tout éducateur chrétien doivent pouvoir dire avec Jean, l'apôtre bien-aimé : « La vie a été manifestée, et nous l'avons vue et nous lui rendons témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée. » (1 Jean 1:2)

Le terrain au bord du chemin

La parabole du semeur avait pour but de faire comprendre l'influence du terrain sur la croissance de la semence. Le Christ disait virtuellement à ses auditeurs : Vous n'êtes pas qualifiés pour juger mon oeuvre et vous n'avez aucune raison d'être désappointés si je ne partage pas vos idées. L'accueil que vous réservez à mon message est pour vous la chose essentielle, car votre destinée éternelle en dépend.

Jésus donna en ces termes la signification de la semence tombée au bord du chemin : « Lorsqu'un homme écoute la parole du royaume et ne la comprend pas, le malin vient et enlève ce qui a été semé dans son coeur : cet homme est celui qui a reçu la semence le long du chemin. » (Matthieu 13:19)

La semence tombée le long du chemin représente la parole de Dieu qui parvient aux oreilles d'auditeurs distraits. Tel un chemin foulé aux pieds par les hommes et les animaux, le coeur humain devient une grande route où le monde, avec ses plaisirs et ses péchés, peut circuler aisément. Préoccupée par des ambitions égoïstes et complice de combinaisons coupables, l'âme s'est « endurcie par la séduction du péché » (Hébreux 3:13). Les facultés spirituelles sont paralysées. Les hommes entendent la parole de Dieu, mais ne la comprennent pas; ils ne réalisent pas qu'elle les concerne personnellement. Ils ne se rendent compte ni de leurs besoins, ni des dangers qu'ils courent; l'amour du Christ et son message de grâce les laissent indifférents.

De même que les oiseaux guettent la semence qui tombe le long du chemin et s'en emparent, de même Satan se tient prêt à enlever de l'âme la semence de la vérité divine. Il craint que la parole de Dieu ne réveille l'indifférent et ne produise son effet sur le coeur endurci. Satan et ses anges sont présents dans les assemblées où la parole est prêchée. Un combat se livre entre les anges du ciel qui s'efforcent de toucher les coeurs par le divin message et l'ennemi toujours en état d'alerte pour le rendre inefficace. Avec un zèle qui n'a d'égal que sa malice, il s'efforce d'enrayer l'oeuvre de L'Esprit-Saint. Tandis que le Sauveur du monde attire les âmes à lui par son amour, Satan essaie par tous les moyens de détourner leur attention. Il place devant elles des projets mondains, les pousse à la critique, au doute et à l'incrédulité. Le langage ou les gestes du prédicateur ne sont peut-être pas du goût des auditeurs qui s'entretiennent de ses défauts. Ainsi, la vérité dont ils ont besoin et que le Seigneur leur envoie dans sa miséricorde ne produira sur eux aucune impression durable.

Satan a de nombreux collaborateurs en la personne des soi-disant chrétiens qui l'aident à arracher la semence des coeurs. Nombreux sont ceux qui, après avoir écouté la prédication de la parole de Dieu, en font un sujet de critique dans leur foyer. Ils la jugent comme s'il s'agissait d'une production littéraire ou d'un discours politique. Le message qu'ils devraient considérer comme la parole de Dieu parlant à leurs coeurs est l'objet de remarques légères et sarcastiques. Le caractère du prédicateur, ses mobiles, ses actions, l'attitude des autres croyants sont librement discutés. Un jugement sévère est prononcé, on répète des commérages et des calomnies, même devant les inconvertis, et parfois les parents n'hésitent pas à le faire en présence de leurs enfants. On détruit ainsi le respect que l'on doit avoir pour les serviteurs de Dieu et leurs messages, et plusieurs sont amenés à mépriser les saintes Écritures elles-mêmes.

Voilà comment, dans les familles qui se disent chrétiennes, on conduit la jeunesse vers l'incrédulité. Et les parents se demandent pourquoi leurs enfants ont si peu de goût et de dispositions pour l'Évangile et doutent des vérités bibliques! Ils s'étonnent que celles-ci n'aient pas sur eux plus d'influence. Ils ne voient pas que leur propre exemple a endurci le coeur de leurs enfants. La bonne semence ne trouve pas de place où elle pourrait prendre racine et Satan se hâte de la faire disparaître des coeurs.

Dans les endroits pierreux

« Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c'est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie; mais il n'a pas de racine en lui-même, il manque de persistance, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute. » (Matthieu 13:20,21)

La semence tombée sur le sol rocailleux ne trouve que peu de terre. La plante y lève avec rapidité, mais sa racine, gênée par les pierres et privée des éléments indispensables à son développement normal, ne tarde pas à sécher. Semblables à la roche que recouvre une mince couche de terre, bon nombre de ceux qui font profession de religion sont victimes de leur égoïsme, et leurs plus nobles désirs sont étouffés. L'amour du moi n'a pas été vaincu, et ils n'ont pas compris le caractère excessivement odieux du péché ni éprouvé le sentiment de leur culpabilité. Il se peut que ces gens aient été faciles à convaincre et paraissent de fervents chrétiens. En réalité, ils n'ont que le vernis de la religion.

Ce n'est pas parce que des hommes acceptent rapidement la parole de Dieu ni parce qu'elle fait leur joie, qu'ils l'abandonnent ensuite. Dès que Matthieu eut entendu l'appel de son Sauveur, il se leva et quitta tout pour le suivre. Dieu désire que nous acceptions avec joie la parole sainte aussitôt qu'elle nous parvient. Il y a de la « joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent » (Luc 15:7), et il y a de la joie dans le coeur de celui qui croit en Christ. Mais dans la parabole du semeur, ceux qui ont reçu la parole immédiatement n'ont pas calculé la dépense. Ils n'ont pas compris les exigences de la parole de Dieu. Ils ne la confrontent pas avec toutes leurs habitudes et ne se placent pas entièrement sous son contrôle.

Les racines plongent profondément dans le sol, et, cachées à nos yeux, elles entretiennent la vie de la plante. Il en est de même pour le chrétien : sa vie spirituelle est fortifiée par le lien invisible qui l'unit au Christ par la foi. Mais les auditeurs distraits se confient en leurs propres mérites au lieu de s'en remettre au Christ. Ils comptent sur leurs bonnes oeuvres. Leurs élans de générosité, leur propre justice, la puissance divine leur fait défaut parce qu'ils ne sont pas unis au Christ. Ils n'ont pas de racines en eux-mêmes.

Le soleil bienfaisant de l'été, qui fait croître le bon grain et le mûrit, détruit la semence qui n'a pas de profondes racines. Ainsi celui qui n'a pas de racine en lui-même « manque de persistance, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute » (Matthieu 13:21). Beaucoup reçoivent l'Évangile comme un moyen d'éviter la souffrance et non comme la délivrance du péché. Ils se réjouissent pendant un certain temps, persuadés que la religion les libérera des épreuves et des difficultés. Tout se passe-t-il selon leurs désirs? Ils semblent être de bons chrétiens. Mais ils succombent à la rude épreuve de la tentation. Ils ne peuvent pas endurer l'opprobre pour l'amour du Christ. Dès que la parole de Dieu leur signale qu'ils se complaisent dans tel péché ou exige d'eux quelque renoncement ou sacrifice, ils se scandalisent. Un changement radical de vie leur paraît trop coûteux. Perdant de vue les réalités célestes, ils s'attardent aux soucis du moment. Ils sont semblables aux disciples qui abandonnèrent Jésus en disant : « Cette parole est dure; qui peut l'écouter? » (Jean 6:60)

De nombreuses personnes font profession de servir Dieu, mais ne le connaissent pas réellement. Leur désir de faire sa volonté repose sur leurs propres inclinations, et non sur l'action puissante du Saint-Esprit. Leur conduite n'est pas conforme à la loi de Dieu. Théoriquement, elles reconnaissent que le Christ est leur Sauveur, mais elles ne croient pas qu'il puisse leur donner la force de vaincre leurs péchés. Elles ne sont pas personnellement en rapport avec un Sauveur vivant, et leur caractère révèle des défauts héréditaires et cultivés.

Reconnaître le besoin du Saint-Esprit est une chose, accepter ses appels à la repentance en est une autre. Beaucoup de gens ont le sentiment de vivre loin de Dieu, d'être esclaves de leurs péchés et de leur égoïsme. Ils s'efforcent de se réformer mais ils ne crucifient pas le moi; ils ne s'abandonnent pas entièrement entre les mains de leur Sauveur pour recevoir de lui la force de faire sa volonté; ils ne désirent pas que leur vie soit modelée sur la sienne. D'une façon générale, ils reconnaissent leurs imperfections, mais ne renoncent pas à leurs mauvaises habitudes. Et chaque péché fortifie leur vieille nature égoïste.

Le seul espoir pour ces âmes est d'expérimenter dans leur vie la vérité renfermée dans les paroles du Christ à Nicodème : « Il faut que vous naissiez de nouveau. » « À moins de naître d'en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu. » (Jean 3:7,3, traduction oecuménique)

La véritable sainteté est une consécration totale au service de Dieu; sans une telle consécration, il ne saurait y avoir de vie chrétienne véritable. Le Christ exige de nous une consécration sans réserve. Il réclame notre coeur, notre esprit, notre âme, nos forces à son service. Celui qui ne vit que pour lui-même n'est pas chrétien.

L'amour doit être le principe de l'action. Il est l'essence même du gouvernement divin sur la terre et dans les cieux. Il faut aussi qu'il soit à la base du caractère chrétien, car c'est le seul élément qui puisse le rendre inébranlable et lui permettre d'affronter victorieusement l'épreuve et la tentation.

L'amour se révélera par le sacrifice. Le plan de la rédemption repose sur un sacrifice dont on ne peut mesurer la hauteur et la profondeur. Le Christ a tout donné pour nous, c'est pourquoi il faut que celui qui l'accepte soit prêt à renoncer à tout par amour pour lui. L'honneur et la gloire du Rédempteur doivent être nos principales préoccupations.

Si nous aimons Jésus, nous aurons le désir de vivre pour lui, de lui présenter nos offrandes d'actions de grâces et de travailler à son service. Notre labeur même paraîtra léger. Par amour pour notre Sauveur, nous accepterons peines, souffrances et sacrifices. Nous éprouverons un amour semblable au sien pour ceux qui se perdent et le même ardent désir de les sauver.

Voilà la religion de Jésus-Christ. Tout ce qui est en dessous de cet idéal n'est qu'illusion. Une simple théorie de la vérité évangélique, ou une simple profession de foi, ne sauvera personne. Nous ne pouvons appartenir au Sauveur qu'en nous donnant entièrement à lui. Celui qui sert Dieu d'un coeur partagé devient irrésolu et instable. Ses efforts en vue de servir à la fois ses propres intérêts et ceux du Christ font de lui un auditeur pour qui la semence est tombée dans un endroit pierreux et qui sera incapable de résister à l'épreuve.

Parmi les épines

« Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c'est celui qui entend la parole, mais en qui les soucis du siècle et la séduction des richesses étouffent cette parole, et la rendent infructueuse. » (Matthieu 13:22)

Souvent, la semence évangélique tombe parmi les épines et les mauvaises herbes. Si le coeur humain n'est pas transformé, si les vieilles habitudes d'une vie de péché ne sont pas délaissées, si Satan n'est pas banni de l'âme, la bonne semence sera étouffée par les épines qui croîtront à leur aise.

La grâce ne peut agir que dans le coeur préparé avec soin à recevoir la précieuse semence de la vérité. Les ronces du péché croissent n'importe où et n'exigent aucun entretien, mais la grâce doit être soigneusement cultivée. Les ronces et les épines sont toujours prêtes à envahir le terrain; il faut être continuellement occupé à les détruire. Si le coeur n'est pas placé sous le contrôle de Dieu, si le Saint-Esprit n'est pas constamment à l'oeuvre pour affiner et ennoblir le caractère, les vieilles habitudes reparaîtront sans cesse. D'aucuns peuvent professer croire à l'Évangile, mais si leurs coeurs ne sont pas sanctifiés, leur profession de foi est vaine. S'ils ne remportent pas la victoire sur le péché, c'est le péché qui triomphera d'eux. Les épines qui ont été coupées, mais non déracinées, repoussent de plus belle et envahissent le champ de l'âme.

Le Christ a énuméré les dangers qui mettent l'âme en péril. D'après le récit de Marc, ce sont les « soucis du siècle », la « séduction des richesses » et « l'invasion des autres convoitises » (Marc 4:19). L'Évangile de Luc mentionne « les soucis », « les richesses et les plaisirs de la vie » (Luc 8:14). Voilà ce qui étouffe la parole de Dieu, la semence spirituelle, et l'empêche de se développer. L'âme cesse de tirer sa subsistance du Christ, la spiritualité s'affaiblit et finit par disparaître complètement.

« Les soucis du siècle. » Nul n'est à l'abri de cette tentation. Le travail, les privations et la crainte de la misère oppressent le pauvre et sont pour lui des sujets d'angoisse. Le riche redoute la perte ou la dévaluation de ses richesses. Bien des disciples du Seigneur oublient la leçon qu'il nous a enseignée en parlant des fleurs champêtres (Matthieu 6:28-30). Ils n'ont pas confiance dans sa constante sollicitude. Le Christ ne peut porter leurs fardeaux puisqu'ils ne veulent pas s'en décharger sur lui. Aussi les soucis de la vie qui devraient les rapprocher du Sauveur ne font-ils que les séparer de lui.

Beaucoup pourraient être utiles au service de Dieu, s'ils ne se laissaient dominer par le désir d'acquérir des biens. Toute leur énergie est concentrée sur des entreprises qui leur font négliger leur vie spirituelle. C'est ainsi qu'ils se séparent de Dieu. Les Écritures nous disent : « Ayez du zèle, et non de la paresse. » (Romains 12:11) Nous devons travailler afin de pouvoir venir en aide aux nécessiteux. Il faut que les chrétiens soient actifs, qu'ils entreprennent des affaires et ils le peuvent sans commettre de péché. Mais certains se laissent tellement absorber par leurs occupations qu'ils ne trouvent plus le temps de prier, d'étudier la Bible, de rechercher le Seigneur et de le servir. Il leur arrive parfois d'être attirés vers la sainteté, vers le ciel, mais ils n'ont pas le temps de se détourner du tourbillon du monde pour écouter la voix puissante et infaillible de l'Esprit de Dieu. L'éternité est subordonnée chez eux aux choses du monde, qui occupent dans leurs coeurs la première place. Comment la divine semence pourrait-elle alors porter des fruits? Les énergies spirituelles sont données en pâture aux exigences de la mondanité.

D'autres agissent différemment, et travaillent pour le bien de leurs semblables, mais commettent une erreur analogue. Leurs devoirs sont si pressants et leurs responsabilités si nombreuses qu'ils en oublient l'exercice de la piété. Ils négligent de cultiver la communion avec Dieu par la prière et l'étude de sa parole. Ils ne se souviennent pas de cette déclaration du Sauveur : « Sans moi vous ne pouvez rien faire. » (Jean 15:5) Ils marchent loin de lui et ils échappent à l'influence de la grâce divine; aussi le moi ne tarde-t-il pas à se manifester. Leur service est entaché par un désir de domination et par les traits durs et grossiers d'un coeur irrégénéré. Voilà un des principaux secrets de l'échec du service chrétien. C'est la raison pour laquelle celui-ci donne souvent des résultats si peu satisfaisants.

« La séduction des richesses » (Marc 4:19) L'amour des richesses recèle une puissance de fascination et de séduction. Ceux qui possèdent les biens de la terre oublient trop souvent que c'est Dieu qui donne la faculté de les acquérir. Ils disent : « Ma force et la puissance de ma main m'ont acquis ces richesses. » (Deutéronome 8:17) Au lieu d'être un sujet de reconnaissance envers Dieu, leurs richesses les amènent à se glorifier eux-mêmes. Ils perdent le sentiment de leur dépendance à l'égard du Créateur et de leurs obligations envers leurs semblables. Oubliant de considérer la fortune comme un talent dont il faut faire usage pour la gloire de Dieu et le relèvement de l'humanité, ils l'utilisent à des fins égoïstes. Une telle utilisation des richesses, au lieu de développer en l'homme le caractère de Dieu, favorise l'implantation de celui de Satan. La semence de la parole est étouffée par les épines.

« Les plaisirs de la vie » (Luc 8:14). Les plaisirs que l'on recherche simplement en vue de jouissances personnelles présentent un grand danger. Toute habitude qui affaiblit le corps, obscurcit l'esprit ou émousse les facultés spirituelles, peut être rangée parmi les « convoitises charnelles qui font la guerre à l'âme » (1 Pierre 2:11).

« Et l'invasion des autres convoitises » (Marc 4:19). Les biens de cette vie sont neutres en eux-mêmes; ils deviennent pernicieux à partir du moment où on leur donne la prééminence sur le royaume de Dieu. Tout ce qui éloigne de Dieu, tout ce qui ravit les affections dues au Christ, est un ennemi de l'âme.

Tant qu'on est jeune, vigoureux et susceptible d'un développement rapide, on court le danger de se laisser entraîner par une ambition égoïste. Si l'on réussit dans ses entreprises mondaines, on risque de persévérer dans une ligne de conduite qui émousse la conscience et ne permet pas de discerner ce qui constitue l'excellence du caractère. Lorsque les circonstances favorisent ce développement, on a vite fait de s'engager dans une voie contraire à la parole de Dieu.

Durant cette période de formation de leurs enfants, les parents ont une très grande responsabilité. Ils devraient s'efforcer d'entourer la jeunesse d'influences saines qui lui permettront d'acquérir une juste conception de la vie et la conduiront au véritable succès. Malheureusement, combien de parents sont dominés par le souci d'un avenir matériel brillant pour leurs enfants, dont ils choisissent les relations à cet effet! Bien des couples s'établissent dans de grandes villes et introduisent leurs enfants dans la haute société. Ils les entourent ainsi d'influences propres à favoriser l'orgueil et la mondanité et avilissantes pour l'esprit et l'âme. On perd de vue le but noble et élevé de la vie, on échange contre quelques avantages temporels le privilège d'être des fils de Dieu et des héritiers des biens éternels.

Bien des parents pensent travailler au bonheur de leurs enfants en encourageant leur passion pour les amusements. Ils admettent qu'ils soient captives par le sport et leur permettent d'assister à des parties de plaisir; ils leur donnent de l'argent, qu'ils peuvent dépenser sans scrupules en vue de leur satisfaction personnelle. Or, plus on se livre au plaisir, plus il devient une obsession. Ces jeunes gens sont à tel point absorbés par les amusements qu'ils finissent par les considérer comme le but principal de la vie. Ils contractent des habitudes de paresse et de laisser-aller qui les rendent incapables de devenir de bons chrétiens.

Il arrive que l'Église, qui devrait être « la colonne et l'appui de la vérité », encourage l'amour égoïste du plaisir. Quand l'Église a besoin d'argent, à quels moyens a-t-elle recours? Aux ventes de charité, aux buffets, aux tombolas et autres procédés de ce genre. Souvent, on profane le lieu de culte mis à part pour le service divin, en le transformant en salle de festin où l'on vient pour manger et pour boire, acheter, vendre et s'égayer. Le respect pour la maison de Dieu est diminué dans l'esprit des jeunes. Les barrières de la maîtrise de soi sont ébranlées. On fait appel à des mobiles égoïstes, à l'appétit et au désir de paraître, que l'on renforce en montrant de l'indulgence.

Les villes sont des centres d'amusements et de plaisirs. Bien des parents, en s'y établissant, croient offrir ainsi de plus grands avantages à leurs enfants, mais ils sont vite désappointés et regrettent trop tard leur grave erreur. Aujourd'hui, nos villes deviennent semblables à Sodome et à Gomorrhe. De trop nombreux jours fériés encouragent l'oisiveté. Les sports excitants, le théâtre, les courses de chevaux, le jeu, la consommation des boissons enivrantes stimulent les passions. La jeunesse se laisse entraîner par le courant populaire. Ceux qui apprennent à aimer le plaisir pour lui-même ouvrent toute grande la porte de leur coeur aux tentations. Ils s'adonnent à une gaieté intempestive et à une joie insouciante, et leurs relations avec les amateurs de plaisirs les grisent. En goûtant à toutes les formes de dissipation, ils finissent par n'avoir plus ni la force ni la volonté de mener une vie utile. Leurs aspirations religieuses s'évanouissent en fumée et leur vie spirituelle est enveloppée de ténèbres. Toutes les facultés les plus nobles de l'âme qui relient l'homme au monde spirituel sont altérées.

Il est vrai que certains peuvent se rendre compte de leur triste condition et se repentir. Dieu peut leur pardonner, mais leur âme a reçu une grave blessure, et ils seront toute leur vie en danger de retomber. Leur faculté de discernement, dont la sensibilité aurait dû être développée pour qu'ils puissent distinguer entre le bien et le mal, a été en grande partie détruite. Ils sont lents à reconnaître la voix du Saint-Esprit parlant à leur coeur ou à discerner les pièges de Satan. Trop souvent, à l'heure du danger, ils succombent à la tentation et s'éloignent de Dieu. Leur vie se termine par un échec aux conséquences éternelles.

Soucis, richesses, plaisirs, tels sont les atouts dont Satan se sert dans le jeu de la vie. Un avertissement nous est donné : « N'aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est point en lui; car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde. » (1 Jean 2:15,16) Celui qui lit dans les coeurs comme dans un livre ouvert, dit : « Prenez garde à vous-mêmes, de crainte que vos coeurs ne s'appesantissent par les excès du manger et du boire, et par les soucis de la vie. » (Luc 21:34) L'apôtre Paul écrit à son tour, sous l'inspiration du Saint-Esprit : « Mais ceux qui veulent s'enrichir tombent dans la tentation, dans le piège, et dans beaucoup de désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. Car l'amour de l'argent est une racine de tous les maux; et quelques-uns, en étant possédés, se sont égarés loin de la foi, et se sont jetés eux-mêmes dans bien des tourments. » (1 Timothée 6:9,10)

La préparation du terrain

Par la parabole du semeur, le Christ montre que les différents résultats obtenus par les semailles dépendent de la nature du terrain. Dans chaque cas, le semeur et la semence sont les mêmes. Le Sauveur souligne de cette manière que si la parole de Dieu reste sans effet sur notre vie, c'est de notre faute. Mais les conséquences n'échappent pas à notre contrôle. Il est vrai que nous ne pouvons pas nous changer nous-mêmes, mais le libre choix nous appartient et c'est à nous de décider quelle sera notre destinée éternelle. Rien n'oblige les auditeurs représentés par la semence tombée le long du chemin, dans les endroits pierreux, ou parmi les épines, à rester dans cette condition. L'Esprit de Dieu s'efforce sans cesse de rompre le charme qui les retient au monde et d'éveiller en eux le désir des biens impérissables. C'est parce qu'ils résistent à l'Esprit que les hommes finissent par ne plus prendre garde aux appels de la parole de Dieu et par en négliger l'étude. Ils sont eux-mêmes responsables de la dureté de leur coeur, qui empêche le bon grain de s'y enraciner, et des mauvaises herbes qui l'étouffent.

Il faut cultiver ce jardin qu'est le coeur; il faut en défricher le terrain par une profonde repentance et en arracher les plantes nuisibles semées par Satan. Lorsqu'un champ est envahi par des ronces, ce n'est que par un travail énergique qu'on parvient à l'en débarrasser. De même, les mauvaises tendances du coeur naturel peuvent seulement être vaincues par des efforts persévérants accomplis au nom de Jésus et par sa grâce. Par le canal de son prophète, le Seigneur nous donne cet ordre : « Défrichez-vous un champ nouveau, et ne semez pas parmi les épines. » (Jérémie 4:3) « Semez selon la justice. Moissonnez selon la miséricorde. » (Osée 10:12) Jésus désire accomplir cette oeuvre en notre faveur et fait appel à notre coopération.

Les semeurs de la bonne parole ont une tâche à remplir pour préparer les coeurs à recevoir l'Évangile. Le ministère de la prédication comporte trop de sermons et pas assez de cure d'âme. Un travail personnel est nécessaire pour sauver ceux qui périssent. Animés d'une sympathie chrétienne, nous devrions nous approcher des personnes individuellement et nous efforcer de les intéresser aux grandes vérités de la vie éternelle. Leur coeur peut être aussi dur que les sentiers battus et il peut nous sembler dès l'abord que nos efforts sont inutiles, mais là où la logique et les arguments échouent, l'amour de Jésus-Christ, révélé dans notre apostolat, peut attendrir les coeurs de pierre et permettre à la semence de la vérité d'y prendre racine.

Les semeurs ont donc un travail à faire pour que la bonne semence ne soit pas étouffée par les épines ou ne périsse pas faute de terre. Il faut enseigner au croyant, dès le début de son expérience religieuse, les principes fondamentaux de la vie chrétienne. Il faut lui apprendre qu'il n'est pas sauvé seulement par le sacrifice de Jésus, mais qu'il doit refléter le caractère du Christ et vivre de sa vie. Enseignez à chacun qu'il doit porter des fardeaux et délaisser ses inclinations naturelles. Qu'il ait une idée exacte du bonheur qu'on éprouve à travailler pour le Christ, à le suivre dans la voie du renoncement et à tout supporter comme un bon soldat. Qu'il apprenne à se confier en son amour, à lui abandonner ses soucis, et qu'il goûte la joie qu'apporte le salut des âmes. Dans son amour pour ceux qui périssent, il s'oubliera lui-même; les plaisirs du monde perdront leur puissance d'attraction, et les fardeaux ne réussiront pas à le décourager. La charrue de la vérité fera son oeuvre et défoncera le sol en friche. Elle ne se contentera pas de couper les épines; elle les déracinera complètement.

Dans la bonne terre

Le semeur ne rencontre pas que des déceptions. En parlant de la semence tombée dans la bonne terre, le Sauveur nous déclare que celui qui entend la parole et la comprend « porte du fruit, et un grain en donne cent, un autre soixante, un autre trente. » (Matthieu 13:23) « Ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la parole avec un coeur honnête et bon, la retiennent, et portent du fruit avec persévérance. » (Luc 8:15)

Ce « coeur honnête et bon » dont parle la parabole n'est pas un coeur sans péché, car l'Évangile doit être prêché à ceux qui sont perdus. Le Christ a dit : « Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » (Marc 2:17) Le coeur honnête est celui qui cède à l'action du Saint-Esprit. Il confesse ses fautes, éprouve le besoin du pardon et de l'amour de Dieu et a le sincère désir de connaître la vérité et de lui obéir. Un coeur bon est un coeur qui a foi en la parole de Dieu. Sans la foi, il ne peut recevoir cette parole. Il faut, dit l'Écriture, « que celui qui s'approche de Dieu croie que Dieu existe, et qu'il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. » (Hébreux 11:6)

« Celui qui entend la parole et la comprend. » Les pharisiens du temps du Christ fermaient les yeux pour ne pas voir et se bouchaient les oreilles pour ne pas entendre; c'est pourquoi la vérité n'atteignait pas leurs coeurs. Leur ignorance et leur cécité volontaires leur ont coûté cher. Le Christ enseigna à ses disciples qu'ils devaient être réceptifs à ses instructions et prêts à croire. Il prononça sur eux une bénédiction parce qu'ils entendaient la parole et la recevaient avec foi.

L'auditeur qui reçoit la semence dans la bonne terre accepte la parole « non comme la parole des hommes, mais, ainsi qu'elle l'est véritablement, comme la parole de Dieu. » (1 Thessaloniciens 2:13) Seul celui qui reçoit les Écritures comme la voix de Dieu lui parlant personnellement est un vrai disciple. Il tremble en l'entendant, car pour lui elle est une réalité vivante; il lui ouvre son intelligence et son coeur. Corneille et ses amis étaient des auditeurs attentifs quand ils disaient à Pierre : « Nous sommes tous devant Dieu, pour entendre tout ce que le Seigneur l'a ordonné de nous dire. » (Actes 10:33)

La connaissance de la vérité dépend beaucoup moins du quotient intellectuel que de la pureté des intentions et de la simplicité d'une foi vivante. Les anges de Dieu se tiennent auprès de ceux qui recherchent le conseil du Seigneur avec humilité. Le Saint-Esprit leur est accordé pour leur dévoiler les trésors précieux de la vérité.

Les auditeurs représentés par la bonne terre gardent la parole après l'avoir entendue. Satan et tous ses agents ne peuvent la leur ravir.

Il ne suffit pas d'écouter ou de lire la parole de Dieu. Celui qui désire faire un bon usage des Écritures doit méditer sur la vérité qui lui a été présentée. Par une attention soutenue et des prières ferventes, il doit chercher à comprendre la signification des paroles de vérité, et boire à longs traits à la source des oracles sacrés.

« Dieu nous invite à nourrir notre esprit de pensées nobles et pures. Il veut que nous méditions sur son amour et sa miséricorde, que nous contemplions la grande oeuvre de la rédemption. La vérité nous apparaîtra toujours plus clairement; nos aspirations vers la pureté du coeur et la clarté des idées seront plus élevées et plus saintes. L'âme qui se nourrit de pensées nobles et élevées sera transformée par la communion avec Dieu qu'elle trouvera dans l'étude des Écritures.

« Et porte du fruit. » Ceux qui ont entendu la parole et qui la gardent porteront du fruit par leur obéissance. Reçue dans l'âme, cette parole se manifestera par de bonnes oeuvres. Elle permettra l'édification d'un caractère et d'une vie conformes à l'idéal proposé par le Christ. Voici ce qu'il dit de lui-même : « Je veux faire ta volonté, mon Dieu! Et ta loi est au fond de mon coeur. » (Psaume 40:9) « Je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé. » (Jean 5:30) L'Écriture ajoute encore : « Celui qui dit qu'il demeure en lui doit marcher aussi comme il a marché lui-même. » (1 Jean 2:6)

La parole de Dieu entre souvent en conflit avec nos tendances héréditaires ou acquises et avec nos mauvaises habitudes, mais l'auditeur représenté par la bonne terre reçoit la parole et se soumet à toutes ses exigences; tout son comportement est dès lors sous le contrôle de celle-ci. À ses yeux, les commandements de l'homme borné et sujet à l'erreur sont insignifiants à côté de la parole du Dieu infini. C'est de tout son coeur et avec une détermination inébranlable qu'il aspire à la vie éternelle. Même s'il devait subir la persécution, perdre ses biens et jusqu'à sa vie, il obéira à la vérité.

Et il porte du fruit « avec persévérance ». Aucun de ceux qui reçoivent la parole de Dieu n'est à l'abri des difficultés et des épreuves, mais le véritable chrétien ne se laisse pas aller à l'impatience, au doute et à l'abattement. Même si nous ne pouvons pas connaître l'issue de l'épreuve et comprendre les desseins de Dieu à notre égard, nous ne devons pas perdre confiance. Souvenons-nous au contraire de la miséricorde de notre Dieu; déchargeons-nous sur lui de tous nos soucis et attendons patiemment l'heure de la délivrance.

L'épreuve fortifie la vie spirituelle. Supportée vaillamment, elle modèle notre caractère et nous apporte de grandes bénédictions. La tempête et l'obscurité sont parfois nécessaires pour amener à maturité ces fruits parfaits de la foi que sont la douceur et l'amour.

« Le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu'à ce qu'il ait reçu les pluies de la première et de l'arrière-saison. » (Jacques 5:7) De même, le chrétien doit attendre patiemment que la parole de Dieu fructifie dans sa vie. Lorsque nous prions pour recevoir les grâces du Saint-Esprit, souvent Dieu exauce nos prières en nous faisant passer par certaines circonstances qui favorisent le développement de ses fruits en nous. Comme nous ne comprenons pas ses desseins, nous nous étonnons et sommes consternés. Cependant, ces grâces ne peuvent se développer sans suivre des lois comparables à celles qui régissent la croissance de la plante. Notre rôle est donc de recevoir la parole, de la garder avec soin et de nous soumettre à elle sans réserve. Alors seulement les desseins de Dieu se réaliseront en nous.

« Si quelqu'un m'aime, dit le Christ, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. » (Jean 14:23) Nous vivrons sous l'attrait d'un esprit fort et parfait parce que nous serons en liaison étroite avec la source de puissance éternelle. Dans notre vie en Dieu, nous serons captifs de Jésus-Christ; nous ne vivrons plus en égoïstes, mais le Christ vivra en nous. Son caractère se reflétera dans le nôtre, et c'est ainsi que nous produirons les fruits du Saint-Esprit : « trente, soixante, et cent pour un ». (Marc 4:20

Les paraboles de Jésus

Chapitre 3

D’abord l’herbe, puis l’épi

La parabole du semeur suscita bien des questions. Certains auditeurs en avaient conclu que le Christ n'établirait pas son règne ici-bas et plusieurs étaient intrigués et perplexes. Remarquant leur embarras, le Christ employa de nouvelles illustrations, s'efforçant encore de détourner leurs pensées d'un royaume terrestre et de les diriger vers l'oeuvre que la grâce de Dieu accomplit dans l'âme.

« Il dit encore : Il en est du royaume de Dieu comme quand un homme jette de la semence en terre; qu'il dorme ou qu'il veille, nuit et jour, la semence germe et croît sans qu'il sache comment. La terre produit d'elle-même, d'abord l'herbe, puis l'épi, puis le grain tout formé dans l'épi; et, dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là. » (Marc 4:26-29)

Le cultivateur qui « met la faucille, parce que la moisson est là », ne peut être que le Christ. C'est lui qui, au dernier jour, viendra récolter la moisson de la terre. Mais le semeur représente ceux qui travaillent pour lui. Il est dit de la semence « qu'elle germe et croît sans qu'il sache comment ». Il n'en est pas ainsi du Fils de Dieu. Il ne s'endort pas à la tâche, mais il veille nuit et jour. Il n'ignore aucun détail du développement de la semence. La parabole de la semence nous montre que Dieu est à l'oeuvre dans la nature. La semence porte en elle le principe de la germination que Dieu lui a imparti, mais, livrée à elle-même, elle ne pourrait germer. L'homme a un rôle à jouer dans le développement de la graine. Il doit préparer le terrain, y mettre l'engrais nécessaire et l'ensemencer. Mais si sa mission est de cultiver ainsi la terre, son action a des limites. Il n'est pas de force ou de sagesse humaines capables de faire sortir de la semence une plante vivante. Que l'homme fasse de son mieux, il dépendra encore de celui qui unit les semailles et la moisson par les anneaux merveilleux de sa toute-puissance.

La semence possède la vie et le terrain, une puissance; néanmoins, si une force surnaturelle n'intervenait la nuit et le jour, la semence resterait infructueuse. Il faut que la pluie vienne donner de l'humidité au sol, que le soleil le réchauffe et qu'un courant électrique passe au travers de la semence ensevelie. Le Créateur seul peut mettre en activité la vie dont il est l'auteur. Toute semence croît, toute plante se développe par la puissance de Dieu.

« Comme la terre fait éclore son germe, et comme un jardin fait pousser ses semences, ainsi le Seigneur, l'Éternel, fera germer le salut et la louange, en présence de toutes les nations. » (Ésaïe 61:11) La semence végétale et la semence spirituelle sont régies par des lois semblables. Celui qui enseigne la vérité doit préparer le terrain des coeurs puis y jeter la bonne graine, mais c'est la puissance divine qui produit la vie. Il y a un point au-delà duquel les efforts humains sont vains. Quand nous prêchons la parole, il ne nous est pas donné de communiquer la puissance qui vivifie les âmes et fait germer la louange et la justice. Cette oeuvre est celle d'un agent supérieur à tout pouvoir humain, le Saint-Esprit, qui rendra la parole vivante et capable de régénérer l'âme pour l'éternité. Voilà ce que le Christ cherchait à faire comprendre à ses disciples. Il leur enseignait que la vertu qui assurerait le succès ne résidait pas en eux, mais que c'est la puissance miraculeuse de Dieu qui rendrait sa parole efficace.

Le travail du semeur est un acte de foi. Il ne peut percer le mystère de la germination et de la croissance de la semence. Il a confiance dans les moyens dont Dieu se sert pour agir sur la végétation. En livrant sa graine à la terre, il jette en apparence le précieux grain qui pourrait fournir du pain à sa famille. En réalité, il donne ce qu'il possède pour recevoir davantage. Il répand la semence dans l'espoir d'une moisson abondante. Les serviteurs de Jésus-Christ doivent travailler ainsi en comptant que la semence produira une moisson.

Il se peut que pendant un certain temps, la bonne semence passe inaperçue dans un coeur dur, intéressé, épris du monde et donne l'impression de n'y avoir pas pris racine. Mais par la suite, sous l'influence de l'Esprit-Saint, l'invisible semence lève et porte enfin du fruit à la gloire de Dieu. Dans notre travail journalier, nous ne savons pas ce qui réussira, ceci ou cela. Nous n'avons pas à nous en préoccuper, nous devons accomplir notre tâche et laisser à Dieu le soin du résultat. « Dès le matin sème ta semence, et le soir ne laisse pas reposer ta main. » (Ecclésiaste 11:6) L'Éternel a déclaré, en faisant alliance avec la famille humaine : « Tant que la terre subsistera, les semailles et la moisson... ne cesseront point. » (Genèse 8:22) C'est en se reposant sur cette promesse que l'agriculteur laboure et sème. Notre confiance ne doit pas être moindre au sujet des semailles spirituelles. « Ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche, elle ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins. » (Ésaïe 55:11) « Celui qui marche en pleurant, quand il porte la semence, revient avec allégresse, quand il porte ses gerbes. » (Psaume 126:6)

La germination représente le commencement de la vie spirituelle; le développement de la plante est une belle image de la croissance chrétienne. Il en est de la grâce comme de la nature : il ne peut y avoir de vie sans croissance. La plante doit grandir ou mourir. Le développement de la vie chrétienne, de même que celui de la plante, est silencieux et imperceptible, mais constant. À chacune de ses phases, notre vie peut être parfaite; cependant, si le dessein de Dieu à notre égard s'accomplit, il y aura progrès continuel. La sanctification est l'oeuvre de toute la vie. Au fur et a mesure que les occasions d'agir s'offrent à nous, notre expérience s'accroît et notre connaissance augmente. Nous devenons plus forts pour porter des responsabilités et notre maturité est proportionnée à nos privilèges.

La plante pousse parce qu'elle assimile les substances que Dieu a mises à sa disposition. Ses racines pénètrent profondément dans le sol. Elle se réchauffe au soleil et absorbe la rosée et la pluie. L'air lui fournit aussi des éléments indispensables. C'est ainsi que le chrétien doit grandir en liaison étroite avec les agents divins. Conscients de notre faiblesse, nous ne devons pas négliger les occasions d'acquérir de nouvelles expériences. Semblables à la plante qui plonge ses racines dans le sol, nous devons nous enraciner en Christ. De même qu'elle reçoit la chaleur solaire, la rosée et la pluie, il faut aussi que nous ouvrions nos coeurs à l'action du Saint-Esprit. Cette oeuvre ne se fera « ni par la puissance ni par la force, mais par mon Esprit, dit l'Éternel des armées » (Zacharie 4:6). Si nous restons attachés au Christ, il viendra à nous « comme la pluie, comme la pluie du printemps qui arrose la terre » (Osée 6:3). Comme le soleil de la justice, il se lèvera sur nous et « la guérison sera sous ses ailes » (Malachie 4:2). Nous fleurirons « comme le lis ». Nous revivrons « comme le froment », et nous fleurirons « comme la vigne » (Osée 14:5,7). Constamment unis au Christ, notre Sauveur personnel, nous croîtrons en lui à tous égards, car il est notre chef.

Le blé donne « d'abord l'herbe, puis l'épi, puis le grain tout formé dans l'épi ». C'est pour multiplier les graines que le cultivateur jette la semence et entretient son champ. Il veut obtenir du pain pour l'affamé et de la semence pour les moissons futures. De même, le divin laboureur s'attend à une moisson à la suite de ses efforts et de ses sacrifices. Jésus-Christ désire reproduire son image dans les coeurs et il le fait par l'intermédiaire de ceux qui croient en lui. La vie chrétienne n'a pas d'autre raison d'être que de porter du fruit : ce fruit est la reproduction du caractère du Maître dans le coeur du croyant et, par lui, dans d'autres vies.

La plante ne germe, ne grandit ni ne porte du fruit pour elle-même, mais pour donner « de la semence au semeur et du pain à celui qui mange » (Ésaïe 55:10). Ainsi, nul ne doit vivre pour lui-même. Le chrétien est le représentant du Christ dans le monde pour travailler au salut de ses semblables.

Il ne peut y avoir de croissance ni de fruit dans une vie repliée sur elle-même. Si vous avez accepté le Christ pour Sauveur personnel, vous devez vous oublier vous-même pour vous dépenser en faveur de votre prochain. Parlez de l'amour du Christ, de sa bonté, et accomplissez tous les devoirs qui se présentent à vous. Portez le fardeau des âmes en faisant tout ce qui est en votre pouvoir pour sauver celles qui se perdent. Dans la mesure où vous recevrez l'Esprit du Christ, esprit de désintéressement et de sacrifice en faveur du prochain, vous grandirez et porterez du fruit. Les grâces de l'Esprit mûriront en vous, votre foi s'affermira, vos convictions s'approfondiront, votre amour deviendra parfait; vous réfléchirez de plus en plus l'image du Christ dans tout ce qui est pur, noble et aimable.

« Le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance. » (Galates 5:22,23) Ces fruits ne périront jamais. Ils produiront, chacun selon son espèce, une moisson pour la vie éternelle.

« Dès que le fruit est mûr, on y met la faucille, car la moisson est là. » Le Christ désire intensément voir son image réfléchie dans son Église. Lorsque son caractère sera parfaitement reproduit dans ses disciples, il reviendra pour les réclamer comme sa propriété.

Le privilège de chaque chrétien n'est pas seulement d'attendre le retour du Sauveur, mais de le hâter. (2 Pierre 3:12) Si tous ceux qui se disent chrétiens portaient du fruit à la gloire de Dieu, avec quelle rapidité le monde serait ensemencé de la semence évangélique! Bientôt la grande moisson finale serait mûre, et le Christ reviendrait pour recueillir le précieux grain. 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 4

L’ivraie

Jésus leur proposa une autre parabole : « Le royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne semence dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l'ivraie parmi le blé, et s'en alla. Lorsque l'herbe eut poussé et donné du fruit, l'ivraie parut aussi. » (Matthieu 13:24-26)

« Le champ, c'est le monde » (Matthieu 13:38), dit le Christ. Nous devons comprendre qu'il s'agit de l'Église du Christ dans le monde. Cette parabole est une description de ce qui touche au royaume de Dieu, de son oeuvre pour le salut des hommes. Or, cette oeuvre est accomplie par l'Église. Il est vrai que le Saint-Esprit est venu dans le monde entier et qu'il opère partout dans les coeurs; mais c'est dans l'Église que nous grandissons et mûrissons pour les greniers célestes.

« Celui qui sème la bonne semence, c'est le Fils de l'homme; ... la bonne semence, ce sont les fils du royaume; l'ivraie, ce sont les fils du malin. » (Matthieu 13:37,38) La bonne semence représente ceux qui sont nés de la parole de Dieu, de la vérité. L'ivraie représente une catégorie de personnes qui sont le fruit, l'incarnation de l'erreur ou de faux principes. « L'ennemi qui l'a semée, c'est le diable. » (Matthieu 13:39) Ni Dieu ni les anges n'ont semé l'ivraie. C'est l'oeuvre de Satan, l'ennemi de Dieu et de l'homme.

En Orient, il arrivait parfois qu'on se vengeât de son ennemi en jetant dans son champ nouvellement ensemencé quelque mauvaise semence qui, en levant, ressemblait beaucoup au blé. En poussant, elle portait préjudice à la moisson et causait des ennuis et une perte au propriétaire. De même, c'est sa haine du Christ qui a poussé Satan à jeter de l'ivraie parmi le bon grain du royaume. Il attribue ensuite au Fils de Dieu le fruit de ses semailles. En faisant entrer dans l'Église ceux qui renient par leurs actes le caractère du Christ, le malin jette le déshonneur sur la cause de Dieu, présente sous un faux jour l'oeuvre du salut et met les âmes en péril.

Les serviteurs du Christ éprouvent de la tristesse en voyant dans l'Église un mélange de vrais et de faux croyants. Ils voudraient pouvoir la purifier. Imitant les serviteurs de la parabole, ils sont prêts à arracher l'ivraie. Mais le Seigneur leur dit : « Non, de peur qu'en arrachant l'ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. Laissez croître ensemble l'un et l'autre jusqu'à la moisson. » (Matthieu 13:29,30)

Le Seigneur nous a enseigné clairement que ceux qui s'obstinent dans un péché manifeste doivent être retranchés de l'Église; mais il ne nous a pas chargés de juger le caractère et les mobiles des autres. Il connaît trop bien notre nature pour nous confier une pareille mission. Si nous tentions d'enlever de l'Église tous ceux que nous supposons ne pas être d'authentiques chrétiens, nous commettrions sûrement des erreurs. En effet, nous considérons souvent comme désespéré le cas de certaines âmes que le Seigneur attire à lui. Si nous les traitions selon nos vues imparfaites, nous risquerions de leur enlever la dernière lueur d'espérance. Parmi ceux qui se croient chrétiens, beaucoup se trouveront parmi les réprouvés au dernier jour, tandis que beaucoup d'autres que leurs voisins jugeaient indignes auront accès aux portes du ciel. L'homme juge d'après l'apparence, mais Dieu regarde au coeur. L'ivraie et le blé doivent pousser ensemble jusqu'au jour de la moisson. Or la moisson, c'est la fin du temps de grâce.

Les paroles du Sauveur, dans cet entretien avec ses disciples, renferment une autre leçon de patience et d'amour. De même que les racines de l'ivraie s'enchevêtrent avec celles du froment, ainsi les faux frères au sein de l'Église sont mêlés aux vrais disciples. Le vrai caractère de ces pseudo-chrétiens n'est pas encore pleinement manifesté; et si on les éloignait du corps de l'Église, d'autres en seraient scandalisés, qui auraient pu rester fermes.

L'enseignement de cette parabole est mis en lumière par l'attitude de Dieu à l'égard des hommes et des anges. Satan est un séducteur. Quand il eut péché dans le ciel, les bons anges eux-mêmes ne discernèrent pas pleinement son véritable caractère. C'est pourquoi Dieu ne le détruisit pas immédiatement. S'il l'avait fait, les saints anges auraient pu douter de sa justice et de son amour. Or, un doute sur la bonté divine eût été semblable à une mauvaise semence qui aurait produit un fruit amer de péché et de misère. C'est pourquoi Satan fut épargné, afin de lui permettre de manifester pleinement son caractère. Depuis de longs siècles, le Seigneur a supporté le spectacle angoissant du mal. Il a consenti au don infini du Calvaire plutôt que de voir des âmes séduites par le malin, car il n'était pas possible d'arracher l'ivraie sans mettre en danger l'existence du bon grain. N'aurions-nous pas autant de patience à l'égard de nos semblables que le Seigneur du ciel et de la terre à l'égard de Satan?

Le monde n'a aucune raison de douter des vérités chrétiennes parce qu'il y a des membres indignes dans l'Église; et les chrétiens, à leur tour, ne doivent pas se décourager parce qu'ils coudoient de faux frères. Considérez un instant l'Église primitive. Ananias et Saphira s'étaient joints aux disciples; Simon le magicien avait été baptisé; Démas, avant d'abandonner Paul, avait été du nombre des croyants; Judas Iscariot était un apôtre. Le Rédempteur ne veut pas perdre une seule âme, et ses rapports avec Judas nous ont été rapportés pour nous montrer sa longue patience à l'égard de la perversité humaine. Il nous exhorte à la supporter comme il l'a supportée lui-même. Il nous déclare qu'il y aura jusqu'à la fin des faux frères dans l'Église.

Malgré les avertissements de Jésus, des hommes ont essayé d'arracher l'ivraie; et pour punir ceux qui étaient supposés faire le mal, l'Église a eu recours au pouvoir temporel. Ceux qui ne reconnaissaient pas les doctrines officielles ont été emprisonnés, torturés, mis à mort à l'instigation d'hommes qui prétendaient agir avec l'assentiment du Christ. Mais cet esprit n'est pas le sien, c'est celui de Satan qui inspire de tels actes.

La persécution est la tactique de Satan pour placer le monde sous sa dépendance. En infligeant de tels traitements à ceux qu'elle croyait dans l'erreur, l'Église a donné de Dieu une caricature.

La parabole du Seigneur nous apprend à nous défier de nous-mêmes et à rester dans l'humilité, ainsi qu'à nous abstenir de juger et de condamner les autres. Tout ce qui est semé dans le champ n'est pas du bon grain et le fait d'appartenir à l'Église ne prouve pas nécessairement que l'on soit chrétien.

Tant que le blé est en herbe, l'ivraie lui ressemble singulièrement; mais cette confusion disparaît à mesure que le champ blanchit et que les épis se courbent, mûrs et bien pleins.

Les pécheurs qui font profession de piété peuvent momentanément se mêler aux vrais disciples du Christ et par leur semblant de christianisme tromper beaucoup de gens; mais au temps de la moisson du monde, il n'y aura pas de doute possible entre les bons et les mauvais. On verra alors ceux qui ne s'étaient joints qu'à l'Église et non au Christ.

L'ivraie peut se mêler au froment et bénéficier avec lui de tous les avantages du soleil et de la pluie; mais au temps de la moisson, on apercevra « la différence entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas » (Malachie 3:18). Le Christ lui-même décidera quels sont ceux qui pourront faire partie de la famille céleste. Il jugera tout être humain selon ses paroles et selon ses oeuvres. Une simple profession de foi ne sera d'aucune valeur devant lui; seule la nature du caractère décidera de la destinée.

Le Sauveur ne nous laisse pas entendre qu'un temps viendra où l'ivraie se changera en blé. Le blé et l'ivraie croissent ensemble jusqu'à la moisson qui est la fin du monde. Alors l'ivraie sera liée en gerbes pour être brûlée, tandis que le blé sera amassé dans les greniers célestes. « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. » « Le Fils de l'homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l'iniquité : et ils les jetteront dans la fournaise ardente, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. » (Matthieu 13:41-43

Les paraboles de Jésus

Chapitre 5

Semblable a un grain de sénevé

Parmi ceux qui écoutaient les enseignements du Christ, on notait beaucoup de pharisiens. Avec mépris, ils se plaisaient à faire remarquer que peu de ses auditeurs reconnaissaient en lui le Messie. Et ils se demandaient entre eux comment ce maître obscur pourrait amener la nation juive à dominer le monde. Sans fortune, sans puissance, sans honneur, comment arriverait-il à fonder ce nouveau royaume? Jésus lut les pensées de leur coeur et leur répondit :

« À quoi le royaume de Dieu est-il semblable, et à quoi le comparerai-je? » (Luc 13:18) Dans les gouvernements terrestres, rien ne peut le représenter, aucune société n'est à même de lui fournir un symbole. « Il est semblable, leur dit-il, à un grain de sénevé qu'un homme a pris et jeté dans son jardin; il pousse, devient un arbre, et les oiseaux du ciel habitent dans ses branches. » (Luc 13:19)

La semence se développe grâce au principe de vie que Dieu a mis en elle. Sa croissance ne dépend d'aucune force humaine. Il en est ainsi du royaume du Christ : il est une nouvelle création. Son développement est régi par des principes diamétralement opposés à ceux qui régissent les royaumes terrestres. Ceux-ci s'établissent et se maintiennent par la force brutale, tandis que le royaume nouveau a pour fondateur le Prince de la paix. Le Saint-Esprit représente les empires du monde sous l'emblème de bêtes féroces; mais le Christ est « l'agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean 1:29). Il n'a pas voulu régner sur les consciences en recourant à la contrainte. Les Juifs s'attendaient que le royaume de Dieu soit établi comme le sont les royaumes terrestres. Pour amener le règne de la justice, ils ne reculaient pas devant les moyens répressifs et imaginaient des plans et des méthodes. Le Christ, lui, inculque un principe. Il combat l'erreur et le péché en implantant dans le coeur la vérité et la justice.

Lorsque Jésus proposa cette parabole, on pouvait voir çà et là, dans les prés ou au milieu des champs de blé, des tiges de sénevé s'agitant sous la brise. Les oiseaux sautillaient de branche en branche et gazouillaient dans le feuillage. Et pourtant, la semence qui avait donné naissance à cette plante géante était la plus minuscule de toutes les graines. Elle avait d'abord été une faible pousse qui, grâce à sa vitalité, avait crû et prospéré jusqu'à prendre de grandes proportions. Il en est ainsi du royaume de Dieu ses débuts paraissent humbles et sans apparence. Comparé aux royaumes terrestres, il est le plus insignifiant. Les princes de ce monde ridiculisaient les prétentions du Christ à la royauté. Cependant ce royaume spirituel, par les vérités puissantes qui furent confiées à ses sujets, possédait une vie divine. Quelle rapidité dans sa croissance! Quelle étendue dans son influence! Au temps où fut donnée cette parabole, ce royaume n'avait pour représentants que quelques paysans galiléens. Les hommes répugnaient à se mêler à ces pêcheurs pauvres et peu nombreux qui avaient suivi Jésus. Mais le grain de sénevé devait se développer et étendre ses branches dans toutes les parties du monde. Après avoir ébloui les hommes de leur gloire, les royaumes terrestres disparaîtront, tandis que le royaume du Christ subsistera et atteindra une puissance illimitée.

Ainsi l'oeuvre de la grâce dans les coeurs est insignifiante à ses débuts. Une parole est prononcée, un rayon de lumière pénètre dans l'âme, une influence agit qui est le point de départ d'une vie nouvelle. Qui pourrait en prévoir le résultat?

Cette parabole illustre non seulement la croissance du royaume du Christ, mais encore chaque phase de son développement. Dieu, dans chaque génération, confie une vérité et une oeuvre spéciale à son Église. Cette vérité, cachée aux sages de ce siècle et aux intelligents, est révélée à ceux qui sont humbles et ressemblent à des enfants. Elle les convie au renoncement ; elle les appelle à livrer des combats et à remporter des victoires. Au commencement, ses partisans sont peu nombreux. Ils sont en butte à l'opposition et au mépris des grands de ce monde et d'une Église mondanisée. Voyez Jean-Baptiste, le précurseur. se dressant seul contre l'orgueil et le formalisme des Juifs. Voyez les premiers témoins de l'Évangile en Europe la mission de Paul et de Silas, tous deux faiseurs de tentes, semble obscure, désespérée quand ils s'embarquent à Troas pour Philippes; voyez Paul, vieillard enchaîné, prêchant le Christ au coeur de la forteresse des Césars; voyez ces petites communautés d'esclaves et de paysans tenant tête au paganisme de la Rome impériale. Voyez Martin Luther affronter la puissance d'une Église qui est le chef-d'oeuvre de la sagesse humaine; voyez-le tenant ferme pour la parole de Dieu devant l'empereur et le pape, et déclarant : « Me voici, je ne puis autrement. Que Dieu me soit en aide! » Voyez encore John Wesley prêchant le Christ et sa justice aux hommes formalistes, sensuels et incrédules de son temps. Voyez-le, accablé par les misères du monde païen, solliciter la faveur de lui apporter le message de l'amour du Sauveur. Notez la réponse du cléricalisme : « Ne te mets pas en peine, jeune homme. Quand Dieu jugera bon de convertir les païens, il le fera sans toi et sans moi. »

Aujourd'hui, les maîtres de la pensée religieuse exaltent ceux qui ont jeté la semence de la vérité dans les siècles passés et leur élèvent des monuments. Mais beaucoup foulent aux pieds la plante sortie de cette semence. De nos jours comme autrefois, on entend déclarer : « Nous savons que Dieu a parlé à Moïse; mais celui-ci [le Christ dans la personne de ses témoins], nous ne savons d'où il est. » (Jean 9:29). Comme aux premiers siècles de l'ère chrétienne, les vérités destinées spécialement à notre époque ne se trouvent pas chez les autorités ecclésiastiques, mais chez des hommes et des femmes qui ne sont ni trop savants ni trop sages à leurs propres yeux pour croire à la parole de Dieu.

« Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés il n'y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes; Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu'on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire au néant celles qui sont, ... afin que votre foi fût fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. » (1 Corinthiens 1:26-282:5)

La parabole du grain de sénevé doit recevoir en cette génération un accomplissement triomphant. La petite graine deviendra un grand arbre, et le dernier message d'avertissement et de miséricorde sera porté « à toute nation, à toute tribu, à toute langue » (Apocalypse 14:6-13), « pour choisir du milieu d'elles un peuple qui porte son nom » (Actes 15:14). Et la terre sera illuminée de la gloire de Dieu. 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 6

Autres enseignements tirés des semailles

On peut retirer des semailles et du développement de la plante d'utiles enseignements pour l'école et la famille. Que les enfants et les adolescents apprennent à reconnaître l'action de la main divine dans le monde de la nature, et ils pourront saisir par la foi les réalités éternelles. Lorsqu'ils verront la puissance de Dieu constamment à l'oeuvre pour subvenir aux besoins de sa grande famille, lorsqu'ils comprendront de quelle manière nous sommes appelés à travailler avec lui, leur foi grandira et sa puissance se manifestera davantage dans leur vie quotidienne.

Comme la terre, la semence a été créée par la parole de Dieu et a reçu d'elle la force de grandir et de se multiplier. « Dieu dit : Que la terre produise de la verdure, de l'herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut ainsi... Dieu vit que cela était bon. » (Genèse 1:11,12) Cette parole fait encore aujourd'hui pousser la semence. Celle-ci étale sa verdure au soleil et témoigne de la toute-puissance de Dieu qui « dit, et la chose arrive »; qui « ordonne, et elle existe » (Psaume 33:9).

Le Christ apprit à ses disciples à prier ainsi : « Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien. » Attirant leur attention sur les fleurs, il leur donna cette assurance : « Si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, ... ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison? » (Matthieu 6:11,30) Le Christ est toujours à l'oeuvre afin d'exaucer cette prière et de renforcer en nous cette conviction. Une puissance invisible opère sans cesse pour nourrir et vêtir l'homme. Le Seigneur use des moyens les plus divers pour faire de la faible graine, apparemment perdue, une plante vigoureuse; il veille à tout ce qui pourra assurer une moisson parfaite. Voici quelques belles paroles du Psalmiste :

Tu visites la terre et tu lui donnes l'abondance,
Tu la combles de richesses ;
Le ruisseau de Dieu est plein d'eau ;
Tu prépares le blé, quand tu la fertilises ainsi.
En arrosant ses sillons, en aplanissant ses mottes,
Tu la détrempes par des pluies, tu bénis son germe.
Tu couronnes l'année de tes biens,
Et tes pas versent l'abondance...»
(Psaume 65:10-12)

Le monde matériel est soumis au contrôle de Dieu, et la nature obéit à ses lois. Tout se passe selon la volonté du Créateur. Nuages, rayons de soleil, rosée, pluie, vents et orages. tout est placé sous sa surveillance et obéit spontanément à son ordre. C'est en suivant la loi divine que la pousse sortie du grain de blé perce les sillons et produit « d'abord l'herbe, puis l'épi, puis le grain tout formé dans l'épi » (Marc 4:28). Le Seigneur dirige ce développement en temps voulu et sans que la graine s'y oppose. Se peut-il vraiment que l'homme, fait à l'image de Dieu, doué de raison et de parole, soit le seul à sous-estimer ses dons et à enfreindre sa volonté? Des êtres intelligents seraient-ils les seuls à semer la confusion dans le monde?

Dans tout ce qui contribue à subvenir aux besoins de l'homme, nous constatons l'association des efforts divins et humains. Il n'y a pas de moisson possible si l'homme n'a pas fait les semailles; mais le soleil et la pluie, la rosée et les nuages sont indispensables pour faire croître la semence. Il en est ainsi des affaires et de toutes les recherches scientifiques. On peut en dire autant du domaine spirituel, de la formation du caractère et de toutes les branches de l'activité chrétienne. Nous avons notre part à faire, mais il faut que notre action soit secondée par la puissance de Dieu sans laquelle tout effort est vain.

Toutes les fois que l'homme entreprend un travail quelconque, dans le domaine spirituel ou matériel, il doit se souvenir qu'il lui faut l'aide du Créateur. Nous devons absolument réaliser que nous dépendons de Dieu. Nous avons trop confiance en l'homme et dans ses inventions, et pas assez en la puissance que le Seigneur tient à notre disposition. « Nous sommes ouvriers avec Dieu. » (1 Corinthiens 3:9) La part de l'homme est insignifiante comparée à celle de Dieu; mais celui qui est uni à la divinité peut tout par la puissance qui lui vient de Jésus-Christ.

Le développement graduel de la plante est une leçon de choses pour l'éducation des enfants. On voit paraître « d'abord l'herbe, puis l'épi, puis le grain tout formé dans l'épi » (Marc 4:28). Celui qui a prononcé cette parabole créa la petite graine, lui communiqua ses propriétés vitales et institua des lois pour en assurer la croissance. Jésus a expérimenté dans sa propre vie les principes énoncés dans son illustration. Dans sa nature physique et spirituelle, il suivit l'ordre de croissance illustré par la plante, et il désire que les jeunes passent eux aussi par là. Bien qu'il ait été la Majesté du ciel, le Roi de gloire, il se fit tout petit enfant à Bethléhem et, pendant un certain temps, il eut besoin des soins de sa mère. Il parla et agit avec la sagesse de l'enfant, et non avec celle de l'homme, honorant ses parents et leur rendant joyeusement les petits services qu'on attend d'un enfant de son âge. Mais à chaque période de son développement, il fut parfait; il possédait la grâce simple et naturelle d'une vie sans péché. Parlant de son enfance, le récit sacré nous dit qu'il « croissait et se fortifiait. Il était rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui ». (Luc 2:40) Il est dit encore au sujet de sa jeunesse que « Jésus croissait en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (Luc 2:52).

Ici nous est présentée l'oeuvre des parents et des éducateurs : ils doivent s'efforcer de cultiver avec soin les dispositions des jeunes, afin qu'à chaque époque de la vie ils puissent mettre en lumière la beauté naturelle de cette période, beauté qui se développe aussi naturellement que celle de la plante.

Les enfants les plus attrayants sont ceux qui restent naturels et sans affectation. Il ne faut pas leur accorder une attention spéciale et répéter leurs petites réparties devant eux. N'encouragez pas chez eux la vanité en louant leur apparence, leurs paroles et leurs actions. Ne les habillez pas d'une façon onéreuse et recherchée, car cela encourage en eux l'orgueil et excite l'envie de leurs petits camarades.

Instruisez vos enfants avec une grande simplicité. Apprenez-leur à se contenter des petits services qu'ils peuvent rendre, ainsi que des plaisirs de leur âge. L'enfance est représentée par l'herbe de la parabole; or, l'herbe a une beauté qui lui est propre. Ne poussez pas vos enfants vers une maturité précoce, laissez-leur aussi longtemps que possible la fraîcheur et la grâce des premières années.

Les petits enfants peuvent être chrétiens; ils auront une expérience correspondant à leur âge. C'est tout ce que le Seigneur attend d'eux. Il faut les éduquer dans le domaine spirituel, et la tâche des parents est de les placer dans les meilleures conditions pour que leur caractère devienne semblable à celui du Christ.

Dieu a établi des lois dans la nature où l'effet suit la cause avec une certitude absolue. La moisson dira clairement ce que nous avons semé. L'ouvrier négligent est condamné par son oeuvre. La moisson dépose contre lui. Il en est de même dans le domaine spirituel : la fidélité de tout ouvrier est établie sur le résultat de son labeur, et la moisson dira s'il a été diligent ou paresseux. C'est ainsi que se décidera sa destinée éternelle.

Toute semence produit du fruit selon son espèce. Ainsi en est-il de la vie humaine. Il nous faut tous semer la compassion, la sympathie et l'amour, car nous moissonnerons ce que nous aurons semé. Chaque trait d'égoïsme, d'amour de soi, de propre suffisance, chaque acte d'indulgence coupable envers soi-même portera des fruits selon son espèce. Celui qui vit pour lui-même sème pour la chair, et il moissonnera de la chair la corruption.

Dieu ne détruit personne. Tout homme qui est détruit se sera détruit lui-même. Celui qui résiste à la voix de sa conscience sème des semences d'incrédulité qui produiront une moisson certaine. En rejetant le premier avertissement du ciel, Pharaon sema l'entêtement, et il récolta l'obstination. Ce n'est pas l'Éternel qui le poussa au doute. La semence de scepticisme qu'il répandit produisit une moisson selon son espèce. C'est ainsi qu'il s'obstina dans sa résistance jusqu'à ce qu'il vit la dévastation de son pays, la mort de son fils premier-né, des premiers-nés de son palais et de chaque famille de son royaume, et jusqu'à ce que les eaux de la mer eussent englouti ses chevaux, ses chars et ses cavaliers. Son histoire est l'image frappante de cette parole : « Ce qu'un homme aura semé, il le moissonnera aussi. » (Galates 6:7) Si les hommes s'en rendaient vraiment compte, ils veilleraient sur la semence qu'ils répandent.

La semence jetée en terre produit une récolte. Si l'on sème à son tour le produit de celle-ci, on la multiplie. Cette loi est vraie dans nos relations avec nos semblables. Toute action, toute parole est une semence qui portera du fruit. Chaque acte de bonté, d'obéissance ou de renoncement se reproduira chez d'autres qui, à leur tour, propageront ce bienfait à d'autres encore. De même, chaque acte de malice, d'envie ou de désunion est une semence qui engendrera des « racines d'amertume » (Hébreux 12:15) par lesquelles plusieurs seront souillés. À leur tour, ces derniers contamineront un plus grand nombre encore. Ainsi, ce que l'on sème de bien ou de mal produira son fruit pour le temps et l'éternité.

La parabole du semeur nous enseigne aussi la libéralité dans les choses temporelles et spirituelles. Le Seigneur déclare : « Heureux vous qui partout semez le long des eaux. » (Ésaïe 32:20) « Sachez-le, celui qui sème peu moissonnera peu, et celui qui sème abondamment moissonnera abondamment. » (2 Corinthiens 9:6) Semer partout le long des eaux signifie partager sans interruption les dons du ciel, donner là où la cause de Dieu et les besoins de l'humanité réclament notre aide. Cela ne nous appauvrira pas : « Celui qui sème abondamment moissonnera abondamment. » Le semeur multiplie sa semence en la jetant au loin, et il en est ainsi de ceux qui, fidèlement, dispensent les dons de Dieu. En donnant, ils font retomber sur eux des bénédictions plus abondantes. Dieu a promis de les combler afin qu'ils ne cessent pas de répandre. « Donnez, et il vous sera donné; on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde. » (Luc 6:38)

Les semailles et la moisson ont une signification encore plus vaste. Lorsque nous distribuons des biens matériels que Dieu nous accorde, notre amour et notre sympathie éveillent chez ceux qui en sont l'objet des témoignages de reconnaissance envers Dieu. Le coeur est ainsi préparé à recevoir les semences de l'Évangile; et celui qui fournit la semence au semeur la fera germer, et elle portera du fruit pour la vie éternelle.

Cette parabole représente encore le sacrifice de notre Sauveur pour le rachat de l'humanité : « Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, dit-il, il reste seul; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (Jean 12:24) Ainsi, la mort du Christ portera du fruit pour le royaume de Dieu. Conformément aux lois du règne végétal, la vie sera le résultat de sa mort.

Tous ceux qui veulent porter du fruit comme collaborateurs du Christ doivent tout d'abord mourir à eux-mêmes. Leur vie doit être jetée dans le sillon des besoins du monde. L'amour du moi et l'intérêt personnel doivent périr. La loi du renoncement est la loi de la conservation. La semence ensevelie dans la terre produit du fruit qui, à son tour, sera aussi semé. Ainsi, la moisson est multipliée. L'agriculteur conserve son grain en le jetant dans le sillon. Il en est de même pour tout être humain : donner. c'est vivre. La vie qui sera conservée est celle qui est librement offerte au service de Dieu et du prochain. Ceux qui, ici-bas, sacrifient leur vie pour l'amour du Christ, la conserveront pour l'éternité.

La semence meurt pour renaître en nouveauté de vie. Il y a là une image de la résurrection. Tous ceux qui aiment Dieu revivront dans l'Éden d'en haut. En parlant de ceux qui reposent dans la tombe, Dieu déclare : « Le corps est semé corruptible, il ressuscite incorruptible; il est semé méprisable, il ressuscite glorieux ; il est semé infirme, il ressuscite plein de force. » (1 Corinthiens 15:42,43)

Tels sont quelques-uns des enseignements que nous pouvons retirer de la parabole du semeur et de la semence. Lorsque les parents et les maîtres tenteront de les inculquer, qu'ils s'efforcent d'être pratiques. Que les enfants cultivent eux-mêmes un bout de terrain. Pendant qu'ils travaillent, parents et éducateurs pourront leur parler du jardin du coeur, de la bonne ou de la mauvaise semence qu'on peut y semer, et leur montrer que le coeur doit être préparé lui aussi pour recevoir la semence de la vérité. Ils pourront expliquer la mort du Christ par le grain mis en terre, et la résurrection par la tige qui commence à paraître. À mesure que la plante se développe, on pourra poursuivre la comparaison entre les semailles naturelles et les semailles spirituelles.

C'est ainsi qu'il faut instruire la jeunesse. Cet enseignement serait plus pratique si chaque école avait des terres à cultiver qui puissent être considérées comme la salle de classe de Dieu. En utilisant la nature comme un manuel d'étude, les enfants apprendraient les lois du développement de leur être spirituel.

Le labour et les autres travaux de préparation du sol apportent sans cesse des leçons. Personne ne s'attend à récolter une moisson sur un terrain en friche. Il faut du travail, de l'ardeur, de la persévérance pour que le terrain soit en état de recevoir convenablement la semence. Il en est de même dans le domaine spirituel. Ceux qui veulent que leur terrain soit défoncé doivent introduire la parole de Dieu dans leur coeur. C'est alors qu'il sera défriché et labouré par l'influence adoucissante du Saint-Esprit. Sans effort, il n'y a pas de récolte. Il en va du coeur comme de la terre : il faut que l'Esprit de Dieu agisse sur lui pour l'affiner et le discipliner avant qu'il puisse porter du fruit à sa gloire.

Le sol ne donnera pas ses richesses s'il n'est travaillé que par intermittence. Il a besoin journellement de toute notre attention. Il doit être labouré fréquemment et en profondeur, si l'on veut détruire les mauvaises herbes qui absorbent ce qui doit nourrir la bonne semence. Ainsi, aucun de ceux qui préparent la moisson en labourant et en semant, n'assistera impuissant l'anéantissement de ses espérances.

La bénédiction du Seigneur reposera sur ceux qui travaillent la terre en tirant de la nature des leçons spirituelles. Quand il remue le sol, l'ouvrier ne se doute pas des richesses qui lèveront un jour devant lui. Bien qu'il ne doive pas mépriser les enseignements et les informations que peuvent lui donner des personnes d'expérience et des hommes intelligents, il doit apprendre par lui-même. Cela fait partie de son éducation. La culture du sol servira à la formation de l'âme.

Celui qui fait lever la semence, veille sur elle nuit et jour et lui donne la puissance de se développer, c'est notre Créateur, le Roi du ciel. Il veille sur ses enfants avec un soin plus diligent encore. Tandis que l'homme sème le blé qui subviendra à notre vie physique, Dieu sème dans l'âme le grain qui produira du fruit pour la vie éternelle. 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 7

Semblable à du levain

Beaucoup d'hommes instruits et influents étaient accourus pour entendre le prophète de Galilée. Parmi eux, certains regardaient avec curiosité la foule rassemblée autour du Christ tandis qu'il enseignait au bord de la mer. Toutes les classes de la société y étaient représentées : des pauvres, des illettrés, des mendiants en haillons, des malfaiteurs marqués par le péché, des estropiés, des libertins, des commerçants et des rentiers. Tous, grands et petits, riches et pauvres, se pressaient autour du Maître pour entendre ses enseignements. En considérant cette étrange assemblée, les gens instruits se demandaient entre eux : « Le royaume de Dieu sera-t-il vraiment composé d'éléments de ce genre? » Le Sauveur répondit à nouveau par une parabole :

« Le royaume des cieux, dit-il, est semblable à du levain qu'une femme a pris et mis dans trois mesures de farine, jusqu'à ce que la pâte soit toute levée. » (Matthieu 13:33)

Chez les Juifs, le levain était quelquefois considéré comme l'emblème du péché. Pendant la période pascale, il était recommandé d'enlever tout levain des maisons, pour montrer qu'il fallait ôter le péché de son coeur. Le Christ donne cet avertissement à ses disciples : « Gardez-vous du levain des pharisiens, qui est l'hypocrisie. » Et l'apôtre Paul parle du « levain de malice et de méchanceté ». (Luc 12:11 Corinthiens 5:8) Mais dans la parabole du Sauveur, le levain est employé pour représenter le royaume des cieux, la puissance vivifiante et pénétrante de la grâce de Dieu.

Il n'est pas d'être si vil, si dégradé qui ne puisse être transformé par cette puissance. Un nouveau principe de vie sera communiqué à tous ceux qui se soumettront à l'action du Saint-Esprit, de manière à restaurer en eux l'image de Dieu qui s'était perdue.

L'homme est incapable de réaliser cette oeuvre de transformation par sa propre volonté. Il n'a en lui aucune puissance suffisante pour cela. Le levain – substance étrangère à la masse – doit être introduit dans la pâte pour qu'on obtienne le résultat désiré. C'est pourquoi le pécheur doit recevoir la grâce de Dieu avant d'être prêt pour le royaume de gloire. Ni la culture, ni l'éducation ne réussiront à transformer un esclave du péché en un enfant du ciel. C'est de Dieu que doit venir cette puissance régénératrice. Ce changement ne peut être opéré que par le Saint-Esprit. Tous ceux qui veulent être sauvés, grands ou petits, riches ou pauvres, doivent se soumettre à l'action de cette puissance.

De même que le levain placé à l'intérieur de la pâte fait lever celle-ci, de même la grâce divine renouvelle le coeur et transforme la vie. Un changement purement extérieur n'est pas suffisant pour nous mettre en harmonie avec Dieu. Nombreux sont ceux qui essaient de se corriger en renonçant à telle ou telle mauvaise habitude, espérant ainsi devenir chrétiens, mais ils font fausse route. C'est en effet par le coeur qu'il faut commencer.

Faire profession de foi et posséder la vérité dans le coeur sont deux choses bien différentes. Une simple connaissance de la vérité ne suffit pas à transformer le cours de nos pensées. Il faut pour cela que le coeur soit converti et sanctifié.

Celui qui s'efforce de garder les commandements de Dieu uniquement par devoir ne connaîtra jamais la joie de l'obéissance. Ce n'est pas là obéir. Celui qui considère la soumission à la loi divine comme un fardeau, parce qu'elle contrarie ses désirs, n'est pas réellement chrétien. La véritable obéissance procède d'un principe qui a sa source dans l'être intérieur. Elle émane de l'amour de la justice et de la loi de Dieu. L'essence de toute justice, c'est la fidélité à notre Rédempteur qui nous pousse à faire le bien par amour du bien – parce que le bien est agréable à Dieu.

La grande vérité de la conversion du coeur par le Saint-Esprit est expliquée dans ces paroles du Christ à Nicodème : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d'en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu. » « Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l'esprit est esprit. Ne t'étonne pas que je t'aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l'esprit. » (Jean 3:3,7,8 le premier verset selon la traduction oecuménique)

Sous l'inspiration divine, l'apôtre Paul écrit : « Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions morts par nos offenses, nous a rendus à la vie avec Christ (c'est par grâce que vous êtes sauvés); il nous a ressuscités ensemble et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ, afin de montrer dans les siècles à venir l'infinie richesse de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus-christ. Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. » (Éphésiens 2:4-8)

Le levain caché dans la pâte agit d'une manière invisible et la fait lever. Le levain de la vérité, lui aussi, agit secrètement, silencieusement et d'une manière continue pour transformer l'âme. Les penchants naturels sont tempérés puis subjugués, et de nouvelles pensées, de nouveaux sentiments, de nouveaux mobiles apparaissent. La vie de Jésus-Christ devient le modèle à imiter. L'esprit est changé et les facultés sont orientées dans une nouvelle direction. L'homme n'est pas doté de nouvelles facultés, mais celles qu'il possède sont sanctifiées. Sa conscience est éveillée et il reçoit des traits de caractère qui le rendent capable de travailler pour Dieu.

De nombreuses personnes se demandent pourquoi il y en a tant qui prétendent croire à la parole de Dieu et n'ont cependant pas subi de transformation visible dans leurs paroles, leur esprit et leur caractère; pourquoi il y en a tant qui ne peuvent supporter la contradiction, manifestent de la mauvaise humeur dès que quelque chose va à l'encontre de leurs plans et de leurs désirs, et prononcent des paroles dures, impérieuses et colériques. On observe chez eux le même égoïsme, la même indulgence à leur égard, les mêmes accès de colère et les mêmes propos irréfléchis que chez les gens du monde. Ils manifestent la même susceptibilité, le même orgueil, le même abandon aux inclinations naturelles, le même caractère perverti que s'ils n'avaient jamais connu la parole de Dieu. C'est la preuve qu'ils ne sont pas convertis. Ils n'ont pas caché dans leur coeur le levain de la vérité, et celui-ci n'a donc pas eu l'occasion d'accomplir son oeuvre. Leurs tendances au mal, naturelles ou acquises, n'ont pas été soumises à sa puissance transformatrice. Leur vie révèle l'absence de la grâce du Christ et leur incrédulité à l'égard de cette puissance qui peut changer le caractère.

« La foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole de Christ. » (Romains 10:17) Les Écritures sont le plus puissant agent de transformation du caractère. Le Christ priait ainsi : « Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est la vérité. » (Jean 17:17) La parole de Dieu agit dans le coeur de celui qui l'étudie et s'y soumet; elle y subjugue toutes les mauvaises inclinations. Le Saint-Esprit intervient pour convaincre de péché; la foi naissante opère par l'amour du Christ et transforme corps, âme et esprit à l'image du Seigneur. Dès lors, celui-ci peut nous employer pour faire sa volonté. La puissance qui nous est donnée opère du dedans au dehors et nous pousse à faire part à d'autres de la vérité qui nous a été révélée.

Les enseignements de la parole de Dieu satisfont le besoin principal de l'homme : la conversion de l'âme par la foi. Ces grands principes ne doivent pas être regardés comme trop purs et trop saints pour être mêlés à notre vie journalière. Ils atteignent jusqu'au ciel et embrassent l'éternité. Cependant, leur influence vitale doit se manifester dans chaque détail de notre vie.

Reçu dans le coeur, le levain de la vérité disciplinera les désirs, purifiera les pensées, adoucira le caractère; il vivifiera les facultés intellectuelles et les énergies morales; il augmentera notre capacité de sentir et d'aimer.

Le monde est étonné de voir des individus animés par ces principes. L'homme égoïste et épris de l'amour de l'argent ne vit que pour s'assurer les richesses, les honneurs et les plaisirs de ce monde. Il ne tient aucun compte de l'éternité. Mais le disciple du Christ relègue ces choses à l'arrière-plan. Pour l'amour de son Sauveur, il renonce à lui-même et travaille au salut de ceux qui vivent sans Dieu et sans espérance. Le monde ne peut pas comprendre le chrétien, car celui-ci a les yeux fixés sur les réalités éternelles; l'amour du Christ avec sa puissance rédemptrice a pénétré dans son coeur; il évince tous les autres mobiles et élève l'être au-dessus de l'influence néfaste du monde.

La parole de Dieu doit sanctifier nos rapports avec nos semblables. Le levain de la vérité ne produira pas l'esprit de rivalité, l'ambition, le désir d'occuper la première place. L'amour qui vient du ciel n'est ni égoïste, ni versatile. Il ne dépend pas des louanges des hommes. Le coeur de celui qui reçoit la grâce du ciel déborde d'amour pour Dieu et pour ceux en faveur desquels le Christ est mort. Chez lui, le moi ne cherche pas à revendiquer ses droits. Il n'aime pas les autres parce que ceux-ci l'aiment ou lui plaisent, parce qu'ils apprécient ses mérites, mais parce qu'ils sont les rachetés du Christ. Si ses mobiles, ses paroles et ses actions sont incompris ou méconnus, il ne s'en offense pas mais continue courageusement sa route. Il reste aimable et prévenant, humble et néanmoins plein d'espérance. Confiant dans la miséricorde et l'amour de Dieu.

L'apôtre nous exhorte : « Puisque celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite, selon qu'il est écrit : Vous serez saints, car je suis saint. » (1 Pierre 1:15,16) La grâce du Christ doit contrôler le caractère et la voix. Son action se remarquera dans la politesse et l'amabilité envers les frères. Ainsi que par des paroles d'amour et d'encouragement. On sent au foyer la présence d'un ange et la vie dégage un doux parfum qui monte vers Dieu comme un encens d'agréable odeur. L'amour se manifeste par la bonté, la douceur, la patience et la longanimité.

Le visage même est transformé. La présence du Christ dans le coeur illumine les traits de ceux qui l'aiment et qui gardent ses commandements. La vérité y est écrite et la douce paix du ciel s'y révèle. La vie d'un tel homme exprime une amabilité constante, un amour plus qu'humain.

Le levain de la vérité opère un changement dans l'être tout entier. Il raffine ses manières et, de dur et d'égoïste, le rend aimable et généreux. Par lui, l'impur est purifié, lavé dans le sang de l'Agneau. L'esprit, l'âme et le corps retrouvent leur harmonie divine grâce à sa puissance vivifiante. La nature humaine participe à la divinité et le Christ est honoré par l'excellence et la perfection du caractère. Lorsque ces changements se produisent, les anges éclatent en chants de louange et le Père et le Fils sont remplis de joie de voir des âmes transformées à leur divine ressemblance. 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 8

Le trésor caché

« Le royaume des cieux est encore semblable à un trésor caché dans un champ. L'homme qui l'a trouvé le cache; et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il a, et achète ce champ. » (Matthieu 13:44

Dans l'ancien temps, on cachait très souvent ses trésors dans la terre, car les vols et les rapines étaient fréquents. À chaque changement de pouvoir, ceux qui avaient de grosses fortunes étaient soumis à un lourd tribut. En outre, le pays était constamment menacé par l'invasion de bandes de pillards. C'est pourquoi les riches cherchaient à mettre leur fortune en lieu sûr; or, la terre était la meilleure cachette. Mais il arrivait aussi qu'on oubliât l'endroit; lorsque le propriétaire venait à mourir ou s'il était séparé de ses biens par l'exil, le trésor acquis avec tant de peine devenait la propriété de celui qui avait la chance de le découvrir. Au temps du Christ, on trouvait fréquemment, dans des terres abandonnées, de vieilles pièces de monnaie et des ornements d'or ou d'argent.

Un homme loue un champ pour le cultiver et, tandis que ses boeufs tirent la charrue, le soc met au jour un trésor enseveli. Il se rend compte aussitôt qu'une fortune est à sa portée. Il remet ce trésor à sa place, s'en retourne chez lui et vend tout ce qu'il a pour acheter le champ qui cache le trésor. Sa famille et ses voisins, stupéfaits, le prennent pour un fou, en regardant ce champ si longtemps laissé en friche. Mais cet homme sait ce qu'il fait. Dès qu'il est devenu le propriétaire légal de ce terrain, il en fouille toutes les parties pour retrouver le trésor.

Cette parabole met en évidence la valeur du trésor céleste et l'effort qu'il faut accomplir pour l'obtenir. Le laboureur était prêt à se séparer de tous ses biens et à se livrer à de pénibles travaux en vue d'obtenir les richesses cachées. De même, celui qui découvre le trésor céleste ne trouvera aucune peine trop grande, aucun sacrifice trop dur pour s'assurer la possession des trésors de la vérité.

Dans la parabole, le champ qui renferme le trésor représente les saintes Écritures. Le trésor, c'est l'Évangile. La terre elle-même ne recèle pas autant de filons d'or que la parole de Dieu contient de précieuses vérités.

Comment est-il caché?

Il est dit que les trésors de l'Évangile sont cachés. Ceux qui se surestiment, qui se targuent d'une vaine philosophie, ne voient pas la beauté, la puissance et le mystère du plan de la rédemption. Beaucoup ont des yeux qui ne voient pas, des oreilles qui n'entendent pas. Ils ont de l'intelligence, mais ils ne discernent pas le trésor caché.

Quelqu'un pouvait passer là où était caché le trésor et, en proie à un cruel dénuement, s'asseoir au pied d'un arbre sans se douter qu'une fortune se trouvait tout près. Il en était ainsi du peuple juif. Tel un riche trésor, la vérité avait été confiée aux Hébreux. L'économie judaïque, portant le sceau de Dieu, avait été instituée par le Christ lui-même. Les grandes vérités de la rédemption avaient été voilées sous des types et des symboles. Cependant, quand Jésus vint sur la terre, les Juifs ne le reconnurent pas comme celui qui réalisait toutes ces figures. Ils avaient la parole de Dieu entre leurs mains, mais les traditions qui s'étaient transmises de génération en génération et l'interprétation humaine des Écritures cachaient la vérité telle qu'elle est en Jésus. La portée spirituelle des écrits sacrés était perdue. Le trésor de toute connaissance leur était ouvert, mais ils ne le voyaient pas.

Dieu ne cache pas sa vérité aux hommes, mais celle-ci, à cause de leur attitude, leur devient incompréhensible. Le Christ avait donné à Israël des preuves évidentes de sa messianité, mais son enseignement réclamait un changement de vie radical. Les Juifs se rendaient compte que s'ils recevaient le Christ, ils devraient abandonner leurs maximes et leurs traditions, qui leur étaient chères, aussi bien que leurs pratiques égoïstes et impies. Il fallait faire un sacrifice pour recevoir la vérité immuable et éternelle, c'est pourquoi ils fermaient les yeux devant les preuves les plus évidentes que Dieu leur avait données pour établir leur foi en Christ. Ils professaient croire à l'Ancien Testament tout en refusant d'accepter son témoignage touchant la vie et le caractère du Messie. Ils craignaient de se laisser convaincre, ce qui les aurait amenés à se convertir et à abandonner leurs idées préconçues. Le trésor de l'Évangile, le Chemin, la Vérité et la Vie, était parmi eux, mais ils rejetèrent le plus grand don que le ciel puisse envoyer.

« Cependant, même parmi les chefs, plusieurs crurent en lui; mais, à cause des pharisiens, ils n'en faisaient pas l'aveu, dans la crainte d'être exclus de la synagogue. » (Jean 12:42) Ils étaient convaincus; ils croyaient que Jésus était le Fils de Dieu, mais leurs ambitions les empêchaient de le confesser. Il leur manquait la foi qui leur aurait permis de s'assurer le trésor céleste; ils étaient à la recherche du trésor terrestre.

De nos jours, les hommes s'acharnent à se procurer des richesses temporelles. Leur esprit est rempli de pensées égoïstes et ambitieuses. Par amour du gain, des honneurs ou de la puissance, ils mettent leurs devises, leurs traditions et leurs exigences au-dessus des préceptes divins. Pour eux, les trésors de la parole de Dieu sont cachés.

« L'homme animal ne reçoit pas les choses de l'Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c'est spirituellement qu'on en juge. » (1 Corinthiens 2:14)

« Si notre Évangile est encore voilé, ajoute l'apôtre, il est voilé pour ceux qui périssent; pour les incrédules dont le Dieu de ce siècle a aveuglé l'intelligence, afin qu'ils ne vissent pas briller la splendeur de l'Évangile de la gloire de Christ, qui est l'image de Dieu. » (2 Corinthiens 4:3,4)

Valeur du trésor

Le Sauveur vit que les hommes étaient absorbés par le souci du gain et perdaient de vue les réalités éternelles. Il entreprit de combattre cette erreur en essayant de briser le puissant attrait qui paralysait les âmes. Il s'écria d'une voix forte : « Que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perdait son âme? ou que donnerait un homme en échange de son âme? » (Matthieu 16:26) Il présenta à l'humanité déchue le monde plus noble qu'elle avait perdu de vue, afin qu'elle puisse contempler les réalités éternelles. Il la conduisit au seuil de l'infini, inondé par la gloire indescriptible de Dieu, et lui en dévoila le trésor.

La valeur de ce trésor dépasse celle de l'argent ou de l'or. Les richesses des mines de la terre ne sauraient être comparées aux siennes.

Job s'exprime ainsi :

« L'abîme dit : Elle n'est point en moi;
Et la mer dit : Elle n'est point avec moi.
Elle ne se donne pas comme de l'or pur,
Elle ne s'achète pas au poids de l'argent;
Elle ne se pèse pas contre l'or d'Ophir,
Ni comme le précieux onyx, ni contre le saphir;
Elle ne peut se comparer à l'or ni au verre,
Elle ne peut s'échanger pour un vase d'or fin.
Le corail et le cristal ne sont rien auprès d'elle;
La sagesse vaut plus que les perles. »
(Job 28:14-18)

Voilà le trésor que l'on trouve dans les Écritures. La Bible est le grand manuel d'éducation de Dieu. Elle est à la base de toutes les sciences. Celui qui s'applique à la sonder y trouvera le germe de toutes les connaissances. Et par-dessus tout, elle contient la science des sciences, celle du salut. Elle est la mine des richesses insondables du Christ.

C'est par l'étude et la pratique de la parole de Dieu qu'on acquiert une instruction vraiment supérieure. Mais si on lui préfère des ouvrages qui ne conduisent pas à Dieu et à son royaume, la science ainsi acquise usurpe le nom dont elle se pare.

Il y a de magnifiques vérités dans la nature. La terre, la mer et le ciel en sont remplis. Ils sont nos maîtres. La nature nous fait entendre des leçons de sagesse divine et de vérité éternelle, mais l'homme déchu se refuse à les comprendre. Le péché a voilé la nature aux yeux de l'homme qui ne peut l'interpréter de lui-même sans la mettre au-dessus de Dieu. Des enseignements conformes à la vérité ne sauraient agir sur l'esprit de ceux qui rejettent la parole de Dieu. Ils tordent à tel point le sens des leçons de la nature qu'elles éloignent les hommes du Créateur.

Beaucoup de gens croient que la sagesse humaine surpasse celle du divin Maître, et que le livre de Dieu est un livre démodé, périmé, ne présentant plus aucun intérêt. Ce n'est pas l'opinion de ceux qui ont été vivifiés par l'Esprit. Ils voient le trésor inestimable, et ils vendraient tous leurs biens pour acquérir le champ qui le recèle. Au lieu des ouvrages remplis des hypothèses d'écrivains célèbres, ils choisissent la parole du plus grand auteur et du plus grand maître que le monde ait jamais connu, celui qui est mort pour nous afin que nous puissions avoir la vie éternelle.

Conséquences de la négligence du trésor

Satan incite les hommes à penser que l'on peut acquérir de merveilleuses connaissances en dehors de Dieu. Par un raisonnement séducteur, il amena Adam et Ève à douter de la parole de l'Éternel et à accepter une théorie qui les conduisit à la désobéissance. Ses sophismes produisent de nos jours les mêmes effets qu'au jardin d'Éden. Des maîtres font entrer dans leur enseignement les opinions d'auteurs incroyants, inculquant ainsi à la jeunesse des idées qui l'inciteront à se défier de Dieu et à transgresser sa loi. Ils sont loin de savoir ce qu'ils font, ils ne se rendent pas compte des conséquences de leur travail.

Un étudiant peut posséder tous les diplômes de nos écoles modernes, faire l'impossible pour acquérir des connaissances; mais s'il ne connaît pas Dieu, s'il n'obéit pas aux lois qui régissent son être, il court à sa perte. Par ses mauvaises habitudes, il fausse son jugement et perd le contrôle de soi. Il est incapable de raisonner correctement sur des sujets qui le concernent particulièrement. Il traite son esprit et son corps d'une manière inconsidérée et irrationnelle. Par ses mauvaises habitudes, il gâche sa vie. Il ne peut jouir du bonheur : ayant négligé de cultiver des principes purs et saints, il se place sous l'emprise d'habitudes qui le privent de paix. Ses années d'études acharnées sont perdues, car il s'est détruit lui-même. Il a abusé de ses forces physiques et mentales. Le temple de son corps est en ruine. Il est perdu pour cette vie et pour l'éternité. En amassant des connaissances terrestres, il croyait faire l'acquisition d'un trésor, mais en mettant la Bible de côté, il a sacrifié celui qui vaut plus que toute autre chose.

À la recherche du trésor

La parole de Dieu doit être l'objet de notre étude. Nous devons apprendre à nos enfants les vérités qu'elle contient. C'est un trésor inépuisable, mais les hommes ne le trouvent pas, parce qu'ils ne le cherchent pas avec assez de persévérance. Nombreux sont ceux qui se contentent de simples suppositions au sujet de la vérité et se satisfont d'un travail superficiel, croyant posséder l'essentiel. Ils prennent les affirmations des autres pour la vérité, parce qu'ils sont trop indolents pour faire les efforts persévérants de celui qui fouille le sol afin d'y découvrir le trésor caché. Les inventions humaines sont non seulement peu sûres, mais dangereuses, car elles prennent la place de Dieu. Les hommes substituent leurs propres déclarations au mot d'ordre : Ainsi parle l'Éternel.

Jésus-Christ est la vérité. Ses paroles sont véridiques et ont une signification beaucoup plus profonde qu'on ne l'imagine à première vue. Tout ce que nous a dit le Sauveur a une valeur insoupçonnée que découvriront ceux qui sont animés du Saint-Esprit; ils discerneront les précieuses pépites d'or de la vérité, bien qu'elles soient un trésor caché.

Nous ne comprendrons jamais la parole de Dieu au moyen des théories et des spéculations humaines. Beaucoup de gens qui s'imaginent saisir la philosophie jugent leurs explications indispensables pour ouvrir les trésors de la connaissance et empêcher les hérésies de s'infiltrer dans l'Église. Mais ce sont précisément ces arguments philosophiques qui ont engendré de fausses théories et des hérésies. Les hommes ont essayé désespérément d'expliquer ce qu'ils considéraient comme des textes bibliques difficiles. Mais le plus souvent, leurs efforts n'ont fait qu'obscurcir ce qu'ils se devaient d'éclaircir.

Les prêtres et les pharisiens s'imaginaient briller dans leurs interprétations personnelles de la parole de Dieu; mais le Christ leur déclara : « Vous ne comprenez ni les Écritures, ni la puissance de Dieu. » (Marc 12:24) Il les accusait d'enseigner des « préceptes qui ne sont que des commandements d'hommes » (Marc 7:7). Ils avaient la responsabilité de l'enseignement des oracles de Dieu et étaient censés comprendre sa parole, mais ils ne la mettaient pas en pratique. Satan les aveuglait, afin qu'ils n'en saisissent pas le sens véritable.

C'est encore ce qui se produit de nos jours. Combien d'Églises se sont rendues coupables de ce péché! Nos prétendus savants courent le danger -- et quel danger! -- de répéter l'expérience des docteurs juifs. Par leur mauvaise interprétation des messages divins et leur conception erronée de la vérité, ils troublent les âmes et les plongent dans les ténèbres.

Il ne faut pas lire les Écritures à la faible lumière de la tradition ou des spéculations humaines. Il serait aussi vain de prétendre ajouter la lumière d'une torche à l'éclat du soleil que de vouloir expliquer les Écritures par la tradition ou l'imagination. Point n'est besoin des lampes fumeuses de la sagesse humaine pour discerner les merveilles de la parole de Dieu. Elle est elle-même la lumière, la révélation de la gloire de Dieu. À côté d'elle, toute autre lumière pâlit.

La parole doit être étudiée avec zèle et d'une manière approfondie. L'indolence ne sera jamais récompensée d'une connaissance parfaite de la vérité. Nous ne pouvons obtenir aucune réussite ici-bas sans un effort sérieux, patient et persévérant. Si les hommes veulent que leurs affaires prospèrent, ils doivent avoir une volonté tenace, une confiance absolue dans le succès de leurs travaux. De même, sans un effort sérieux, nous ne devons pas nous attendre à progresser dans la connaissance spirituelle. Ceux qui désirent trouver le trésor de la vérité doivent, à l'exemple du mineur, creuser avec ardeur pour arracher à la terre les trésors qui y sont cachés. Aucun travail fait avec indolence ne sera couronné de succès. Que nul ne se contente de lire la parole de Dieu, mais que tous, jeunes et vieux, l'étudient de tout leur coeur avec prière, pour chercher la vérité comme on cherche un trésor caché. Ceux qui le font seront récompensés, car le Christ vivifiera leur intelligence.

Notre salut dépend de la connaissance de la vérité que renferment les Écritures. La volonté de Dieu est que nous la possédions. Sondez, oh! sondez les précieuses pages de la Bible avec des coeurs affamés. Explorez la parole de Dieu comme le mineur explore la terre pour découvrir des filons d'or. Ne vous lassez pas dans vos recherches jusqu'à ce que vous soyez au clair au sujet de vos rapports avec Dieu et de sa volonté à votre égard. Le Christ a déclaré : « Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. » (Jean 14:13,14)

Des hommes de piété et de talent ont des aperçus des réalités éternelles, mais souvent ils n'avancent pas dans la connaissance, parce que chez eux les choses visibles voilent encore la gloire des choses invisibles. Celui qui tient à découvrir le trésor caché doit viser plus haut que des objectifs terrestres; il doit consacrer à sa recherche ses affections et toutes ses capacités.

La désobéissance a fermé les portes du vaste champ des connaissances que l'on aurait pu obtenir par l'étude des Écritures. Comprendre signifie obéir aux commandements de Dieu. Les Écritures ne doivent pas être adaptées aux préjugés et à la méfiance des hommes. Seuls ceux qui cherchent humblement à connaître la vérité afin d'y conformer leur vie réussiront à la comprendre.

Vous demandez-vous : « Que dois-je faire pour être sauvé? » Abandonnez tout d'abord vos idées préconçues, héréditaires ou cultivées. Si vous sondez les Écritures avec le dessein d'y trouver la confirmation de vos opinions, vous n'arriverez jamais à la connaissance de la vérité. Faites-le pour savoir ce que le Seigneur dit. Si, au cours de vos études, vous êtes convaincu que les idées qui vous étaient chères sont en désaccord avec la vérité, n'interprétez pas cette dernière faussement, afin de faire concorder ses dires avec vos opinions personnelles, mais acceptez la lumière qui vous est donnée. Ouvrez votre coeur et votre esprit afin que vous puissiez contempler les merveilles de la parole de Dieu.

La foi en Christ comme Rédempteur du monde exige une intelligence éclairée, contrôlée par un coeur capable de trouver et d'apprécier le trésor céleste. Elle est inséparable de la repentance et de la transformation du caractère. Avoir la foi signifie découvrir et accepter le trésor de l'ÉvangiLe avec toutes les obligations qu'il impose.

« Si un homme ne naît de nouveau, a dit Jésus, il ne peut voir le royaume de Dieu. » (Jean 3:3) Il peut faire des suppositions et se laisser aller au gré de ses fantaisies, mais sans la vision que donne la foi, il ne saurait distinguer le trésor. Le Christ a donné sa vie pour nous en assurer la possession; or, sans la régénération par la foi en son sang, il n'y a pas de rémission des péchés, pas de trésor pour les âmes qui périssent.

Pour discerner les vérités de la parole de Dieu, il nous faut l'illumination du Saint-Esprit. Nous ne pouvons admirer les beautés de la nature que si le soleil dissipe les ténèbres en inondant la terre de sa lumière. Il en est de même des trésors de la parole de Dieu. On peut les apprécier seulement lorsque le Soleil de justice les inonde de ses rayons lumineux.

Le Saint-Esprit, envoyé du ciel par la bienveillance de celui qui est amour, révèle les choses de Dieu à toute âme qui a une foi sans réserve en Christ. Par sa puissance, les vérités essentielles dont dépend le salut sont gravées dans l'esprit, et le chemin de la vie est si évident qu'il est impossible de se tromper. Quand on étudie les Écritures, il faut prier pour obtenir l'illumination du Saint-Esprit qui permettra d'en découvrir et d'en apprécier les trésors.

Recherches récompensées

Que nul ne s'imagine qu'il n'a plus rien à apprendre. On peut mesurer la profondeur de l'intelligence humaine et connaître parfaitement les oeuvres des grands écrivains, mais l'imagination la plus exercée ne saurait trouver de limites en Dieu. Au-delà de tout ce que nous pouvons saisir, il reste l'infini. Nous n'avons fait qu'entrevoir les reflets de la gloire du Seigneur; nous avons seulement effleuré l'immensité de sa connaissance et de sa sagesse. Notre travail s'est pour ainsi dire limité à la surface de la mine, alors que les veines plus riches en métal précieux sont dans les profondeurs où elles attendent, pour le récompenser, l'ouvrier diligent qui les mettra au jour. Il faut creuser le plus profondément possible pour trouver le trésor glorieux. Grâce à une foi véritable, la connaissance divine deviendra la connaissance humaine.

Nul ne peut sonder les Écritures dans l'esprit du Christ sans en être récompensé. Quand on consent à se laisser instruire comme un petit enfant, quand on se soumet entièrement à la volonté de Dieu, on trouve la vérité dans sa parole. Si les êtres humains étaient obéissants, ils comprendraient le plan divin, et les demeures de la grâce et de la gloire du monde céleste s'ouvriraient devant eux pour leur permettre de les explorer. Ils seraient tout différents de ce qu'ils sont aujourd'hui, car l'exploration des mines de la vérité les ennoblirait. Le mystère de la rédemption, l'incarnation du Christ, son sacrifice expiatoire ne leur paraîtraient pas vagues comme maintenant. Non seulement ils les comprendraient mieux, mais ils les apprécieraient infiniment plus.

Dans sa prière adressée au Père, le Sauveur donna au monde une leçon qui devrait être gravée dans notre esprit et dans nos coeurs « La vie éternelle, disait-il, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ ». (Jean 17:3) Voilà en quoi consiste la véritable éducation, celle qui nous rend forts. La connaissance de Dieu et de Jésus-Christ, son envoyé, transforme à l'image de la Divinité celui qui l'expérimente. Elle lui donne la maîtrise de soi, et permet aux facultés supérieures de l'esprit de contrôler les impulsions et les passions inférieures. Elle fait de lui un fils de Dieu et un héritier du ciel, le met en communion avec l'esprit de l'Éternel et lui ouvre les portes des riches trésors de l'univers.

Telle est la connaissance qui s'obtient par l'étude des Écritures. Or ce trésor est à la disposition de celui qui consent à tout donner pour l'acquérir.

« Si tu appelles la sagesse, et si tu élèves ta voix vers l'intelligence, si tu la cherches comme l'argent, si tu la poursuis comme un trésor, alors tu comprendras la crainte de l'Éternel, et tu trouveras la connaissance de Dieu. » (Proverbes 2:3-5

 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 9

La perle

Notre Sauveur compara les bénédictions que nous assure l'amour rédempteur à une perle. Il illustra son enseignement par la parabole du marchand parti à la recherche de perles précieuses : « Il a trouvé une perle de grand prix; et il est allé vendre tout ce qu'il avait, et l'a achetée. » (Matthieu 13:46) Le Christ est cette perle précieuse, car en lui est rassemblée toute la gloire du Père, la plénitude de la divinité. Il est le reflet de sa gloire et l'empreinte de sa personne. (Hébreux 1:3) Son caractère révèle les attributs de Dieu, et chaque page de l'Écriture réfléchit sa lumière. Sa justice, semblable à une perle blanche et pure, est sans défaut et sans tache. Aucune oeuvre humaine ne peut améliorer le grand et précieux don de Dieu aux hommes. Il est parfait, car en Jésus-Christ « sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science »; et « il a été fait pour nous sagesse, justice et sanctification et rédemption » (Colossiens 2:31 Corinthiens 1:30). En lui sont satisfaits, pour cette vie et pour l'éternité, tous les désirs ardents de l'âme humaine. Notre Rédempteur est une perle de si grande valeur que, comparés à elle, tous les autres biens peuvent être considérés comme une perte.

Le Christ est venu chez les siens et les siens ne l'ont pas reçu. La lumière de Dieu a brillé dans les ténèbres du monde, « et les ténèbres ne l'ont point reçue » (Jean 1:11,5). Mais tous ne restèrent pas indifférents à ce don du ciel. Le marchand de la parabole représente une classe de gens qui sont animés du désir sincère de trouver la vérité. Des hommes réfléchis de toute nationalité s'étaient efforcés de trouver dans la littérature, les sciences et les religions du monde païen ce qui manquait à leurs âmes. Parmi les Juifs, des coeurs sincères soupiraient après quelque chose que ne pouvait leur procurer une religion formaliste. Ils éprouvaient le besoin de s'élever spirituellement. Les disciples de Jésus appartenaient à cette dernière catégorie, Corneille et l'eunuque d'Éthiopie, à la première. Ils avaient ardemment désiré la lumière d'en haut et avaient prié avec instance pour la recevoir; c'est pourquoi ils acceptèrent le Christ avec joie quand il se révéla.

Dans la parabole, il ne nous est pas dit que la perle est un don : le négociant l'a achetée au prix de tous ses biens. Beaucoup se demandent ce qu'il faut en conclure, car le Christ nous est présenté dans l'Écriture comme un don. En effet, il est un don, mais seulement pour ceux qui se livrent à lui sans réserve, coeur, âme et esprit, pour vivre dans l'obéissance à toutes ses exigences. Tout ce que nous sommes, tous nos talents et nos aptitudes sont à lui et doivent être consacrés à son service. Quand nous nous donnons entièrement à lui, il se donne à nous avec toutes les richesses du ciel. C'est ainsi que nous recevons la perle de grand prix.

Le salut est un don gratuit, et cependant il doit être acheté et vendu. Sur le marché de la miséricorde, la perle précieuse est achetée sans argent, sans rien payer. Là, les biens célestes sont accessibles à tous. Le trésor des joyaux de la vérité est ouvert à chacun. « J'ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer » (Apocalypse 3:8), déclare le Seigneur. Aucune sentinelle n'y monte la garde. Au contraire, des voix vous convient à entrer. Le Sauveur Lui-même adresse à chacun cette invitation pressante et affectueuse : « Je te conseille d'acheter de moi de l'or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche. » (Apocalypse 3:18)

L'Évangile du Christ est une bénédiction que tout le monde peut recevoir; les plus pauvres comme les plus riches peuvent obtenir le salut, car ce n'est pas avec la fortune qu'on l'acquiert, mais par une obéissance volontaire, en se livrant au Christ comme un bien qu'il s'est acquis. La meilleure éducation elle-même n'a pas la vertu de rapprocher l'homme de Dieu. Les pharisiens, favorisés par de nombreux avantages temporels et spirituels, disaient avec ostentation : « Nous sommes riches, aurions-nous encore besoin de quelque chose? » Pourtant, ils étaient malheureux, misérables, pauvres, aveugles et nus. (Voir Apocalypse 3:17) Le Christ leur avait offert la perle de grand prix, mais ils l'avaient dédaignée; aussi leur dit-il : « Les publicains et les prostituées vous devanceront dans le royaume de Dieu. » (Matthieu 21:31)

Nous ne pouvons pas gagner le salut, mais il faut que nous le recherchions avec autant de ferveur et de persévérance que si nous devions tout abandonner pour l'obtenir.

Il nous faut chercher la perle de grand prix, mais non sur les marchés ou à la manière du monde. Dieu ne nous demande ni argent ni or en paiement, puisque tout est à lui. Abandonnez l'idée que vous assurerez votre salut par des avantages temporels ou spirituels. Dieu vous demande une obéissance volontaire, il vous invite à délaisser vos péchés. « Celui qui vaincra, dit-il, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône. » (Apocalypse 3:21)

Certaines personnes semblent être constamment à la recherche de la perle céleste, mais elles ne consentent pas à rompre tout à fait avec leurs anciennes habitudes. Elles ne meurent pas à elles-mêmes pour laisser le Christ vivre en elles. C'est la raison pour laquelle elles ne parviennent pas à trouver la perle précieuse. Elles sont esclaves d'ambitions malsaines et de l'attirance exercée par le monde; elles ne prennent pas leur croix ni ne suivent leur Sauveur sur le chemin du renoncement et du sacrifice. Presque chrétiennes, elles semblent près du royaume des cieux mais ne peuvent y entrer. Presque sauvé, mais pas entièrement, cela signifie non pas presque, mais totalement perdu.

La parabole du marchand de perles fines a deux sens. Elle ne s'applique pas seulement aux hommes qui soupirent après le royaume des cieux, mais aussi au Christ qui est à la recherche de son héritage perdu. Divin marchand en quête de belles perles, il a discerné dans l'humanité la perle de grand prix. Il a vu la possibilité de sauver l'homme souillé et ruiné par le péché. Les coeurs qui ont servi de champ de bataille aux assauts de l'ennemi et qui ont été délivrés par la puissance de l'amour sont plus précieux aux yeux du Rédempteur que ceux qui n'ont jamais péché. Dieu ne considère pas l'humanité comme indigne et souillée; il la voit à travers son Fils et sait ce qu'elle peut devenir grâce à l'amour rédempteur. Il a abandonné toutes les richesses de l'univers pour acheter la perle; après l'avoir retrouvée, Jésus l'enchâsse de nouveau dans son diadème. « Ils sont les pierres d'un diadème, qui brilleront dans son pays. » (Zacharie 9:16) « Ils seront à moi, dit l'Éternel des armées, ils m'appartiendront au jour que je prépare. » (Malachie 3:17)

Mais le thème sur lequel nous devons méditer avant tout, c'est le Christ, perle de grand prix, et le privilège que nous avons de pouvoir posséder ce trésor céleste. C'est le Saint-Esprit qui nous fait connaître la valeur de la perle de grand prix. C'est quand on la recherche avec ferveur jusqu'à ce qu'on l'ait trouvée que le Saint-Esprit manifeste sa puissance. Au temps du Christ, nombreux étaient ceux qui venaient écouter la bonne nouvelle, mais leur esprit était obscurci par de faux enseignements, et ils ne reconnaissaient pas dans l'humble Maître de Galilée l'envoyé de Dieu. Mais après l'ascension du Christ, son élévation au trône et l'inauguration de son oeuvre de médiation furent marquées par l'effusion du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte. Les témoins de Jésus proclamèrent la puissance du Sauveur ressuscité. La lumière divine pénétra dans le coeur de ceux qui avaient été induits en erreur par les adversaires du Christ. Désormais, ils l'exaltèrent publiquement comme « Prince et Sauveur, pour donner à Israël la repentance et le pardon des péchés » (Actes 5:31) Ils le virent entouré de la gloire des cieux, prêt à répandre de riches bénédictions sur tous ceux qui abandonneraient la voie de la révolte. Lorsque les apôtres proclamèrent la gloire du Fils unique venu du Père, trois mille âmes se convertirent. Elles se virent telles qu'elles étaient, pécheresses et souillées, et reconnurent en Jésus leur ami et leur rédempteur. Le Christ fut exalté et glorifié par la puissance de Dieu qui reposait sur l'homme. Par la foi, ces nouveaux croyants virent en lui celui qui avait supporté l'humiliation, la souffrance et la mort pour qu'ils ne périssent pas, mais qu'ils aient la vie éternelle. La révélation du Christ par l'Esprit leur permit de comprendre toute l'étendue de sa puissance et de sa majesté; c'est ainsi que, tendant les mains vers lui avec foi, ils purent s'écrier : « Nous croyons! »

Alors l'heureuse nouvelle du Sauveur ressuscité se répandit jusqu'aux extrémités du monde habité. L'Église vit accourir à elle de tous côtés une foule de convertis. Des croyants se reconvertissaient et des pécheurs se joignaient aux chrétiens pour découvrir, eux aussi, la perle de grand prix. La prophétie se réalisait : « Et le faible parmi eux sera dans ce jour comme David; la maison de David sera comme Dieu, comme l'ange de l'Éternel devant eux. » (Zacharie 12:8) Chaque chrétien voyait en son frère l'image de l'amour divin. Un seul intérêt prévalait dans l'Église, éclipsant tous les autres : refléter le caractère du Christ et travailler à l'édification de son royaume. « La multitude de ceux qui avaient cru n'était qu'un coeur et qu'une âme. ... Les apôtres rendaient avec beaucoup de force témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus. Et une grande grâce reposait sur eux tous. ... Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Église ceux qui étaient sauvés. » (Actes 4:32,332:47) L'esprit du Christ animait toute l'assemblée, car chacun avait découvert la perle de grand prix.

Ces scènes doivent se renouveler avec une plus grande puissance encore, car l'effusion du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte n'était que la pluie de l'automne, mais la pluie du printemps sera plus abondante. L'Esprit attend que nous aspirions à le recevoir. Le Christ doit être une seconde fois révélé dans sa plénitude par la puissance de l'Esprit. Les hommes discerneront la valeur réelle de la perle précieuse et ils s'écrieront avec l'apôtre Paul : « Ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte, à cause de Christ. Et même je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur. » (Philippiens 3:7,8

Les paraboles de Jésus

Chapitre 10

Le filet

« Le royaume des cieux est encore semblable à un filet jeté dans la mer et ramassant des poissons de toute espèce. Quand il est rempli, les pêcheurs le tirent; et, après s'être assis sur le rivage, ils mettent dans des vases ce qui est bon, et ils jettent ce qui est mauvais. Il en sera de même à la fin du monde. Les anges viendront séparer les méchants d'avec les justes, et ils les jetteront dans la fournaise ardente, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. » (Matthieu 13:47-50)

C'est la prédication de l'Évangile qui est symbolisée par l'acte de jeter le filet. Ce dernier rassemble dans l'Église bons et mauvais. Lorsque l'oeuvre d'évangélisation sera terminée, le jugement se chargera de procéder au triage. Le Seigneur vit quel préjudice causerait à l'Église la présence de faux frères dans son sein. Il vit que le monde repousserait la vérité évangélique à cause de la conduite inconséquente de ces prétendus chrétiens, et que des croyants sincères seraient même amenés à trébucher parce qu'un grand nombre de ceux qui portent le nom du Christ ne sont pas dirigés par son Esprit. Ces personnes étant tolérées dans l'Église, certains seraient en danger de croire que Dieu excuse leurs péchés. C'est la raison pour laquelle le Christ tire le voile qui cache l'avenir et invite tous les fidèles à se rappeler que c'est le caractère, et non la position sociale, qui décide de la destinée de chacun.

Les paraboles de l'ivraie et du filet nous enseignent clairement que les méchants ne se convertiront pas tous. Le blé et l'ivraie croissent ensemble jusqu'au moment de la moisson. Les bons et les mauvais poissons sont tirés à terre ensemble pour un triage final.

Ces paraboles nous apprennent encore qu'il n'y aura plus de temps de grâce après le jugement. L'oeuvre d'évangélisation achevée, il sera aussitôt procédé à la séparation des bons et des méchants, et la destinée de l'une et de l'autre classe sera fixée à tout jamais.

Dieu ne veut la destruction de personne : « Dis-leur : Je suis vivant! dit le Seigneur, l'Éternel, ce que je désire, ce n'est pas que le méchant meure, c'est qu'il change de conduite et qu'il vive. Revenez, revenez de votre mauvaise voie; et pourquoi mourriez-vous, maison d'Israël? » (Ézéchiel 33:11) Pendant toute la durée du temps de grâce, son Esprit convie les hommes à accepter le don de la vie éternelle. Seuls ceux qui rejettent son appel périront. Dieu a déclaré que le péché devait être détruit parce qu'il est une cause de perdition pour l'univers. Ceux qui s'y cramponnent périront avec lui lors de sa destruction. 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 11

Choses nouvelles et choses anciennes

Tout en instruisant la foule, le Christ préparait ses disciples en vue de leur mission future. Dans tous ses enseignements, il y avait des leçons pour eux. Après avoir prononcé la parabole du filet, il leur demanda : « Avez-vous compris toutes ces choses? – Oui, répondirent-ils. » Il leur proposa alors une autre parabole pour leur permettre de saisir la responsabilité qui leur incombait en rapport avec les vérités qui leur avaient été communiquées. « Il leur dit : C'est pourquoi, tout scribe instruit de ce qui regarde le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. » (Matthieu 13:51,52)

Le trésor acquis par le maître de maison ne doit pas être mis dans un coffre-fort mais partagé avec d'autres. Son emploi le fait fructifier. Le maître de maison a chez lui, parmi ses richesses, des choses nouvelles et des choses anciennes. Le Christ veut montrer par là que la vérité confiée à ses disciples doit être donnée au monde et qu'ils s'enrichiront dans la mesure où ils en feront part à d'autres.

Tous ceux qui reçoivent l'Évangile dans leur coeur auront le désir de le proclamer. L'amour du Christ se manifestera, car la personne qui a accepté son Sauveur racontera comment elle a été guidée par le Saint-Esprit; elle parlera de sa faim et de sa soif de connaître Dieu et celui qu'il a envoyé, du résultat de son étude des Écritures, de ses prières, de ses heures d'angoisse, et de l'assurance que le Christ lui a donnée : « Tes péchés te sont pardonnés. » (Luc 5:20) Il est anormal de garder ces choses pour soi, et celui qui est rempli de l'amour du Christ ne pourra pas agir ainsi. Plus nous aurons reçu de la part du Sauveur, plus nous serons désireux de faire goûter à d'autres cette même bénédiction. En faisant connaître les riches trésors de la bonté de Dieu, nous recevrons de nouvelles grâces. Nous aurons la simplicité de coeur d'un enfant, sa faculté d'obéissance spontanée.

Nous soupirerons après la sainteté, et les trésors de la grâce et de la vérité nous seront donnés dans une mesure toujours plus grande pour que nous les communiquions au monde.

L'immense réserve de la vérité, c'est la parole de Dieu : la parole écrite, le livre de la nature, les témoignages de l'intervention divine au sein de l'humanité. Voilà les trésors où les ouvriers du Christ doivent puiser. Dans leur recherche de la vérité, il faut qu'ils comptent sur Dieu et non sur l'intelligence humaine des grands hommes, dont la sagesse n'est que folie à ses yeux. Par les voies qu'il a lui-même fixées, le Seigneur se fera connaître à tous ceux qui le cherchent sincèrement.

Si le disciple de Jésus-Christ croit à sa parole et la met en pratique, il n'est aucune science de la nature qu'il ne puisse saisir et apprécier. Tout lui sera utile pour faire comprendre la vérité à d'autres. Les sciences naturelles offrent un trésor de connaissances dans lequel peut puiser quiconque est à l'école du Christ. À mesure que nous contemplons les beautés de la nature, que nous étudions les leçons qu'elle nous enseigne par l'agriculture, la croissance des arbres, et toutes les merveilles de la terre, de la mer et du ciel, nous parvenons à une nouvelle conception de la vérité. Les desseins mystérieux de Dieu à l'égard de l'homme, les profondeurs de sa sagesse et de son jugement tels que nous les observons dans la vie courante sont autant de mines d'où nous pouvons tirer de grandes richesses.

Mais c'est dans la parole écrite que se trouve le plus clairement révélée à l'homme déchu la connaissance de Dieu. C'est vraiment le trésor où sont contenues les richesses insondables du Christ.

La parole de Dieu comprend l'Ancien Testament aussi bien que le Nouveau. L'un n'est pas complet sans l'autre. Jésus affirma que les vérités de l'Ancien Testament avaient autant de valeur que celles du Nouveau; il était aussi bien le Rédempteur des hommes au commencement du monde qu'il l'est aujourd'hui. Avant que le Sauveur ait revêtu sa divinité de notre humanité, le message évangélique avait été annoncé par Adam, Seth, Hénoc, Metuschélah et Noé. Abraham en Canaan et Lot à Sodome l'avaient prêché, et toutes les générations eurent de fidèles messagers pour parler de celui qui allait venir. Les rites de l'économie judaïque avaient été institués par le Christ; il était lui-même le fondement des offrandes sacrificielles, le grand antitype de tous les services religieux. Le sang des victimes symbolisait le sacrifice de l'Agneau de Dieu. En lui s'accomplirent toutes les offrandes typiques.

Le Christ, manifesté aux patriarches, symbolisé dans les sacrifices, dépeint dans la loi, révélé par les prophéties, voilà les richesses de l'Ancien Testament. Le Christ, dans sa vie, sa mort et sa résurrection; le Christ, manifesté par le Saint-Esprit, voilà le trésor du Nouveau Testament. Notre Sauveur, reflet de la gloire du Père, remplit à la fois l'Ancien et le Nouveau Testament.

Les apôtres furent appelés à servir de témoins de la vie, de la mort et de l'intercession du Christ annoncées par les prophètes. Jésus-Christ dans son humiliation, sa pureté, sa sainteté, son amour infini était le thème de leur prédication. Pour que l'Évangile soit prêché dans toute sa plénitude, ils devaient présenter le Sauveur, non seulement tel qu'il s'était révélé dans sa vie et ses enseignements, mais aussi tel qu'il avait été prédit par les prophètes de l'Ancien Testament et symbolisé par les sacrifices.

Dans son enseignement, le Christ présentait des vérités anciennes dont il était lui-même l'auteur, des vérités qu'il avait autrefois annoncées par l'intermédiaire des patriarches et des prophètes; mais il répandait maintenant sur elles une nouvelle lumière. Comme leur signification paraissait alors différente! Ses explications diffusaient un flot de lumière et de vie spirituelle. Il promit à ses disciples que le Saint-Esprit les éclairerait et leur permettrait de saisir de mieux en mieux la parole de Dieu. Ainsi, ils pourraient exposer la vérité dans sa beauté renouvelée.

Depuis le jour lointain de la promesse d'un Rédempteur en Éden, la vie, le caractère et l'oeuvre médiatrice de Jésus-Christ ont été un sujet d'étude pour l'esprit humain. Cependant, ceux qui, sous l'influence du Saint-Esprit, ont présenté ces thèmes, l'ont fait sous une lumière toujours nouvelle. Les vérités de la rédemption sont capables d'un développement constant; bien qu'anciennes, elles sont toujours actuelles, révélant sans cesse à ceux qui les étudient une gloire et une puissance plus grandes.

À chaque tournant de l'histoire, il y a un nouveau développement de la vérité, un message de Dieu à la génération présente. Les vérités anciennes conservent toute leur importance, et les vérités nouvelles ne sont pas indépendantes des anciennes, elles n'en sont que le complément. Les vérités nouvelles ne peuvent être comprises qu'à la lumière des anciennes. Quand le Christ voulut exposer à ses disciples la vérité de la résurrection, il commença « par Moïse et tous les prophètes », et il « leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Luc 24:27). D'un autre côté, la lumière qui brille dans les vérités nouvelles illumine celles du passé. Celui qui rejette ou néglige les nouvelles ne possède pas vraiment les anciennes; elles perdent pour lui leur puissance vivifiante et deviennent une forme inerte.

Il est des hommes qui croient et enseignent les vérités de l'Ancien Testament tout en rejetant celles du Nouveau. Mais, en refusant de recevoir les instructions du Christ, ils montrent qu'ils ne croient pas aux paroles des patriarches et des prophètes. « Si vous croyiez Moïse, dit Jésus, vous me croiriez aussi, parce qu'il a écrit de moi. » (Jean 5:46) C'est pourquoi il n'y a aucune puissance dans leur enseignement de l'Ancien Testament.

Un grand nombre de personnes qui s'imaginent croire et enseigner l'Évangile commettent la même erreur en laissant de côté les écritures qui constituent l'Ancien Testament, dont le Christ a dit :

« Ce sont elles qui rendent témoignage de moi. » (Jean 5:39) En rejetant l'Ancien Testament, elles rejettent virtuellement le Nouveau, car les deux font partie d'un tout inséparable. Nul ne peut présenter correctement la loi de Dieu sans l'Évangile, ou réciproquement : la loi, c'est l'Évangile qui prend corps et l'Évangile, c'est la loi dans toute sa portée. La loi est la racine; la fleur et le fruit parfumés qu'elle porte, c'est l'Évangile.

L'Ancien Testament jette un flot de lumière sur le Nouveau, et le Nouveau sur l'Ancien. L'un et l'autre sont la révélation de la gloire divine en Christ et présentent des vérités dont le sens profond se révélera avec une clarté toujours plus grande à quiconque les étudie avec soin.

La vérité qui est en Jésus-Christ et qui se manifeste par lui est incommensurable. Elle apparaît à celui qui étudie les Écritures comme une source qui va en s'approfondissant et en s'élargissant à mesure qu'il la contemple avec plus d'attention. Ici-bas, nous ne parviendrons jamais à cerner le mystère de l'amour de Dieu qui a donné son Fils en sacrifice pour nos péchés. L'oeuvre de notre Rédempteur sur la terre dépassera toujours tout ce que notre imagination peut concevoir. Nous aurons beau faire l'impossible pour pénétrer ce mystère, notre esprit se fatiguera avant d'y être parvenu. Le chercheur le plus diligent verra devant lui un océan sans limites.

La vérité qui est en Jésus-Christ peut être expérimentée, mais non expliquée. Sa largeur et sa profondeur dépassent notre connaissance. Nous pouvons pousser notre imagination au plus haut degré, nous ne parviendrons qu'à entrevoir une bien faible esquisse de cet amour inexplicable, aussi élevé que les cieux, mais qui daigne venir ici-bas pour imprimer l'image de Dieu sur tous les êtres humains.

Cependant, il nous est possible de nous rendre compte en partie de l'étendue des compassions divines à notre égard. Elles sont révélées au coeur humble et contrit. Nous ne comprendrons l'amour de Dieu que dans la mesure où nous apprécierons le sacrifice qu'il a consenti pour nous. Si nous sondons la parole de Dieu avec humilité, la grandeur du thème de la rédemption nous apparaîtra; à mesure que nous le contemplerons, il augmentera d'éclat, et à mesure que nous nous efforcerons de le comprendre, il croîtra en hauteur et en profondeur.

Constamment nous sommes appelés à tirer de lui notre subsistance en participant au pain vivant descendu du ciel, en puisant à une source toujours fraîche et toujours prête à répandre ses abondants trésors. Si nous demeurons toujours en sa présence, nos coeurs tournés vers lui pour le remercier et le louer, notre vie intérieure sera continuellement renouvelée. Dans nos prières, nous parlerons avec Dieu comme avec un ami. Il nous révélera personnellement ses mystères, et nous ressentirons fréquemment la paix et la joie de la présence de Jésus. Nos coeurs brûleront au-dedans de nous quand il viendra s'entretenir avec nous comme il le faisait avec Hénoc. Quand cette expérience sera véritablement celle du chrétien, il se dégagera de sa vie une simplicité, une humilité, une douceur, une tendresse qui montreront à tous ceux qui l'entourent qu'il a été avec Jésus et qu'il a reçu ses instructions.

La religion du Christ est une énergie spirituelle vivante et agissante, un principe vivifiant qui remplit la vie du croyant dans laquelle se manifestent la fraîcheur, la puissance et la joie d'une perpétuelle jeunesse. Le coeur qui reçoit la parole de Dieu n'est pas semblable à une mare dont l'eau s'évapore, ou à une citerne crevassée qui laisse échapper son contenu. Il est comme un torrent qui descend des monts à travers les ravines, alimenté par une source intarissable dont les eaux fraîches et limpides, bondissant de rocher en rocher, revigorent celui qui est fatigué, assoiffé, accablé sous son fardeau.

Une telle expérience qualifie celui qui enseigne la vérité et en fait un véritable représentant du Christ. L'Esprit du Sauveur donnera de la puissance et de la clarté à ses déclarations et à ses prières. Le témoignage qu'il rendra de Jésus ne sera ni étroit ni dépourvu de vie. Le prédicateur ne répétera pas toujours les mêmes discours, mais il sera constamment favorisé par l'illumination du Saint-Esprit. Le Christ a dit : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle. ... Comme le Père qui est vivant m'a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. ... C'est l'esprit qui vivifie. ... Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. » (Jean 6:54-63)

Quand nous mangerons la chair du Christ, quand nous boirons son sang, notre ministère offrira l'image des réalités éternelles. Nous ne reviendrons plus sans cesse sur des pensées surannées. Les prédications fades et monotones cesseront. Les anciennes vérités seront présentées sous un jour nouveau. Nous posséderons une nouvelle conception de la vérité que nous prêcherons avec une clarté et une puissance évidentes. Si les personnes qui auront le privilège de bénéficier des soins d'un tel ministère se laissent influencer par le Saint-Esprit, elles sentiront en elles la puissance régénératrice d'une vie nouvelle. Le feu de l'amour divin les embrasera. Leurs facultés seront avivées et leur permettront de discerner la majesté et la beauté de la vérité.

Le fidèle maître de maison incarne l'idéal de tout véritable éducateur. S'il considère la parole de Dieu comme un trésor, il en retirera toujours de nouvelles vérités et, s'il reste en communion avec Dieu par la prière, l'Esprit du Christ reposera sur lui et opérera par son moyen en faveur des autres. L'Esprit remplira son intelligence et son coeur de courage et d'espérance, et lui rappellera les exemples de la parole de Dieu, si bien qu'il communiquera tout cela à la jeunesse qui lui est confiée.

Les sources de paix et de joie célestes, jaillissant du coeur du maître d'école par les textes inspirés, deviendront un fleuve puissant qui influencera tous ceux qui entreront en contact avec lui. La Bible ne sera pas pour l'élève un livre ennuyeux. Sous la direction d'un maître sage, elle deviendra de plus en plus attrayante. Elle sera comme le pain de vie et ne vieillira pas. Sa fraîcheur et sa beauté charmeront les enfants et les jeunes; elle sera comme le soleil qui communique sa chaleur et sa clarté sans jamais s'épuiser.

Source d'éducation, le Saint-Esprit anime l'Écriture : une nouvelle et précieuse lumière émane de chacune de ses pages. La vérité y est révélée; mots et phrases acquièrent de l'éclat et un sens approprié aux circonstances c'est la voix de Dieu qui s'adresse à l'âme.

Le Saint-Esprit aime à parler aux jeunes et à leur faire découvrir les trésors et les beautés de la parole de Dieu. Les promesses faites par le grand Maître emporteront l'intérêt et pénétreront l'âme d'un pouvoir divin. Le croyant se familiarisera avec les choses célestes qui deviendront pour lui un rempart contre la tentation.

Les paroles de vérité auront une importance plus grande et prendront une signification insoupçonnée jusqu'alors. Leur beauté et leur richesse auront une influence transformatrice sur l'esprit et le caractère. La lumière de l'amour céleste inondera le coeur comme une inspiration.

Une étude prolongée de la Bible ne peut que la faire apprécier et amener celui qui s'y livre à la connaissance de la sagesse infinie et de l'amour de Dieu.

La signification de la dispensation israélite n'a pas encore été totalement comprise. Des vérités profondes sont voilées sous les rites et les symboles. L'Évangile est la clé qui donne accès à ces mystères. La connaissance du plan de la rédemption permettra de les saisir. Il ne tient qu'à nous de pénétrer plus avant dans la compréhension de ces sujets merveilleux. Il faut que nous percevions les choses profondes de Dieu. Les anges eux-mêmes désirent plonger leurs regards dans les vérités révélées à ceux qui, d'un coeur contrit, sondent les Écritures et demandent au Seigneur de mieux saisir la longueur, la largeur, la profondeur et la hauteur de la connaissance que lui seul peut leur donner.

Tandis que nous approchons de la fin de l'histoire du monde, les prophéties relatives aux derniers jours réclament tout particulièrement notre attention. Le dernier livre du Nouveau Testament est rempli de vérités qu'il nous faut comprendre. Satan aveugle beaucoup de gens, de telle sorte qu'ils sont tout heureux de trouver une excuse pour ne pas étudier l'Apocalypse. Mais le Christ y a révélé, par son serviteur Jean, ce qui arrivera dans les derniers temps, et il dit : « Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie, et qui gardent les choses qui y sont écrites ! » (Apocalypse 1:3)

« La vie éternelle, a dit Jésus, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (Jean 17:3) Pourquoi ne nous rendons-nous pas compte de la valeur de cette connaissance? Pourquoi ces glorieuses vérités n'illuminent-elles pas notre coeur, ne frémissent-elles pas sur nos lèvres et ne remplissent-elles pas tout notre être? En nous donnant sa parole, le Seigneur nous a communiqué toutes les vérités nécessaires à notre salut. Des milliers de gens se sont désaltérés à cette source sans que son débit soit affaibli; des milliers ont contemplé le Seigneur et ont été transformés à son image. Leur esprit brûlait au-dedans d'eux tandis qu'ils parlaient de son caractère, de ce que le Christ était pour eux et de ce qu'ils étaient pour lui. Ces chercheurs n'ont pas épuisé ces thèmes sacrés, et des milliers d'autres peuvent s'engager dans cette voie de la découverte des mystères du salut. Si nous méditons la vie du Christ et le caractère de sa mission, nous distinguerons toujours mieux les rayons de lumière qui en émanent. Chaque nouvelle recherche nous révélera un aspect encore plus intéressant. Le sujet est inépuisable. L'étude de l'incarnation du Fils de Dieu, de son sacrifice expiatoire et de son oeuvre médiatrice pourrait occuper toute la vie du chercheur persévérant. Et en songeant aux innombrables années qu'il passera dans le ciel, il s'écriera : « Le mystère de la piété est grand. »

Pendant l'éternité, nous étudierons ce que nous aurions pu saisir des ici-bas si nous avions mieux profité des lumières qui étaient mises à notre disposition. Les grands thèmes de la rédemption seront pour les rachetés un sujet constant de méditation et de louange. Ils comprendront les vérités que le Christ aurait révélées à ses disciples s'ils avaient eu plus de foi. Des visions nouvelles de la perfection et de la gloire du Sauveur leur seront sans cesse accordées. Pendant l'éternité, le fidèle maître de maison tirera de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 12

Demander pour donner

Le Christ recevait continuellement du Père ce qu'il communiquait aux hommes. « La parole que vous entendez n'est pas de moi, disait-il, mais du Père qui m'a envoyé. » (Jean 14:24) « Le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir. » (Matthieu 20:28) C'est pour les autres, et non pour lui-même, qu'il a vécu, médité et prié. Après des heures passées en communion avec Dieu, il apportait quotidiennement la lumière divine aux hommes. Chaque jour, il recevait un nouveau baptême du Saint-Esprit. De grand matin, l'Éternel le tirait de son sommeil et oignait son âme et ses lèvres de grâce afin qu'il pût la communiquer à d'autres. Les paroles qu'il prononçait lui êtaient inspirées directement du ciel pour encourager en temps opportun les faibles et les opprimés. « Le Seigneur, l'Éternel, m'a donné une langue exercée, disait-il, pour que je sache soutenir par la parole celui qui est abattu; il éveille, chaque matin, il éveille mon oreille, pour que j'écoute comme écoutent des disciples. » (Ésaïe 50:4)

Les prières du Christ et sa communion constante avec Dieu impressionnaient les disciples. Un jour, après avoir été séparés de lui quelques instants, ils le trouvèrent profondément absorbé dans la prière. Apparemment inconscient de leur présence, Jésus continua de prier à haute voix. Les disciples en furent très émus. Quand il eut fini, ils s'écrièrent : « Seigneur, enseigne-nous à prier. » (Luc 11:1)

Il reprit alors la prière qu'il avait prononcée au cours du Sermon sur la montagne. Puis il se servit d'une parabole pour illustrer la leçon qu'il désirait leur donner.

« Si l'un de vous a un ami, dit-il, et qu'il aille le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : Ami, prête-moi trois pains, car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n'ai rien à lui offrir, et si, de l'intérieur de sa maison, cet ami lui répond : Ne m'importune pas, la porte est déjà fermée, mes enfants et moi nous sommes au lit, je ne puis me lever pour te donner des pains, ― je vous le dis, quand même il ne se lèverait pas pour les lui donner parce que c'est son ami, il se lèverait à cause de son importunité, et lui donnerait tout ce dont il a besoin. » (Luc 11:5-8)

Le quémandeur de cette parabole réclame quelque chose pour le donner à son tour. Il lui faut du pain pour restaurer un voyageur exténué et affamé. Son voisin fait preuve de mauvaise volonté, mais cet homme ne se laisse pas rebuter; il faut à tout prix qu'il assiste son ami. Finalement, son insistance triomphe, et il obtient ce qu'il demande.

C'est ainsi que les disciples devaient rechercher les bénédictions de Dieu. Par la multiplication des pains et par son sermon sur le pain descendu du ciel, le Christ leur avait montré quelle serait leur mission future : donner aux hommes le pain de vie. Mais celui qui leur avait assigné cette tâche n'ignorait pas que leur foi serait souvent mise à l'épreuve; ils se trouveraient fréquemment placés dans des situations inattendues et se rendraient compte de leur insuffisance. Des âmes avides du pain de vie viendraient à eux, et ils se sentiraient démunis et impuissants. Il leur fallait donc recevoir de la nourriture spirituelle, faute de quoi ils n'auraient rien à donner. Ils ne devraient pas renvoyer une seule âme affamée. Le Christ leur indiqua la source où ils pourraient puiser. Un homme ne renvoie pas son ami qui vient lui demander l'hospitalité au milieu de la nuit. Il n'a rien à lui offrir, mais il va chez son voisin qui a du pain et le prie avec insistance jusqu'à ce qu'il ait répondu favorablement à sa requête. Et Dieu, qui a envoyé ses serviteurs dans le monde pour rassasier les affamés ne subviendrait-il pas aux besoins de sa cause?

Le voisin égoïste de la parabole ne représente pas le caractère de Dieu. Ici nous n'avons pas une leçon tirée d'une comparaison, mais d'un contraste. Il s'agit d'un homme égoïste qui accède à une requête urgente pour être débarrassé de celui qui trouble son repos. Mais Dieu prend plaisir à donner; il est plein de compassion, et ne demande qu'à exaucer les prières qui lui sont présentées avec foi. Il répand sur nous ses bienfaits afin que nous puissions en faire part à d'autres et que nous devenions semblables à lui.

Le Christ déclare : « Demandez, et l'on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l'on ouvre à celui qui frappe. » (Matthieu 7:7,8Luc 11:9,10)

Il dit encore : « Quel est parmi vous le père qui donnera une pierre à son fils, s'il lui demande du pain? Ou, s'il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent au lieu d'un poisson? Ou, s'il demande un oeuf, lui donnera-t-il un scorpion? Si donc, méchants comme vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent. » (Luc 11:11-13)

Pour fortifier notre confiance en Dieu, le Christ nous enseigne à nous adresser à lui par un nom nouveau qui rappelle tout ce qu'il y a de plus cher au coeur humain. Il nous donne le privilège d'appeler le Dieu infini « notre Père », aussi bien en lui parlant qu'en parlant de lui. Ce nom est un signe de notre amour et de notre confiance en lui, le gage de ses égards pour nous et des relations qu'il désire entretenir avec nous. Lorsque nous le prononçons pour demander une faveur ou une bénédiction, il résonne comme une mélodie à ses oreilles. Afin que nous ne soyons pas tentés de nous accuser de présomption en l'appelant de ce nom, il nous le répête maintes fois, car il veut que ce terme nous soit familier.

Dieu nous considère comme ses enfants. Il nous a rachetés d'un monde indifférent et nous a choisis pour que nous devenions membres de la famille royale, fils et filles du Roi du ciel. Il nous demande d'avoir en lui une confiance plus grande encore que celle de l'enfant en son père terrestre. Les parents aiment leurs enfants, mais l'amour de Dieu est pour nous plus grand, plus large, plus profond que l'amour humain ne peut l'être. Il est infini. Dès lors, si des parents savent donner de bonnes choses à leurs enfants, à combien plus forte raison notre Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent!

Les enseignements du Christ au sujet de la prière doivent être examinés attentivement, car celle-ci est une science divine, et les exemples du Maître mettent en relief des principes que tous doivent comprendre. Jésus nous montre ce qu'est le véritable esprit de prière, il nous apprend à persévérer dans nos requêtes et nous assure que Dieu est tout disposé à nous écouter et à nous exaucer.

Nos prières ne doivent pas être égoïstes, centrées seulement sur nos propres besoins. Il faut demander afin de pouvoir donner. Laissons-nous inspirer par la ligne directrice de la vie du Christ. « Je me sanctifie moi-même pour eux, dit-il, afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité. » (Jean 17:19) La même piété, le même esprit de sacrifice, la même soumission aux exigences de la parole de Dieu doivent se retrouver dans la vie de ses serviteurs. Notre rôle ici-bas n'est pas de nous servir ou de nous complaire en nous-mêmes, mais de glorifier le Seigneur en collaborant avec lui au salut des pécheurs. Nous devons implorer les bienfaits de Dieu en vue de les communiquer à d'autres. Nous ne pouvons recevoir que dans la mesure on nous donnons. Les trésors du ciel ne nous seront pas plus longtemps dispensés si nous ne les partageons pas avec ceux qui nous entourent.

Dans la parabole, le quémandeur est maintes fois repoussé, mais il ne se décourage pas. Ainsi, nos prières ne semblent pas toujours avoir des réponses immédiates, mais le Christ enseigne que nous ne devons pas cesser de prier. La prière n'est pas destinée à produire un changement dans les sentiments de Dieu, mais à nous mettre en harmonie avec lui. Lorsque nous lui adressons une demande, il peut juger utile que nous fassions tout d'abord notre examen de conscience et que nous nous repentions de notre péché. C'est pourquoi il nous fait passer par l'épreuve et l'humiliation, afin que nous comprenions ce qui entrave l'action de son Esprit en nous.

Les promesses de Dieu sont conditionnelles, et la prière ne nous exempte nullement de nos devoirs. « Si vous m'aimez, dit Jésus, gardez mes commandements. ... Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui qui m'aime; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père, je l'aimerai, et je me ferai connaître à lui. » (Jean 14:15,21) Ceux qui présentent leurs requêtes en se réclamant de la promesse, mais n'en remplissent pas les conditions, insultent Jéhovah. Ils prennent le nom du Christ comme garant de la réalisation des promesses divines, mais ne donnent aucun témoignage de foi et d'amour pour lui.

Beaucoup se trouvent dans une situation qui les empêche d'être agréés du Père céleste. Il faut que nous examinions avec soin les bases sur lesquelles repose notre foi lorsque nous nous approchons de Dieu. Si nous sommes infidèles, nous présentons un chèque au Seigneur sans tenir compte des clauses qui nous permettraient de l'encaisser. Nous rappelons à Dieu ses promesses et nous lui demandons de les accomplir, mais en nous exauçant, il déshonorerait son nom.

Voici l'une de ces promesses : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. » (Jean 15:7) Et l'apôtre Jean déclare : « Si nous gardons ses commandements, par là nous savons que nous l'avons connu. Celui qui dit : Je l'ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n'est point en lui. Mais celui qui garde sa parole, l'amour de Dieu est véritablement parfait en lui. » (1 Jean 2:3-5)

Le Christ donna ce commandement à ses disciples vers la fin de sa vie : « Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. » (Jean 13:34) Obéissons-nous à ce commandement, ou bien nous laissons-nous aller à des traits de caractère durs et peu chrétiens? Si nous avons offensé quelqu'un, notre devoir est de lui confesser notre faute et de rechercher la réconciliation. Cette préparation est nécessaire pour nous présenter avec foi devant Dieu en vue d'implorer sa bénédiction.

Il y a encore un autre point trop souvent négligé par ceux qui recherchent le Seigneur dans la prière. Avez-vous été honnête envers lui? Il déclare par le prophète Malachie : « Depuis le temps de vos pères, vous vous êtes écartés de mes ordonnances, vous ne les avez point observées. Revenez à moi, et je reviendrai à vous, dit l'Éternel des armées. Et vous dites : En quoi devons-nous revenir? Un homme trompe-t-il Dieu? Car vous me trompez, et vous dites : En quoi t'avons-nous trompé? Dans les dîmes et les offrandes. » (Malachie 3:7,8)

Dieu étant l'auteur de toute bénédiction, il réclame une certaine partie de ce que nous possédons pour soutenir la prédication de l'Évangile. En rendant à Dieu cette portion de nos biens, nous lui montrons que nous apprécions ses dons. Mais si nous retenons ce qui lui appartient de droit, comment osons-nous réclamer sa bénédiction? Si nous sommes des administrateurs infidèles des biens terrestres, comment pouvons-nous espérer qu'il nous confie la gestion de ceux du ciel? C'est peut-être la raison pour laquelle certaines de nos prières demeurent inexaucées.

Mais dans sa grande miséricorde, le Seigneur est prêt à pardonner : « Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, dit-il, afin qu'il y ait de la nourriture dans ma maison. Mettez-moi de la sorte à l'épreuve... et vous verrez si je n'ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance. Pour vous je menacerai celui qui dévore, et il ne vous détruira pas les fruits de la terre, et la vigne ne sera pas stérile dans vos campagnes. ... Toutes les nations vous diront heureux, car vous serez un pays de délices, dit l'Éternel des armées. » (Malachie 3:10-12)

Ainsi en est-il de chacune des exigences du Seigneur. Tous ses dons dépendent de notre obéissance. Le ciel tient en réserve des bénédictions abondantes pour les collaborateurs de Dieu. Tous ceux qui lui obéissent peuvent solliciter avec assurance l'accomplissement de ses promesses.

Nous devons avoir en Dieu une confiance totale, inébranlable. Souvent, il tarde à nous répondre afin d'éprouver notre foi ou la sincérité de nos désirs. Après avoir demandé selon sa parole, croyons à sa promesse et continuons à prier avec une persévérance inlassable.

Dieu ne dit pas : « Demandez une seule fois et vous recevrez. » Il nous invite à lui adresser inlassablement nos requêtes. Cette assiduité dans la prière suscite chez le suppliant une plus grande ardeur et augmente son désir de recevoir ce qu'il réclame. Sur la tombe de Lazare, Jésus dit à Marthe : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » (Jean 11:40)

Mais beaucoup ne possèdent pas une foi vivante, ce qui les empêche de voir la puissance de Dieu. Leur faiblesse est le résultat de leur incrédulité : ils se fient plus à leurs oeuvres qu'à celles de Dieu à leur égard. Ils prennent tout en charge, établissent des plans, font des projets, mais ils prient très peu, n'ayant en Dieu qu'une confiance limitée. Ils croient avoir la foi, mais ce n'est qu'une impulsion passagère. Inconscients de leurs besoins et de l'empressement de Dieu à leur accorder ce qu'ils demandent, ils ne persévèrent pas dans leurs requêtes.

Nos prières doivent être aussi instantes et aussi assidues que celle de l'ami dépourvu de pain qui va au milieu de la nuit en demander à son voisin. Plus grandes seront notre ferveur et notre constance, plus étroite aussi sera notre communion avec le Christ. Les bénédictions reçues seront proportionnées à notre foi.

Prier et croire, telle est la part de l'homme. Veiller en priant. Veiller et coopérer avec Dieu qui entend les prières. N'oublions pas que « nous sommes ouvriers avec Dieu. » (1 Corinthiens 3:9) Parlons et agissons en harmonie avec nos requêtes. Ou bien l'épreuve démontrera l'authenticité de notre foi, ou bien elle prouvera que nos prières n'ont été qu'une forme. Cette alternative est capitale.

Au milieu des angoisses et des difficultés, ne regardons pas à l'homme pour être secourus; mettons notre confiance en Dieu. L'habitude de raconter nos problèmes à d'autres nous affaiblit et ne fait pas de bien à ceux qui nous écoutent. Nous plaçons sur eux le fardeau de misères spirituelles qu'ils sont incapables de soulager. Nous cherchons le secours de l'homme faillible et limité, alors que celui du Dieu infini est à notre disposition.

Nous n'avons pas besoin d'aller aux extrémités du monde pour trouver la sagesse, car Dieu est tout près de nous. Notre succès ne dépend pas des capacités que nous possédons, ni de celles que nous acquerrons, mais du Seigneur. Nous devons avoir beaucoup moins de confiance en l'homme et davantage en ce que Dieu peut faire pour tous ceux qui croient. Il désire ardemment que nous le recherchions avec foi, que nous nous attendions à de grandes choses de sa part. Il désire nous donner une juste compréhension des choses temporelles et spirituelles. Il peut aviver notre intelligence et nous inspirer le tact et l'habileté. Mettons nos talents au service du Seigneur et demandons-lui la sagesse : elle nous sera accordée.

Que la parole du Christ soit notre assurance. Ne nous a-t-il pas conviés à venir à lui? Évitons de parler de nos sujets de découragement, nous y perdrions beaucoup. En regardant aux apparences, en murmurant quand surviennent les difficultés, nous mettons en évidence une foi faible et défaillante. Parlons et agissons comme si notre foi était invincible. Le Seigneur est riche en ressources, il est le Maître de l'univers. Avec foi, levons les yeux vers le ciel, vers celui qui possède la lumière, la puissance et peut agir avec efficacité.

Il y a dans la foi véritable une vitalité, une fermeté de principe, une détermination que ni le temps, ni les circonstances ne peuvent affaiblir. « Les adolescents se fatiguent et se lassent, et les jeunes hommes chancellent; mais ceux qui se confient en l'Éternel renouvellent leur force. Ils prennent le vol comme les aigles; ils courent, et ne se lassent point, ils marchent, et ne se fatiguent point. » (Ésaïe 40:30,31)

Beaucoup désirent ardemment venir en aide à leurs semblables, mais sentent qu'ils n'ont aucune force spirituelle, aucune lumière à leur donner. Qu'ils présentent leurs requêtes devant le trône de grâce et qu'ils réclament l'effusion du Saint-Esprit. Dieu est prêt à tenir chacune de ses promesses. La Bible en main, il faut dire : J'ai suivi tes directives, je me réclame de ta promesse : « Demandez, et l'on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira. » (Matthieu 7:7)

Nous ne devons pas seulement prier au nom du Christ, mais sous l'inspiration du Saint-Esprit. C'est là le sens de ce passage : « L'Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables. » (Romains 8:26) Dieu prend plaisir à exaucer de telles requêtes. Quand nous faisons monter vers lui une prière fervente au nom du Christ, notre ferveur même est le gage qu'il nous exaucera « infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons » (Éphésiens 3:20).

Le Christ a déclaré : « Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l'avez reçu, et vous le verrez s'accomplir. » « Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. » (Marc 11:24Jean 14:13). Jean, le disciple bien-aimé, poussé par le Saint-Esprit, dit clairement et avec assurance : « Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute. Et si nous savons qu'il nous écoute, quelque chose que nous demandions, nous savons que nous possédons la chose que nous lui avons demandée. » (1 Jean 5:14,15) Adressez donc vos supplications au Père, au nom de Jésus. Dieu honorera le nom de son Fils.

L'arc-en-ciel qui encercle le trône de Dieu est un gage de sa fidélité. Il nous atteste qu'il n'y a en lui ni variation, ni même l'ombre d'un changement. Nous avons péché contre lui et nous avons démérité de sa bonté; cependant, il a lui-même mis sur nos lèvres ce poignant appel : « À cause de ton nom, ne méprise pas, ne déshonore pas le trône de ta gloire! N'oublie pas, ne romps pas ton alliance avec nous! » (Jérémie 14:21) Quand nous venons à lui pour confesser notre indignité et notre péché, il prête attention à nos cris. L'honneur de son trône est engagé dans l'accomplissement de ses promesses.

Comme Aaron qui le préfigurait, notre Sauveur, dans le lieu saint, porte le nom de ses enfants sur son coeur. Notre grand prêtre se souvient de toutes les paroles qu'il nous a adressées pour fortifier notre foi. Il n'oublie pas l'alliance qu'il a contractée avec nous.

Tous ceux qui le cherchent le trouveront; tous ceux qui frappent à la porte la verront s'ouvrir. Ils n'entendront pas l'excuse de la parabole : « Laisse-moi tranquille; la porte est fermée ; je n'ai nulle envie de l'ouvrir. » Il ne leur sera jamais répondu : « Je ne peux pas te secourir. » Ceux qui demandent quelques pains, fût-ce au milieu de la nuit, pour rassasier des âmes affamées, seront reçus avec bienveillance.

Dans la parabole, celui qui réclame des pains pour l'étranger reçoit : « tout ce dont il a besoin ». Dans quelle mesure le Seigneur nous donnera-t-il pour que nous puissions partager? ― « Selon la mesure du don de Christ » (Éphésiens 4:7). Des anges veillent avec un vif intérêt sur la manière dont nous nous comportons à l'égard de nos semblables. Quand ils voient quelqu'un manifester envers l'égaré une sympathie semblable à celle du Christ, ils se tiennent à ses côtés afin de lui rappeler des paroles qui seront comme le pain de vie pour l'âme. Ainsi « Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus-Christ » (Philippiens 4:19). Si votre témoignage est fidèle, il le revêtira de la puissance de la vie à venir. La parole de Dieu sera dans votre bouche un message de justice et de vérité.

L'effort personnel en faveur d'autrui doit toujours être précédé de la prière secrète, car la science du salut des âmes exige une grande sagesse. Avant de communiquer avec les hommes, communiez avec le Christ. C'est auprès du trône de la grâce qu'on se prépare à venir en aide à ses semblables.

Que votre âme soupire après Dieu, après le Dieu vivant. La vie du Christ montre ce que l'homme peut faire quand il participe à la nature divine. Tout ce que Jésus recevait du Père est à votre disposition. Demandez, et vous obtiendrez. Armé de la foi tenace de Jacob et de la persévérance inlassable d'Élie, réclamez-vous de toutes les promesses divines.

Que les glorieux desseins de Dieu s'emparent de votre esprit et que votre vie soit unie à celle de Jésus-Christ par des liens invisibles! Celui qui a ordonné à la lumière de dissiper les ténèbres est tout disposé à illuminer votre coeur pour faire resplendir la lumière de la connaissance de Dieu manifestée dans son Fils. Le Saint-Esprit vous révélera les valeurs spirituelles et elles deviendront une puissance dans le coeur obéissant. Le Christ vous fera approcher du Dieu infini, afin que vous puissiez contempler la gloire qui est au-delà du voile, et que vous révéliez aux hommes la toute-puissance de celui qui est toujours vivant pour intercéder en notre faveur. 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 13

Deux adorateurs

Jésus prononça la parabole du pharisien et du publicain « en vue de certaines personnes se persuadant qu'elles étaient justes, et ne faisant aucun cas des autres ». Le pharisien monte au temple pour adorer, non parce qu'il se sent pécheur et qu'il a besoin de pardon, mais parce qu'il se croit juste et espère s'attirer de la considération. Il envisage son culte comme un acte méritoire qui le valorisera devant Dieu et donnera aux gens qui l'observent une haute opinion de sa piété. Il compte gagner l'estime à la fois de Dieu et des hommes. Son adoration est motivée par l'intérêt personnel.

Cet homme est rempli de lui-même et le montre dans son attitude, sa démarche et jusque dans ses prières. À l'écart des autres, il semble dire : « Ne m'approchez pas, car je suis saint! » (Ésaïe 65:5) Il se tient debout et prie « en lui-même ». Satisfait de sa propre personne, il pense que le Seigneur et les hommes le regardent avec la même complaisance.

« Ô Dieu, je te rends grâces, dit-il, de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même comme ce publicain. » (Luc 18:11) Il ne juge pas son caractère d'après celui de Dieu, mais d'après celui des êtres humains, détournant sa pensée du ciel pour la reporter sur ses semblables. C'est là le secret de son contentement.

Il aime à parler de ses bonnes oeuvres : « Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus. » (Luc 18:12) Sa religion ne touche pas l'âme. Il ne cherche pas à conformer son caractère à celui de Dieu, son coeur n'est pas débordant d'amour et de miséricorde. Il se contente des formes extérieures de la religion. Sa justice lui est propre, elle est le fruit de ses bonnes oeuvres; il l'évalue d'après un étalon purement humain.

Or, quiconque vit en propre juste méprisera ses semblables. De même que le pharisien se juge d'après les autres, il juge les autres d'après lui-même. C'est à leur justice qu'il mesure la sienne, et plus il les voit mauvais, meilleur il se trouve par le fait du contraste. Sa propre justice le pousse à accuser les autres et à les condamner comme transgresseurs de la loi de Dieu. Il manifeste ainsi l'esprit de Satan, l'accusateur des frères. Avec de tels sentiments, il lui est impossible d'entrer en communion avec le Seigneur. Il s'en retourne chez lui, privé de la bénédiction divine.

Le publicain s'était rendu au temple avec d'autres adorateurs, mais il ne tarda pas à se retirer à l'écart, se jugeant indigne de participer à leur culte. Se tenant à distance, il « n'osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine » (Luc 18:13), dans l'amertume de son âme et la conviction de son indignité. Conscient d'avoir offensé Dieu, il se sentait pécheur et souillé. Il ne pouvait même pas s'attendre à la compassion de ceux qui l'entouraient, car ils le regardaient avec mépris. Il savait qu'il n'avait aucun mérite à faire valoir devant le Seigneur, aussi s'écriait-il dans son désespoir : « Ô Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur. » Il ne se comparait pas aux autres. Seul en la présence de Dieu, accablé par le sentiment de sa culpabilité, il n'avait qu'un seul désir : recevoir le pardon et la paix; il ne comptait que sur la miséricorde du ciel. Et il fut béni : « Je vous le dis, déclara le Christ, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l'autre. » (Luc 18:13,14)

Le pharisien et le publicain représentent deux classes d'adorateurs. Leurs ancêtres sont les deux fils qui naquirent à nos premiers parents : Caïn et Abel. Caïn se croyait juste et ne se présenta devant Dieu qu'avec une offrande d'actions de grâces, sans confesser ses péchés et sans reconnaître son besoin de miséricorde. Abel, au contraire, se présenta avec le sang qui symbolisait l'Agneau de Dieu. Il se considérait comme pécheur et se sentait perdu. Son seul espoir était l'amour immérité de Dieu. Le Seigneur accepta son offrande, mais il rejeta celle de Caïn. La première condition pour être reçus de Dieu, c'est le sentiment de notre dénuement. La confession de notre misère et de notre péché. « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux! » (Matthieu 5:3)

L'expérience de l'apôtre Pierre renferme une leçon qui s'applique à ces deux catégories de personnes. Au début, quand il fut choisi pour être disciple, il se croyait fort. De même que le pharisien, il ne se voyait pas « comme le reste des hommes ». Lorsque Jésus, avant d'être trahi, eut déclaré à ses disciples : « Vous serez tous scandalisés », Pierre, sûr de lui, répliqua : « Quand tous seraient scandalisés, je ne serai pas scandalisé. » (Marc 14:27,29) Il n'avait aucune conscience du danger qu'il courait. Il se laissait abuser par la confiance qu'il avait en ses propres forces. Il se croyait capable de repousser la tentation. Mais au moment de l'épreuve, quelques heures plus tard, il renia son Maître avec imprécations.

Lorsque le chant du coq vint lui rappeler les paroles du Christ, Pierre, surpris et écoeuré de son acte, se tourna et regarda son Maître. Au même moment, Jésus posa sur son disciple un regard où se lisaient à la fois la tristesse, la compassion et l'amour. Se voyant alors tel qu'il était, Pierre s'éloigna et pleura amèrement. Ce regard du Sauveur lui avait brisé le coeur. Pierre était arrivé à un tournant de son expérience religieuse. Il se repentit profondément de son péché. Dans sa contrition, il ressemblait au publicain et, comme ce dernier, il trouva miséricorde. Le regard de Jésus lui donnait la certitude du pardon.

Sa propre suffisance avait disparu, et il ne se hasarda jamais plus à des déclarations aussi présomptueuses.

Après sa résurrection, le Christ le mit à l'épreuve par trois fois : « Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu plus que ne m'aiment ceux-ci? » Pierre ne s'éleva plus au-dessus de ses frères. Il s'en remit alors à celui qui, seul, pouvait lire en son coeur : « Seigneur, tu sais toutes choses, dit-il, tu sais que je t'aime. » (Jean 21:15-17)

Il fut alors investi de sa mission, plus grande et plus délicate que celle qu'il avait reçue jusque-là. Le Christ le chargea de paître les brebis et les agneaux. En lui confiant ainsi la charge des âmes pour lesquelles il avait offert sa propre vie, le Sauveur lui donna le plus beau témoignage de confiance, le gage le plus sûr de sa réhabilitation. Le disciple fougueux, propre juste, orgueilleux était devenu un homme contrit et soumis. Dès lors, il suivit son Maître sur la voie du renoncement et du sacrifice. Ayant participé à ses souffrances, Pierre aura le privilège de partager sa gloire quand le Christ sera assis sur son trône.

Le mal qui fit tomber Pierre et priva le pharisien de la communion avec Dieu cause aujourd'hui encore la ruine de milliers de personnes. Rien n'est plus offensant pour Dieu, plus dangereux pour l'âme humaine que l'orgueil et la propre suffisance. De tous les péchés, c'est assurément le plus difficile à vaincre.

La chute de Pierre ne fut pas instantanée, mais graduelle. Sa présomption l'amena à se croire sauvé et, petit à petit, à renier son Maître. Nous ne devons jamais nous fier à nous-mêmes ni penser que nous sommes à l'abri de la tentation tant que nous sommes ici-bas. Ceux qui acceptent le Sauveur, si sincère que soit leur conversion, ne devraient jamais apprendre à se dire ou à se croire sauvés. C'est une affirmation propre à égarer. Chacun devrait s'efforcer de cultiver l'espérance et la foi; mais alors même que nous nous donnons à Jésus et que nous avons l'assurance d'être acceptés de lui, nous ne sommes pas encore à l'abri de la tentation. La parole de Dieu nous dit : « Plusieurs seront purifiés, blanchis et épurés. » (Daniel 12:10) Celui-là seul qui surmontera l'épreuve recevra la couronne de vie.

Ceux qui se convertissent et qui disent dans leur premier élan de foi : « Je suis sauvé », courent le risque de mettre leur confiance en eux-mêmes. Ils perdent de vue leur propre faiblesse et leur besoin constant de la force divine. Ils ne sont pas préparés à lutter contre les stratagèmes de Satan et, devant la tentation, plusieurs, comme Pierre, tombent dans le gouffre.

Voici l'avertissement qui nous est adressé : « Que celui qui croit être debout prenne garde de tomber! » (1 Corinthiens 10:12) Nous défier de nous-mêmes et ne dépendre que du Christ, voilà notre unique sécurité.

Pierre avait besoin de connaître ses défauts et de sentir combien la grâce et la puissance du Christ lui étaient nécessaires. Le Seigneur pouvait, non pas lui épargner l'épreuve, mais le préserver de la défaite. Si Pierre avait pris garde à l'avertissement du Maître, il aurait veillé, prié et marché avec crainte et tremblement, de peur de trébucher; il aurait reçu le secours divin et Satan n'aurait pas eu la victoire.

La chute de Pierre fut causée par la confiance qu'il avait en lui, et c'est par la repentance et l'humiliation qu'il se releva. Son expérience constitue un encouragement pour chaque pécheur repentant. Malgré sa faute si grave, il ne fut pas abandonné à son sort. Les paroles du Christ restaient inscrites en son âme : « J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point. » (Luc 22:32) Alors qu'il était en proie au plus cuisant remords, le souvenir de cette prière et le regard compatissant du Sauveur lui rendirent l'espoir. Après sa résurrection, le Christ se souvint de son apôtre et, par un ange, confia ce message aux femmes : « Allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il vous précède en Galilée : c'est là que vous le verrez. » (Marc 16:7) La repentance de Pierre fut acceptée par le Sauveur qui pardonne les péchés.

La même compassion qui permit à l'apôtre d'être sauvé s'étend à toute âme qui a succombé à la tentation. Tous les efforts de Satan ont pour but de faire tomber l'homme dans le péché, puis il le laisse impuissant et tremblant, le faisant douter du pardon. Mais pourquoi craindrions-nous, quand le Seigneur a dit : « À moins qu'on ne me prenne pour refuge, qu'on ne fasse la paix avec moi » (Ésaïe 27:5) ? Tout a été préparé pour la guérison de nos infirmités. Tout nous encourage à venir au Christ.

Le Sauveur a offert son corps brisé pour racheter l'héritage de Dieu et donner à l'homme une possibilité de salut. « C'est aussi pour cela qu'il peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur. » (Hébreux 7:25) Par sa vie sans péché, son obéissance, sa mort sur la croix du Calvaire, le Christ a intercédé pour l'humanité déchue; et maintenant, ce n'est pas comme un simple suppliant qu'il plaide pour nous, mais comme un conquérant qui réclame les fruits de sa victoire. Son offrande est parfaite et, en tant qu'avocat, il exécute le mandat qui lui a été confié, tenant devant Dieu l'encensoir débordant de ses mérites, des prières, des confessions et des actions de grâces de son peuple. Remplies du parfum de sa justice, celles-ci montent vers Dieu comme une agréable odeur. L'offrande est agréée et le pardon couvre toutes les transgressions.

Le Christ s'est engagé à être notre substitut et notre garant, et il ne néglige personne. Celui qui n'a pas supporté que les êtres humains soient exposés à la ruine éternelle sans accepter la mort pour leur salut jettera un regard compatissant sur tout homme conscient de son incapacité à se sauver lui-même. Il relèvera quiconque le suppliera dans sa détresse. Par son expiation, il nous a donné accès à une source intarissable de puissance morale, aussi ne manquera-t-il pas d'utiliser cette puissance en notre faveur. Nous pouvons déposer à ses pieds nos péchés et nos peines, car il nous aime. Son regard et ses paroles nous invitent à la confiance. Il modèlera nos caractères pour les rendre conformes à sa volonté.

La coalition des puissances sataniques ne peut rien contre celui qui se jette avec confiance dans les bras de Jésus. « Il donne de la force à celui qui est fatigué, et il augmente la vigueur de celui qui tombe en défaillance. » (Ésaïe 40:29)

« Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. » (1 Jean 1:9) Le Seigneur dit : « Reconnais seulement ton iniquité, reconnais que tu as été infidèle à l'Éternel, ton Dieu. » (Jérémie 3:13) « Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. » (Ézéchiel 36:25)

Mais pour trouver le pardon et la paix, il faut se connaître soi-même, et cette connaissance doit produire la repentance. Le pharisien n'était nullement convaincu de péché. Le Saint-Esprit ne pouvait pas opérer en lui. Son âme était revêtue d'une armure de propre justice que ne pouvaient percer les flèches dirigées par la main des anges. Seul celui qui se reconnaît pécheur peut être sauvé. Le Christ est venu sur la terre « pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés. » (Luc 4:18) « Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. » (Luc 5:31) Nous devons donc nous rendre compte de notre condition réelle pour désirer l'aide du Seigneur. Il faut avoir conscience du danger que l'on court pour s'enfuir vers un lieu de refuge. Celui qui ne ressent pas la douleur que lui causent ses blessures n'éprouvera pas le besoin d'en être guéri.

Voici ce que déclare le Seigneur : « Parce que tu dis : Je suis riche, je me suis enrichi, et je n'ai besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu, je te conseille d'acheter de moi de l'or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies. » (Apocalypse 3:17,18) L'or éprouvé par le feu, c'est la foi qui est agissante par la charité. Elle seule nous mettra en harmonie avec Dieu. Nous pouvons être actifs, accomplir bien des oeuvres, mais sans l'amour qui animait le coeur du Sauveur, nous ne ferons jamais partie de la famille céleste.

Nul ne peut, par lui-même, prendre conscience de ses erreurs. « Le coeur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant : Qui peut le connaître? » (Jérémie 17:9) Les lèvres peuvent exprimer une misère spirituelle que le coeur n'est pas disposé à avouer. Tout en disant à Dieu que nous sommes de pauvres pécheurs, nous pouvons nous enorgueillir de notre humilité et exalter notre justice. Seule la contemplation du Christ nous permettra de nous voir tels que nous sommes. C'est parce que nous ne connaissons pas notre Sauveur que nous nous laissons griser par le sentiment de notre valeur personnelle. Sa pureté et sa perfection nous révèlent notre faiblesse, notre misère, nos défauts. Nous nous sentons alors perdus, sans espérance, recouverts de nos vêtements de propres justes, comme les autres pécheurs. Nous découvrons ainsi que le salut n'est pas offert en fonction de notre sainteté, mais par un effet de la grâce infinie de Dieu.

La prière du publicain fut exaucée parce qu'elle exprimait un sentiment de complète dépendance par rapport au Tout-Puissant. Pour cet homme, le moi n'était que honte. Il doit en être ainsi de tous ceux qui recherchent Dieu. Par la foi ― cette foi qui renonce à s'appuyer sur soi-même ― le suppliant doit s'en remettre à celui dont la puissance est infinie.

Aucune pratique extérieure ne peut remplacer une foi simple et une entière abnégation. Mais n'oublions pas que nul ne peut se dépouiller du moi si ce n'est par Jésus-Christ. C'est pourquoi le croyant dira : « Seigneur, prends mon coeur, car je ne puis te le donner. Il t'appartient. Garde-le pur, car j'en suis incapable. Sauve-moi en dépit de moi-même, de ce moi faible et si peu conforme à ton image. Modèle-moi, façonne-moi, élève-moi dans une atmosphère pure et sainte où les puissants courants de ton amour pourront atteindre mon âme. »

L'abnégation ne doit pas seulement marquer les débuts de la vie chrétienne, mais caractériser toutes les étapes de notre progression vers le ciel. Nos bonnes oeuvres dépendent toutes d'une puissance qui est extérieure à nous-mêmes. C'est pourquoi il faut que notre coeur, brisé, contrit et humilié, soupire sans cesse après Dieu et fasse monter vers lui une confession sincère. Renoncer constamment au moi et dépendre uniquement du Christ, telle est notre seule sauvegarde.

Plus nous nous approcherons de Jésus et plus nous distinguerons la pureté de son caractère, mieux nous saisirons l'extrême gravité du péché et moins nous serons enclins à l'orgueil. Ceux que le ciel reconnaît comme saints sont les derniers à faire parade de leur bonté. L'apôtre Pierre devint un fidèle serviteur du Christ, il reçut une grande mesure de puissance et de lumière divines. Il prit une part active à l'édification de l'Église, mais il n'oublia jamais la terrible expérience de son humiliation. Son péché était pardonné, cependant il savait très bien que seule la grâce du Christ pouvait le faire triompher de la faiblesse de caractère qui avait causé sa chute. Il ne trouvait en lui aucun motif de se glorifier.

Aucun des apôtres ou des prophètes n'a jamais prétendu être sans péché. Des hommes qui ont vécu très près de Dieu, des hommes qui auraient sacrifié leur vie plutôt que de commettre sciemment un acte coupable, des hommes que Dieu avait honorés de sa lumière et de sa puissance ont confessé leur nature pécheresse. Ils n'ont pas placé leur confiance dans la chair, ne se sont réclamés d'aucune justice qui leur fût propre, mais ils ont mis toute leur confiance en celle du Christ. Ainsi en sera-t-il de tous ceux qui contemplent le Sauveur.

À mesure que nous avançons dans l'expérience chrétienne, notre repentance s'approfondit. Le Seigneur dit à ceux qu'il a pardonnés, à ceux qu'il reconnaît comme son peuple : « Alors vous vous souviendrez de votre conduite qui était mauvaise, et de vos actions qui n'étaient pas bonnes; vous vous prendrez vous-mêmes en dégoût. » (Ézéchiel 36:31) Et encore : « J'établirai mon alliance avec toi, et tu sauras que je suis l'Éternel, afin que tu te souviennes du passé et que tu rougisses, afin que tu n'ouvres plus la bouche et que tu sois confuse, quand je te pardonnerai tout ce que tu as fait, dit le Seigneur, l'Éternel. » (Ézéchiel 16:62,63) Alors nous n'ouvrirons plus les lèvres pour nous glorifier et nous saurons que seuls les mérites du Christ sont suffisants. Nous confesserons avec l'apôtre : « Ce qui est bon, je le sais, n'habite pas en moi, c'est-à-dire dans ma chair. » (Romains 7:18) « Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d'autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde! » (Galates 6:14)

Voici le commandement qui s'harmonise avec cette expérience : « Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, non seulement comme en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je suis absent; car c'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. » (Philippiens 2:12,13) Vous ne devez pas craindre que les promesses de Dieu restent vaines, que sa patience se lasse et que ses compassions vous fassent défaut. Craignez plutôt que votre volonté ne soit pas soumise à celle du Christ, et que votre vie ne soit dirigée par vos traits de caractère, héréditaires ou acquis. « C'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. » Craignez que le moi ne s'interpose entre votre âme et le Maître, et que votre volonté ne ruine le dessein de Dieu à votre égard. Enfin, ne vous fiez pas à vos propres forces; gardez-vous de retirer votre main de celle du Christ et de suivre le sentier de la vie loin de sa présence.

Il faut barrer la route à l'orgueil et à la propre justice; c'est pourquoi nous devons éviter de prodiguer ou de recevoir des flatteries ou des louanges. Flatter est l'oeuvre de Satan. Il excelle aussi bien dans cet art que dans celui de l'accusation. C'est ainsi qu'il cherche à perdre les âmes. Les personnes qui prodiguent des louanges à leurs semblables font le jeu de l'ennemi. Puissent ceux qui travaillent pour le Christ se détourner de ce danger! Que le moi soit renié. Jésus seul doit être exalté. Que tous les yeux soient dirigés vers « celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang » (Apocalypse 1:5), et que vers lui monte la louange de tous les coeurs.

Une vie où domine la crainte de Dieu ne sera pas une vie de tristesse et de chagrin. C'est l'absence du Christ qui donne au visage une expression d'abattement et qui réduit notre vie à un long chemin de larmes. Ceux qui sont remplis du sentiment de leur valeur et qui cultivent l'amour du moi ne ressentent pas le besoin d'une communion vivante et personnelle avec le Christ. Le coeur qui ne s'est pas brisé sur le Rocher divin se complait dans sa propre suffisance. Les hommes veulent une religion qui les glorifie et ils préfèrent prendre un chemin suffisamment large pour ne pas devoir renoncer à leur moi. Leur égoïsme, leur amour de la popularité et des louanges les éloignent du Sauveur. Or, sans lui, la vie n'est que tristesse et chagrin. Mais quand le Christ remplit une âme, il est une source de joie. Pour tous ceux qui le reçoivent, la joie est la note dominante de la parole de Dieu.

« Car ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint : j'habite dans les lieux élevés et dans la sainteté; mais je suis avec l'homme contrit et humilié, afin de ranimer les esprits humiliés, afin de ranimer les coeurs contrits. » (Ésaïe 57:15)

C'est alors qu'il était caché dans le creux du rocher que Moïse contempla la gloire de Dieu. Lorsque nous nous réfugierons en Christ, le Rocher brisé, il nous couvrira de ses mains percées et nous entendrons ce qu'il a dit à ses serviteurs. Dieu se révèle à nous, comme à Moïse, « miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui conserve son amour jusqu'à mille générations, qui pardonne l'iniquité, la rébellion et le péché. » (Exode 34:6,7)

L'oeuvre de la rédemption entraîne des conséquences qu'il nous est difficile de concevoir. « Ce sont des choses que l'oeil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont point montées au coeur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment. » (1 Corinthiens 2:9) Quand le pécheur, attiré par la puissance du Christ, s'approche de la croix et se prosterne devant elle, il se produit une nouvelle création. Il reçoit un coeur nouveau, il devient une nouvelle créature en Jésus-Christ. La sainteté n'exige rien de plus. C'est Dieu lui-même qui justifie « celui qui a la foi en Jésus ». « Et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés. » (Romains 3:268:30) Si grandes que soient la bonté et la dégradation dans lesquelles le péché nous a plongés, plus grands encore seront les honneurs et l'élévation que nous réserve l'amour rédempteur. Ceux qui s'efforcent de se conformer au modèle divin recevront une mesure des trésors du ciel et une puissance qui les élèveront même au-dessus des anges qui n'ont pas connu le péché.

« Ainsi parle l'Éternel, le rédempteur, le Saint d'Israël, à celui qu'on méprise, qui est en horreur au peuple, à l'esclave des puissants : des rois le verront, et ils se lèveront, des princes, et ils se prosterneront, à cause de l'Éternel, qui est fidèle, du Saint d'Israël, qui t'a choisi. » (Ésaïe 49:7)

« Quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé. » (Matthieu 23:12

Les paraboles de Jésus

Chapitre 14

Dieu ne fera t il pas justice à ses élus?

Le Christ venait de parler de la période qui précéderait immédiatement sa seconde venue et des périls que devraient affronter ses disciples. C'est en pensant d'une manière toute spéciale à ce temps qu'il prononça la parabole destinée à enseigner « qu'il faut toujours prier et ne point se relâcher ».

« Il y avait dans une ville un juge, dit-il, qui ne craignait point Dieu et qui n'avait d'égard pour personne. Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui venait lui dire : Fais-moi justice de ma partie adverse. Pendant longtemps il refusa. Mais ensuite il dit en lui-même : Quoique je ne craigne point Dieu et que je n'aie d'égard pour personne, néanmoins, parce que cette veuve m'importune, je lui ferai justice, afin qu'elle ne vienne pas sans cesse me rompre la tête. Le Seigneur ajouta : Entendez ce que dit le juge inique. Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-il à leur égard? Je vous le dis, il leur fera promptement justice. » (Luc 18:1-8)

Le juge qui est dépeint ici ne se soucie pas de la justice, et n'a aucune pitié pour ceux qui souffrent. Il repoussait continuellement la veuve qui lui exposait son cas. Maintes fois elle n'était venue vers lui que pour être traitée avec mépris et chassée du tribunal. Le juge savait qu'elle était dans son droit; il aurait pu aussitôt lui faire justice, mais il ne le voulait pas. Il désirait montrer que son pouvoir était discrétionnaire, et il se plaisait à la voir plaider, prier et supplier en vain. Mais elle ne se laissait pas décourager; malgré l'indifférence et la dureté du juge, elle ne cessait de venir lui présenter sa demande jusqu'à ce qu'il consentit à s'occuper de son cas. « Quoique je ne craigne point Dieu et que je n'aie d'égard pour personne, dit-il, néanmoins, parce que cette veuve m'importune, je lui ferai justice, afin qu'elle ne vienne pas sans cesse me rompre la tête. » Pour sauver sa réputation et ne pas donner trop de publicité à son jugement partial, il rendit justice à cette femme persévérante.

« Le Seigneur ajouta : Entendez ce que dit le juge inique. Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-il à leur égard? Je vous le dis, il leur fera promptement justice. » Jésus établit ici un contraste frappant entre le juge inique et Dieu. L'homme de loi ne cède aux instances de la veuve que par égoïsme, pour assurer sa tranquillité. Il n'éprouve aucune pitié pour elle, sa misère le laisse insensible. Comme l'attitude de Dieu à l'égard de ceux qui le cherchent est différente! C'est avec une compassion infinie qu'il écoute les appels des nécessiteux et des affligés.

Veuve, sans amis, cette pauvre femme n'avait pas les moyens de redresser sa situation matérielle. De même, par le péché, l'homme a perdu tout contact avec Dieu, et ne peut se sauver tout seul; mais par Jésus-Christ, l'accès auprès du Père lui est assuré. Dieu chérit particulièrement ses élus. Il les a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière pour qu'ils publient sa louange et brillent comme des phares au milieu des ténèbres de ce monde. Le juge inique ne portait aucun intérêt à cette pauvre veuve qui l'importunait pour obtenir justice; cependant, pour se soustraire à ses supplications pitoyables, il prêta l'oreille à sa cause et la délivra de ses adversaires. Mais Dieu aime ses enfants d'un amour infini. Ce qu'il a de plus cher sur la terre, c'est son Église.

« Car la portion de l'Éternel, c'est son peuple, Jacob est la part de son héritage. Il l'a trouvé dans une contrée déserte, dans une solitude aux effroyables hurlements ; il l'a entouré, il en a pris soin, il l'a gardé comme la prunelle de son oeil. » « Car ainsi parle l'Éternel des armées : Après cela viendra la gloire! Il m'a envoyé vers les nations qui vous ont dépouillés; car celui qui vous touche, touche la prunelle de son oeil. » (Deutéronome 32:9,10Zacharie 2:8)

La requête de la veuve : « Fais-moi justice de ma partie adverse » représente les prières des enfants de Dieu. Satan est leur grand adversaire, l'« accusateur des frères » (Apocalypse 12:10), celui qui les accuse jour et nuit devant Dieu. Son oeuvre ne consiste qu'à dénaturer et attaquer, à séduire et détruire l'Église de Dieu. Par cette parabole, le Seigneur enseigne à ses disciples qu'ils doivent prier pour être délivrés de la puissance de Satan et de ses suppôts.

Le prophète Zacharie nous montre Satan accusant le peuple de Dieu, et le Christ prenant sa défense. Voici ce que dit le prophète : « Il me fit voir Josué, le souverain sacrificateur, debout devant l'ange de l'Éternel, et Satan qui se tenait à sa droite pour l'accuser. L'Éternel dit à Satan : Que l'Éternel te réprime, Satan que l'Éternel te réprime, lui qui a choisi Jérusalem! N'est-ce pas là un tison arraché du feu? Or Josué était couvert de vêtements sales, et il se tenait debout devant l'ange. » (Zacharie 3:1-3)

Le peuple de Dieu est ici représenté comme un criminel à la barre des accusés. Josué, en qualité de souverain sacrificateur, demande une bénédiction en faveur de son peuple qui se trouve dans une grande affliction. Tandis qu'il plaide devant Dieu, Satan se tient à sa droite comme son adversaire. Il accuse les enfants de Dieu et s'efforce de faire paraître leur cas aussi désespéré que possible. Il étale devant l'Éternel leurs mauvaises actions et leurs défauts. Il tente de les montrer sous un jour tel que le Christ soit amené à leur refuser l'assistance dont ils ont un si pressant besoin. Josué les représente devant Dieu : recouvert de vêtements sales, il tombe sous le coup de la condamnation. Conscient des péchés de son peuple, il sombre dans un profond découragement. Satan fait peser sur lui un tel sentiment de culpabilité qu'il en est presque réduit au désespoir. Mais, malgré l'opposition acharnée de Satan, il n'en demeure pas moins dans l'attitude d'un suppliant.

Satan a inauguré son rôle d'accusateur dans le ciel; il l'assume également sur la terre depuis la chute de l'homme et s'y applique d'autant plus que nous approchons de la fin de ce monde. Il sait qu'il a peu de temps et il redouble d'ardeur dans son oeuvre de séduction et de destruction. Il ne peut supporter de voir sur la terre ce peuple qui, même dans ses faiblesses et ses égarements, rend hommage à la loi de l'Éternel. Il tient absolument à le faire désobéir. Il se réjouit de son indignité, et il tend des pièges pour séduire chacune de ces âmes et l'éloigner du Seigneur. Il cherche toutes les occasions d'accuser, de condamner Dieu et tous ceux qui poursuivent ici-bas son oeuvre de miséricorde et d'amour, de compassion et de pardon.

Toute manifestation de la puissance de Dieu à l'égard de son peuple excite l'inimitié de Satan et de ses démons, qui redoublent alors d'efforts pour assurer sa ruine. Il est jaloux de tous ceux qui puisent leur force en Christ. Son but est d'induire les hommes au mal et, quand il a réussi, il rejette tout le blâme sur ceux qui sont tentés. Il montre leurs vêtements souillés : leurs défauts de caractère, leur faiblesse, leur folie, leur ingratitude, leur manque de ressemblance avec le Rédempteur qu'ils ont ainsi déshonoré. Il avance tout cela pour prouver qu'il est dans son droit quand il réclame leur destruction. Il s'efforce de les terrifier en présentant leur cas comme désespéré, en leur faisant croire que rien ne pourra jamais ôter leurs souillures. Il espère ainsi détruire leur foi au point qu'ils céderont à ses tentations et se détourneront de Dieu.

Le peuple de Dieu est incapable de répondre aux accusations de Satan. S'il regardait à lui-même, il serait voué au désespoir; mais il en appelle au divin Avocat, il se réclame des mérites de son Rédempteur. Dieu peut être « juste, tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus » (Romains 3:26). Avec confiance, le peuple de Dieu crie à lui pour réduire au silence les accusations de Satan et déjouer ses pièges : « Fais-moi justice de ma partie adverse », dit-il ; et, fort de l'irréfutable argument de la croix, le Christ fait taire l'accusateur téméraire.

« L'Éternel dit : « Satan : Que l'Éternel te réprime, Satan! que l'Éternel te réprime, lui qui a choisi Jérusalem. N'est-ce pas là un tison arraché du feu? » (Zacharie 3:2) Quand Satan cherche à noircir et à perdre les enfants de Dieu, le Christ s'interpose. N'a-t-il pas pris sur lui leurs péchés, n'a-t-il pas arraché du mal la race humaine comme un tison du feu? Uni à l'homme par sa nature humaine, par sa nature divine il est un avec le Dieu infini. Il met la délivrance à la portée de ceux qui périssent. L'adversaire est confondu.

« Or Josué était couvert de vêtements sales, et il se tenait debout devant l'ange. L'ange, prenant la parole, dit à ceux qui étaient devant lui : Ôtez-lui les vêtements sales! Puis il dit à Josué : Vois, je t'enlève ton iniquité, et je te revêts d'habits de fête. Je dis : Qu'on mette sur sa tête un turban pur! Et ils mirent un turban pur sur sa tête, et ils lui mirent des vêtements. » Avec une autorité reçue de l'Éternel des armées, l'ange prit alors un engagement solennel à l'égard de Josué, représentant du peuple de Dieu : « Si tu marches dans mes voies et si tu observes mes ordres, tu jugeras ma maison et tu garderas mes parvis, et je te donnerai libre accès parmi ceux qui sont ici. (Zacharie 3:3-7) ― parmi les anges qui entourent le trône de Dieu. »

Malgré les lacunes des siens, le Christ ne leur en témoigne pas moins sa sollicitude. Il a le pouvoir de changer leurs vêtements souillés et de donner la robe de sa propre justice à ceux qui se repentent et qui croient. En face de leur nom inscrit sur les registres du ciel, il met la mention : « Pardonné. » Il déclare, en présence de tout l'univers, qu'ils lui appartiennent, et il montre en la personne de Satan l'accusateur et le séducteur. Dieu fera justice à ses élus.

La prière : « Fais-moi justice de ma partie adverse » ne s'applique pas seulement à Satan, mais encore à ceux qu'il pousse à calomnier, à tenter et à détruire le peuple de Dieu. Ceux qui ont décidé d'obéir aux commandements du Seigneur savent par expérience qu'ils ont des ennemis dirigés par une puissance maléfique, ceux-là même qui assaillirent le Christ pas à pas avec un acharnement et une persévérance que nul être humain ne peut soupçonner. Comme leur divin Maître, les vrais chrétiens sont harcelés par de continuelles tentations.

Les Écritures exposent la situation du monde à la veille de la seconde venue du Christ. L'apôtre Jacques, notamment, dépeint le lucre et l'oppression qui doivent prévaloir à cette époque : « À vous maintenant, riches! ... Vous avez amassé des trésors dans les derniers jours! Voici, le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie, et les cris des moissonneurs sont parvenus jusqu'aux oreilles du Seigneur des armées. Vous avez vécu sur la terre dans les voluptés et dans les délices, vous avez rassasié vos coeurs au jour du carnage. Vous avez condamné, vous avez tué le juste, qui ne vous a pas résisté. » (Jacques 5:1-6) Voilà le tableau des conditions dans lesquelles nous vivons aujourd'hui. Par toute espèce d'oppressions et d'extorsions, des hommes amassent des fortunes colossales pendant que les affamés crient à Dieu leur misère.

« La délivrance s'est retirée, et le salut se tient éloigné; car la vérité trébuche sur la place publique, et la droiture ne peut approcher. La vérité a disparu, et celui qui s'éloigne du mal est dépouillé. » (Ésaïe 59:14,15) Ces paroles s'accomplirent dans la vie du Christ. Il observa les commandements de son Père, mettant de côté les traditions et les coutumes par lesquelles les hommes les avaient remplacés. C'est pourquoi il fut haï et persécuté. Cette histoire n'a cessé de se répéter. Les hommes ont substitué leurs préceptes à la loi de Dieu, et ceux qui veulent rester fidèles au Seigneur souffrent l'opprobre et la persécution. À cause de son obéissance, le Christ fut accusé de blasphème et de violation du sabbat. On déclara qu'il était possédé d'un esprit malin et qu'il incarnait Béelzébul. La même accusation atteint aujourd'hui ses disciples. Satan espère ainsi les faire tomber dans le péché et les amener à déshonorer Dieu.

Le caractère du juge inique, qui ne craignait pas Dieu et n'avait d'égards pour personne, révélait quelle sorte de jugement on préparait alors contre Jésus et comment les événements se dérouleraient au cours de son procès. Le Seigneur désire que ses disciples de tous les temps se rendent compte que l'on ne peut guère avoir confiance, à l'heure de l'épreuve, dans les chefs d'État et les juges de la terre. Les enfants de Dieu sont souvent appelés à se présenter devant des hommes haut placés qui suivent, non les conseils de la Bible, mais leurs impulsions profanes et indisciplinées.

Dans la parabole du juge inique, le Christ nous montre quelle attitude nous devons adopter. « Ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit? » Jésus est notre exemple, lui qui ne fit rien pour revendiquer ses droits ou se délivrer lui-même. Il remit sa cause entre les mains de Dieu. De même, ses disciples ne doivent ni accuser, ni condamner, ni recourir à la force pour se tirer d'affaire.

Si des épreuves inexplicables surviennent, il ne faut pas qu'elles nous ravissent notre paix intérieure. Quelque injuste que soit la façon dont nous pourrons être traités, ne nous laissons pas aller à la colère. En nourrissant un esprit de vengeance, nous nous nuisons à nous-mêmes, nous perdons notre confiance en Dieu et nous attristons le Saint-Esprit. Auprès de nous se tient un témoin, un messager céleste, qui élèvera en notre faveur un étendard contre l'ennemi. Il nous couvrira des rayons éclatants du Soleil de justice. Ainsi, Satan, qui ne peut franchir ce bouclier lumineux, ne nous atteindra pas.

L'humanité s'enlisant de plus en plus dans le mal, aucun d'entre nous ne peut prétendre qu'il n'aura jamais de difficultés. Ce sont précisément elles qui nous amènent à pénétrer dans la salle d'audience du Très-Haut, où nous pouvons recevoir les conseils de celui qui est infini en sagesse.

Le Seigneur nous dit : « Invoque-moi au jour de la détresse. » (Psaume 50:15) Il nous invite à l'implorer avec zèle et à lui confier notre perplexité, notre dénuement et le besoin que nous éprouvons de recevoir son aide. Dès que surviennent les difficultés, présentons-lui nos requêtes avec ferveur. Par l'importunité de nos prières, nous démontrerons que nous avons pleine confiance en lui. Le sentiment de notre indigence nous incite à prier ardemment, et notre Père céleste est ému par nos supplications.

Ceux qui souffrent la persécution pour leur foi sont souvent tentés de se croire délaissés de Dieu. À vues humaines, ils constituent une minorité, et selon toute apparence leurs adversaires triomphent. Qu'ils ne soient pas troublés dans leur conscience, car celui qui a souffert pour eux et qui s'est chargé de leurs afflictions et de leurs douleurs ne les a pas abandonnés.

Les enfants de Dieu ne sont pas laissés seuls et sans défense; la prière permet à la Toute-Puissance d'agir en notre faveur. Grâce à elle, des hommes « vainquirent des royaumes, exercèrent la justice, obtinrent des promesses, fermèrent la gueule des lions, éteignirent la puissance du feu » ― nous saurons ce que cela veut dire en lisant le récit de la vie des martyrs ―, « mirent en fuite des armées étrangères » (Hébreux 11:33,34).

Si nous consacrons nos vies au service de Dieu, nous ne serons jamais placés dans une situation telle qu'il ne puisse nous secourir. Quelle que soit notre position, nous avons un guide pour nous montrer le chemin; quelles que soient nos perplexités, nous avons un conseiller avisé ; quels que soient nos chagrins, nos deuils, notre solitude, nous avons un ami compatissant. Si, dans notre ignorance, nous faisons un faux pas, le Christ nous relèvera; sa voix claire et distincte se fera entendre : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. » (Jean 14:6) « Il délivrera le pauvre qui crie, et le malheureux qui n'a point d'aide. » (Psaume 72:12)

Le Seigneur déclare qu'il sera honoré par ceux qui s'approchent de lui et le servent avec fidélité. « À celui qui est ferme dans ses sentiments tu assures la paix, la paix, parce qu'il se confie en toi. » (Ésaïe 26:3) Le bras du Tout-Puissant est étendu pour nous conduire toujours plus loin. En avant! dit le Seigneur, je vous enverrai du secours. C'est en mon nom que vous demandez, donc vous recevrez. Je serai honoré devant ceux qui attendent votre chute. Ils assisteront au triomphe de ma parole. « Tout ce que vous demanderez avec foi par la prière. vous le recevrez. » (Matthieu 21:22)

Que tous ceux qui sont affligés ou injustement traités crient à Dieu. Détournez-vous de ceux dont le coeur est dur comme l'acier, et présentez vos requêtes à votre Créateur. Il ne repousse jamais celui qui vient à lui avec un coeur contrit. Aucune prière sincère n'est laissée sans réponse. Du milieu des antiennes des choeurs angéliques, le Seigneur entend les supplications du plus faible d'entre nous. Quand nous lui exposons les désirs de nos coeurs dans le silence de notre chambre, ou quand nous murmurons une prière tout en cheminant, nos paroles atteignent le trône du Souverain de l'univers. Il est possible qu'aucune oreille humaine ne les entende, mais elles ne peuvent se perdre dans le vide ni passer inaperçues dans le tumulte de nos occupations quotidiennes. Rien ne peut étouffer les soupirs de l'âme; ils s'élèvent au-dessus du vacarme de la rue et de la confusion des foules jusqu'aux célestes parvis. C'est à Dieu que nous parlons, et il entend notre prière.

Si grand que soit le sentiment de votre indignité, n'hésitez pas à remettre votre cause entre les mains de Dieu. Quand il s'est donné lui-même en Christ pour le péché du monde, il s'est chargé de la rédemption de toute âme humaine. « Lui, qui n'a point épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui? » (Romains 8:32) « N'accomplira-t-il pas les promesses miséricordieuses qu'il nous a laissées pour nous encourager et nous fortifier?

Le plus grand désir du Christ, c'est d'arracher son héritage à la domination de Satan. Mais il faut que la délivrance extérieure de la puissance du mal soit précédée d'une délivrance intérieure. Le Seigneur permet les épreuves, afin de nous purifier de la mondanité, de l'égoïsme, de la dureté, de tout trait de caractère qui n'est pas conforme à celui du Christ. Il permet que le torrent de l'affliction déferle sur nos âmes, afin que nous puissions le connaître, lui, le vrai Dieu, et Jésus-Christ qu'il a envoyé, afin que nous éprouvions le vif désir d'être débarrassés de toute souillure et que nous devenions plus purs, plus saints et plus heureux. Il nous arrive souvent d'entrer dans la fournaise de l'épreuve avec l'esprit obscurci par l'égoïsme; mais si, patiemment, nous la supportons, nous en sortirons en réfléchissant le caractère divin. Quand l'épreuve aura terminé son oeuvre, « il fera paraître [notre] justice comme la lumière, et [notre] droit comme le soleil à son midi » (Psaume 37:6).

Il n'y a pas lieu de craindre que le Seigneur reste sourd aux prières de ses enfants; il faut plutôt redouter que ceux-ci, dans la tentation et l'épreuve, ne se laissent aller au découragement et ne manquent de persévérance dans la prière.

Le Sauveur fit preuve d'une compassion divine à l'égard de la femme syro-phénicienne. Son coeur fut ému par sa détresse. Il désirait lui donner immédiatement l'assurance que sa requête était agréée, mais il voulait aussi donner une leçon à ses disciples. C'est pourquoi il parut, pendant un moment, rester insensible aux appels de cette âme affligée. Mais quand sa foi eut été manifestée aux yeux de tous, il lui adressa un éloge et lui accorda la faveur qu'elle avait sollicitée. Les disciples n'oublièrent jamais cette leçon, qui a été consignée dans le livre inspiré pour nous montrer la valeur d'une prière instante.

C'est le Christ lui-même qui mit au coeur de cette mère une persévérance à tout épreuve; c'est lui qui donna à la pauvre veuve le courage et la détermination nécessaires pour affronter le juge. C'est aussi le Christ qui, des siècles auparavant, au cours de la lutte mystérieuse près du torrent de Jabbok, avait insufflé à Jacob la même assiduité dans sa foi. Aussi récompensa-t-il la confiance qu'il avait lui-même inspirée.

Celui qui demeure dans le sanctuaire céleste exerce la justice avec équité. Il se plaît davantage en compagnie de ses enfants aux prises avec la tentation dans un monde de péché qu'en compagnie des armées angéliques entourant son trône.

Le ciel tout entier porte le plus grand intérêt à notre minuscule planète, parce que le Christ a payé un prix infini pour le salut de ses habitants. Le Rédempteur a uni le ciel à la terre, demeure de ses rachetés, par le ministère de créatures intelligentes. Les êtres célestes nous visitent encore, comme au temps où ils marchaient et s'entretenaient avec Abraham et Moïse. Au milieu des activités fébriles de nos grandes cités, parmi la foule de nos quartiers industriels et commerçants, là où du matin au soir on se comporte comme si les affaires, le sport et les plaisirs devaient remplir la vie entière, là ou ceux qui contemplent les réalités invisibles sont si peu nombreux, là même, le ciel a encore ses sentinelles et ses saints. Il s'y trouve des agents invisibles qui enregistrent toutes les paroles et les actions des hommes. Dans toute assemblée qui a pour objet les affaires ou les loisirs, dans toute congrégation réunie pour le culte, il y a plus d'auditeurs que les regards humains ne peuvent en discerner. Parfois, ces êtres célestes lèvent le voile qui cache le monde invisible pour que nous détournions nos pensées de notre vie fiévreuse et considérions que nos paroles et nos actes sont enregistrés par des témoins qui échappent à notre vue.

Nous avons besoin de mieux comprendre la mission des anges. Souvenons-nous que, dans tout ce que nous faisons, nous jouissons de leur coopération et sommes les objets de leur sollicitude. Des armées invisibles, puissantes et lumineuses sont au service des doux et des humbles qui croient aux promesses divines et qui s'en réclament. Les chérubins, les séraphins et les anges qui excellent en force ― des myriades de myriades et des milliers de milliers ― se tiennent à la droite de l'Éternel. Tous sont « des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut » (Hébreux 1:14).

Ces messagers établissent un rapport fidèle des paroles et des actions de chaque être humain. Tout acte de cruauté ou d'injustice envers le peuple du Seigneur, toutes les souffrances que lui font endurer des partisans du mal, tout est fidèlement inscrit sur les registres du ciel.

« Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-il à leur égard? Je vous le dis, il leur fera promptement justice. »

« N'abandonnez donc pas votre assurance, à laquelle est attachée une grande rémunération. Car vous avez besoin de persévérance, afin qu'après avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. Encore un peu, un peu de temps : celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas. » (Hébreux 10:35-37) « Soyez donc patients, frères, jusqu'à l'avènement du Seigneur. Voici, le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu'à ce qu'il ait reçu les pluies de la première et de l'arrière-saison. Vous aussi, soyez patients, affermissez vos coeurs, car l'avènement du Seigneur est proche. » (Jacques 5:7,8)

La patience de Dieu est merveilleuse. La justice attend longtemps pendant que la miséricorde plaide avec le pécheur. « La justice et l'équité sont la base de son trône. » (Psaume 97:2) « L'Éternel est lent à la colère », mais il est grand par sa force; il ne laisse pas impuni. L'Éternel marche dans la tempête, dans le tourbillon; les nuées sont la poussière de ses pieds. » (Nahum 1:3)

Le monde s'est enhardi dans la transgression de la loi de Dieu. Parce que le Seigneur use de patience, certains ont foulé aux pieds son autorité. Ils se sont fortifiés les uns les autres dans la cruauté et dans l'oppression contre son héritage, en disant : « Comment Dieu saurait-il, comment le Très-Haut connaîtrait-il? » (Psaume 73:11) Mais il y a une limite qu'ils ne peuvent franchir. Le temps est proche où ils l'auront atteinte. Maintenant déjà, ils ont presque dépassé les bornes de la longanimité, de la grâce et de la miséricorde divines. Le Seigneur viendra venger son honneur bafoué, délivrer son peuple, et arrêter ces flots d'impiété.

Aux jours de Noé, les hommes s'étaient à tel point détournés de la loi divine que le souvenir du Créateur avait presque disparu de la terre. Leur iniquité était si considérable que Dieu dut les détruire par le déluge.

D'une génération à l'autre, il fit connaître ses voies. En temps de crise, il se révélait lui-même et intervenait pour déjouer les plans de Satan. Il permit souvent qu'on en arrive à un point critique au niveau des nations, des familles ou des individus, afin que son intervention soit manifeste. Il montrait alors qu'il y avait en Israël un Dieu qui maintenait sa loi et défendait les droits de son peuple.

Aujourd'hui, tandis que l'iniquité abonde de toutes parts, on peut être certain que la grande crise finale est imminente. Quand le mépris de sa loi sera devenu presque universel et que ses enfants seront opprimés et affligés par leurs compagnons, le Seigneur interviendra.

Le temps n'est pas éloigné où il dira : « Va, mon peuple, entre dans ta chambre, et ferme la porte derrière toi; cache-toi pour quelques instants, jusqu'à ce que la colère soit passée. Car voici, l'Éternel sort de sa demeure, pour punir les crimes des habitants de la terre; et la terre mettra le sang à nu, elle ne couvrira plus les meurtres. » (Ésaïe 26:20,21) Des hommes qui se disent chrétiens peuvent tromper et opprimer le pauvre, dépouiller la veuve et l'orphelin, donner libre cours à leur rage satanique parce qu'ils ne parviennent pas à dominer sur la conscience des enfants de Dieu; mais pour toutes ces choses, le Seigneur les fera venir en jugement. Ce jugement sera « sans miséricorde » pour ceux qui n'ont « pas fait miséricorde » (Jacques 2:13). Bientôt, ils devront comparaître devant le juge de toute la terre pour rendre compte des souffrances physiques et morales qu'ils ont infligées à son peuple. Aujourd'hui, ils peuvent se livrer à de fausses accusations, ridiculiser ceux qui ont reçu la mission d'accomplir l'oeuvre de Dieu, faire emprisonner les croyants, les condamner aux travaux forcés, à la déportation et à la mort; mais ils devront répondre de toutes les angoisses, de toutes les larmes dont ils auront été la cause. Ils recevront le double de tous leurs péchés. En parlant de Babylone, figure de l'Église apostate, le Seigneur dit à ceux qui exécutent ses jugements : « Ses péchés se sont accumulés jusqu'au ciel, et Dieu s'est souvenu de ses iniquités. Payez-la comme elle a payé, rendez-lui au double selon ses oeuvres. Dans la coupe où elle a versé, versez-lui au double. » (Apocalypse 18:5,6)

De l'Inde, de l'Afrique, de la Chine, des îles et des pays prétendus chrétiens avec leurs millions d'opprimés, le cri des misères humaines monte jusqu'à Dieu. Ce cri ne tardera pas à recevoir une réponse. L'Éternel purifiera la terre de la corruption morale, non par un déluge d'eau comme au temps de Noé, mais par un déluge de feu que personne ne pourra éteindre.

« Ce sera une époque de détresse, telle qu'il n'y en a point eu depuis que les nations existent jusqu'à cette époque. En ce temps-là, ceux de ton peuple qui seront trouvés inscrits dans le livre seront sauvés. » (Daniel 12:1)

Le Christ rassemblera les siens. Il les fera sortir des mansardes, des masures, des prisons, des montagnes, des déserts, des antres de la terre et des profondeurs de la mer. Sur la terre, ils ont été dénués de tout, affligés et tourmentés. Des millions sont descendus dans la tombe, couverts d'infamie, parce qu'ils avaient résisté aux séductions de Satan. Ils ont été condamnés par les tribunaux comme les plus vils des criminels. Mais l'heure approche où l'on verra que « c'est Dieu qui est juge » (Psaume 50:6). Alors les sentences de la terre seront révoquées. « Il fait disparaître de toute la terre l'opprobre de son peuple. » Chaque enfant de Dieu sera revêtu d'un vêtement blanc. « On les appellera peuple saint, rachetés de l'Éternel. » (Ésaïe 25:8Apocalypse 6:11Ésaïe 62:12)

Quels que soient les fardeaux qu'ils aient dû porter, les dommages qu'ils aient dû subir, les persécutions qui leur aient été infligées, allant même jusqu'au martyre, les enfants de Dieu seront amplement récompensés. Ils « le serviront et verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. » (Apocalypse 22:3,4

Les paraboles de Jésus

Chapitre 15

Cet homme accueille les gens de mauvaise vie

Lorsque « les publicains et les gens de mauvaise vie » se groupaient autour du Christ, les rabbins manifestaient leur réprobation en disant : « Cet homme accueille des gens de mauvaise vie, et mange avec eux. » (Luc 15:2)

Ils insinuaient ainsi que le Christ se plaisait au milieu des pécheurs et des pervers et que leur iniquité le laissait indifférent. Jésus décevait les rabbins. Pourquoi cet homme qui avait de si hautes prétentions ne recherchait-il pas leur société et ne suivait-il pas leur mode d'enseignement? Pourquoi était-il si simple et travaillait-il parmi toutes les classes de la société? S'il était véritablement prophète, disaient-ils, il serait en accord avec eux et il traiterait les publicains et les pécheurs avec l'indifférence qu'ils méritent. Ces gardiens de la société étaient irrités de voir celui avec lequel ils contestaient sans cesse et dont la pureté les condamnait, montrer tant de sympathie pour ces parias. Ils désapprouvaient ses méthodes, parce qu'ils se croyaient instruits, distingués et éminemment religieux; mais l'exemple du Christ dévoilait leurs sentiments égoïstes.

Ils s'exaspéraient aussi en voyant ceux qui méprisaient les rabbins et qui ne se rendaient jamais à la synagogue se presser autour de Jésus et écouter ses paroles avec ravissement. Puisque les scribes et les pharisiens se sentaient condamnés en présence d'un être aussi pur, comment les publicains et les gens de mauvaise vie pouvaient-ils être attirés par lui?

Ils ne se doutaient pas que la réponse à cette question se trouvait dans les paroles accusatrices et dédaigneuses qu'ils avaient prononcées : « Cet homme accueille des gens de mauvaise vie. » Ceux qui venaient à Jésus découvraient auprès de lui l'espoir d'être eux aussi retirés de l'abîme du péché. Alors que les pharisiens les méprisaient et les condamnaient, le Christ accueillait ces pécheurs comme des enfants de Dieu, égarés loin de la maison paternelle, mais présents dans le coeur du Père. Leur misère le poussait à les aimer encore davantage. Plus ils étaient éloignés de lui, plus il désirait les ramener à la bergerie, et plus grand était le sacrifice auquel il consentait en leur faveur.

Les docteurs de la loi auraient pu apprendre tout cela dans les rouleaux sacrés dont ils se glorifiaient d'être les gardiens et les interprètes. David, qui avait commis une grande faute, n'avait-il pas écrit lui-même : « Je suis errant comme une brebis perdue : cherche ton serviteur » (Psaume 119:176)? Michée n'avait-il pas révélé l'amour de Dieu pour le pécheur quand il écrivait : « Quel Dieu est semblable à toi, qui pardonnes l'iniquité, qui oublies les péchés du reste de ton héritage? Il ne garde pas sa colère à toujours, car il prend plaisir à la miséricorde? » (Michée 7:18)

La brebis perdue

Le Christ ne rappelle pas maintenant à ses auditeurs les paroles de l'Écriture, mais il a recours au témoignage de leur expérience. Les grands plateaux qui s'étendaient à l'est du Jourdain fournissaient de riches pâturages pour les troupeaux, et de nombreuses brebis égarées avaient erré dans leurs gorges et sur leurs collines boisées. Grâce à la sollicitude des bergers, elles avaient été retrouvées et ramenées à la bergerie. Parmi les auditeurs de Jésus, il y avait non seulement des bergers mais aussi des hommes qui avaient investi de l'argent dans des troupeaux, de sorte que tous pouvaient comprendre sa comparaison : « Quel homme d'entre vous, s'il a cent brebis, et qu'il en perde une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller après celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il la trouve? » (Luc 15:4)

Ces âmes que vous méprisez, déclare Jésus, sont la propriété de Dieu. Elles lui appartiennent par droit de création et de rédemption, et elles ont une grande valeur à ses yeux. De même que le berger aime ses brebis et ne prend aucun repos tant qu'il lui en manque une, de même aussi, à un degré infiniment supérieur, le Seigneur aime toute âme réprouvée. On peut méconnaître son amour, s'éloigner de lui et choisir un autre maître, cependant on n'en reste pas moins la propriété de Dieu, et il désire retrouver ce qu'il a perdu. « Comme un pasteur inspecte son troupeau quand il est au milieu de ses brebis éparses, ainsi je ferai la revue de mes brebis, et je les recueillerai de tous les lieux où elles ont été dispersées au jour des nuages et de l'obscurité. » (Ézéchiel 34:12), déclare-t-il.

Dans la parabole, le berger part à la recherche d'une seule brebis, le plus petit nombre que l'on puisse énoncer; cela prouve que s'il n'y avait eu sur la terre qu'une seule âme à sauver, Jésus serait mort pour elle.

La brebis qui s'est égarée est la plus malheureuse de toutes les créatures. Le berger doit partir à sa recherche, car elle ne saurait rentrer toute seule à la bergerie. Il en est ainsi de celui qui s'est éloigné de Dieu; il est aussi misérable que la brebis perdue, car sans le secours de l'amour divin, jamais il ne pourrait revenir à Dieu.

Le berger qui découvre l'absence d'une brebis ne se contente pas de regarder nonchalamment son troupeau en disant : « Après tout, il m'en reste encore quatre-vingt-dix-neuf, et ce serait trop pénible d'aller à la recherche de celle qui manque à l'appel. Qu'elle revienne, et je lui ouvrirai la porte du bercail. » Non, dès qu'il s'aperçoit qu'il manque une brebis, il est saisi d'angoisse et de tristesse; il se met à compter et à recompter son troupeau. Quand il est sûr de sa disparition, au lieu de s'endormir, il laisse les quatre-vingt-dix-neuf bêtes dans la bergerie pour aller à la recherche de celle qui s'est égarée. Plus la nuit est sombre et orageuse et plus les sentiers sont dangereux, plus grande est la sollicitude du berger et plus actives sont ses recherches. Il fait l'impossible jusqu'à ce qu'il ait trouvé sa brebis égarée.

Quel soulagement n'éprouve-t-il pas quand il entend au loin son bêlement plaintif ! Guidé par le son, il gravit les pentes les plus escarpées ; il va jusqu'au bord du précipice, au péril de sa vie. Il continue ses recherches tandis que les cris de plus en plus faibles de la brebis lui font comprendre qu'elle va mourir. Enfin, ses efforts sont couronnés de succès. La brebis perdue est retrouvée. Il ne lui reproche pas de lui avoir causé tant de soucis et de fatigue. Il ne la chasse pas devant lui avec un fouet. IL n'a même pas l'idée de la conduire à la bergerie; mais, dans sa joie, il la charge toute tremblante sur ses épaules. Si elle est meurtrie et blessée, il la prend dans ses bras, la presse et la réchauffe sur son coeur pour lui redonner la vie, et, heureux que ses peines n'aient pas été vaines, il la ramène au bercail.

Remercions Dieu de ne pas nous avoir présenté ici le tableau douloureux d'un berger rejoignant son troupeau sans sa brebis. La parabole ne nous parle pas d'un échec, mais d'un succès et de la joie qu'en éprouve le berger. Par cet exemple, le Seigneur nous donne l'assurance qu'aucune brebis égarée ne sera abandonnée à son triste sort, et qu'il retirera du précipice de la corruption et des ronces du péché quiconque désire être sauvé.

Quelle que soit la gravité de ta faute, reprends courage, toi qui es abattu. Ne pense pas que peut-être Dieu pardonnera tes transgressions et te permettra de venir en sa présence. C'est lui qui a fait les premiers pas. Alors que tu étais révolté contre lui, il t'a cherché; le coeur attendri comme un berger, il a laissé les quatre-vingt-dix-neuf brebis en sécurité et s'est enfoncé dans le désert à la recherche de celle qui était perdue. Avec amour, il serre dans ses bras l'âme meurtrie, blessée, sur le point de mourir, et c'est avec joie qu'il la rapporte au bercail où elle sera en sûreté.

Les Juifs enseignaient que Dieu ne manifestait son amour au pécheur que lorsque celui-ci se repentait de ses fautes. À leurs yeux, la repentance était une oeuvre par laquelle on gagnait la faveur du ciel. C'est précisément cette pensée qui poussa les pharisiens étonnés et irrités à s'écrier : « Cet homme accueille des gens de mauvaise vie. » Selon eux, le Christ n'aurait dû se laisser approcher que de ceux qui s'étaient repentis. Or, dans la parabole de la brebis perdue, le Sauveur nous enseigne que nous ne sommes pas sauvés parce que nous avons cherché Dieu, mais parce que Dieu nous a cherchés. Nul n'est intelligent, nul ne cherche Dieu; tous sont égarés, tous sont pervertis. » (Romains 3:11) Nous ne nous repentons pas pour que Dieu nous aime, mais il nous révèle son amour pour que nous puissions nous repentir.

Quand la brebis égarée est enfin rentrée au bercail, le berger exprime sa reconnaissance par des chants de joie. Il invite ses voisins et ses amis en leur disant : « Réjouissez-vous avec moi, car j'ai trouvé ma brebis qui était perdue. » (Luc 15:6) De même aussi, quand une âme est ramenée au bercail par le grand pasteur des brebis, le ciel et la terre s'unissent dans un concert d'actions de grâces et de louanges.

« Il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance. » (Luc 15:7) Vous, pharisiens, dit le Christ, vous vous considérez comme les favoris du ciel, vous vous croyez en sécurité à l'abri de votre propre justice. Sachez donc que si vous n'avez pas besoin de repentance, ma mission ne vous concerne pas. Les âmes qui ont le sentiment de leur pauvreté et de leur péché, voilà celles que je suis venu secourir. Les anges du ciel s'intéressent à ces êtres perdus que vous méprisez. Vous vous plaignez et vous vous moquez lorsqu'une de ces âmes vient à moi, mais sachez que les anges du ciel s'en réjouissent et que des chants de triomphe se font entendre dans les cours célestes.

Les rabbins prétendaient que le ciel était dans la joie quand un pécheur était anéanti. Mais Jésus enseignait que l'oeuvre de la destruction est étrangère aux desseins de Dieu. Ce qui réjouit le ciel tout entier, c'est la restauration de l'image de Dieu dans ses créatures.

Quand une personne qui s'est plongée dans le péché cherche à revenir à Dieu, elle rencontre la critique et la méfiance. Certains mettent en doute la sincérité de sa repentance ou chuchotent : « Il n'est pas stable, il ne persévérera pas. » Ces gens-là ne font pas l'oeuvre de Dieu mais celle de Satan, l'accusateur des frères. Par leurs critiques, le malin espère décourager cette âme et l'éloigner encore davantage du Seigneur. Que le pécheur repentant contemple les réjouissances célestes qui éclatent lors du retour d'une âme perdue. Qu'il se repose sur l'amour divin et qu'il ne se laisse jamais abattre par le mépris et la suspicion des pharisiens.

Les rabbins comprirent que la parabole s'appliquait aux publicains et aux pécheurs; mais elle a également une signification plus large. La brebis perdue ne représente pas seulement le pécheur en tant qu'individu, mais aussi le monde apostat, ruiné par le péché. La terre n'est qu'un atome dans le vaste univers sur lequel Dieu règne. Cependant, cette petite planète rebelle, brebis égarée, est plus précieuse à ses yeux que les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont jamais éloignées de sa bergerie. Le Christ, chef adoré des armées célestes, abandonna sa haute position et la gloire dont il jouissait auprès du Père pour sauver l'humanité perdue. Pour cela, il quitta les mondes qui n'avaient pas péché, les quatre-vingt-dix-neuf brebis qui l'aimaient, et il descendit ici-bas pour être « blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités » (Ésaïe 53:5). Dieu s'est donné lui-même dans la personne de son Fils, afin d'avoir la joie d'accueillir à nouveau la brebis égarée.

« Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu! » « Comme tu m'as envoyé dans le monde, dit Jésus, je les ai aussi envoyés dans le monde. » -- afin de « compléter ce qui manque encore aux souffrances du Christ pour son corps, qui est l'Église » (1 Jean 3:1Jean 17:18Colossiens 1:24, version français courant). Toute âme que le Christ a sauvée est appelée à travailler en son nom au salut de ceux qui se perdent. Cette tâche avait été négligée en Israël; mais n'est-elle pas aussi délaissée aujourd'hui par ceux qui se déclarent disciples de Jésus-Christ?

Combien d'égarés, lecteur, as-tu cherchés et ramenés au bercail? En t'écartant de ceux que tu juges peu intéressants, te rends-tu compte que tu négliges des âmes que le Seigneur recherche? C'est peut-être au moment où elles ont le plus grand besoin de ta compassion que tu te détournes d'elles. Dans toutes les églises, il y a des personnes qui aspirent au repos et à la paix. Elles peuvent paraître indifférentes, mais elles ne sont pas insensibles à l'influence du Saint-Esprit, et bon nombre d'entre elles pourraient être gagnées au Sauveur.

Si la brebis perdue n'est pas ramenée au bercail, elle erre jusqu'à ce qu'elle périsse. Beaucoup vont à la ruine parce que personne ne leur a tendu une main secourable pour les sauver. Ces égarés peuvent paraître endurcis, mais s'ils avaient reçu les mêmes avantages que d'autres, ils auraient peut-être révélé plus de grandeur d'âme et plus de talents qu'eux. Les anges, émus de compassion pour ces pécheurs, pleurent alors que les yeux des hommes restent secs et que leurs coeurs sont fermés à la pitié.

Oh! qu'elle est rare, la sympathie profonde et communicative pour ceux qui sont tentés et qui se perdent! Oh! combien il importe que l'Esprit du Christ occupe en nous une plus grande place et que le moi disparaisse!

Les pharisiens se virent censurés par la parabole de la brebis perdue. Au lieu de s'attarder aux critiques qu'ils faisaient sur sa mission, Jésus avait condamné le mépris et l'abandon dans lesquels ils laissaient les publicains et les pécheurs. Il ne l'avait pas fait ouvertement, de peur de fermer leurs coeurs à la vérité. La parabole leur montrait toutefois ce que Dieu attendait d'eux et ce qu'ils avaient négligé. S'ils avaient été de vrais bergers, ces conducteurs en Israël auraient fait l'oeuvre des bergers. Ils auraient manifesté la miséricorde et l'amour du Christ, et se seraient unis à lui dans sa mission. Leur refus de le faire révélait le caractère hypocrite de leur piété. Plusieurs repoussèrent les reproches du Christ. Il y en eut cependant qui furent convaincus par ses paroles. Après l'ascension du Sauveur, ces derniers reçurent le Saint-Esprit et se joignirent aux disciples pour accomplir l'oeuvre évoquée dans la parabole de la brebis perdue.

La drachme perdue

Après la parabole de la brebis perdue, Jésus proposa la suivante : « Quelle femme, si elle a dix drachmes, et qu'elle en perde une, n'allume une lampe, ne balaie la maison, et ne cherche avec soin, jusqu'à ce qu'elle la trouve? » (Luc 15:8)

En Orient, la demeure du pauvre ne comprenait en général qu'une seule pièce, le plus souvent sombre et sans fenêtres. Elle était rarement nettoyée, et si une pièce de monnaie tombait à terre, elle était aussitôt recouverte de poussière et de détritus. Pour la retrouver, même en plein jour, il fallait allumer une lampe et balayer la maison avec soin.

La dot des femmes consistait d'ordinaire en pièces d'argent qu'elles conservaient jalousement comme leur plus précieux trésor pour les transmettre à leurs filles. C'est pourquoi la perte de l'une de ces pièces était considérée comme un grand malheur. La retrouver était une occasion de réjouissances auxquelles les voisines s'associaient volontiers.

« Lorsqu'elle l'a trouvée, dit le Christ, elle appelle ses amies et ses voisines, et dit : Réjouissez-vous avec moi, car j'ai trouvé la drachme que j'avais perdue. De même, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent. » (Luc 15:9,10)

Comme la précédente, cette parabole nous parle d'un objet perdu que l'on recherche avec soin, et du plaisir qu'on éprouve à le retrouver. Toutefois, ces deux paraboles représentent des catégories de personnes différentes. La brebis perdue à conscience de sa situation. Elle sait qu'elle s'est éloignée du berger et du troupeau et qu'il lui est impossible de retrouver son chemin. Elle est l'image de ceux qui reconnaissent s'être éloignés de Dieu et se trouvent dans la perplexité, humiliés et fortement tentés. La drachme perdue représente ceux qui vivent inconsciemment dans le péché. Ils se sont égarés loin de Dieu et ne le savent pas. Ils courent un danger mortel et ne s'en inquiètent nullement. Dans cette parabole, le Christ nous apprend que les indifférents sont aussi l'objet de son amour et de sa compassion. Il faut les rechercher pour les ramener à Dieu.

La brebis s'était égarée loin de la bergerie, dans le désert ou dans la montagne.

La drachme était perdue dans la maison, elle était là tout près, mais il fallait la chercher avec beaucoup de soin.

Cette parabole renferme une leçon pour la famille. On manifeste souvent une grande indifférence pour le salut des membres de son foyer. L'un d'entre eux vit peut-être loin du Seigneur. Mais comme on s'afflige peu de la ruine de l'une de ces âmes qui ont été confiées aux parents!

Bien que perdue dans la poussière, la drachme n'en reste pas moins une pièce d'argent, et c'est précisément à cause de sa valeur que la femme la cherche. Il en est de même de toute âme : si dégradée qu'elle soit, elle demeure précieuse aux yeux de Dieu. La pièce de monnaie porte l'effigie et les titres du souverain régnant; ainsi l'homme, à la création, portait le sceau et l'image de son Créateur; et quoique cette dernière soit maintenant souillée et altérée par le péché, elle a laissé son empreinte sur toute âme. Dieu désire sauver ceux qui s'égarent et réimprimer en eux l'image de sa justice et de sa sainteté.

La femme de la parabole cherche sa drachme avec zèle : elle allume la lampe et balaie la maison. Elle déplace tout ce qui pourrait entraver ses recherches. Et bien qu'elle n'ait perdu qu'une pièce, elle ne les interrompra pas avant de l'avoir retrouvée. Il doit en être de même dans la famille. Si l'un des membres se perd, il ne faut rien négliger pour le ramener au Seigneur. Que tous les autres fassent un sérieux retour sur eux-mêmes et passent soigneusement en revue toutes leurs attitudes. Qu'ils se demandent s'il n'y a pas quelque faute, quelque erreur dans la manière de diriger la famille qui contribue à maintenir cette âme dans l'impénitence.

S'il y a dans la famille un enfant qui soit inconscient de son état de péché, les parents ne doivent pas s'en désintéresser. Allumez la lampe, sondez la parole de Dieu. Que toute la vie du foyer soit observée à sa lumière, afin de comprendre pourquoi cet enfant s'est éloigné du Sauveur. Que les parents analysent leurs sentiments, qu'ils examinent leurs habitudes, leur conduite. Les enfants constituent l'héritage du Seigneur, et nous devrons lui rendre compte de la manière dont nous aurons géré son bien.

Certains couples désireraient travailler dans quelque mission étrangère, et beaucoup se dépensent pour des oeuvres chrétiennes alors que leurs propres enfants ignorent l'amour du Sauveur. Trop de parents pensent qu'il appartient aux ministres du culte ou aux instructeurs religieux de les amener à la connaissance du Christ; ils se déchargent ainsi d'une responsabilité que Dieu leur a confiée personnellement. Apprendre à suivre Jésus est la meilleure forme de collaboration que Dieu propose aux parents. Cette tâche demande de la persévérance et les efforts incessants de toute une vie. La négliger revient à montrer que nous sommes des économes infidèles. Cette insouciance est sans excuse aux yeux du Seigneur.

Mais ceux qui s'en sentent coupables ne doivent pas désespérer. Qu'ils songent un instant à la femme qui cherche sa drachme jusqu'à ce qu'elle l'ait trouvée. À son exemple, avec amour, foi et prière, les parents doivent travailler en faveur des leurs jusqu'à ce qu'ils puissent se présenter avec joie devant Dieu, en disant : « Voici, moi et les enfants que l'Éternel m'a donnés... » (Ésaïe 8:18)

Telle est la véritable activité missionnaire au foyer, utile aussi bien à ceux qui s'y livrent qu'à ceux pour qui elle se déploie. Par notre fidélité dans le cercle de famille, nous nous préparons à travailler en faveur des membres de la famille de Dieu avec lesquels nous sommes appelés à vivre pendant l'éternité. Nous devons manifester à l'égard de nos frères et soeurs en Christ le même intérêt que nous portons aux membres de notre famille.

Dieu veut que nous soyons ainsi qualifiés pour travailler en faveur d'autres personnes encore. À mesure que nos sympathies s'élargiront et que notre amour augmentera, nous verrons s'étendre notre sphère d'activité. La grande famille humaine dont Dieu est le Père embrasse la terre entière et il ne faut négliger aucun de ses membres.

Où que nous soyons, la drachme perdue attend que nous la cherchions. Le ferons-nous? Nous rencontrons constamment des personnes insensibles aux préoccupations religieuses. Nous parlons avec elles et leur rendons visite. Nous intéressons-nous à leur salut? Leur présentons-nous le Christ comme le Sauveur qui pardonne les péchés? Le coeur réchauffé par l'amour de Jésus, les entretenons-nous de cet amour? Sinon, comment pourrons-nous rencontrer ces âmes perdues pour l'éternité, lorsque nous devrons nous présenter avec elles devant le trône de Dieu?

Qui dira la valeur d'une âme? Si vous désirez la connaître, allez à Gethsémané, et là, veillez avec Jésus pendant ces heures d'angoisse, où sa sueur devint comme des grumeaux de sang. Contemplez le Sauveur sur la croix, entendez son cri de détresse : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? » (Marc 15:34) Considérez son front meurtri, son côté et ses pieds percés. Souvenez-vous que le Christ a tout risqué. Pour notre rédemption, le ciel même fut mis en péril. Au pied de la croix, vous souvenant que pour un seul pécheur Jésus aurait donné sa vie, vous saisirez la valeur d'une âme.

Si vous êtes en communion avec le Christ, vous attribuerez à toute âme humaine le prix qu'il y attache. Vous éprouverez pour les autres le même amour profond qu'il a eu pour vous. Alors vous pourrez attirer et non repousser, gagner et non chasser ceux pour lesquels il est mort. Nul n'aurait été ramené à Dieu sans les efforts personnels du Christ; et c'est par un travail personnel qu'il nous est possible de contribuer au salut des âmes. Quand vous en verrez qui vont à la mort, vous ne pourrez conserver une paisible indifférence et jouir de vos aises. Plus grand est leur péché, plus profonde est leur misère, plus déterminés et plus affectueux doivent être vos efforts en vue d'assurer leur salut. Vous discernerez les besoins de ceux qui souffrent, qui ont péché contre Dieu et qui gémissent sous le poids de leur culpabilité. Votre coeur sympathisera avec eux et vous leur tendrez une main secourable. Avec foi et amour, vous les conduirez auprès de Jésus. Vous veillerez sur eux et vous les encouragerez. Votre sympathie et votre confiance les fortifieront contre les rechutes.

Tous les anges sont prêts à collaborer à cette oeuvre. Toutes les ressources d'en haut sont mises à la disposition de ceux qui s'efforcent de sauver les égarés. Les agents célestes vous aideront à toucher les plus indifférents et les plus endurcis. Quand l'un d'entre eux revient à Dieu, le ciel entier est dans la joie; les séraphins et les chérubins font vibrer leurs harpes d'or; ils chantent les louanges de Dieu et de l'Agneau pour leur miséricorde et leur bienveillance à l'égard des enfants des hommes. 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 16

Perdu et retrouvé

Les paraboles de la brebis perdue, de la drachme et de l'enfant prodigue mettent en évidence l'amour compatissant de Dieu pour ceux qui se perdent. Même s'ils se sont détournés de lui, il ne les abandonne pas à leur misère, mais il est plein de tendresse et de pitié pour ceux qui sont exposés aux ruses de l'ennemi.

Dans la parabole de l'enfant prodigue, nous avons une illustration de la manière dont Dieu agit à l'égard de ceux qui, après avoir connu son amour, ont cédé aux suggestions du tentateur.

« Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné. » (Luc 15:11-13)

Ce fils cadet s'est lassé des règles de la maison paternelle. Il estime qu'elles portent atteinte à sa liberté. Méconnaissant l'amour et la sollicitude de son père, il décide de ne suivre que ses inclinations.

Le jeune homme ne se reconnaît aucune obligation à son égard et ne lui exprime aucune gratitude. Toutefois, se réclamant de ses droits filiaux, il demande sa part du patrimoine. Il veut recevoir immédiatement les biens qui, en fait, ne doivent lui revenir qu'à la mort de son père. Il désire les jouissances présentes, et l'avenir lui importe peu.

Ayant obtenu son héritage, il part « pour un pays éloigné », loin de la maison paternelle. Maintenant qu'il a de l'argent à profusion et la liberté de faire ce qui lui plaît, il se flatte de pouvoir satisfaire les inclinations de son coeur. Personne ne pourra plus lui dire : « Ne fais pas ceci, car cela te serait nuisible », ou : « Fais cela, parce que c'est bien. » De mauvais compagnons l'entraînent toujours plus profondément dans le péché, et il gaspille son bien « en vivant dans la débauche » (Luc 15:13).

La Bible nous parle d'hommes qui « se vantant d'êtres sages ... sont devenus fous » (Romains 1:22). C'est l'histoire du jeune homme de notre parabole. Il dissipe, avec des prostituées, les richesses qu'il a égoïstement réclamées à son père. Il dilapide le trésor de sa jeunesse. Les plus belles années de son existence, la force de son intelligence, les brillantes perspectives de son jeune âge, ses aspirations spirituelles, tout est consumé dans le feu de la convoitise.

Mais une grande famine survient, et il commence à se trouver dans le besoin; il se met au service d'un propriétaire du pays, qui l'envoie paître les pourceaux. Or, pour un Juif, c'était l'emploi le plus vil et le plus dégradant. Le jeune homme qui s'est vanté de sa liberté se trouve maintenant réduit à l'esclavage. Il est dans la pire des servitudes ― « saisi par les liens de son péché » (Proverbes 5:22). Le fascinant mirage qui l'a séduit s'est évanoui, et il sent maintenant le poids de sa chaîne. Assis sur le sol, dans cette contrée frappée par la famine, sans autre compagnie que celle des pourceaux, il voudrait bien pouvoir se rassasier des caroubes que l'on donne à ces bêtes. De tous les joyeux compagnons qui l'entouraient aux jours de sa prospérité pour boire et manger à ses dépens, il n'en reste pas un seul pour sympathiser avec lui. Où est maintenant sa joie tapageuse? Faisant taire sa conscience, engourdissant sa sensibilité, il se croyait heureux. Mais aujourd'hui que tous ses biens ont été gaspillés, il souffre de la faim, son orgueil est blessé, ses facultés morales sont amoindries et sa volonté est si affaiblie qu'il ne peut plus compter sur elle. Tout sentiment élevé semble avoir tari en lui. Il est la plus pitoyable des épaves humaines.

Quel tableau de la condition du pécheur! Décidé à suivre ses caprices et à s'adonner à des plaisirs coupables, celui-ci, malgré les bienfaits que Dieu lui prodigue dans son amour, désire par-dessus tout être séparé de lui. Pareil à ce fils ingrat, il se réclame des bénédictions divines comme de la part d'héritage qui lui revient de droit. Il les prend le plus naturellement du monde, sans songer qu'il doit de la reconnaissance et de l'amour à son Père céleste. Comme Caïn, fuyant la présence de l'Éternel pour aller fonder un foyer, comme l'enfant prodigue partant « pour un pays éloigné », le pécheur cherche le bonheur dans l'oubli de Dieu.

Quelles que soient les apparences, toute vie égocentrique est perdue. Quiconque veut vivre loin de Dieu dissipe ses biens, gaspille ses plus précieuses années, les facultés de son esprit, de son coeur et de son âme, et court à une ruine éternelle. Celui qui se sépare de Dieu dans un esprit d'indépendance est esclave de Mammon. L'intelligence que Dieu a créée en vue de la compagnie des anges se dégrade au service de ce qui est terrestre et bestial. Telle est la fin de tout culte du moi.

Si vous avez choisi une telle vie, sachez que vous dépensez votre argent pour ce qui ne nourrit pas, et que vous travaillez pour ce qui n'apporte pas la plénitude. Il arrivera un moment où vous vous rendrez compte de votre dégradation. Seul, dans une contrée lointaine, vous sentirez votre misère et, désespéré, vous vous écrierez : « Misérable que je suis! Qui me délivrera du corps de cette mort? » (Romains 7:24) Le prophète exprime une vérité universelle quand il dit : « Maudit soit l'homme qui se confie dans l'homme, qui prend la chair pour son appui, et qui détourne son coeur de l'Éternel! Il est comme un misérable dans le désert, et il ne voit point arriver le bonheur, il habite les lieux brûlés du désert, une terre salée et sans habitants. » (Jérémie 17:5,6) Dieu « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes » (Matthieu 5:45), mais les hommes ont la faculté de refuser la pluie et le soleil. Bien que le Soleil de justice brille pour tous et que les ondées de la grâce tombent en abondance sur tous, nous pouvons néanmoins, en nous séparant du Seigneur, « habiter les lieux brûlés du désert ».

Le Dieu d'amour éprouve encore de la tendresse pour celui qui s'est délibérément éloigné de lui, et il fait tout pour le ramener dans la maison paternelle. Dans sa grande misère, le fils prodigue est « rentré en lui-même » (Luc 15:17). Le charme que Satan avait jeté sur lui a disparu et il comprend maintenant que ses souffrances sont le résultat de sa folie. Il se dit : « Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim! Je me lèverai, j'irai vers mon père (Luc 15:17,18). Dans l'état pitoyable où il se trouve, le fils prodigue croit encore à l'amour paternel. Cet amour l'attire. C'est aussi l'assurance de l'amour de Dieu qui contraint le pécheur à revenir à lui. « La bonté de Dieu te pousse à la repentance. » (Romains 2:4) La miséricorde et la compassion divines, semblables à une chaîne d'or, entourent toute âme qui se trouve en danger. Le Seigneur déclare : « Je t'aime d'un amour éternel; c'est pourquoi je te conserve ma bonté. » (Jérémie 31:3)

Le jeune homme prend la résolution de confesser son péché : « J'irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. » Mais il ajoute ― ce qui montre combien peu il a compris l'amour de son père : « Traite-moi comme l'un de tes mercenaires. » (Luc 15:18,19)

Le jeune homme abandonne pourceaux et caroubes et se met en route pour la maison paternelle. Tremblant de faiblesse, mourant de faim, il avance néanmoins avec ardeur. Il n'a rien pour cacher ses haillons; mais la misère a eu raison de l'orgueil, et il se hâte pour aller solliciter une place de serviteur là où il était autrefois l'enfant chéri.

Le jour où il quitta la maison paternelle, le jeune homme, insouciant et joyeux, ne se doutait guère, en en franchissant le seuil, de la douleur qui étreignait le coeur de son père. Tandis qu'il dansait et festoyait avec ses compagnons de débauche, il n'était pas sensible au chagrin qu'il avait provoqué chez les siens. Et maintenant que d'un pas lassé il se dirige vers la demeure paternelle, il ignore que quelqu'un guette son retour. « Comme il était encore loin » (Luc 15:20), son père reconnut sa silhouette, malgré les dégradations de plusieurs années de péché, car l'amour a bonne vue. « Ému de compassion, il courut se jeter à son cou », et l'embrassa avec tendresse en l'étreignant longuement.

Le père ne permettra pas que des regards méprisants contemplent la misère et les haillons de son fils. Enlevant son ample et riche manteau, il en enveloppe le corps amaigri du jeune homme qui sanglote et exprime son repentir par ces mots : « Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils. » (Luc 15:21) Le serrant contre lui, le père le fait entrer dans la maison. On ne lui laisse même pas le temps de demander une place de serviteur. En sa qualité de fils, on lui offrira ce qu'il y a de meilleur. Aussi sera-t-il respecté et honoré des serviteurs et des servantes.

Le père dit à ceux-ci : « Apportez vite la plus belle robe, et l'en revêtez; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds. Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous; car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir. » (Luc 15:22-24)

Dans sa turbulente jeunesse, le prodigue considérait son père comme dur et sévère. Combien ses sentiments ont changé aujourd'hui! Ainsi, ceux qui sont séduits par Satan voient en Dieu un être exigeant et impitoyable, toujours prêt à reprendre et à condamner, repoussant les pécheurs aussi longtemps qu'il a une excuse valable pour ne pas leur venir en aide. Pour eux, sa loi est une entrave au bonheur des hommes, un joug accablant auquel ils sont heureux de pouvoir échapper. Mais celui dont les yeux ont été ouverts par l'amour du Sauveur le voit rempli de compassion. Ce n'est pas un être tyrannique ou implacable, mais un père désireux d'embrasser son fils repentant. Avec le psalmiste, le pécheur peut s'écrier : « Comme un père a compassion de ses enfants, l'Éternel a compassion de ceux qui le craignent. » (Psaume 103:13)

Dans la parabole, l'enfant prodigue n'est ni réprimandé ni rejeté à cause de sa folie passée. Il a vraiment le sentiment que sa faute est pardonnée, effacée, oubliée pour toujours. De même, Dieu dit au pécheur : « J'efface tes transgressions comme un nuage, et tes péchés comme une nuée. » « Je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché. » (Ésaïe 44:22Jérémie 31:34) « Que le méchant abandonne sa voie, et l'homme d'iniquité ses pensées; qu'il retourne à l'Éternel, qui aura pitié de lui, à notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner. » « En ces jours, en ce temps-là, dit l'Éternel, on cherchera l'iniquité d'Israël, et elle n'existera plus, le péché de Juda, et il ne se trouvera plus. » (Ésaïe 55:7Jérémie 50:20)

Quelle assurance nous est ainsi donnée de l'empressement de Dieu lorsqu'il s'agit d'accueillir le pécheur repentant! As-tu, cher lecteur, choisi la voie qui te plaisait? T'es-tu éloigné de Dieu? As-tu cherché à te délecter des fruits de la transgression, jusqu'à ce qu'il t'en reste un goût de cendres? Et maintenant, tes biens dissipés, tes plans renversés et tes espérances mortes, te trouves-tu assis dans la solitude et la désolation? Eh bien! cette voix qui parle depuis si longtemps à ton coeur, mais à laquelle tu n'as pas voulu prêter l'oreille, s'adresse à toi, claire et distincte : Debout et en route! car ce n'est plus ici une terre de repos : parce qu'elle a été souillée, elle sera une cause de souffrances, de cruelles souffrances. Rentre à la maison de ton Père céleste. Il t'appelle, écoute-le : « Reviens à moi, car je t'ai racheté. » (Michée 2:10, traduction du Rabbinat français; Ésaïe 44:22)

Ne prête pas l'oreille aux suggestions de l'adversaire qui te conseille de demeurer loin du Christ jusqu'à ce que tu sois meilleur ― jusqu'à ce que tu sois assez bon pour pouvoir te présenter devant Dieu. Si tu attends, tu ne reviendras jamais au Seigneur. Quand Satan te fait remarquer tes vêtements souillés, répète-lui la promesse de Jésus : « Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi. » (Jean 6:37) Dis à l'ennemi que le sang du Christ purifie de tout péché. Fais tienne la prière de David : « Purifie-moi avec l'hysope, et je serai pur; lave-moi, et je serai plus blanc que la neige. » (Psaume 51:9)

Lève-toi et va vers ton Père. Il accourra de très loin à ta rencontre. Si tu fais ne serait-ce qu'un pas sur le chemin de la repentance, il te serrera dans ses bras avec un amour infini. Son oreille est attentive au cri de l'âme contrite. Aucune aspiration spirituelle ne lui échappe. Jamais une prière n'a été prononcée, si timide soit-elle, jamais une larme n'a coulé, même dans le plus grand secret, jamais l'embryon d'un désir sincère n'est monté vers Dieu sans que son Esprit soit allé à sa rencontre. Avant même que la prière soit formulée ou l'aspiration du coeur manifestée, le Christ est prêt à offrir sa grâce pour suppléer à celle qui agit déjà dans l'âme humaine.

Ton Père céleste te dépouillera de tes vêtements souillés par le péché. Dans la magnifique parabole prophétique de Zacharie, le grand prêtre Josué, qui se tient en vêtements sales devant l'ange de l'Éternel, est une figure du pécheur. Le Seigneur prononce ces paroles : « Ôtez-lui les vêtements sales! Puis il dit à Josué : Vois, je t'enlève ton iniquité, et je te revêts d'habits de fête. ... Et ils mirent un turban pur sur sa tête, et ils lui mirent des vêtements. » (Zacharie 3:4,5) Ainsi Dieu te revêtira « des vêtements du salut » et te couvrira « du manteau de la délivrance ». « Tandis que vous reposez au milieu des étables, les ailes de la colombe sont couvertes d'argent, et son plumage est d'un jaune d'or. » (Ésaïe 61:10Psaume 68:14)

Il te fera entrer dans la maison du festin, et la bannière qu'il déploiera sur toi, c'est l'amour (Cantique des cantiques 2:4). « Si tu marches dans mes voies, dit-il, je te donnerai libre accès parmi ceux qui sont ici » ― parmi les saints anges qui entourent son trône. (Zacharie 3:7)

« Comme la fiancée fait la joie de son fiancé, ainsi tu feras la joie de ton Dieu. » « L'Éternel, ton Dieu, est au milieu de toi, comme un héros qui sauve; il fera de toi sa plus grande joie; il gardera le silence dans son amour; il aura pour toi des transports d'allégresse. » (Ésaïe 62:5Sophonie 3:17) Le ciel et la terre s'associeront au chant de réjouissance du Père : « Mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. » (Luc 15:24)

Jusqu'ici, la parabole ne mentionne aucune note discordante susceptible de troubler l'harmonie de cette scène de bonheur; mais voici que le Christ introduit un autre personnage. Lors de l'arrivée du fils prodigue, son frère aîné était dans les champs. « Lorsqu'il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses. Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c'était. Ce serviteur lui dit : ton frère est de retour et ton père a tué le veau gras, parce qu'il l'a retrouvé en bonne santé. Il se mit en colère, et ne voulut pas entrer. » (Luc 15:25-28) Le frère aîné n'avait pas partagé l'angoisse du père et ne s'était pas soucié de celui qui s'était égaré. Il ne peut donc participer à la joie paternelle lors du retour du prodigue. Les réjouissances de cette fête ne trouvent aucun écho dans son coeur. La réponse du serviteur éveille en lui des sentiments de jalousie. Il refuse d'entrer pour souhaiter la bienvenue à son frère retrouvé, et il considère comme une injure à sa personne la faveur dont celui-ci est l'objet.

L'orgueil et la méchanceté du fils aîné se révèlent dès que son père essaie de le raisonner. Il invoque le fait qu'il a passé toute sa vie dans la demeure paternelle sans récompense, et il met cette vie en contraste avec les avantages accordés à son frère cadet. Il fait ressortir que ces années de travail ont été celles d'un serviteur plutôt que celles d'un fils. Alors qu'il aurait dû goûter la joie profonde de vivre près de son père, il pensait uniquement au profit qu'il retirerait d'une vie rangée. Ses paroles prouvent que seule cette préoccupation l'a poussé à renoncer aux jouissances du péché. Maintenant, si son frère doit bénéficier des largesses paternelles, il s'estime lésé dans ses intérêts, et il lui en veut d'être l'objet de cette faveur. Il montre clairement que s'il avait été à la place du père, il n'aurait pas reçu le prodigue. Il ne le reconnaît pas même pour son frère, mais le désigne froidement comme « ton fils ».

Et pourtant, son père le traite avec tendresse : « Mon enfant, lui dit-il, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi. » (Luc 15:31) Toutes ces années pendant lesquelles ton frère a erré loin de moi, n'as-tu pas joui de ma présence?

Tout ce qui pouvait contribuer au bonheur de ses enfants était à leur entière disposition. Un fils n'a à s'inquiéter ni de donation, ni de récompense. « Tout ce que j'ai est à toi. » Il te suffit de mon amour et d'accepter les dons qui te sont libéralement accordés.

L'un des fils s'était volontairement éloigné de la maison paternelle, pendant un certain temps, parce qu'il n'avait pas su discerner l'amour du père. Mais maintenant il est revenu et une vague de joie dissipe toute autre préoccupation. « Ton frère que voici était mort, et il est revenu à la vie; il était perdu, et il est retrouvé. »

Le fils aîné vit-il sa mesquinerie et son ingratitude et parvint-il à comprendre que son frère, malgré sa conduite désordonnée, n'en restait pas moins son frère? Finit-il par se repentir de sa jalousie et de sa dureté de coeur? Le Christ n'en dit rien. La parabole se déroulait encore et il appartenait à ses auditeurs de fixer quel serait son dénouement.

Le fils aîné représente les Juifs qui ont refusé de se repentir à l'époque de Jésus, et les pharisiens de tous les temps qui méprisent ceux qu'ils regardent comme des publicains et des gens de mauvaise vie. Parce qu'ils ne se sont pas plongés eux-mêmes profondément dans le vice, ils sont remplis de propre justice. Le Christ rencontre ces chicaneurs sur leur propre terrain. Comme le fils aîné de la parabole, ils avaient reçu de grands privilèges de la part de Dieu; ils se disaient les fils de sa maison, mais ils avaient un esprit mercenaire. Ils travaillaient, non par amour, mais dans l'espoir d'une récompense. À leurs yeux, Dieu était un chef de corvée exigeant. Ils se scandalisèrent parce que le Christ invitait les publicains et les gens de mauvaise vie à jouir librement des dons de la grâce ― ces dons que les rabbins espéraient mériter par leurs oeuvres et leurs mortifications. Le retour du prodigue remplissait de joie le coeur du père, mais ne provoquait chez eux que de la jalousie.

Dans la parabole, les observations du père à son fils aîné représentent les appels que la miséricorde céleste adressait aux pharisiens : « Tout ce que j'ai est à toi », non comme un salaire, mais comme un don. Comme le fils prodigue, vous ne pouvez le recevoir qu'à titre de faveur imméritée de l'amour du Père.

Non seulement la propre justice engendre une fausse conception de Dieu, mais elle rend le coeur dur et l'esprit critique à l'égard des autres. Égoïste et jaloux, le fils aîné observait son frère et se tenait prêt à décrier ses actions et à l'accuser à la première occasion. Il observait chacune de ses fautes et jugeait sévèrement l'erreur la plus légère. C'est ainsi qu'il cherchait à justifier son esprit implacable. Nombreux sont aujourd'hui ceux qui suivent son exemple. Alors qu'une âme est pour la première fois aux prises avec de nombreuses tentations, ils sont là, obstinés, inflexibles, se plaignant et accusant. Ils se disent enfants de Dieu, mais sont animés par l'esprit de Satan. Par leur attitude à l'égard de leurs frères, ces accusateurs se placent eux-mêmes sur un terrain où le Seigneur ne peut leur dispenser la lumière de sa face.

Beaucoup de gens ne cessent de demander : « Avec quoi me présenterai-je devant l'Éternel, pour m'humilier devant le Dieu Très-Haut? Me présenterai-je avec des holocaustes, avec des veaux d'un an? L'Éternel agréera-t-il des milliers de béliers, des myriades de torrents d'huile? Donnerai-je pour mes transgressions mon premier-né, pour le péché de mon âme le fruit de mes entrailles? » La réponse est la suivante : « On t'a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; et ce que l'Éternel demande de toi, c'est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu. » (Michée 6:6-8)

Voici ce que Dieu demande : « Détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés, et que l'on rompe toute espèce de joug. ... Ne te détourne pas de ton semblable. » (Ésaïe 58:6,7) « Lorsque tu te regarderas comme un pécheur sauvé uniquement par l'amour de ton Père céleste, tu auras pitié de ceux qui souffrent dans le péché. Tu n'accueilleras plus la misère et la repentance par la jalousie et la critique. Quand la glace de l'égoïsme aura disparu de ton coeur, tu vibreras en harmonie avec Dieu et tu participeras à sa joie lorsqu'un pécheur se convertira.

Tu te réclames, il est vrai, du titre d'enfant de Dieu; mais si cette prétention est fondée, c'est « ton frère » qui était mort et qui est revenu à la vie, qui était perdu et qui est retrouvé. Il t'est uni par les liens les plus étroits, car Dieu le reconnaît pour fils. Si tu nies ce degré de parenté avec lui, tu montres par là que tu n'es qu'un mercenaire dans la maison, et non un enfant de la famille de Dieu.

Bien que tu refuses de participer aux réjouissances qui accompagnent le retour de ton frère perdu, celles-ci n'en continueront pas moins, et celui qui est réintégré dans la famille aura sa place aux côtés du Père et dans son oeuvre. Qui a été beaucoup pardonné aime beaucoup. Mais toi, tu seras dans les ténèbres du dehors. « Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour. » (1 Jean 4:8

Les paraboles de Jésus

Chapitre 17

Laisse le encore cette année

Dans son enseignement, le Christ unissait toujours à l'annonce du jugement de Dieu les appels de sa miséricorde. « Le Fils de l'homme est venu, non pour perdre les âmes des hommes, dit-il, mais pour les sauver. » « Dieu, en effet, n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu'il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Luc 9:56;Jean 3:17) Son oeuvre de miséricorde en rapport avec la justice et le jugement de Dieu est illustrée par la parabole du figuier stérile.

Le Christ avait averti le peuple juif de la venue du royaume de Dieu, et il avait énergiquement secoué son ignorance et sa tiédeur. Israël savait fort bien prévoir le temps d'après l'aspect du ciel, mais il était incapable de discerner les signes précurseurs qui parlaient si clairement de la mission du Sauveur.

Néanmoins, on était aussi prêt qu'aujourd'hui à se croire favori du ciel, et on appliquait à d'autres les messages de censure. Les auditeurs de Jésus lui parlèrent d'un événement qui venait de produire une grande effervescence. Le peuple avait été outré de certaines mesures prises par Ponce Pilate, gouverneur de Judée. Un soulèvement populaire avait éclaté à Jérusalem, et Pilate avait voulu l'étouffer par la violence. En une certaine occasion, ses soldats avaient même été jusqu'à envahir les parvis du temple et égorger des pèlerins galiléens qui offraient leurs sacrifices. Les Juifs considéraient toute calamité comme la conséquence des péchés de ceux qui en étaient victimes et ils racontaient ces actes de barbarie avec une secrète satisfaction. À leurs yeux, leur bien-être matériel démontrait qu'ils étaient meilleurs, et par conséquent plus haut placés dans l'estime de Dieu que ces Galiléens. Ils attendaient de Jésus des paroles de condamnation contre ces hommes qui, selon eux, avaient bien mérité leur punition.

Quant aux disciples, ils ne se hasardèrent pas à émettre un jugement sur cette affaire avant d'avoir interrogé le Maître. Celui-ci leur avait donné des avertissements précis contre leur tendance à cataloguer les autres et à mesurer les rétributions avec leur esprit limité. Cependant, ils croyaient que Jésus allait condamner ces malheureux pèlerins et les déclarer particulièrement coupables. Aussi furent-ils très surpris de sa réponse.

Se tournant vers la foule, le Sauveur prit la parole : « Croyez-vous que ces Galiléens fussent de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu'ils ont souffert de la sorte? Non, je vous le dis. Mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous également. » (Luc 13:2,3) Ces événements tragiques étaient destinés à pousser les coeurs à l'humiliation et à la repentance. L'orage de la vengeance grondait déjà dans le lointain, prêt à fondre sur tous ceux qui n'avaient pas trouvé leur refuge en Christ.

Tout en s'entretenant avec les disciples et avec la foule, Jésus, dans un regard prophétique, vit Jérusalem assiégée par des armées ennemies. Il entendit les pas des étrangers qui s'avançaient contre la ville élue. Des milliers d'êtres humains périraient au cours du siège. Comme ces Galiléens, de nombreux Juifs allaient être assassinés jusque dans les parvis du temple, au moment même où ils offriraient leurs sacrifices. Les malheurs qui frappaient certaines personnes constituaient autant d'avertissements adressés par Dieu à une nation également coupable. « Si vous ne vous repentez, dit Jésus, vous périrez tous également. » (Luc 13:5) Le peuple juif pouvait encore bénéficier du court temps de grâce qui lui était accordé et découvrir comment trouver la paix.

« Un homme, poursuivit-il, avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint pour y chercher du fruit, et il n'en trouva point. Alors il dit au vigneron : Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n'en trouve point. Coupe-le : pourquoi occupe-t-il la terre inutilement? » (Luc 13:6,7)

Aucun auditeur de Jésus ne pouvait se méprendre sur la signification de ses paroles. David avait chanté Israël comme étant une vigne arrachée de l'Égypte. Ésaïe avait écrit de son côté : « La vigne de l'Éternel des armées, c'est la maison d'Israël, et les hommes de Juda, c'est le plant qu'il chérissait. » (Ésaïe 5:7) La génération du Christ était représentée par ce figuier planté dans la vigne de Dieu, objet de ses soins particuliers et de ses bénédictions.

Le dessein de Dieu à l'égard de ses enfants et les glorieuses possibilités qui s'offraient à eux avaient été décrits en termes éloquents : « ... afin qu'on les appelle des térébinthes de la justice, une plantation de l'Éternel, pour servir à sa gloire. » (Ésaïe 61:3) En mourant, Jacob, poussé par l'Esprit-Saint, avait dit de son fils préféré : « Joseph est le rejeton d'un arbre fertile, le rejeton d'un arbre fertile près d'une source; les branches s'élèvent au-dessus de la muraille. » Puis il avait ajouté : « C'est l'oeuvre du Dieu de ton père, qui t'aidera; c'est l'oeuvre du Tout-Puissant, qui te bénira des bénédictions des cieux en haut, des bénédictions des eaux en bas. » (Genèse 49:22,25) Dieu avait donc planté Israël comme une vigne superbe auprès des sources de la vie. Il l'avait établi sur « un coteau fertile ». « Il en remua le sol, ôta les pierres, et y mit un plant délicieux. »

« Il espéra qu'elle produirait de bons raisins, mais elle en a produit de mauvais. » (Ésaïe 5:1,2) Les Juifs de l'époque du Christ faisaient de plus grandes démonstrations de piété que ceux des siècles précédents, et pourtant ils étaient encore plus dépourvus des grâces agréables de l'Esprit de Dieu. Les admirables traits de caractère qui avaient donné à la vie de Joseph son parfum et sa beauté ne se retrouvaient pas dans la nation juive.

Dieu vint dans ia personne de son Fils pour chercher du fruit, et il n'en trouva point. Israël occupait le terrain inutilement et son existence était un sujet de malédiction. Il prenait dans la vigne une place qu'aurait pu occuper un arbre fertile. Il privait l'humanité des bénédictions que le Seigneur lui destinait. Aux yeux des autres nations, les Israélites avaient donné de Dieu une image déformée. Non seulement ils étaient inutiles, mais ils constituaient un réel obstacle. Dans une grande mesure, leur religion égarait les coeurs et les menait à la ruine plutôt qu'au salut.

Dans la parabole, le vigneron ne pense pas un instant que la sentence prononcée contre le figuier qui reste improductif soit injuste. Il connaît et partage l'intérêt que le propriétaire ressent pour cet arbre stérile. Sa plus grande joie serait de le voir pousser et porter du fruit. Il accède au désir du maître de la vigne quand il lui dit : « Laisse-le encore cette année; je creuserai tout autour, et j'y mettrai du fumier. Peut-être à l'avenir donnera-t-il du fruit. » (Luc 13:8,9)

Le vigneron ne refuse pas de s'occuper d'un arbre si peu intéressant. Il veut encore lui prodiguer tous ses soins et le placer dans les conditions les plus favorables.

Le propriétaire de la vigne et le vigneron sont tous les deux intéressés à la prospérité du figuier. Il en est ainsi du Père et du Fils qui aiment également le peuple élu. Le Christ fait comprendre à ses auditeurs que d'autres occasions leur seront accordées par surcroît. Toutes les ressources de l'amour de Dieu seront mises à contribution pour qu'ils deviennent des térébinthes de la justice dont les fruits seront en bénédiction à l'humanité.

La parabole ne nous donne pas le résultat des efforts du vigneron. Elle s'arrête sur ce point d'interrogation, car la conclusion dépend de la génération qui écoute le Sauveur. C'est à elle que s'adresse cet avertissement solennel : « ... sinon, tu le couperas » (Luc 13:9). C'est à elle de décider si ces paroles irrévocables doivent être prononcées. Le jour de la colère approche. Par les malheurs qui ont déjà affecté la nation, le maître du vignoble l'a miséricordieusement avertie de la destruction qui menace le figuier stérile.

Cette mise en garde résonne aussi pour notre génération. N'es-tu pas, coeur insouciant, un arbre inutile dans la vigne du Seigneur? Ces paroles de condamnation ne s'adresseront-elles pas à toi d'ici peu? Depuis combien de temps jouis-tu des dons de Dieu? Depuis quand veille-t-il sur toi et attend-il que tu reviennes à lui? Quel privilège d'être planté dans sa vigne et de bénéficier des soins du vigneron! Combien de fois la chaleur du message évangélique a fait vibrer ton coeur! Tu le réclames du nom du Christ, tu te dis membre de l'Église qui est son corps, et néanmoins tu te sens dépourvu de lien vivant avec le foyer de l'amour infini. Le courant de sa vie ne parvient pas jusqu'à toi. On ne découvre pas chez toi les vertus de son caractère, le « fruit de l'Esprit » (Galates 5:22,23).

Le figuier stérile reçoit la pluie, les rayons du soleil et les soins du vigneron. Du sol, il retire les éléments nécessaires à son développement, mais ses branches improductrives ne font que priver de lumière les plantes fertiles qui ne peuvent pas prospérer à son ombre. Il en est de même des bénédictions que le ciel le dispense : elles ne sont d'aucune utilité au monde, et tu prives les autres de bienfaits qui leur reviendraient si tu n'étais pas sur leur chemin.

D'une façon peut-être indistincte, tu vois que tu occupes inutilement le terrain. Malgré cela, dans sa grande bonté, Dieu ne t'a pas encore retranché. Non qu'il se désintéresse de toi : il ne se détourne pas avec indifférence ni ne t'abandonne à la destruction. Comme autrefois, quand il considérait Israël, il te regarde en s'écriant : « Que ferai-je de toi, Éphraïm? Dois-je te livrer, Israël? ... Je n'agirai pas selon mon ardente colère, je renonce à détruire Éphraïm; car je suis Dieu, et non pas un homme. » (Osée 11:8,9) Le Sauveur compatissant dit à ton sujet : « Laisse-le encore cette année; je creuserai tout autour, et j'y mettrai du fumier. »

Avec quel amour inlassable le Christ ne travailla-t-il pas en faveur d'Israël pendant cette période de sursis! Sur la croix, il priait encore en ces termes : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. » (Luc 23:34) Après l'ascension, l'Évangile fut d'abord prêché à Jérusalem, et c'est là qu'eut lieu l'effusion du Saint-Esprit. C'est là aussi que la première église manifesta la puissance du Sauveur ressuscité, et qu'Étienne, le visage « comme celui d'un ange » (Actes 6:15), rendit son témoignage au prix de sa vie. Tout ce que le ciel pouvait donner, Israël l'avait reçu : « Qu'y avait-il encore à faire à ma vigne, interroge le Christ, que je n'aie pas fait pour elle? » (Ésaïe 5:4) Ses soins et ses travaux en faveur de son peuple n'ont pas diminué, mais augmenté. Il dit encore : « Moi l'Éternel, j'en suis le gardien, je l'arrose à chaque instant; de peur qu'on ne l'attaque, nuit et jour je la garde. » (Ésaïe 27:3)

« Peut-être à l'avenir donnera-t-il du fruit; sinon... »

Le coeur qui ne répond pas à la sollicitude divine s'endurcit jusqu'à devenir insensible à i'influence du Saint-Esprit. C'est alors que la sentence est prononcée : « Coupe-le : pourquoi occupe-t-il la terre inutilement? »

Aujourd'hui, Dieu t'adresse cette invitation : « Israël, reviens à l'Éternel, ton Dieu. ... Je réparerai leur infidélité, j'aurai pour eux un amour sincère. ... Je serai comme la rosée pour Israël, il fleurira comme le lis, et il poussera des racines comme le Liban. ... Ils reviendront s'asseoir à son ombre, ils redonneront la vie au froment, et ils fleuriront comme la vigne. ... C'est de moi que tu recevras ton fruit. » (Osée 14:1-8

Les paraboles de Jésus

Chapitre 18

Dans les chemins et le long des haies

Un jour, le Sauveur fut invité à un festin donné par un pharisien. Il acceptait d'aller chez les riches aussi bien que chez les pauvres, et selon son habitude, il illustrait ses enseignements par les scènes qu'il avait sous les yeux. Chez les Juifs, les repas sacrés coïncidaient avec les dates fixées pour les réjouissances nationales et religieuses. C'était pour eux un symbole des bénédictions de la vie éternelle. Le grand festin où ils devaient s'asseoir avec Abraham, Isaac et Jacob, tandis que les païens les regarderaient du dehors avec envie, était un sujet sur lequel ils s'étendaient avec complaisance. À travers la parabole des conviés, Jésus leur transmit l'avertissement qu'il désirait leur donner. Les Juifs s'attribuaient le monopole des bénédictions de Dieu, présentes et futures. D'après eux, les autres nations n'avaient pas droit à la miséricorde divine. Mais le Christ leur enseigna par cette parabole qu'ils étaient précisément en train de repousser l'appel à entrer dans le royaume des cieux. Cette invitation qu'ils avaient dédaignée serait adressée à ceux qu'ils méprisaient et dont ils évitaient le contact, comme s'ils étaient lépreux.

Dans le choix de ses invités, le pharisien s'était surtout laissé guider par ses intérêts personnels. Jésus lui dit : « Lorsque tu donnes à dîner ou à souper, n'invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni des voisins riches, de peur qu'ils ne t'invitent à leur tour et qu'on ne te rende la pareille. Mais, lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. Et tu seras heureux de ce qu'ils ne peuvent pas te rendre la pareille : car elle te sera rendue à la résurrection des justes. » (Luc 14:12-14)

Le Christ répétait ainsi les instructions qu'il avait données à Israël par l'intermédiaire de Moïse. Voici les directives auxquelles on devait se conformer lors des solennités : « Alors viendront ... l'étranger, l'orphelin et la veuve, qui seront dans tes portes, et ils mangeront et se rassasieront. » (Deutéronome 14:29)

Ces assemblées devaient servir de leçons de choses à Israël qui, après avoir appris à goûter les joies de l'hospitalité, devait pendant toute l'année prendre soin des pauvres et des déshérités. Ces fêtes contenaient encore un enseignement plus riche. Les bénédictions spirituelles accordées aux Israélites n'étaient pas seulement pour eux; le Seigneur leur avait donné le pain de vie pour qu'ils le communiquent au monde.

Mais ils n'accomplirent pas leur mission. Les paroles du Christ constituaient un blâme pour leur égoïsme, aussi déplurent-elles souverainement aux pharisiens. Espérant détourner la conversation, l'un des convives s'écria en prenant un air de sainteté : « Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu. » (Luc 14:15) Cet homme s'était exprimé avec une parfaite assurance, comme s'il avait été certain d'avoir une place dans le royaume. Son attitude ressemblait curieusement à celle des chrétiens qui se réjouissent d'être sauvés par le Christ, alors qu'ils ne font rien pour se conformer à ses enseignements. Quand le pharisien priait, il avait l'esprit de Balaam : « Que je meure de la mort des justes, et que ma fin soit semblable à la leur! » (Nombres 23:10) Il ne songeait pas à se préparer pour le ciel; il pensait uniquement aux joies qu'il comptait y trouver. Sa réflexion était destinée à détourner l'attention des autres convives du devoir qui leur incombait. Il voulait leur faire oublier les exigences présentes en les transportant à l'époque encore lointaine de la résurrection des justes.

Jésus lisait dans le coeur de ce prétentieux, et, fixant sur lui les regards, il développa devant ces gens réunis la nature et la valeur de leurs privilèges actuels. Il leur montra que la félicité future était conditionnée par l'accomplissement de leurs devoirs immédiats.

« Un homme, dit-il, donna un grand souper, et il invita beaucoup de gens. Lorsque le jour des festivités arriva, l'hôte envoya son serviteur pour renouveler son invitation par ce second message : « Venez, car tout est déjà prêt. » Mais il fut reçu avec une étrange indifférence : « Tous unanimement se mirent à s'excuser. Le premier lui dit : J'ai acheté un champ, et je suis obligé d'aller le voir; excuse-moi, je te prie. Un autre dit : J'ai acheté cinq paires de boeufs, et je vais les essayer; excuse-moi, je te prie. Un autre dit : Je viens de me marier, et c'est pourquoi je ne puis aller. » (Luc 14:16-20)

Aucune de ces excuses n'était fondée sur une réelle nécessité. Celui qui devait aller visiter son lopin de terre l'avait déjà acheté. Sa hâte de le voir était due au fait qu'il avait mis tout son coeur dans cette acquisition. Les boeufs aussi avaient été achetés, et c'était pour sa seule satisfaction personnelle que le fermier allait les essayer. La troisième excuse n'avait pas plus de valeur que les deux autres : le mariage n'était pas une raison pour décliner l'invitation, car la femme aurait également été la bienvenue; mais l'époux avait des projets de réjouissances dont il se promettait plus de joie que du banquet en question. Il avait appris à trouver du plaisir dans une autre compagnie que celle de son hôte. Il ne présenta pas d'excuses et ne se conforma même pas à la plus élémentaire politesse. Dire : « je ne puis » n'était qu'une manière de voiler la vérité : « Je n'ai aucune envie d'y aller. »

Toutes ces excuses révèlent un esprit préoccupé. Ces différents invités s'étaient laissé absorber entièrement par d'autres intérêts. Ils refusaient l'invitation qu'ils avaient d'abord acceptée et offensaient leur généreux ami par leur attitude désinvolte.

En proposant la parabole du grand souper, Jésus a voulu évoquer les bénédictions offertes par l'Évangile. La substance de ce festin n'est rien de moins que le Christ lui-même. Il est le pain descendu du ciel, et c'est de lui que découlent les sources du salut. Les messagers de l'Éternel avaient annoncé à Israël la venue du Sauveur et désigne Jésus comme « l'agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean 1:29).Dans le banquet préparé par lui, le Seigneur présentait le don le plus excellent que le ciel pût offrir, un don d'une valeur inestimable. C'est l'amour de Dieu qui avait couvert les frais du festin. « Si quelqu'un mange de ce pain, dit le Christ, il vivra éternellement. » (Jean 6:51)

Mais pour accepter l'invitation au festin évangélique, il faut subordonner ses intérêts temporels à la réception du Christ et de sa justice. Dieu donne tout en faveur de l'homme, et il lui demande un service qui soit au-dessus de toute considération personnelle et matérielle. Il ne peut agréer un coeur partagé. Un coeur absorbé par des préoccupations terrestres ne saurait s'abandonner à Dieu.

Cette leçon vaut pour tous les temps. Nous devons suivre l'Agneau de Dieu où qu'il aille, nous laisser diriger par lui, préférer sa compagnie à celle de nos amis. N'est-ce pas lui qui a dit : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n'est pas digne de moi. » (Matthieu 10:37)

Autour de la table familiale, quand ils rompaient le pain quotidien, nombreux étaient les contemporains de Jésus qui disaient : « Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu. » Mais le Christ montra combien il était difficile de trouver des invités pour la table qui avait été dressée au prix d'un sacrifice infini. Ceux qui écoutaient ses paroles éprouvaient le sentiment d'avoir négligé les appels de la miséricorde. Les biens de la terre et les plaisirs occupaient toutes leurs pensées. C'est unanimement qu'ils s'étaient excusés.

Il en est encore ainsi de nos jours. Les excuses présentées pour décliner l'invitation au souper recouvrent l'ensemble de celles que l'on invoque pour repousser les appels de l'Évangile. Les uns prétendent qu'ils ne peuvent pas compromettre leur prospérité matérielle pour satisfaire aux exigences de la Vérité. Ils attachent plus d'importance à leurs intérêts personnels immédiats qu'aux réalités éternelles. Les bénédictions mêmes qu'ils ont reçues du ciel deviennent ainsi une barrière qui les sépare de leur Créateur et Rédempteur. Ils ne consentent en aucune manière à renoncer à leurs projets, et ils répondent au messager porteur de l'invitation miséricordieuse : « Pour le moment retire-toi quand j'en trouverai l'occasion, je te rappellerai. » (Actes 24:25) D'autres objectent les difficultés qu'ils rencontreraient dans leur entourage s'ils obéissaient à Dieu; ils ne peuvent pas, disent-ils, se permettre d'agir autrement que leurs parents et leurs amis. Ils ressemblent en tout point aux personnages dont parle la parabole. Le Maître est sensible au mépris qui se cache dans leurs futiles excuses.

L'invité qui répond : « Je viens de me marier, et c'est pourquoi je ne puis aller », représente une forte proportion d'êtres humains. Ils sont nombreux, en effet, ceux qui permettent à une femme ou à un mari de les empêcher de répondre aux appels de Dieu. Le mari dira : « Je ne peux suivre ma conviction tant que ma femme s'y opposera. Son influence me créerait de trop grandes difficultés. » La femme entend cet appel miséricordieux : « Viens, car tout est prêt », et elle répond : « Je te prie de m'excuser. Mon mari décline l'invitation de ta grâce. Il dit que ses affaires ne lui permettent pas de l'accepter. Je dois le suivre, je ne puis donc pas venir. » Les enfants sont impressionnés, et ils désirent se rendre au festin; mais comme ils aiment leurs parents et que ceux-ci repoussent les appels de l'Évangile, ils pensent qu'on ne peut s'attendre qu'ils y aillent seuls. Eux aussi disent : « Excuse-moi. »

Tous ceux-là rejettent l'appel du Sauveur parce qu'ils redoutent la division dans le cercle de la famille. En refusant d'obéir à Dieu, ils croient assurer leur tranquillité et leur prospérité; mais c'est une illusion. Celui qui sème l'égoïsme moissonnera l'égoïsme. En repoussant l'amour du Christ, ils écartent le seul élément qui puisse purifier et stabiliser l'amour humain. Non seulement ils sacrifient le ciel, mais ils ne jouiront jamais véritablement de ce qu'ils ont préféré au ciel.

Dans la parabole, quand le maître de la maison apprend l'accueil qu'a reçu son invitation, irrité, il dit à son serviteur : « Va promptement dans les places et dans les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux. » (Luc 14:21)

Il se détourne de ceux qui ont méprisé sa bonté et invite les déshérités, ceux qui n'ont ni maisons ni terres : les pauvres, les affamés, ceux qui apprécieront ses largesses. « Les publicains et les prostituées vous devanceront dans le royaume de Dieu » (Matthieu 21:31), dit le Christ. Quels que soient la misère morale d'un homme et le mépris dont il est l'objet de la part de ses semblables, il ne peut être tombé trop bas pour que l'amour et la sollicitude de Dieu s'exercent en sa faveur. Jésus aime voir venir à lui ceux qui sont minés par les soucis et les préoccupations de l'existence, qui sont fatigués et opprimés. Il n'a qu'un désir : leur procurer la lumière, la joie et la paix qui se trouvent en lui seul. Les plus grands pécheurs sont l'objet de sa profonde compassion et de son amour. Cherchant à les attirer à lui, il envoie son Esprit-Saint qui les entoure de sa tendresse.

Le serviteur chargé d'amener des pauvres et des aveugles donne son rapport : « Maître, ce que tu as ordonné a été fait, et il y a encore de la place. Et le maître dit au serviteur : Va dans les chemins et le long des haies, et ceux que tu trouveras, contrains-les d'entrer, afin que ma maison soit remplie. » (Luc 14:22,23) Le Christ fait ici clairement allusion à la proclamation de l'Évangile en dehors de la sphère du judaïsme, sur les grands chemins et le long des sentiers du monde.

Conformément à cet ordre, Paul et Barnabas déclarèrent aux Juifs : « C'est à vous premièrement que la parole de Dieu devait être annoncée; mais, puisque vous la repoussez, et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voici, nous nous tournons vers les païens. Car ainsi nous l'a ordonné le Seigneur : Je t'ai établi pour être la lumière des nations, pour porter le salut jusqu'aux extrémités de la terre. Les païens se réjouissaient en entendant cela, ils glorifiaient la parole du Seigneur, et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent. » (Actes 13:46-48)

Le message évangélique délivré par les disciples du Christ était la proclamation de sa première venue dans le monde. Il apportait la bonne nouvelle du salut par la foi en lui. Il annonçait son retour en gloire pour racheter son peuple et donnait aux hommes l'espérance de participer par la foi et l'obéissance à l'héritage des saints dans la lumière. Ce message est toujours actuel. Il se double aujourd'hui d'un avertissement relatif à l'imminence de la seconde venue du Seigneur. Les signes précurseurs qu'il avait lui-même donnés se sont accomplis et nous pouvons savoir par les Écritures que Jésus-Christ est à la porte.

Dans l'Apocalypse, Jean prédit en ces termes la proclamation de l'Évangile à la veille du retour du Christ : « Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, ayant un Évangile éternel, pour l'annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple. Il disait d'une voix forte : Craignez Dieu et donnez-lui gloire, car l'heure de son jugement est venue; et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d'eaux. » (Apocalypse 14:6,7)

Dans la prophétie, cette mise en garde à propos du jugement et les messages qui l'accompagnent sont suivis de l'apparition du Fils de l'homme sur les nuées des cieux. La proclamation du jugement constitue l'annonce de la proximité de la venue du Seigneur. Or, cette proclamation est appelée Évangile éternel. La prédication relative au retour imminent du Christ constitue donc une partie essentielle du message évangélique.

La Bible déclare que dans les derniers jours les hommes seront absorbés par leurs affaires, les plaisirs et le souci de gagner de l'argent. Ils auront les yeux fermés aux réalités éternelles. « Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même à l'avènement du Fils de l'homme. Car, dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche; et ils ne se doutèrent de rien, jusqu'à ce que le déluge vint et les emportât tous il en sera de même à l'avènement du Fils de l'homme. » (Matthieu 24:37-39)

Il en est de même aujourd'hui. Les hommes recherchent avec frénésie les richesses et les plaisirs égoïstes comme s'il n'y avait ni Dieu, ni ciel, ni au-delà. Au temps de Noé, l'annonce du déluge devait amener les hommes à s'effrayer de leur méchanceté et les appeler à la repentance. Ainsi, le message du retour prochain du Christ doit détourner les hommes de leur attachement aux choses terrestres. Il a pour but de les éveiller à la perception des réalités éternelles et de les inciter à prendre garde à l'invitation du Seigneur.

L'invitation évangélique est à transmettre au monde entier, « à toute nation, à toute tribu, à toute langue et à tout peuple » (Apocalypse 14:6). Il faut que le dernier message d'avertissement et de miséricorde éclaire toute la terre de sa gloire, qu'il pénètre toutes les couches de la société, riches et pauvres, grands et petits : « Va dans les chemins et le long des haies, dit le Christ, et ceux que tu trouveras, contrains-les d'entrer, afin que ma maison soit remplie. »

Le monde meurt faute de connaître l'Évangile. Une famine de la parole de Dieu sévit. Ils sont rares, en effet, ceux qui prêchent le message divin sans y mêler des traditions humaines. Tout en possédant la Bible, les hommes ne reçoivent pas les bienfaits que le Seigneur y a placés à leur intention. Dieu a chargé ses serviteurs de porter son invitation an monde. Il faut que les paroles de vie soient transmises à ceux qui périssent dans leurs péchés.

En donnant l'ordre d'aller dans les chemins et le long des haies, le Christ précise la mission de tous ceux qu'il appelle à son service. La terre entière est le champ où ils doivent exercer leur activité. Toute la famille humaine est représentée au sein de leur communauté. Le Seigneur désire que sa parole de grâce soit offerte à chaque âme.

Le travail personnel entre pour une grande part dans cette oeuvre. C'était la méthode du Sauveur. Son ministère comportait beaucoup de contacts individuels. Il aimait particulièrement les entretiens en tête à tête. Ainsi, par l'intermédiaire d'une seule âme, le message pouvait fréquemment toucher des milliers de gens.

Nous ne devons pas attendre que l'on vienne à nous. Il faut aller chercher les hommes là où ils se trouvent. Quand la parole a été prêchée du haut de la chaire, le travail ne fait que commencer. Des multitudes ne seront jamais touchées par l'Évangile si nous n'allons pas le leur annoncer.

L'invitation au festin avait tout d'abord été envoyée au peuple juif, appelé à être l'instructeur et le conducteur des autres nations. Il était le dépositaire des rouleaux sacrés qui annonçaient la venue du Messie; il avait aussi la charge des services symboliques préfigurant sa mission. Si les prêtres et le peuple avaient répondu à l'invitation du Christ, ils se seraient unis à ses messagers pour la transmettre au reste du monde. La vérité leur avait été envoyée pour qu'ils la communiquent à d'autres. Comme ils repoussèrent l'appel, celui-ci fut adressé aux pauvres, aux infirmes, aux boiteux et aux aveugles. Les publicains et les gens de mauvaise vie l'acceptèrent. Lorsque cet appel est transmis aux païens, le même plan est suivi : le message est tout d'abord proclamé dans les places et dans les rues, c'est-à-dire à ceux qui jouent un rôle prédominant dans le monde, pour enseigner et conduire le peuple.

Les serviteurs du Seigneur feraient bien de s'en souvenir. L'invitation doit être présentée aux bergers du troupeau, aux hommes qui ont reçu de Dieu la mission d'enseigner, comme une parole qu'ils doivent prendre en considération. Ceux qui appartiennent aux classes supérieures de la société doivent être cherchés et conviés avec affection et sollicitude. Des hommes engagés dans les affaires et occupant des postes de confiance, des hommes de science et de génie, des prédicateurs de l'Évangile dont l'esprit n'a pas encore été attiré sur les vérités particulières pour notre époque : voilà les premiers qui devraient entendre l'invitation. Il faut leur en faire part.

Nous devons accomplir une oeuvre auprès des riches. Puisqu'ils sont les dépositaires des biens que le ciel leur a confiés, il convient d'éveiller en eux le sens de leur responsabilité. Il faut leur rappeler qu'ils auront un jour à rendre compte de leur fortune à celui qui juge les vivants et les morts. Les riches ont besoin que vous travailliez pour leur âme dans l'amour et la crainte du Seigneur. Ils se fient trop souvent à leurs biens, sans discerner le danger qu'ils courent. Leurs regards doivent être attirés vers les richesses impérissables. Il faut qu'ils apprennent à reconnaître l'autorité de la bonté véritable qui dit : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de coeur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger. » (Matthieu 11:28-30)

On s'adresse rarement de façon personnelle à ceux qui occupent de hautes positions du fait de leur culture, de leur fortune ou de leur profession. Beaucoup de prédicateurs de l'Évangile hésitent à s'approcher d'eux et à leur parler de leurs intérêts éternels. Mais il ne devrait pas en être ainsi. Si un homme tombe à l'eau, nous ne le laisserons pas se noyer, qu'il soit notaire, marchand on juge. Si des gens se ruent vers un précipice, nous n'hésiterons pas à les retenir, quel que soit leur rang social. Nous ne devons pas non plus hésiter à avertir les hommes des périls qui guettent leur âme.

Nul ne doit être négligé sous prétexte qu'il semble absorbé par les biens d'ici-bas. Nombreux sont les grands de ce monde dont le coeur est meurtri et qui sont las de cette vie de vanité. Ils soupirent après une paix qu'ils ne possèdent pas. Dans les classes les plus élevées de la société, des âmes ont faim et soif de salut. Beaucoup accepteraient le secours d'un messager du Seigneur s'il se présentait à eux personnellement d'une manière courtoise, avec un coeur rempli de l'amour de Jésus-Christ.

Le succès du message évangélique ne dépend pas de discours savamment conçus, d'éloquents témoignages ou d'une argumentation serrée, mais de la simplicité avec laquelle il est délivré et de son adaptation à ceux qui ont faim du pain de vie. « Que dois-je faire pour être sauvé? » -- voilà comment s'exprime le besoin profond de l'être humain.

Des milliers de personnes peuvent être touchées de la façon la plus humble. Les hommes et les femmes les plus cultivés, ceux que l'on considère comme les mieux doués, sont souvent vivifiés par les simples paroles d'une âme qui aime Dieu et qui peut parler de cet amour aussi naturellement que l'homme du monde s'entretient de ses intérêts les plus chers.

Souvent, les discours les mieux préparés ne produisent que peu d'effet; mais le témoignage loyal et sincère d'un fils ou d'une fille de Dieu, délivré avec une simplicité naturelle, a la puissance d'ouvrir des portes longtemps fermées au Christ et à son amour.

Que celui qui accomplit l'oeuvre du Seigneur se rappelle qu'il ne doit pas compter sur sa propre force. Qu'il ait recours à Dieu avec foi en sa puissance salvatrice. Qu'il combatte avec lui dans la prière et fasse usage de tous les moyens que le Seigneur met à sa disposition. Le Saint-Esprit donnera de l'efficacité à ses travaux, et les anges du ciel seront à ses côtés pour toucher les coeurs.

Sites principaux de Jérusalem et les conducteurs religieux avaient répondu à l'appel de Jésus, quel centre missionnaire cette ville serait devenue! Israël, se détournant de son apostasie, se serait converti et une puissante armée se serait constituée pour la cause de Dieu. Avec quelle rapidité l'Évangile n'aurait-il pas atteint les extrémités de la terre! Si donc, de nos jours, des hommes influents et capables étaient gagnés à la cause du Christ, ils accompliraient une oeuvre admirable en faveur des pécheurs et de ceux qui sont rejetés par la société, et répandraient partout la bonne nouvelle du salut. L'invitation serait transmise avec promptitude et les conviés ne tarderaient pas à se grouper autour de la table du Seigneur.

Mais il ne faut pas penser seulement aux hommes influents et négliger les autres. Jésus recommande aussi à ses messagers d'aller dans les chemins et le long des haies, vers les pauvres et les humbles de la terre. Dans les cours et les ruelles de nos grandes cités, dans les chemins écartés des campagnes, il y a des familles et des individus -- peut-être des solitaires en pays étrangers qui ne font partie d'aucune église et qui, dans leur isolement, en viennent à penser que Dieu les a oubliés. Ils ne savent que faire pour être sauvés. Beaucoup sont plongés dans le péché; beaucoup se trouvent dans la misère, la souffrance, le besoin, l'incrédulité, le découragement, la maladie physique et morale. Ils aspirent à trouver le baume qui pansera leurs blessures. Satan les pousse à le rechercher dans la luxure et les plaisirs qui consommeront leur déchéance et leur mort. Il leur tend les pommes de Sodome qui se changent en amertume dès qu'ils les portent à leur bouche. Ils dépensent leur argent pour ce qui ne nourrit pas, et ils travaillent pour ce qui ne rassasie pas.

Nous devons voir dans ces êtres souffrants ceux que Jésus est venu sauver. C'est à eux qu'il dit : « Vous tous qui avez soif, venez aux eaux, même celui qui n'a pas d'argent! Venez, achetez et mangez, venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer!... Écoutez-moi donc, et vous mangerez ce qui est bon, et votre âme se délectera de mets succulents. Prêtez l'oreille, et venez à moi, écoutez, et votre âme vivra. » (Ésaïe 55:1-3)

Dieu nous a tout spécialement recommandé d'avoir des égards pour les étrangers, les proscrits et ceux qui sont faibles de caractère. Bien des gens qui semblent indifférents à toute question religieuse aspirent dans leur coeur au repos et à la paix. Plongés dans les bas-fonds du péché, ils peuvent néanmoins être sauvés.

Les serviteurs du Christ doivent imiter son exemple. En se rendant de lien en lieu, Jésus consolait les affligés et guérissait les malades. Puis il leur présentait les grandes vérités relatives à son royaume. C'est aussi la mission qu'il a confiée à ses disciples. En soulageant les corps, vous trouverez le moyen de subvenir aux besoins des âmes. Vous pourrez attirer l'attention du monde sur le Sauveur crucifié et parler de l'amour du grand Médecin qui, seul, a le pouvoir de guérir.

Dites aux malheureux en proie an découragement qu'il y a de l'espoir pour eux. Malgré leurs égarements et les lacunes de leur caractère, Dieu a encore une joie en réserve pour celle du salut qu'il offre. Il prend plaisir à se servir de matériaux apparemment impropres à tout usage, qui ont été les instruments de Satan, pour en faire les bénéficiaires de sa grâce. Il se réjouit en les délivrant de la colère qui fondra sur tous ceux qui lui ont désobéi. Il faut leur dire qu'il y a guérison et purification pour tous. Il y a une place pour eux à la table du Seigneur. Celui-ci attend de pouvoir leur souhaiter la bienvenue.

Ceux qui vont par les chemins et le long des haies rencontreront des personnes d'un caractère bien différent, qui ont besoin de leur ministère. Il y a des âmes qui marchent dans toute la lumière qu'elles ont reçue et qui servent Dieu de leur mieux. Se rendant compte de la grande oeuvre qui reste encore à faire en elles et chez ceux qui les entourent, elles aspirent à connaître Dieu toujours plus parfaitement, mais elles n'ont fait qu'entrevoir les premières lueurs d'une clarté plus vive. Elles prient Dieu avec larmes, le suppliant de leur donner la bénédiction que leur foi discerne dans le lointain. On trouvera nombre de ces gens an sein de la corruption des grandes villes. Beaucoup passent inaperçus à cause de leur condition extrêmement modeste. Il en est plusieurs dont les prédicateurs et les églises ne savent rien. Mais dans ces lieux humbles et misérables, ils sont les témoins du Seigneur. Peut-être n'ont-ils reçu que peu de lumière et n'ont-ils guère eu l'occasion de former un caractère chrétien; mais dans leur nudité, en butte à la faim et au froid, ils s'efforcent de venir en aide a d'autres. Que les dispensateurs de la grâce infiniment variée de Dieu recherchent ces âmes, qu'ils visitent leurs foyers et subviennent à leurs besoins par la puissance du Saint-Esprit! Étudiez la Bible avec elles et priez ensemble avec la simplicité que communique l'Esprit de Dieu. Le Christ donnera à ses serviteurs un message qui sera pour elles comme le pain du ciel. Ses précieuses bénédictions se transmettront de coeur à coeur, de famille en famille.

On a souvent mal interprété l'ordre donné dans la parabole : « Contrains-les d'entrer. » Certains ont cru qu'il fallait obliger les gens à accepter l'Évangile. Mais cette parole montre plutôt la nature pressante de l'invitation et l'efficacité des encouragements donnés. L'Évangile n'a jamais employé la force pour conduire les âmes au Christ. Voici quel est son message : « Vous tous qui avez soif, venez aux eaux. » « L'Esprit et l'épouse disent : Viens.... Que celui qui veut prenne de l'eau de la vie, gratuitement. » (Ésaïe 55:16;Apocalypse 22:17) Nous sommes contraints à venir à Jésus par la puissance de la grâce et de l'amour divins.

Le Sauveur déclare : « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. » (Apocalypse 3:20) Il ne se laisse pas rebuter par le mépris ni effrayer par les menaces, mais il cherche constamment les égarés, en disant : « Comment pourrais-je t'abandonner? » (Osée 11:8 , version Synodale) Bien que repoussé par un coeur endurci, Jésus se fait entendre avec plus d'insistance encore : « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. » La force irrésistible de son amour contraint l'homme à entrer dans la salle du banquet. Aussi dit-il au Christ : « Je deviens grand par ta bonté. » (Psaume 18:36)

Le Christ communiquera à ses serviteurs l'amour ardent qu'il témoigne dans la recherche de ceux qui se perdent. Il ne suffit pas de dire simplement : « Venez, car il y a des âmes qui entendent l'appel sans en pénétrer le sens. Leur compréhension est trop lente et trop faible pour discerner les bénédictions qui les attendent. Beaucoup de gens ont conscience de leur triste condition morale et disent : « Laissez-moi, car je ne suis pas digne de votre aide. » Mais les messagers de la bonne nouvelle ne doivent pas abandonner la partie. Avec amour et mansuétude, ils ont à s'approcher de ceux qui sont découragés et délaissés. Communiquez-leur votre courage, votre espérance, votre force. Avec bonté, contraignez-les d'entrez. « Reprenez les uns, ceux qui contestent; sauvez-en d'autres en les arrachant du feu; et pour d'autres encore, ayez une pitié mêlée de crainte. » (Jude 22,23)

Notre message aura de l'efficacité si nous marchons avec Dieu par la foi. Le Seigneur nous rendra capables de montrer son amour et de mettre en évidence le danger qui résulte du rejet de sa grâce. Ainsi, des âmes se trouveront contraintes d'accepter l'Évangile. Jésus-Christ accomplira encore des miracles étonnants si les hommes veulent seulement faire la part que Dieu leur a confiée. Aujourd'hui, comme par le passé, de grandes transformations peuvent s'opérer dans les coeurs. John Bunyan, retire d'une vie de souillure et de péché, et John Newton, auparavant marchand d'esclaves, devinrent les hérauts d'un Sauveur crucifié. Des Bunyan et des Newton peuvent encore être régénérés parmi nos contemporains. Nombre de parias seront encore relevés par ceux qui consentent à collaborer avec la divinité et, à leur tour, ils s'emploieront à restaurer l'image de Dieu dans d'autres âmes. Certaines personnes ont eu très peu d'occasions d'apprendre à connaître leur Sauveur; elles sont dans l'erreur parce qu'elles ne connaissent rien de mieux. Néanmoins, les rayons de la lumière d'en haut leur parviendront. Le Seigneur leur dira comme à Zachée : « Il faut que je demeure aujourd'hui dans ta maison. » (Luc 19:5) On constatera que ceux qui avaient la réputation d'être endurcis auront des coeurs aussi tendres que des enfants, parce que le Seigneur aura daigné abaisser son regard sur eux. De nombreuses personnes qui ont été plongées dans les erreurs et les péchés les plus grossiers répondront à l'appel divin et prendront la place de celles qui n'ont pas su apprécier les occasions et les privilèges qui leur étaient offerts. Elles figureront parmi les élus de Dieu, parmi ses bien-aimés; et lorsque le Christ viendra dans son règne, elles seront près de son trône.

« Gardez-vous de refuser d'entendre celui qui parle. » (Hébreux 12:25) Jésus dit : « Aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon souper. » Ils ont repoussé l'invitation, elle ne leur sera jamais renouvelée. En rejetant le Christ, les Juifs endurcissaient leur coeur et se plaçaient sous le contrôle de Satan. Il leur était désormais impossible d'accepter la grâce divine. Il en est ainsi aujourd'hui. Celui qui n'apprécie pas l'amour de Dieu, qui ne se laisse pas fléchir et subjuguer par ce principe immuable est définitivement perdu. Le Seigneur ne peut en donner une manifestation plus grande que celle qui nous a été accordée. Le coeur qui reste insensible à cet amour devient absolument inaccessible.

Toutes les fois que vous refusez de prêter l'oreille au message de miséricorde, vous vous endurcissez dans l'incrédulité. Après chaque occasion manquée, vous avez encore moins envie d'écouter la voix de Jésus. Vous diminuez ainsi vos chances de répondre au dernier appel de la miséricorde. Veillez à ce qu'il ne soit pas dit de vous comme de l'ancien Israël : « Éphraïm est attaché aux idoles : laisse-le! » (Osée 4:17) Prenez garde que le Christ ne vous répète, avec des larmes dans la voix, les paroles qu'il prononçait autrefois sur Jérusalem : « Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu! Voici, votre maison vous sera laissée déserte. » (Matthieu 23:37,38)

Nous vivons à l'époque où le dernier message de miséricorde, c'est-à-dire le dernier appel de la grâce, est adressé aux enfants des hommes. L'exécution de l'ordre donné : « Allez dans les chemins et le long des haies », entre dans sa phase ultime. Toute âme recevra l'invitation : « Venez, car tout est prêt. » Les anges du ciel opèrent encore en collaboration avec les hommes. Par toutes sortes d'encouragements, le Saint-Esprit vous presse de venir. Le Christ attend un signe indiquant que vous tirez le verrou pour lui permettre d'entrer. Les anges aimeraient pouvoir porter au ciel la nouvelle qu'un pécheur de plus s'est repenti. Les armées célestes se tiennent prêtes à toucher leurs harpes et à entonner des chants de joie en apprenant qu'une nouvelle âme a accepté l'invitation au festin évangélique. 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 19

La mesure du pardon

Pierre vint un jour demander à Jésus : « Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu'il péchera contre moi? Sera-ce jusqu'à sept fois? » (Matthieu 18:21) Les rabbins limitaient le pardon à trois offenses. Pour se conformer à ce qu'il croyait être la pensée du Maître, Pierre en porta la limite à sept fois, chiffre exprimant l'idée de la perfection. Mais le Christ enseigna que nous ne devons jamais nous lasser de pardonner : « Je ne te dis pas jusqu'à sept fois, dit-il, mais jusqu'à septante fois sept fois. » (Matthieu 18:22)

Ensuite, il expliqua sur quelle base le pardon doit être accordé, et montra qu'il est dangereux d'entretenir dans son coeur des ferments de rancune. Dans une parabole, il cita le comportement d'un roi envers les dignitaires auxquels il avait confié les affaires de son gouvernement. Quelques-uns d'entre eux recevaient des sommes considérables qui appartenaient à l'État. Le monarque ayant entrepris d'examiner leur gestion, on lui en amena un dont les comptes accusaient l'énorme découvert de dix mille talents. Il était incapable de restituer ce qu'il avait pris. Comme c'était la coutume, le roi, pour rentrer dans ses fonds, ordonna qu'on le vende avec tout ce qu'il possédait. Terrifié, le pauvre homme tomba à ses pieds, en s'écriant : « Seigneur, aie patience envers moi, et je te paierai tout. » (Matthieu 18:26) Saisi de pitié, le maître de ce serviteur le laissa aller et lui remit sa dette.

« Après qu'il fut sorti, ce serviteur rencontra un de ses compagnons qui lui devait cent deniers. Il le saisit et l'étranglait, en disant : Paie ce que tu me dois. Son compagnon, se jetant à terre, le suppliait, disant : Aie patience envers moi, et je te paierai. Mais l'autre ne voulut pas, et il alla le jeter en prison, jusqu'à ce qu'il ait payé ce qu'il devait. Ses compagnons, ayant vu ce qui était arrivé, furent profondément attristés, et ils allèrent raconter à leur maître tout ce qui s'était passé. Alors le maître fit appeler ce serviteur, et lui dit : Méchant serviteur, je t'avais remis en entier ta dette, parce que tu m'en avais supplié; ne devais-tu pas aussi avoir pitié de ton compagnon, comme j'ai eu pitié de toi? Et son maître irrité le livra aux bourreaux, jusqu'a ce qu'il eût payé tout ce qu'il devait. » (Matthieu 18:28-34)

Cette parabole nous donne certains détails qui sont indispensables à la présentation du tableau, mais qui n'ont aucune signification spirituelle. Il ne faut pas s'y arrêter. Les grandes vérités illustrées doivent seules retenir notre attention.

Le pardon accordé par le roi, c'est le pardon divin de tous nos péchés. Le Christ est représenté par ce souverain qui, ému de compassion, remit la dette de son serviteur. Les hommes se trouvaient sous la condamnation de la loi transgressée; il leur était impossible de se sauver eux-mêmes. C'est la raison pour laquelle Jésus vint ici-bas, revêtant sa divinité de notre humanité. Lui, le juste, sacrifia sa propre vie pour racheter des injustes. Après s'être donné pour nos péchés, il offre gratuitement à toute âme le pardon acquis par son sang. « La miséricorde est auprès de l'Éternel, et la rédemption est auprès de lui en abondance. » (Psaume 130:7)

Telle est la base sur laquelle nous devons accorder le pardon à ceux qui sont pécheurs comme nous. « Si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres. » « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » (Jean 4:11Matthieu 10:8)

Quand le débiteur de la parabole eut demandé un délai, en disant : « Aie patience envers moi, et je te paierai tout », la condamnation fut annulée. Toute sa dette lui fut remise. Il eut bientôt l'occasion d'exercer à son tour la miséricorde, à l'exemple de son maître. À peine sorti, il rencontra un de ses compagnons qui lui devait une petite somme d'argent. Il lui avait été remis dix mille talents, et son débiteur ne lui devait que cent deniers. Mais celui qui avait été traité avec tant de compassion agit tout différemment à l'égard de son camarade. Son débiteur lui adressa une requête analogue à celle qu'il avait lui-même présentée au roi, mais sans succès. Celui à qui l'on venait d'accorder le pardon se montra dur et sans pitié. C'est en vain que son débiteur lui demanda d'user de patience envers lui. Tout ce dont voulait se souvenir l'ingrat serviteur, c'est de la petite somme qui lui était due. Il exigea tout ce qui lui revenait et il exécuta une sentence semblable à celle qui venait d'être si miséricordieusement annulée en sa faveur.

Comme ils sont nombreux ceux qui, de nos jours, manifestent le même esprit! Quand le serviteur du roi suppliait son souverain d'avoir pitié de lui, il ne se rendait compte ni de l'énormité de sa dette ni de son incapacité à s'en acquitter. Il espérait pouvoir se libérer lui-même. « Aie patience envers moi, s'écria-t-il, et je te paierai tout. » Il existe encore des personnes qui croient mériter la faveur divine par leurs oeuvres. Elles ne sont pas conscientes de leur impuissance. Elles n'acceptent pas la grâce de Dieu comme un don gratuit, mais elles tentent d'acquérir la justice par leurs propres efforts. Leur coeur n'est pas brisé et humilié à la pensée de leur péché, et elles se montrent exigeantes et implacables pour les autres. Leurs offenses contre Dieu, au regard des fautes que leurs frères ont pu commettre envers elles, sont comme dix mille talents par rapport à cent deniers -- environ un million comparé à une unité -- et pourtant elles refusent de pardonner à leurs semblables.

Dans la parabole, le maître convoqua ce serviteur intraitable et lui dit : « Méchant serviteur, je t'avais remis en entier ta dette, parce que tu m'en avais supplié; ne devais-tu pas aussi avoir pitié de ton compagnon, comme j'ai eu pitié de toi? Et son maître irrité le livra aux bourreaux, jusqu'à ce qu'il ait payé tout ce qu'il devait. » « C'est ainsi, dit Jésus, que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son coeur. » (Matthieu 18:35) Quiconque refuse de se montrer clément repousse loin de lui tout espoir de pardon.

Mais il ne faudrait pas faire une fausse application de l'enseignement de cette parabole. Le pardon de Dieu ne nous dispense aucunement de l'obéissance que nous lui devons. Il en est de même de l'esprit de clémence à l'égard du prochain il ne dispense personne de la soumission à ses obligations. Dans la prière que Jésus enseigna aux disciples, il dit : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » (Matthieu 6:12) Il ne dit pas que pour obtenir le pardon nous ne devons pas réclamer un débiteur ce qu'il nous doit. S'il ne peut pas payer, fût-ce même par sa faute, il ne faut pas le jeter en prison ni le traiter avec dureté. Néanmoins, la parabole ne nous apprend pas à encourager l'indolence. L'Écriture déclare : « Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus. » (2 Thessaloniciens 3:10) Elle n'exige pas que celui qui gagne péniblement sa vie entretienne des paresseux, car il en est un grand nombre qui sont dans la pauvreté et la disette parce qu'ils gaspillent leur temps et ne se donnent pas la peine de subvenir à leurs besoins. S'ils ne se corrigent pas de leurs travers, tout ce qui sera fait en leur faveur le sera en pure perte, comme si l'on mettait un trésor dans un sac percé. Et pourtant, il existe des cas de pauvreté inévitable; aussi notre devoir est-il de manifester de la bonté et de la compassion envers les malheureux. Il faut traiter les autres comme nous désirerions être traités si nous nous trouvions dans de semblables circonstances.

Le Saint-Esprit, par l'intermédiaire de l'apôtre Paul, nous adresse cette exhortation : « Si donc il y a quelque consolation en Christ, s'il y a quelque soulagement dans la charité, s'il y a quelque union d'esprit, s'il y a quelque compassion et quelque miséricorde, rendez ma joie parfaite, ayant un même sentiment, un même amour, une même âme, une même pensée. Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l'humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-même. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ. » (Philippiens 2:1-5)

Mais le péché ne doit pas être considéré à la légère. Le Seigneur nous défend de le tolérer chez notre frère. « Si ton frère a péché, dit-il, reprends-le. » (Luc 17:3) Il faut appeler le péché par son nom et en parler franchement à celui qui s'en est rendu coupable.

Écrivant sous l'inspiration divine, l'apôtre Paul recommande à Timothée : « Insiste en toute occasion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant. » (2 Timothée 4:2) Il écrit aussi à Tite : « Il y a... beaucoup de gens rebelles, de vains discoureurs et de séducteurs, auxquels il faut fermer la bouche. Reprends-les sévèrement, afin qu'ils aient une foi saine. » (Tite 1:10-13)

« Si ton frère a péché, dit le Sauveur, va et reprends-le entre toi et lui seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S'il refuse de les écouter, dis-le à l'Église; et s'il refuse aussi d'écouter l'Église, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain. » (Matthieu 18:15-17)

Le Seigneur nous montre par ces paroles que les différends qui surgissent entre chrétiens doivent être réglés dans l'Église. Il ne faut pas les porter devant ceux qui ne craignent pas Dieu. Un converti vient-il à subir quelque injustice de la part d'un frère en la foi, qu'il évite de faire appel à un tribunal de non-croyants et qu'il suive l'instruction donnée par Jésus-Christ. Au lieu de chercher à se venger, qu'il s'efforce de sauver son frère. Dieu veille sur les intérêts de ceux qui l'aiment et le craignent, et c'est en toute confiance qu'ils peuvent s'en remettre à celui qui juge avec justice.

Trop souvent, lorsqu'une personne a été maintes fois offensée et que l'offenseur avoue sa faute, cette personne se lasse de pardonner et s'imagine qu'elle l'a fait suffisamment. Mais le Sauveur nous montre clairement comment nous devons nous comporter : « Si ton frère a péché, dit-il, reprends-le; et, s'il se repent, pardonne-lui. » (Luc 17:3) Ne le repousse pas comme indigne de confiance. « Prends garde à toi-même, est-il écrit, de peur que tu ne sois aussi tenté. » (Galates 6:1)

Si vos frères s'égarent, vous devez leur pardonner. Quand ils viennent à vous pour confesser leurs fautes, vous ne devez pas dire : « Ils ne se sont pas encore humiliés comme il faudrait. Je ne crois pas qu'ils aient un sentiment assez vif de leur péché. » De quel droit voudriez-vous les soumettre aux rigueurs de votre jugement comme si vous saviez ce qui se passe dans leurs coeurs? La parole de Dieu nous déclare : « S'il se repent, pardonne-lui. Et s'il a péché contre toi sept fois dans un jour, et que sept fois il revienne à toi, disant : je me repens, -- tu lui pardonneras. » (Luc 17:3,4), et cela non seulement sept fois, mais encore septante fois sept fois, autrement dit, aussi souvent que le Seigneur consent à nous pardonner.

C'est à la grâce de Dieu que nous devons tout ce que nous avons; c'est par elle que nous avons été adoptés; c'est encore elle qui a effectué notre rédemption, notre régénération, notre élévation à la qualité d'héritiers avec le Christ. Que cette grâce soit aussi révélée à d'autres.

Ne découragez pas celui qui s'est égaré, et ne blessez pas votre frère par une dureté digne des pharisiens; veillez à ce que votre coeur et votre esprit ne se laissent pas dominer par des sentiments d'amertume; que le ton de votre voix soit exempt de tout mépris. Si vous dites une seule parole de vous-même, si vous prenez une attitude indifférente, ou si vous montrez de la suspicion ou de la défiance, vous risquez de perdre une âme. Votre prochain a besoin de rencontrer un frère avec un coeur semblable à celui du Frère aîné, capable par sa sympathie de toucher son coeur humain. Il faut qu'il sente l'étreinte d'une main chaleureuse et qu'il entende dire : « Prions. » À tous deux, le Seigneur accordera une riche bénédiction, car la prière nous unit aux autres et à Dieu. C'est elle qui attire Jésus à nos côtés et communique aux coeurs abattus et défaillants une force nouvelle pour vaincre le monde, la chair et Satan; c'est elle qui détourne les assauts de cet adversaire.

Quand nous délaissons les imperfections humaines pour contempler Jésus, une transformation divine s'opère dans notre caractère. L'esprit du Christ agit sur le coeur et le modèle à son image. Faites donc tout ce qui dépend de vous pour exalter Jésus; tournez vos regards vers « l'agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde » (Jean 1:29). En entreprenant cette tâche, rappelez-vous que « celui qui ramènera un pécheur de la voie où il s'était égaré sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés » (Jacques 5:20).

« Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses. » (Matthieu 6:15) Rien ne peut justifier celui qui n'a pas l'esprit de pardon. Qui ne se montre pas miséricordieux envers les autres prouve qu'il ne participe pas lui-même à la grâce de Dieu. La clémence d'en haut attire l'âme égarée à celui dont l'amour est infini. Le flot de la compassion divine envahit le coeur du pécheur et, par lui, se communique à d'autres. La tendresse et la miséricorde que le Christ a manifestées ici-bas se retrouveront chez ceux qui ont part à sa grâce. Mais « si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, il ne lui appartient pas » (Romains 8:9). Il est étranger à la vie de Dieu, et uniquement propre à être séparé de lui pour l'éternité.

Il est vrai qu'il peut avoir une fois été absous, mais son esprit sans pitié prouve qu'il rejette maintenant l'amour de Dieu qui pardonne. Il s'est écarté de lui et se trouve dans la même condition qu'avant d'avoir obtenu grâce. Il a renié sa repentance et il porte à nouveau ses péchés comme s'il ne s'était jamais repenti.

Voici la grande leçon qui se dégage de cette parabole : la compassion de Dieu contraste avec la dureté de l'homme; or le pardon divin doit nous donner la dimension de notre propre miséricorde. « Ne devais-tu pas avoir aussi pitié de ton compagnon, comme j'ai eu pitié de toi? »

Nous ne sommes pas pardonnés parce que nous pardonnons, mais comme nous pardonnons. La base de tout pardon se trouve dans l'amour immérité de Dieu; mais par notre attitude envers les autres, nous montrons si nous nous sommes approprié cet amour. Aussi le Christ dit-il : « On vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. » (Matthieu 7:2

Les paraboles de Jésus

Chapitre 20

Le gain qui est une perte

Le Christ enseignait et, comme à l'accoutumée, un groupe s'était formé autour de ses disciples. Le Maître venait précisément de parler à ceux-ci des scènes auxquelles ils devaient bientôt participer. Ils allaient être appelés à répandre les vérités qu'il leur avait confiées, et se trouveraient aux prises avec les grands de ce monde. À cause de lui, ils seraient traduits en justice et comparaîtraient devant des magistrats et des rois. Mais ils recevraient une sagesse à laquelle nul ne pourrait tenir tête. Ses paroles, qui touchaient le coeur des foules et confondaient ses rusés adversaires, témoignaient de la puissance de l'Esprit qui habitait en lui et qu'il avait promise à ses disciples.

Mais beaucoup n'aspiraient aux grâces du ciel que pour un but égoïste. Ils reconnaissaient la merveilleuse puissance qui agissait par le Christ pour exposer clairement la vérité. Ils savaient qu'il avait promis à ses disciples la sagesse nécessaire pour comparaître devant les gouverneurs et les magistrats. Ne mettrait-il pas également son pouvoir à la disposition de leurs visées temporelles?

« Quelqu'un dit à Jésus, du milieu de la foule : Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » (Luc 12:13) Par Moïse, Dieu avait donné des lois touchant la transmission de l'héritage. Le fils aîné devait recevoir une portion double des biens paternels, tandis que chacun de ses frères plus jeunes avait droit à une part égale de ce qui restait (Deutéronome 21:17). Cet homme estimait que son frère l'avait lésé dans le partage de leurs biens. Il n'avait pas réussi à obtenir ce qu'il croyait être son dû. Mais, se disait-il, si le Christ consentait à intervenir, il aurait sans doute gain de cause. Il avait entendu les vibrants appels de Jésus et ses solennelles condamnations à l'égard des scribes et des pharisiens. S'il s'adressait à son frère avec la même autorité, celui-ci n'oserait sans doute plus refuser de partager.

C'est au milieu des instructions solennelles du Christ que cet homme vint exhiber son égoïsme. Il voyait tout le parti qu'il pourrait tirer de la puissance du Seigneur en vue de ses intérêts matériels; mais les vérités spirituelles n'avaient eu aucune prise sur son esprit et sur son coeur. Il n'avait qu'une idée en tête prendre possession de son héritage. Jésus, le Roi de gloire, s'était fait pauvre pour nous, de riche qu'il était, et il offrait à cet homme les trésors de l'amour divin. Le Saint-Esprit le sollicitait de s'assurer « un héritage qui ne se peut ni corrompre, ni souiller, ni flétrir » (1 Pierre 1:4). Il avait eu des preuves de la puissance du Christ. Maintenant, l'occasion se présentait à lui de s'adresser au grand Maître pour lui exprimer ses désirs les plus chers. Mais, comme l'un des personnages du « Voyage du Pèlerin » de Bunyan, ses yeux étaient fixés sur la terre, il n'apercevait pas la couronne qui était sur sa tête. Comme Simon le magicien, il considérait les dons de Dieu comme un moyen d'acquérir des biens terrestres.

La mission du Christ ici-bas touchait à son terme. Il ne restait plus au Sauveur que quelques mois pour achever l'oeuvre qu'il était venu accomplir en vue de l'établissement du royaume de sa grâce. Cependant, la cupidité humaine s'efforçait de l'en détourner pour l'entraîner dans une dispute au sujet d'un lopin de terre. Mais Jésus ne se laissa pas détourner de sa mission. « Ô homme, répondit-il, qui m'a établi pour être votre juge, ou pour faire vos partages? » (Luc 12:14)

Il aurait pu dire à cet homme exactement ce que demandait la justice. Il connaissait le cas. Mais les frères se disputaient parce que l'un et l'autre étaient avares. Le Christ dit virtuellement : « Il ne m'appartient pas de régler des différends de ce genre. » Il était venu dans une tout autre intention : prêcher l'Évangile et réveiller chez les êtres humains un sens des réalités éternelles.

L'attitude du Christ en présence d'une situation comme celle-là est une leçon pour tous ceux qui exercent un ministère en son nom. Voici le mandat qu'il a donné aux douze en les envoyant dans le monde : « Allez, prêchez, et dites : Le royaume des cieux est proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » (Matthieu 10:7,8) Les apôtres ne devaient pas s'occuper des différends d'ordre purement temporel. Leur mission consistait à persuader les hommes d'accepter la réconciliation avec Dieu.

C'est en s'appliquant à cette tâche qu'ils pouvaient être en bénédiction à l'humanité. Le Christ : voilà l'unique remède pour les péchés et les douleurs des hommes. Seul l'Évangile de la grâce a la puissance de guérir les maux qui rongent la société. L'injustice du riche à l'égard du pauvre et la haine de celui-ci envers le riche ont toutes deux leurs racines dans l'égoïsme, et l'on ne parvient à extirper celui-ci qu'en se soumettant à Jésus-Christ. Lui seul peut donner, en échange d'un coeur égoïste, un coeur à nouveau capable d'aimer. Que les serviteurs du Christ prêchent donc l'Évangile avec l'Esprit qui leur est envoyé du ciel et qu'ils travaillent comme leur Maître au bonheur de l'humanité, en exerçant sur elle une influence bienfaisante et ennoblissante. Ils constateront alors des résultats qu'il serait impossible d'obtenir par la seule puissance humaine.

Notre Seigneur s'attaqua à la racine du problème qui troublait cet homme, et régla tous les litiges analogues : « Gardez-vous avec soin de toute avarice; car la vie d'un homme ne dépend pas de ses biens, fût-il dans l'abondance.

» Et il leur dit cette parabole : Les terres d'un homme riche avaient beaucoup rapporté. Et il raisonnait en lui-même, disant : Que ferai-je? car je n'ai pas de place pour serrer ma récolte. Voici, dit-il, ce que je ferai j'abattrai mes greniers, j'en bâtirai de plus grands, j'y amasserai toute ma récolte et tous mes biens; et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années; repose-toi, mange, bois, et te réjouis. Mais Dieu lui dit : Insensé! Cette nuit même ton âme te sera redemandée; et ce que tu as préparé, pour qui sera-t-il? Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour lui-même, et qui n'est pas riche pour Dieu. » (Luc 12:15-21)

Par la parabole du riche insensé, le Christ mit en évidence la folie de ceux qui placent toutes leurs affections dans les biens de ce monde. Cet homme avait tout reçu de Dieu : le soleil avait brillé sur ses terres, car celui-ci éclaire de ses rayons les bons et les méchants, et les ondées du ciel tombent sur le champ de l'injuste comme sur celui du juste. Le Seigneur avait fait prospérer la végétation et avait accordé à ce propriétaire des récoltes abondantes. Ses greniers regorgeaient, et il était perplexe, car il n'avait pas de place pour loger le surplus du produit de ses champs. Il ne pensait pas à Dieu qui l'avait comblé de tous ces biens. Il oubliait que le Seigneur l'avait établi administrateur de ces richesses pour venir en aide aux nécessiteux. Il avait là une belle occasion d'être un généreux dispensateur entre les mains de Dieu, mais il ne pensait qu'à ses aises.

Son attention s'était portée sur la situation des pauvres, des orphelins, des veuves, des malades et des affligés : autant de cas qui demandaient son assistance. Il aurait pu facilement se décharger d'une partie de son superflu, et mettre ainsi de nombreuses familles à l'abri du besoin; bien des affamés auraient pu être rassasiés; ceux qui n'avaient pas de vêtements auraient pu se vêtir; il aurait pu rendre heureux bien des coeurs, exaucer lui-même de nombreuses requêtes. Un concert de louanges serait ainsi monté vers le ciel. Le Seigneur avait entendu les prières des malheureux et, dans sa bonté, il leur avait préparé le nécessaire (Psaume 68:11). Il avait été pourvu abondamment aux besoins de plusieurs par les bénédictions accordées à l'homme riche. Mais celui-ci avait fermé son coeur au cri des pauvres. Il avait dit à ses serviteurs : « Voici ce que je ferai : j'abattrai mes greniers, j'en bâtirai de plus grands, j'y amasserai toute ma récolte et tous mes biens; et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de biens en réserve pour plusieurs années; repose-toi, mange, bois, et te réjouis. »

Les aspirations de ce riche n'étaient pas plus élevées que celles des animaux. Il vivait comme s'il n'y avait ni Dieu, ni ciel, ni vie à venir; comme si tout ce qu'il possédait lui appartenait en propre, et qu'il ne doive rien ni à Dieu ni aux hommes. C'est un homme de ce genre que le psalmiste décrit dans ce passage : « L'insensé dit en son coeur : il n'y a point de Dieu! » (Psaume 14:1)

Ce propriétaire vivait et concevait des plans pour lui seul. Il veillait à ce que son avenir soit largement assuré, et il ne pensait qu'à accumuler le fruit de ses travaux pour en jouir. Il se considérait comme le plus favorisé des hommes, et il en attribuait la gloire à sa prévoyance et à son savoir-faire. Il était honoré par ses concitoyens comme un homme judicieux et prospère -- car « on te louera, si tu te fais du bien » (Psaume 49:18, version Darby).

Mais « la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu » (1 Corinthiens 3:19). Tandis que le riche se promet des années de plaisir, Dieu fait des plans tout différents. Il adresse à cet économe infidèle ce message : « Insensé! cette nuit même ton âme te sera redemandée. » L'argent ne pourra rien contre une pareille sentence, et les biens qu'il a accumulés ne sauraient lui accorder aucun sursis. En un instant, ce qu'il a amassé au prix du travail de toute une vie pour se mettre à l'abri du besoin lui devient inutile. « Ce que tu as préparé, pour qui cela sera-t-il? » Ses champs immenses, ses greniers bien remplis lui échappent. « Il amasse, et il ne sait qui recueillera. » (Psaume 39:7)

Il ne s'est pas assuré la seule chose qui pourrait maintenant lui être utile. Dans son égoïsme, il a repoussé l'amour de Dieu qui se serait répandu sur les autres par des actes de miséricorde. Il a ainsi rejeté la vie -- car Dieu est amour et son amour est vie. Ce riche a préféré le terrestre au spirituel, et il doit disparaître avec ce qui est terrestre. « L'homme qui est en honneur, et qui n'a pas d'intelligence, est semblable aux bêtes que l'on égorge. » (Psaume 49:21)

« Il en est ainsi de celui qui amasse des trésors pour lui-même, mais qui n'est pas riche pour Dieu. » Ce tableau correspond à une réalité de tous les temps. Vous pouvez faire des plans en vue de votre avantage personnel, accumuler des trésors, édifier de grandes et hautes bâtisses, comme l'ont fait les fondateurs de l'antique cité de Babylone; mais vous ne pourrez jamais construire des murailles assez élevées et des portes assez solides pour barrer la route aux messagers du jugement. « Le roi Belschatsar donna un grand festin à ses grands , et il loua les dieux d'or, d'argent, d'airain, de fer, de bois et de pierre. » Mais la main d'un Être invisible inscrivit sa condamnation sur la paroi, et l'on ne tarda pas à entendre les pas des soldats ennemis aux portes du palais. « Cette même nuit, Belschatsar, roi des Chaldéens, fut tué », et un monarque étranger s'assit sur le trône. ( Daniel 5:30)

Vivre pour soi, c'est périr. L'avarice, le désir d'un profit personnel immédiat, sépare l'âme de la source de la vie. C'est l'esprit de Satan qui persuade l'homme d'amasser et d'accaparer des biens, tandis que celui de Jésus-Christ invite à la générosité et au sacrifice en faveur des autres. « Et voici ce témoignage, c'est que Dieu nous a donné la vie éternelle, et que cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils à la vie; celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie. » (1 Jean 5:11,12)

C'est la raison pour laquelle il a dit : « Gardez-vous avec soin de toute avarice; car la vie d'un homme ne dépend pas de ses biens, fût-il dans l'abondance. » 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 21

Un grand abîme

Dans la parabole du riche et de Lazare, le Christ montre que c'est dans cette vie que les hommes fixent leur destinée éternelle. Durant ce temps de grâce, le pardon de Dieu est offert à tous. Mais ceux qui le refusent pour se complaire en eux-mêmes se coupent de la vie éternelle. Aucun temps de grâce supplémentaire ne leur sera accordé. Par leur propre choix, ils auront creusé un abîme infranchissable entre eux et leur Dieu.

Cette parabole établit un contraste entre les riches qui n'ont pas pris Dieu comme appui et les pauvres qui ont mis en lui leur confiance. Le Christ fait comprendre que le temps viendra où leur position respective sera inversée. Ceux qui sont pauvres en biens de ce monde, mais qui se confient en Dieu et se montrent patients dans l'affliction, seront un jour élevés bien au-dessus de ceux qui occupent maintenant les plus hautes positions que le monde puisse offrir, mais qui ne se soumettent pas à la volonté de Dieu.

« Il y avait un homme riche, dit le Christ, qui était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie. Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d'ulcères, et désireux de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche. » (Luc 16:19-21)

Ce riche n'appartenait pas à la catégorie du juge inique, qui affichait ouvertement son mépris pour Dieu et les hommes. Il se disait fils d'Abraham. Il ne traitait pas le mendiant avec rudesse, il ne lui disait pas de s'éloigner de lui parce que sa vue l'importunait. Si ce pauvre et repoussant spécimen de l'humanité pouvait retirer quelque soulagement à le voir passer, le riche voulait bien tolérer qu'il reste à sa porte. Mais il était égoïstement indifférent aux besoins de son frère souffrant.

À cette époque, les hôpitaux n'existaient pas. Les malades et les nécessiteux étaient exposés aux regards de ceux auxquels Dieu avait confié des biens, afin de recevoir d'eux secours et sympathie. Il en était ainsi du mendiant et du riche. Lazare avait grand besoin d'aide, car il était sans ami, sans foyer, sans ressources, sans pain. Il était réduit jour après jour à une triste existence, alors que le riche avait tout ce qu'il désirait. Celui qui pouvait fort bien soulager la misère de ce malheureux vivait pour lui-même, comme le font encore de nos jours beaucoup de gens.

Il ne manque pas de personnes aujourd'hui, tout près de nous, qui souffrent de la faim, qui manquent de vêtements et qui sont sans foyer. Celui qui ne partage pas avec ceux qui sont dans le besoin se charge d'une faute dont il devra un jour rendre compte en tremblant. Toute avarice est condamnée comme étant de l'idolâtrie, et toute manifestation d'égoïsme offense le Seigneur.

Dieu avait établi le riche comme administrateur de ses biens, aussi celui-ci devait-il venir en aide aux malheureux qui se trouvaient dans le cas de Lazare. Cet ordre avait été donné : « Tu aimeras l'Éternel, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force. », et celui-ci : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Deutéronome 6:5Lévitique 19:18) Le riche était Juif et il connaissait les commandements de Dieu; mais il oubliait qu'il devrait répondre de l'usage des biens et des talents qui lui avaient été confiés. Le Seigneur avait répandu sur lui d'abondantes bénédictions, mais il les employait égoïstement pour sa propre gloire et non pour celle de son Créateur. Il aurait dû employer ses biens au service de l'humanité, selon l'abondance des richesses qu'il avait reçues. C'était là le commandement de Dieu, mais le riche ne se souciait guère de ses devoirs envers lui. Il prêtait de l'argent et en exigeait l'intérêt, mais il ne donnait au Seigneur aucun intérêt pour ce qu'il lui avait confié. Il possédait des connaissances et des talents, mais il ne les faisait pas fructifier. Oubliant les comptes qu'il devait rendre, il s'adonnait entièrement aux plaisirs. Tout ce qui l'entourait : amusements, louanges et flatteries de ses compagnons, tout contribuait à ses joies égoïstes. Il se laissait tellement absorber par la société de ses amis qu'il perdait tout sentiment de la responsabilité qui lui incombait de collaborer avec Dieu dans son ministère de miséricorde.

Il avait l'occasion de comprendre la parole de Dieu et de mettre en pratique ses enseignements; mais la joyeuse compagnie dans laquelle il se plaisait occupait une si grande partie de son temps qu'il en oubliait l'Éternel.

Il vint un moment où la condition de ces deux hommes changea. Le pauvre Lazare avait souffert jour après jour, mais il avait tout supporté sans se plaindre; il finit par mourir et fut enseveli. Personne ne pleura sa mort; mais par sa patience dans les douleurs, il avait été un témoin du Christ, il avait enduré l'épreuve de sa foi, et il nous est montré comme étant porté par les anges en présence d'Abraham.

Lazare représente le pauvre qui a la souffrance en partage, mais qui croit en Jésus. Lorsque la trompette sonnera et que tous les saints qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Christ et en sortiront, ils recevront leur récompense; car leur foi en Dieu n'aura pas été une simple théorie, mais une vivante réalité.

« Le riche mourut aussi, et il fut enseveli. Dans le séjour des morts, il leva les yeux ; et, tandis qu'il était en proie aux tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein. Il s'écria : Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, pour qu'il trempe le bout de son doigt dans l'eau et me rafraîchisse la langue; car je souffre cruellement dans cette flamme. » (Luc 16:22-24)

Dans cette parabole, le Christ rencontrait ses auditeurs sur leur propre terrain. La doctrine de l'état conscient de l'âme humaine entre la mort et la résurrection était celle d'un bon nombre de ses auditeurs. Le Sauveur, ayant connaissance de cette théorie, adapta sa parabole de manière à leur inculquer des vérités importantes en se servant de leurs idées préconçues. Il plaçait devant ses auditeurs un miroir où ils pouvaient se voir dans leurs véritables rapports avec Dieu. Partant de l'opinion générale, il mettait en relief une vérité qu'il voulait enseigner à tous : la valeur de l'homme ne dépend pas de l'importance de sa fortune, car tout ce qu'il possède lui est seulement prêté par le Seigneur; l'abus de ces dons le placera au-dessous de l'homme le plus pauvre et le plus affligé qui aime Dieu et met sa confiance en lui.

Le Christ désire faire comprendre à la foule qu'il est impossible de faire son salut après la mort. Il met dans la bouche d'Abraham la réponse suivante : « Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et que Lazare a eu les maux pendant la sienne; maintenant il est ici consolé, et toi, tu souffres. D'ailleurs, il y a entre nous et vous un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer d'ici vers vous, ou de là vers nous, ne puissent le faire. » (Luc 16:25,26) Jésus montre ainsi que c'est en vain qu'on attendrait un nouveau temps de grâce après la mort. Cette vie est le seul temps accordé à l'homme en vue de se préparer pour l'éternité.

Le riche n'a pas perdu de vue qu'il est enfant d'Abraham, et dans sa détresse, c'est à lui qu'il adresse ses cris : « Père Abraham, aie pitié de moi. » Il n'adresse pas sa prière à Dieu. Il montre ainsi qu'il place Abraham au-dessus de Dieu, et qu'il compte, pour son salut, sur le fait qu'il descend de ce patriarche. Le larron sur la croix, lui, invoqua le Christ : « Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne. » (Luc 23:42) La réponse ne se fit pas attendre : « Je te le dis en vérité aujourd'hui [tandis que je suis sur cette croix d'ignominie et de souffrance], tu seras avec moi dans le paradis. » (Luc 23:43) Mais le riche adresse sa prière à Abraham et n'est pas exaucé. Jésus seul a été élevé comme « Prince et Sauveur, pour donner à Israël la repentance et le pardon des péchés ». « Il n'y a de salut en aucun autre. » (Actes 5:314:12)

Pendant sa vie, le riche n'a songé qu'à ses plaisirs. Il s'aperçoit trop tard qu'il ne s'est pas préparé pour l'éternité. Dès qu'il se rend compte de sa folie, il pense à ses frères qui suivent la même voie et ne cherchent que leurs satisfactions présentes. Il supplie donc le patriarche en ces termes : « Je te prie, père Abraham, d'envoyer Lazare dans la maison de mon père; car j'ai cinq frères. C'est pour qu'il leur atteste ces choses, afin qu'ils ne viennent pas aussi dans ce lieu de tourments. Abraham répondit : Ils ont Moïse et les prophètes; qu'ils les écoutent. Et il dit : Non, père Abraham, mais si quelqu'un des morts va vers eux, ils se repentiront. Et Abraham lui dit : S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader quand même quelqu'un des morts ressusciterait. » (Luc 16:27-31)

Quand le riche demande un témoignage supplémentaire pour ses frères, il lui est clairement affirmé que même ainsi ces derniers ne se laisseraient pas persuader. Sa requête constitue un reproche adressé à Dieu. Il semble dire : « Si j'avais été mieux averti, je ne me trouverais pas maintenant dans ce lieu. » Abraham lui répond en substance : « Tes frères ont été suffisamment avertis. La lumière leur a été donnée, mais ils n'ont pas voulu voir; la vérité leur a été présentée, mais ils n'ont pas voulu entendre. »

« S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader quand même quelqu'un des morts ressusciterait. » L'histoire du peuple juif atteste la véracité de cette déclaration. Le dernier des miracles du Christ -- en quelque sorte le couronnement de son oeuvre -- fut la résurrection de Lazare de Béthanie, quatre jours après sa mort. Cette confirmation merveilleuse de la divinité du Messie fut donnée aux Juifs, mais ils la rejetèrent. Lazare revint à la vie et rendit devant eux son témoignage, mais, fermant leurs coeurs à l'évidence, ils songèrent même à le faire mourir (Jean 12:9-l1).

La loi et les prophètes sont les instruments choisis par Dieu pour assurer le salut des êtres humains. Le Christ déclare : Qu'ils prennent garde à cette révélation! S'ils ne sont pas attentifs à la voix de Dieu dans sa parole, un homme qui se relèverait d'entre les morts ne saurait les convaincre.

Ceux qui écoutent Moïse et les prophètes n'ont pas besoin d'une autre lumière : celle que Dieu leur a donnée suffit. Si quelqu'un la refuse et n'apprécie pas les occasions offertes par le ciel, il ne prêterait pas plus d'attention au message d'un ressuscité. Cette nouvelle preuve n'aurait pas plus d'efficacité que les précédentes; car ceux qui rejettent la loi et les prophètes ont le coeur tellement endurci qu'ils repousseraient toute autre lumière.

L'entretien entre Abraham et celui qui avait été autrefois un homme riche est une prosopopée. Une leçon s'en dégage : chacun a reçu assez de lumière pour faire ce que Dieu attend de lui. Les responsabilités de l'homme sont proportionnées aux occasions et aux privilèges qui lui sont accordés. Le Seigneur donne à tous clarté et grâce en suffisance pour accomplir l'oeuvre assignée. Quelqu'un se dérobe-t-il aux devoirs que lui révèle le peu de lumière qu'il a reçu? Il se montrerait plus infidèle encore et plus indifférent à l'égard des bénédictions dont il est l'objet si des lumières plus grandes lui étaient dispensées. « Celui qui est fidèle dans les moindres choses l'est aussi dans les grandes, et celui qui est injuste dans les moindres choses l'est aussi dans les grandes. » (Luc 16:10) Ceux qui refusent de se laisser éclairer par Moïse et les prophètes, et qui réclament de grands miracles, ne seraient pas convaincus si leurs désirs étaient satisfaits.

La parabole du riche et de Lazare montre comment les catégories d'individus représentées par ces deux hommes sont considérées dans le monde invisible. La richesse n'est pas un péché si elle a été acquise honnêtement. Un riche n'est pas condamné parce qu'il a beaucoup de ressources, mais parce qu'il en use avec égoïsme. Il ferait infiniment mieux de les placer près du trône de Dieu en s'en servant pour faire du bien. La mort ne peut appauvrir celui qui s'est consacré à la recherche des valeurs éternelles, mais celui qui accumule une fortune pour lui seul n'en pourra rien emporter au ciel. Il a prouvé qu'il était un administrateur infidèle; il a joui de ses biens pendant sa vie, mais il a oublié ses obligations envers Dieu. Il ne s'est pas constitué un trésor dans le ciel.

L'homme riche qui a eu tant de privilèges aurait dû faire valoir ses talents de telle sorte qu'ils portent du fruit jusque dans la vie éternelle. Le but de la rédemption est non seulement d'effacer le péché, mais encore de rendre à l'homme les dons spirituels qui lui ont été ravis par la puissance amoindrissante du péché. On ne saurait emporter de l'argent dans l'au-delà; il n'y serait du reste d'aucune utilité. Seuls les actes accomplis pour gagner des âmes au Christ nous suivent dans les parvis célestes. Ceux qui emploient les dons du Seigneur uniquement pour leur satisfaction personnelle, qui ne viennent pas en aide à leurs semblables et qui ne contribuent en rien à la progression de l'oeuvre de Dieu dans ce monde, déshonorent leur Créateur. Coupables de vol envers Dieu : voilà ce qui est écrit dans les livres du ciel en face de leur nom.

L'homme riche avait tout ce que l'argent peut donner, mais il ne possédait pas le genre de capital nécessaire pour maintenir son compte en règle avec Dieu. Sa vie s'était déroulée comme si tout ce qu'il avait lui appartenait. Il avait négligé l'appel divin aussi bien que les droits de l'humanité souffrante. Mais il reçut un jour un appel qu'il ne put repousser : une puissance qui n'admettait aucune réplique lui intima l'ordre de quitter les biens dont l'administration lui était retirée. L'homme autrefois fortuné se voit maintenant précipité dans une pauvreté irrémédiable. Il ne revêtira jamais la robe de la justice du Christ, cette robe tissée sur les métiers du ciel. Auparavant vêtu de pourpre et de fin lin, il est réduit à la nudité. Son temps de grâce est terminé. Il n'a rien apporté en entrant dans le monde, il n'emportera rien en le quittant.

Soulevant le voile qui cache les réalités éternelles, Jésus présenta ce tableau devant les prêtres et les chefs, les scribes et les pharisiens. Contemplez-le, vous qui êtes riches en biens terrestres mais pauvres aux yeux du Seigneur! Arrêtez-vous devant cette scène! Ce qui est apprécié des hommes est en abomination à l'Éternel. « Que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perd son âme? Que donnerait un homme en échange de son âme? » (Marc 8:36,37)

Application au peuple juif

Quand le Christ donna la parabole du riche et de Lazare, nombreux étaient les Juifs qui se trouvaient dans la pitoyable condition de l'homme riche et qui usaient des biens du Seigneur pour leur propre satisfaction. Ils se préparaient eux-mêmes à entendre la sentence : « Tu as été pesé dans la balance, et tu as été trouvé léger. » (Daniel 5:27) Le riche avait été favorisé d'une double bénédiction, matérielle et spirituelle, mais il refusait de coopérer avec Dieu dans le parti qu'il en tirait. Il en était ainsi du peuple juif que le Seigneur avait fait le dépositaire de la vérité sacrée et l'économe de sa grâce. Il lui avait donné tous les avantages et il l'invitait à en faire part à d'autres. Israël avait reçu des instructions toutes particulières quant à la manière de traiter ses frères qui étaient tombés dans le malheur aussi bien que les étrangers et les nécessiteux qui vivaient en son sein. Il ne devait pas constamment rechercher son intérêt. Il lui était demandé de se souvenir des malheureux et de partager avec eux. Dieu promettait sa bénédiction dans la mesure ou l'on exercerait la miséricorde et la charité. Mais les Juifs, pas plus que l'homme riche, ne tendaient de main secourable à l'humanité souffrante, ni sur le plan matériel, ni sur le plan spirituel. Remplis d'orgueil, ils se considéraient comme le peuple élu et favori de Dieu; toutefois, ils ne le servaient ni ne l'adoraient. Ils se reposaient sur le fait qu'ils descendaient d'Abraham : « Nous sommes la postérité d'Abraham » (Jean 8:33), disaient-ils avec ostentation. Lorsque la crise survint, il fut évident qu'ils s'étaient séparés de Dieu et avaient mis leur confiance en Abraham, comme s'il avait été Dieu.

Le Christ désirait faire pénétrer sa lumière dans l'esprit enténébré des Juifs. « Si vous étiez enfants d'Abraham, leur dit-il, vous feriez les oeuvres d'Abraham. Mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité que j'ai entendue de Dieu. Cela, Abraham ne l'a point fait. » (Jean 8:39,40)

Jésus n'accorde aucune importance aux questions de race. Il enseigne que la parenté spirituelle prime toute parenté naturelle. Les Juifs se réclamaient du père des croyants; mais en ne faisant pas les oeuvres d'Abraham, ils démontraient qu'ils n'étaient pas ses véritables enfants. Seuls ceux qui témoignent de leurs liens spirituels avec lui en obéissant à la volonté divine, se placent dans la lignée de ses vrais descendants. Bien que Lazare fasse partie d'une classe de gens que les hommes considèrent comme inférieure, le Christ le reconnaît pour un de ceux que le patriarche invitera dans sa plus grande intimité.

Le riche, entouré de tout le confort que peut procurer la fortune, était néanmoins si peu clairvoyant qu'il mettait Abraham à la place que le Seigneur doit occuper. S'il avait apprécié ses grands privilèges, s'il avait permis à l'Esprit de Dieu d'agir sur son esprit et sur son coeur, il se serait trouvé dans une position tout à fait différente. Il en est ainsi de la nation qu'il représentait. Si les Juifs avaient répondu à l'appel divin, leur destinée aurait été tout autre. Doués d'un véritable discernement spirituel, ils auraient permis au Seigneur d'accroître encore les faveurs dont ils jouissaient et d'en faire une source de bénédiction pour le monde entier. Mais ils s'étaient éloignés de la voie du Très-Haut à tel point que tout le cours de leur vie en était perverti. Comme économes de Dieu, ils n'employaient pas leurs dons conformément à la vérité et à la justice. Ils n'avaient pas fait entrer l'éternité dans leurs calculs; aussi les conséquences de leur infidélité furent-elles la ruine de la nation tout entière.

Jésus savait qu'à la destruction de Jérusalem, les Juifs se souviendraient de son avertissement. Tel fut en effet le cas. Quand le malheur s'abattit sur la cité, quand la faim et les souffrances de tout genre affligèrent le peuple, ils se rappelèrent les paroles du Christ et comprirent la parabole. Ils s'étaient attiré ces souffrances parce qu'ils avaient négligé la lumière que le Seigneur leur avait accordée pour qu'ils la fassent briller dans le monde.

Dans les derniers jours

La dernière partie de la parabole dépeint les scènes finales de l'histoire du monde. L'homme riche se disait enfant d'Abraham, mais il était séparé de lui par un abîme infranchissable, c'est-à-dire par un caractère mal dirigé. Abraham servait Dieu, se soumettant à sa parole avec foi et obéissance. Mais le riche ne se souciait ni de Dieu ni de ceux qui souffraient. L'abîme creusé entre lui et le patriarche était celui de la désobéissance. Nombreux sont aujourd'hui ceux qui suivent la même voie. Tout en faisant partie de l'Église, ils sont inconvertis. Ils peuvent prendre part aux offices, chanter le psaume : « Comme une biche soupire après des courants d'eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu » (Psaume 42:2), mais leur témoignage est mensonger. Ils ne sont pas plus justes aux yeux de l'Éternel que le plus vil des pécheurs. L'homme qui aspire à l'excitation des plaisirs mondains et qui est rempli du désir de paraître est incapable de servir le Seigneur. Semblable au riche de notre parabole, il n'est nullement disposé à lutter contre les convoitises charnelles. Il ne demande qu'à satisfaire ses appétits. Il choisit l'atmosphère du péché, et quand soudainement la mort l'emporte, il descend dans la tombe avec le caractère que lui a donné sa coopération, pendant sa vie entière, avec les instruments de Satan. Il est alors trop tard pour décider d'être bon ou méchant, car dès le jour où l'homme meurt, ses pensées périssent également (Psaume 146:4Ecclésiaste 9:5,6).

Quand la voix de Dieu réveillera les morts, chacun sortira de la tombe avec les mêmes inclinations et les mêmes passions, les mêmes sympathies et les mêmes antipathies qu'il avait de son vivant. Le Seigneur ne fera pas de miracle pour régénérer l'homme qui n'a pas voulu se laisser transformer au moment où toutes les occasions et toutes les facilités désirables lui étaient données. Il ne s'est pas soucié de Dieu pendant sa vie et n'a trouvé aucun plaisir à son service. Son caractère n'est pas conforme à celui du Père. Aussi ne pourrait-il trouver aucune joie au sein de la famille céleste.

Il y a aujourd'hui dans le monde des personnes qu'on peut appeler propres justes. Ces gens ne sont ni gloutons, ni buveurs, ni infidèles, mais ils vivent pour eux et non pour le Seigneur. Celui-ci n'occupe aucunement leurs pensées, c'est pourquoi ils sont classés parmi les incrédules. S'il leur était donné de pénétrer dans la sainte cité, ils n'auraient aucun droit à l'arbre de vie, car au moment où les commandements de Dieu leur ont été présentés, ils ont refusé de s'y conformer. Ils n'ont pas servi le Seigneur sur cette terre, comment pourraient-ils le servir dans l'au-delà? Ils ne supporteraient pas de vivre en sa présence et ils trouveraient tout autre lieu préférable au ciel.

Apprendre du Christ signifie recevoir sa grâce, en d'autres termes son caractère. Mais ceux qui n'apprécient ni ne mettent à profit les occasions et les influences sacrées qui leur sont offertes ici-bas ne sont pas en état de participer au culte céleste. Leurs caractères ne sont pas façonnés sur le divin modèle. Par leur négligence, ils ont creusé un abîme que rien ne peut combler. Entre eux et les justes, il y a un gouffre infranchissable. 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 22

Dire et faire

« Un homme avait deux fils; et, s'adressant au premier, il dit : Mon enfant, va travailler aujourd'hui dans ma vigne. Il répondit : Je ne veux pas. Ensuite, il se repentit, et il alla. S'adressant à l'autre, il dit la même chose. Et ce fils répondit : Je veux bien, seigneur. Et il n'alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père? Ils répondirent : Le premier. » (Matthieu 21:28-31)

Dans son sermon sur la montagne, le Christ précise : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 7:21) Le critère de la sincérité ne réside pas dans les paroles, mais dans les actes. Le Christ ne demande pas, en effet : « Que dites-vous d'extraordinaire? » mais bien : « Que faites-vous d'extraordinaire? » (Voir Matthieu 5:47) Ces paroles sont des plus significatives : « Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez. » (Jean 13:17) Les paroles ne sont rien si elles ne sont pas accompagnées par les actes correspondants. Tel est l'enseignement de la parabole des deux fils.

Elle fut donnée lors de la dernière visite que Jésus fit à Jérusalem avant de mourir. Il venait de chasser du temple vendeurs et changeurs, et sa voix avait parlé au coeur de ces hommes par la puissance de Dieu. Stupéfaits et terrifiés, ils avaient obéi à son ordre sans discussion et sans offrir de résistance.

Mais, revenus de leur saisissement, les prêtres et les anciens retournèrent au temple et trouvèrent le Christ guérissant les malades et les mourants. Ils entendirent des cris de joie et des chants de louange. Dans le temple même, les enfants qui avaient été guéris agitaient des branches de palmier en chantant de joyeux hosannas au Fils de David. Les lèvres des tout jeunes enfants balbutiaient les louanges du puissant Guérisseur. Cependant, tout cela ne suffisait pas pour vaincre les préjugés et la jalousie des prêtres et des anciens.

Le lendemain, tandis que le Christ enseignait dans le temple, ils vinrent à lui, en disant : « Par quelle autorité fais-tu ces choses, et qui t'a donné cette autorité? » (Matthieu 21:23)

Ces hommes avaient eu des preuves irrécusables du pouvoir du Christ. Lors de la purification du temple, ils avaient vu l'autorité céleste qui se dégageait de son visage. Ils n'avaient pas pu résister à la puissance de sa parole et Jésus avait répondu à leur question, une fois de plus, par les guérisons merveilleuses qu'il avait opérées. Il avait donné de son autorité des signes évidents qu'il n'était pas possible de contester. Mais les prêtres et les anciens voulaient autre chose que des preuves. Ils désiraient pousser Jésus à se proclamer lui-même le Messie, afin de tordre ses paroles et de soulever le peuple contre lui. Ils désiraient saper son influence afin de pouvoir le faire mourir.

Jésus savait que s'ils ne reconnaissaient pas Dieu en lui ou s'ils ne trouvaient pas dans ses miracles une confirmation de sa divinité, ils ne recevraient pas non plus son témoignage s'il se présentait ouvertement comme le Christ. Dans sa réponse, il éluda la question sur laquelle ils espéraient pouvoir le perdre, et il la fit tourner à leur propre confusion.

« Je vous adresserai aussi une question, leur dit-il; et, si vous m'y répondez, je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses. Le baptême de Jean, d'où venait-il? Du ciel, ou des hommes? » (Matthieu 21:24,25)

Les chefs des prêtres et les anciens du peuple demeurèrent perplexes. « Ils raisonnèrent ainsi entre eux : Si nous répondons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi donc n'avez-vous pas cru en lui? Et si nous répondons : Des hommes, nous avons à craindre la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète. Alors ils répondirent à Jésus : Nous ne savons. Et il leur dit à son tour : Moi non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais ces choses. » (Matthieu 21:25-27)

« Nous ne savons. » Cette réponse n'était pas véridique. Voyant qu'ils s'étaient mis dans une fâcheuse position, les prêtres s'abritèrent sous un mensonge. Jean-Baptiste était venu rendre témoignage à celui dont ils contestaient l'autorité. Il l'avait désigné en ces termes : « Voici l'agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. » (Jean 1:29) C'est lui qui l'avait baptisé; au sortir de l'eau, tandis que Jésus priait son Père, le ciel s'était ouvert et le Saint-Esprit était descendu sur lui sous la forme d'une colombe. Une voix avait fait entendre des cieux ces paroles : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. » (Matthieu 3:17)

Se souvenant de la manière dont Jean avait rappelé les prophéties relatives au Messie et de cette scène du baptême de Jésus, les prêtres et les principaux de la nation n'osèrent pas dire que le baptême de Jean était du ciel. S'ils reconnaissaient dans le Baptiste un prophète, comme ils en étaient pleinement convaincus, comment répudier le témoignage qu'il avait rendu au Fils de Dieu? Et ils ne pouvaient pas dire que le baptême de Jean était des hommes, parce que le peuple croyait que Jean était un prophète. Voilà pourquoi ils répondirent : « Nous ne savons. »

Alors le Christ présenta la parabole du père et de ses deux fils. Quand le père s'adressa au premier : « Va travailler aujourd'hui dans ma vigne », le fils lui répondit aussitôt : « Je ne veux pas. » Il refusa d'obéir, s'engagea sur une voie tortueuse et eut de mauvaises fréquentations. Mais plus tard, il se repentit et fit ce qui lui était commandé.

Le père donna au second le même ordre : « Va travailler aujourd'hui dans ma vigne. » Celui-là lui répondit : « Je veux bien, seigneur », mais il ne s'y rendit pas.

Dans cette parabole, le père représente Dieu; la vigne, l'Église. Les deux fils correspondent à deux classes d'individus. Celui qui refusa d'obéir, en disant : « Je ne veux pas », était une figure de ceux qui vivaient ouvertement dans le péché, ne faisant aucune profession de piété, repoussant les restrictions qui découlent de l'obéissance aux commandements de Dieu. Mais plusieurs d'entre eux, par la suite, répondirent à l'appel divin. Quand l'Évangile leur fut présenté en ces termes par Jean-Baptiste : « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Matthieu 3:2), ils se repentirent et confessèrent leurs fautes.

Le caractère des pharisiens fut révélé dans l'attitude du cadet qui dit : « Je veux bien, seigneur », et qui n'alla pas à la vigne. Comme ce fils, les principaux du peuple étaient impénitents et remplis d'eux-mêmes. La vie religieuse d'Israël n'était plus qu'un vain simulacre. Quand la loi fut proclamée sur la montagne du Sinaï par la voix de Dieu, les Juifs unanimes déclarèrent : « Nous ferons tout ce que l'Éternel a dit. » (Exode 19:8) Ils répondirent : « Je veux bien, seigneur », mais ils ne le firent pas. Lorsque le Christ vint personnellement pour leur révéler la signification réelle de la loi, ils le rejetèrent. Le Sauveur avait donné aux personnes influentes de son époque des preuves abondantes de son autorité et de sa puissance divine; mais bien que convaincues, elles ne voulurent pas en convenir. Le Christ leur avait montré qu'elles persistaient dans l'incrédulité parce que leurs coeurs n'étaient pas animés par l'esprit qui conduit à l'obéissance. « Vous annulez ainsi la parole de Dieu, leur disait-il, au profit de votre tradition. ... C'est en vain qu'ils m'honorent, en enseignant des préceptes qui sont des commandements d'hommes. » (Matthieu 15:6,9)

Parmi les auditeurs du Christ, il y avait des scribes et des pharisiens, des prêtres et des magistrats. Après avoir donné la parabole des deux fils, il leur demanda : « Lequel des deux a fait la volonté du père? » Ne se doutant de rien, les pharisiens répondirent : « Le premier. » Ils ne comprenaient pas qu'ils se condamnaient eux-mêmes par ces paroles. Alors le Christ leur fit cette remarque sévère : « Je vous le dis en vérité, les publicains et les prostituées vous devanceront dans le royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n'avez pas cru en lui. Mais les publicains et les prostituées ont cru en lui; et vous, qui avez vu cela, vous ne vous êtes pas ensuite repentis pour croire en lui. » (Matthieu 21:31,32)

Jean-Baptiste était venu prêcher la vérité, et des pécheurs avaient été convaincus et s'étaient convertis. Ces personnes précéderaient dans le royaume des cieux les propres justes qui résistaient aux plus solennels avertissements. Les publicains et les prostituées étaient ignorants, tandis que ces gens cultivés connaissaient le chemin de la vérité. Cependant, ils refusaient de marcher sur le sentier qui conduit au bonheur éternel. La vérité qui aurait dû être pour eux une odeur de vie qui donne la vie, devint une odeur de mort qui donne la mort. Des pécheurs notoires qui se prenaient en dégoût avaient reçu le baptême des mains de Jean; mais ces maîtres spirituels étaient, pour leur part, des hypocrites. Leur coeur inflexible constituait la barrière qui les empêchait de recevoir la vérité. Ils résistaient à l'influence du Saint-Esprit et refusaient d'obéir aux commandements de Dieu.

Le Christ ne leur dit pas qu'il leur était impossible d'entrer dans le royaume des cieux, mais il leur montra que les obstacles qui s'y opposaient provenaient d'eux-mêmes. La porte restait ouverte pour ces chefs juifs, et l'invitation leur était encore faite. Jésus aspirait à les voir convaincus et convertis.

Les prêtres et les principaux de la nation passaient leur temps en cérémonies qu'ils jugeaient trop saintes pour les mêler à des affaires profanes. C'est pourquoi ils étaient censés consacrer toute leur vie à la religion. Mais ils participaient aux rites pour être vus des hommes et considérés comme pieux et dévots. Tout en donnant l'impression d'obéir à Dieu, ils refusaient de se soumettre à sa volonté. Ils ne pratiquaient pas la vérité qu'ils enseignaient.

Le Christ affirma que Jean-Baptiste était l'un des plus grands prophètes, et il montra à la foule qu'elle avait reçu des lumières suffisantes pour voir en lui un messager divin. Parlant avec puissance, le prédicateur du désert avait courageusement dénoncé les péchés des prêtres et exhorté les notables à accomplir les oeuvres de Dieu. Il leur avait signalé leur indifférence coupable alors qu'ils refusaient de s'acquitter de la mission confiée par leur Père. Jean-Baptiste n'avait consenti à aucun compromis avec le péché, et plusieurs furent ainsi détournés de leur injustice.

Si les conducteurs d'Israël avaient été sincères, ils auraient reçu le témoignage de Jean et accepté Jésus comme le Messie. Mais ils ne produisirent pas dans leur vie les fruits de la repentance et de la justice. Ceux-là même qui étaient les objets de leur mépris les devançaient dans le royaume de Dieu.

Dans la parabole, le fils qui a dit : « Je veux bien, seigneur », s'est donné lui-même des airs de fidélité et d'obéissance; mais le temps a démontré qu'il n'en avait que l'apparence. Il n'aimait pas véritablement son père. Il en allait ainsi des pharisiens : ils se vantaient de leur piété, mais celle-ci se révélait vaine à l'heure du test. Quand cela correspondait à leurs intérêts, ils rendaient les commandements aussi exigeants que possible, mais s'il fallait qu'ils se soumettent eux-mêmes à l'obéissance, ils recouraient aux raisonnements les plus subtils pour éluder les préceptes divins. Le Christ disait à leur sujet : « Faites donc et observez tout ce qu'ils vous disent; mais n'agissez pas selon leurs oeuvres. Car ils disent, et ne font pas. » (Matthieu 23:3) Ils n'étaient pas vraiment animés d'amour pour Dieu et le prochain. Le Seigneur les invitait à être ses collaborateurs en vue de travailler au bien de l'humanité; mais tout en donnant l'apparence d'accepter son appel, ils refusaient d'obéir. Ils mettaient leur confiance en eux-mêmes et se glorifiaient de leur bonté; mais ils foulaient aux pieds les commandements de Dieu et ne voulaient pas s'acquitter de la tâche assignée. À cause de leur transgression, le Seigneur était sur le point de retirer ses faveurs à cette nation rebelle.

La propre justice est une contrefaçon de la vraie justice, et tous ceux qui s'y attachent auront à en supporter les conséquences désastreuses. De nombreuses personnes, aujourd'hui, prétendent obéir à la loi divine sans avoir dans leur coeur l'amour de Dieu qui se répand sur le prochain. Le Christ les invite à s'unir à lui dans son oeuvre de salut, mais ils se contentent de répondre : « Je veux bien, Seigneur. » Toutefois, ils ne mettent rien en pratique. Ils ne sont pas les collaborateurs de ceux qui travaillent véritablement pour le Maître. Ils restent oisifs. Semblables au fils infidèle, ils font au Père de fausses promesses. En entrant solennellement dans l'Église, ils ont pris l'engagement de se soumettre à la parole divine et de se consacrer au service, mais ils ne le tiennent pas. En paroles, ils se disent enfants de Dieu, mais ils le renient dans leur vie et leur caractère. Ils ne se soumettent pas à sa volonté. Leur vie est un mensonge.

Ils tiennent leurs promesses quand elles n'exigent aucun sacrifice de leur part, mais dès que le renoncement s'impose et qu'il faut se charger de sa croix, ils se retirent. De cette façon, la conviction du devoir va s'affaiblissant et la violation consciente des commandements de Dieu devient une habitude. L'oreille peut encore entendre la parole divine, mais les perceptions spirituelles ont disparu, le coeur s'est endurci et la conscience s'est flétrie.

N'ayez pas l'illusion d'accomplir le service que le Christ vous demande par le simple fait que vous ne manifestez pas d'hostilité à son égard. C'est ainsi que l'on se séduit soi-même. En retenant ce qui nous a été donné par le Seigneur pour contribuer à l'avancement de son règne, que ce soit notre temps, notre argent, ou quelque autre don, nous travaillons contre lui.

Satan se sert de l'indifférence et de l'indolence des chrétiens de profession pour renforcer les rangs de ses soldats. Beaucoup s'imaginent être avec le Christ, bien qu'ils ne travaillent pas directement pour lui; ils aident en réalité l'adversaire à occuper le terrain et à remporter des avantages. En n'entrant pas résolument au service du Maître, en négligeant des devoirs ou des occasions de rendre témoignage, ils permettent à Satan de prendre de l'ascendant sur des âmes qui auraient pu être gagnées à Jésus-Christ.

Nous ne serons jamais sauvés dans l'indolence et l'inaction. Il n'est pas de personne véritablement convertie qui mène une existence inerte et inutile. Nous ne pouvons pas être traînés au ciel. Aucun paresseux n'y pénétrera. Quiconque ne se fait pas violence et ne s'efforce pas de connaître les lois d'en haut se disqualifie pour le séjour des bienheureux. Ceux qui refusent d'être les collaborateurs de Dieu sur la terre ne le seraient pas davantage au ciel, et il serait imprudent de les y introduire.

Il y a plus d'espoir pour les publicains et les gens de mauvaise vie que pour ceux qui connaissent la parole de Dieu et n'acceptent pas de lui obéir. Celui qui se reconnaît pécheur et n'essaie pas de dissimuler son péché, qui se sait corrompu, corps, âme et esprit, craint de se trouver éternellement banni du royaume des cieux. Il se rend compte de son mal et cherche la guérison auprès du grand Médecin qui a dit : « Je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi. » (Jean 6:37) C'est celui-là que le Seigneur peut employer comme ouvrier dans sa vigne.

Le fils qui refuse, pendant un certain temps, d'obéir à l'ordre paternel n'est pas condamné par le Christ; mais il ne reçoit pas non plus de compliment. Ceux qui jouent le rôle du premier fils, refusant d'obéir au père, ne méritent aucune louange pour leur attitude. Il ne faut pas considérer leur franchise comme une vertu. Transformée par la vérité et rendue sainte, elle pourrait amener ces personnes à témoigner courageusement pour leur Maître; mais détournée de son objet légitime, cette franchise est une injure, un défi et presque un blasphème. L'absence d'hypocrisie chez un homme n'annule pas pour autant son état de pécheur. Quand les appels de l'Esprit-Saint touchent le coeur, il n'y a de sécurité que dans une réponse immédiate. Lorsque Dieu vous dit : « Va travailler aujourd'hui dans ma vigne », ne refusez pas cette invitation. « Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos coeurs. » (Hébreux 4:7) Il est imprudent de temporiser au lieu d'obéir. Vous risquez de ne plus jamais entendre un autre appel.

Que personne ne pense que les péchés longtemps caressés peuvent être abandonnés aisément. Tel n'est pas le cas. Chaque péché entretenu affaiblit le caractère et fortifie la mauvaise habitude; on aboutit ainsi à une dépravation physique, mentale et morale. Vous pouvez vous repentir de votre iniquité et suivre résolument la bonne voie, mais votre tournure d'esprit, votre familiarité avec le mal vous rendent peu apte à le distinguer du bien. Par les mauvaises habitudes que vous aurez contractées, Satan vous assaillira sans relâche.

La pierre de touche de votre sincérité se trouve dans ce commandement : « Va travailler aujourd'hui dans ma vigne. » Répondrez-vous par des actes aussi bien que par des paroles? Celui qui a reçu l'appel divin fera-t-il pleinement usage de toute la connaissance qu'il possède, et travaillera-t-il avec fidélité et abnégation pour le Maître de la vigne?

L'apôtre Pierre nous indique comment nous devons agir. « Que la grâce et la paix vous soient multipliées, écrit-il, par la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur! Comme sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, au moyen de la connaissance de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu, lesquelles nous assurent de sa part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise, -- à cause de cela même, faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, à la piété l'amour fraternel, à l'amour fraternel la charité. » (2 Pierre 1:2-7)

Si vous cultivez la vigne de votre âme avec fidélité, Dieu fera de vous son collaborateur. Ainsi, vous travaillerez non seulement pour vous-même, mais aussi pour vos semblables. En comparant l'Église à une vigne, le Christ ne veut pas dire que nos sympathies et nos efforts doivent se limiter à ses seuls membres. Il désire que le vignoble s'étende jusqu'aux extrémités de la terre. À mesure que nous recevons l'instruction et la grâce de Dieu, il nous faut apprendre aux autres la manière de soigner les plantes précieuses que sont ses enfants. Dès lors, nous travaillerons à l'extension de la vigne du Seigneur. Celui-ci attend une démonstration de notre foi, de notre amour et de notre persévérance. Il a les yeux fixés sur nous pour voir si nous profitons de tous les avantages spirituels qu'il met à notre portée afin que nous devenions d'habiles vignerons sur la terre et que nous puissions entrer dans le paradis de Dieu, cette demeure édénique d'où Adam et Ève ont été exclus par leur transgression.

Dieu est un père pour son peuple; à ce titre, il a droit à un fidèle service de notre part. Considérez la vie du Christ. Placé à la tête de l'humanité, accomplissant l'oeuvre de son Père, il est un exemple de ce que chaque fils devrait et pourrait être. Aujourd'hui, Dieu exige de tout être humain l'obéissance même dont le Christ a fait preuve. Il se mit à la disposition de son Père avec amour, volontairement et librement : « Je veux faire ta volonté, mon Dieu! et ta loi est au fond de mon coeur. » (Psaume 40:9) Aucun sacrifice, aucun labeur ne paraissait trop pénible au Christ tandis qu'il accomplissait l'oeuvre pour laquelle il était venu. À l'âge de douze ans, il disait déjà : « Ne savez-vous pas qu'il faut que je m'occupe des affaires de mon Père. » (Luc 2:49) Il avait entendu l'appel et s'était mis à l'ouvrage : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé, et d'accomplir son oeuvre. » (Jean 4:34), fait-il remarquer.

C'est ainsi que nous devons servir Dieu : par l'action dans une obéissance totale. Tous ceux qui désirent être ses fils et ses filles doivent coopérer avec lui, avec le Christ et avec les anges.

C'est le test auquel chacun sera soumis. Le Seigneur dit de ceux qui s'acquittent fidèlement de leur tâche : « Ils seront à moi, mon trésor particulier, ... au jour que je ferai; et je les épargnerai comme un homme épargne son fils qui le sert. » (Malachie 3:17, version Darby)

Le dessein de Dieu est d'éprouver les hommes en leur donnant l'occasion de former leur caractère. Ils doivent montrer s'ils sont fidèles ou non à ses commandements. On n'acquiert pas l'amour du Père par de bonnes oeuvres, mais celles-ci révèlent si nous le possédons. Celui dont la volonté est soumise à celle de Dieu n'accomplira pas d'oeuvres pour mériter son amour. Si nous recevons ce dernier comme un don gratuit, nous obéirons avec joie aux commandements.

Il n'y a aujourd'hui dans le monde que deux catégories de personnes : celles qui transgressent la loi et celles qui l'observent. Il en sera de même au jour du jugement. Voilà la pierre de touche au moyen de laquelle on reconnaît la fidélité ou l'infidélité. « Si vous m'aimez, dit le Christ, gardez mes commandements. ... Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui qui m'aime; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père, je l'aimerai, et je me ferai connaître à lui. ... Celui qui ne m'aime pas ne garde point mes paroles. Et la parole que vous entendez n'est pas de moi, mais du Père qui m'a envoyé. » « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, de même que j'ai gardé les commandements de mon Père, et que je demeure dans son amour. » (Jean 14:15,21,2415:10

Les paraboles de Jésus

Chapitre 23

La vigne du Seigneur

La nation juive

La parabole des deux fils fut suivie de celle de la vigne. Dans la première, le Christ avait exposé aux docteurs de la loi l'importance de la soumission aux ordres divins; dans la seconde, il fit ressortir les nombreuses bénédictions accordées aux Israélites, et il montrait par là que le Seigneur avait le droit d'exiger leur obéissance. Il présenta aux Juifs le glorieux dessein de Dieu qu'ils auraient pu réaliser s'ils avaient été fidèles. Levant le voile qui cachait l'avenir, il leur révéla comment, faute de collaborer à l'accomplissement de la volonté divine, la nation tout entière se privait de ses bienfaits et attirait sur elle une ruine inévitable.

« Il y avait un homme, maître de maison, qui planta une vigne, dit Jésus. Il l'entoura d'une haie, y creusa un pressoir, et bâtit une tour; puis il l'afferma à des vignerons, et quitta le pays. » (Matthieu 21:33)

Le prophète Ésaïe décrit cette vigne en ces termes : « Je chanterai à mon bien-aimé le cantique de mon bien-aimé sur sa vigne. Mon bien-aimé avait une vigne, sur un coteau fertile. Il en remua le sol, ôta les pierres, et y mit un plant délicieux; il bâtit une tour au milieu d'elle, et il y creusa aussi une cuve. Puis il espéra qu'elle produirait de bons raisins. » (Ésaïe 5:1,2)

Le vigneron choisit un terrain dans un lieu aride et inculte. Après l'avoir entouré d'une clôture, il le défriche, le travaille et y plante des ceps de la meilleure espèce dans l'espoir d'en retirer une magnifique récolte. À cause de la supériorité de ce domaine sur les terres en friche, le vigneron s'attend que les résultats de son travail et de ses soins assidus lui feront honneur. C'est ainsi que Dieu s'est choisi dans le monde un peuple qui devait être instruit et formé par Jésus-Christ. Le prophète ajoute : « La vigne de l'Éternel des armées, c'est la maison d'Israël, et les hommes de Juda, c'est le plant qu'il chérissait. » (Ésaïe 5:7) Dieu avait accordé à cette nation de grands privilèges, il avait répandu sur elle, sans compter, tous les trésors de sa sollicitude. En retour, il pensait qu'elle l'honorerait en portant du fruit. Elle devait mettre en évidence les principes de son royaume. Au milieu d'un monde déchu et pervers, elle était destinée à représenter le caractère de Dieu.

En sa qualité de vigne du Seigneur, Israël devait produire des fruits tout à fait différents de ceux des nations païennes, idolâtres, adonnées à la méchanceté, à la violence, au crime, à la cupidité, à l'oppression et à la débauche. L'iniquité, la dégradation et la misère, voilà les fruits donnés par cet arbre corrompu. À côté d'eux, les grappes de la vigne du Seigneur devaient offrir un contraste frappant.

Le privilège d'Israël était donc de représenter le caractère de Dieu tel qu'il avait été révélé à Moïse. Répondant à la prière de celui-ci : « Fais-moi voir ta gloire », le Tout-Puissant déclara : « Je ferai passer devant toi toute ma bonté. » « L'Éternel passa devant lui, et s'écria : l'Éternel, l'Éternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui conserve son amour jusqu'à mille générations, qui pardonne l'iniquité, la rébellion et le péché. » (Exode 33:18,1934:6,7) C'était le fruit que Dieu attendait de son peuple. Dans la pureté de son caractère, la sainteté de sa vie, l'exercice de la miséricorde, de la bonté et de la compassion, Israël devait montrer que « la loi de l'Éternel est parfaite » et qu'« elle restaure l'âme » (Psaume 19:8).

Le plan de Dieu était de communiquer, par l'intermédiaire des Juifs, de riches bénédictions à tous les peuples de la terre. Ils devaient ouvrir un chemin pour que la lumière divine soit diffusée au monde entier. En s'abandonnant à leurs coutumes perverses, les nations avaient perdu la connaissance de Dieu. Mais dans sa miséricorde, le Seigneur ne les avait pas anéanties, car il désirait leur donner, grâce à son Église, une occasion de venir à lui. Il tenait à ce que les principes révélés par son peuple deviennent le moyen de restaurer son image dans l'homme.

C'est dans cette intention qu'il appela Abraham à quitter sa parenté idolâtre pour se rendre au pays de Canaan : « Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. » (Genèse 12:2)

Les descendants d'Abraham, Jacob et sa postérité, furent conduits en Égypte, dans ce grand pays corrompu, pour y révéler les principes du royaume de Dieu. La droiture de Joseph et la manière merveilleuse dont il préserva les Égyptiens de la famine constituaient une image de la vie du Christ. Moïse et beaucoup d'autres encore furent des témoins de Dieu.

En faisant sortir Israël d'Égypte, le Seigneur manifesta une fois de plus sa puissance et sa miséricorde. Les miracles éclatants qu'il opéra pour le délivrer de la servitude et sa façon de le conduire dans le désert ne visaient pas le seul avantage du peuple hébreu, mais ils devaient également servir de leçon aux nations voisines. L'Éternel se révéla ainsi comme un Dieu supérieur à toute autorité et à toute grandeur humaines. Les signes et les prodiges accomplis en faveur d'Israël montraient sa puissance sur la nature et sur son plus fervent adorateur. Le Seigneur visita l'orgueilleux royaume des Égyptiens comme il le fera pour toute la terre dans les derniers jours de l'histoire humaine. Le grandJe Suis délivra son peuple par le feu et la tempête, le tremblement de terre et la mort. Il le retira du pays de l'esclavage et le conduisit à travers ce grand et affreux désert, où il y a des serpents brûlants et des scorpions, dans des lieux arides et sans eau ». Il fit même jaillir pour lui « de l'eau du rocher le plus dur », et il le nourrit avec le « blé du ciel » (Deutéronome 8:15Psaume 78:24) Moïse déclare : « La portion de l'Éternel, c'est son peuple, Jacob est la part de son héritage. Il l'a trouvé dans une contrée déserte, dans une solitude aux effroyables hurlements; il l'a entouré, il en a pris soin, il l'a gardé comme la prunelle de son oeil, pareil à l'aigle qui éveille sa couvée, voltige sur ses petits, déploie ses ailes, les prend, les porte sur ses plumes. L'Éternel seul a conduit son peuple. Et il n'y avait avec lui aucun Dieu étranger. » (Deutéronome 32:9-12) C'est ainsi qu'il attira Israël à lui afin qu'il habite à l'ombre du Tout-Puissant.

C'est le Christ qui conduisit les Hébreux dans leurs étapes à travers le désert. Caché le jour dans la colonne de nuée, et la nuit dans la colonne de feu, il les dirigea, les préservant des dangers. Elles amena ainsi dans la terre promise. À la vue de toutes les nations qui ne connaissaient pas Dieu, il établit le peuple d'Israël comme son bien de prédilection, comme la vigne de l'Éternel.

C'est à ce peuple que furent confiés les oracles divins. Il fut entouré comme d'une haie par les préceptes de la loi, ces principes éternels de justice, de vérité et de pureté. L'obéissance à ces règles devait être sa protection. Cette loi devait empêcher les Hébreux de se détruire eux-mêmes par la pratique du péché. Et Dieu plaça son saint temple au milieu d'eux comme une tour au milieu d'une vigne.

Le Christ était l'instructeur d'Israël. De même qu'il avait été son guide dans le désert, de même il restait toujours son conducteur et son maître. Dans le tabernacle, puis dans le temple, sa gloire se manifestait dans une lumière, la sainte Shékinah, qui se trouvait au-dessus du propitiatoire. Il ne cessait de répandre sur eux les richesses de son amour et de sa patience.

Dieu désirait que son peuple serve à la louange et à la gloire de son nom. Il lui accorda tous les avantages spirituels. Il ne lui refusa rien de ce qui pouvait contribuer à la formation d'un caractère qui le représente dignement.

Par sa soumission aux commandements de Dieu, Israël devait connaître une prospérité qui émerveillerait les autres nations. Celui qui pouvait lui donner la sagesse et l'habileté dans tous les travaux était disposé à continuer son enseignement. Il voulait l'élever et l'ennoblir par l'obéissance à ses lois. S'il les observait, il serait préservé des maladies qui affectaient les autres peuples, et une grande vigueur intellectuelle devait être son partage. Sa prospérité mettrait en relief la gloire, la majesté et la puissance de Dieu, et il serait un royaume de prêtres et de princes. Le Seigneur lui fournissait tous les avantages voulus pour devenir la nation la plus puissante du monde.

Par Moïse, le Christ avait présenté, de la manière la plus précise, le plan du salut et les conditions du bien-être : « Tu es un peuple saint pour l'Éternel, ton Dieu; l'Éternel, ton Dieu, t'a choisi, pour que tu fusses un peuple qui lui appartint entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre. ... Sache donc que c'est l'Éternel, ton Dieu, qui est Dieu. Ce Dieu fidèle garde son alliance et sa miséricorde, jusqu'à la millième génération envers ceux qui l'aiment et qui observent ses commandements. ... Ainsi, observe les commandements, les lois et les ordonnances que je te prescris aujourd'hui, et mets-les en pratique. Si vous écoutez ces ordonnances, si vous les observez et les mettez en pratique, l'Éternel, ton Dieu, gardera envers toi l'alliance et la miséricorde qu'il a jurées à tes pères. Il t'aimera, il te bénira et te multipliera; il bénira le fruit de tes entrailles et le fruit de ton sol, ton blé, ton moût et ton huile, les portées de ton gros et de ton menu bétail, dans le pays qu'il a juré à tes pères de te donner. Tu seras béni plus que tous les peuples. ... L'Éternel éloignera de toi toute maladie; il ne t'enverra aucune de ces mauvaises maladies d'Égypte qui te sont connues. » (Deutéronome 7:6,9,11-15)

Si les enfants d'Israël gardaient ses commandements, Dieu promettait de leur donner le meilleur froment et le miel du rocher (Voir Psaume 81:17). Il leur accorderait de longs jours et les ferait entrer en possession de son salut.

Par leur désobéissance, Adam et Ève avaient perdu l'Éden, et toute la terre avait été maudite à cause du péché. Toutefois, si le peuple de Dieu se conformait aux instructions reçues, le pays serait rétabli dans sa fertilité et sa beauté premières. L'Éternel avait lui-même donné à Israël des directives pour cultiver le sol et contribuer à cette oeuvre de restauration. Ainsi, grâce aux prescriptions divines, tout le pays était destiné à devenir une leçon de choses pour illustrer la vérité spirituelle. Parce qu'elle obéit à des lois physiques, la terre produit ses richesses; de même, c'est en se soumettant à la loi morale qu'Israël pouvait refléter le caractère du Très-Haut. Les païens eux-mêmes reconnaîtraient ainsi la supériorité de ceux qui servaient et adoraient le Dieu vivant.

« Voici, disait Moïse, je vous ai enseigné des lois et des ordonnances, comme l'Éternel, mon Dieu, me l'a commandé, afin que vous les mettiez en pratique dans le pays dont vous allez prendre possession. Vous les observerez et vous les mettrez en pratique; car ce sera la votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, qui entendront parler de toutes ces lois et qui diront : Cette grande nation est un peuple absolument sage et intelligent! Quelle est, en effet, la grande nation qui ait des dieux aussi proches que l'Éternel, notre Dieu, l'est de nous toutes les fois que nous l'invoquons? Et quelle est la grande nation qui ait des lois et des ordonnances justes, comme toute cette loi que je vous présente aujourd'hui? » (Deutéronome 4:5-8)

Israël devait occuper tout le territoire qui lui avait été assigné; il fallait déposséder les nations qui avaient rejeté le culte et le service du vrai Dieu. Le plan du Seigneur était que la révélation de son caractère à travers son peuple attire les hommes à lui. L'invitation de l'Évangile devait parvenir au monde entier. Le Christ allait être élevé à la vue des nations par le moyen des sacrifices cultuels, et quiconque regarderait à lui serait sauvé. Tous ceux qui, suivant l'exemple de Rahab la Cananéenne et de Ruth la Moabite, se détourneraient des idoles pour adorer le vrai Dieu, devaient s'unir au peuple élu. À mesure qu'Israël augmenterait, il élargirait ses frontières jusqu'à ce que le royaume embrasse le monde entier.

L'Éternel veut placer tous les hommes sous son pouvoir miséricordieux et remplir la terre de joie et de paix. Il nous a créés pour le bonheur, et son plus ardent désir est d'inonder les coeurs de la paix céleste. Il veut que chaque famille terrestre soit l'image de la famille du ciel!

Mais la nation juive faillit à son mandat, et le Seigneur lui dit : « Je t'avais plantée comme une vigne excellente et du meilleur plant; comment as-tu changé, dégénéré en une vigne étrangère? » « Israël était une vigne féconde, qui rendait beaucoup de fruits. » (Jérémie 2:21Osée 10:1) « Maintenant donc, habitants de Jérusalem et hommes de Juda, soyez juges entre moi et ma vigne! Qu'y avait-il encore à faire à ma vigne, que je n'aie pas fait pour elle? Pourquoi, quand j'ai espéré qu'elle produirait de bons raisins, en a-t-elle produit de mauvais? Je vous dirai maintenant ce que je vais faire à ma vigne. J'en arracherai la haie, pour qu'elle soit broutée; j'en abattrai la clôture, pour qu'elle soit foulée aux pieds. Je la réduirai en ruine; elle ne sera plus taillée, ni cultivée; les ronces et les épines y croîtront; et je donnerai mes ordres aux nuées, afin qu'elles ne laissent plus tomber la pluie sur elle. ... Il avait espéré de la droiture, et voici du sang versé! de la justice, et voici des cris de détresse. » (Ésaïe 5:3-7)

Le Seigneur avait chargé Moïse de montrer aux enfants d'Israël quels seraient les résultats de leur infidélité. En violant son alliance, ils se sépareraient de la vie de Dieu et se priveraient de ses bénédictions. « Garde-toi, dit Moïse, d'oublier l'Éternel, ton Dieu, au point de ne pas observer ses commandements, ses ordonnances et ses lois, que je te prescris aujourd'hui. Lorsque tu mangeras et te rassasieras, lorsque tu bâtiras et habiteras de belles maisons, lorsque tu verras multiplier ton gros et ton menu bétail, s'augmenter ton argent et ton or, et s'accroître tout ce qui est à toi, prends garde que ton coeur ne s'enfle et que tu n'oublies l'Éternel, ton Dieu. ... Garde-toi de dire en ton coeur : Ma force et la puissance de ma main m'ont acquis ces richesses. ... Si tu oublies l'Éternel, ton Dieu, et que tu ailles après d'autres dieux, si tu les sers et te prosternes devant eux, je vous déclare formellement aujourd'hui que vous périrez. Vous périrez comme les nations que l'Éternel fait périr devant vous, parce que vous n'aurez point écouté la voix de l'Éternel, votre Dieu. » (Deutéronome 8:11-14,17,19,20)

Israël ne prit point garde à cet avertissement, et il oublia l'Éternel, perdant de vue qu'il détenait le privilège immense de le représenter sur la terre. Les bénédictions qu'il avait reçues ne servirent de rien au monde, car il exploitait tous ces avantages pour sa propre glorification. Il frustrait Dieu du service demandé, et il frustrait l'humanité de directives religieuses aussi bien que d'un saint exemple. Semblables aux antédiluviens, les Israélites suivaient les inclinations de leurs coeurs mauvais. À cause de leur attitude, les choses saintes étaient tournées en dérision. Ils allaient répétant : « C'est ici le temple de l'Éternel, le temple de l'Éternel, le temple de l'Éternel. » (Jérémie 7:4) alors qu'ils déshonoraient en fait le caractère, le nom et le sanctuaire de Dieu.

Les vignerons auxquels le Maître avait confié le soin de sa vigne furent infidèles à leur mission. Les prêtres et les docteurs de la loi n'instruisirent pas convenablement la nation et ne la rendirent pas sensible à la bonté et à la miséricorde divines. Ils n'insistèrent pas sur les droits du Seigneur à être aimé et servi. Ces ouvriers ne recherchèrent que leur propre gloire et s'approprièrent les fruits de la vigne. Leur souci principal était d'attirer sur eux-mêmes l'attention et les hommages.

La culpabilité de ces chefs d'Israël ne ressemblait en rien à celle du commun peuple. De solennelles obligations reposaient sur eux. Ils s'étaient engagés à enseigner les paroles de Dieu et à s'y conformer strictement. Cependant, ils pervertirent les saintes Écritures et placèrent de lourds fardeaux sur les épaules des Israélites, imposant des cérémonies à presque chaque moment de la vie. Le peuple vivait dans une obsession continuelle, car les règlements des rabbins étaient trop difficiles à suivre.

Devant l'impossibilité de garder tous ces commandements humains, on finit par se relâcher aussi dans l'observation des préceptes divins.

Le Seigneur avait appris aux enfants d'Israël qu'il était le propriétaire de la vigne et que tous les biens dont ils avaient la charge devaient servir à sa gloire. Mais les prêtres et les docteurs ne s'acquittèrent pas des devoirs sacrés qui leur incombaient en tant que dépositaires. Systématiquement, ils s'appropriaient ce que l'Éternel leur avait confié en vue de l'avancement de son oeuvre. Par leur cupidité et leur avarice, ils étaient devenus un objet de mépris même pour les païens, qui recevaient ainsi une fausse image du caractère de Dieu et des lois de son royaume.

Avec un coeur de père, le Seigneur supportait les écarts de son peuple. Il l'attirait à lui, soit en lui accordant des bénédictions, soit en les lui retirant. Patiemment, il lui rappelait ses péchés et attendait avec indulgence qu'il les reconnaisse. Il suscita des prophètes et des messagers pour le rendre attentif à ses droits sur le produit de la vigne; mais au lieu de les recevoir, on les traita en ennemis. Les vignerons les opprimèrent et les mirent à mort. Dieu leur envoya d'autres serviteurs, mais ils subirent le même sort que les premiers; on leur voua encore une haine accrue.

Recourant à un dernier moyen, le Seigneur envoya son propre Fils, en disant : « Ils auront du respect pour mon Fils! » Mais leur entêtement leur avait enlevé tout scrupule, et ils se dirent l'un à l'autre : « Voici l'héritier; venez, tuons-le, et emparons-nous de son héritage » (Matthieu 21:38), nous aurons alors la vigne pour nous et nous ferons de la récolte ce que bon nous semblera.

Les chefs d'Israël n'aimaient pas Dieu, c'est pourquoi ils s'éloignèrent de lui et rejetèrent toute proposition de réconciliation. Le Fils bien-aimé vint pour affirmer les droits du propriétaire de la vigne, mais les ouvriers le traitèrent avec mépris, en disant : « Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous. » (Luc 19:14) Ils étaient jaloux du Christ à cause de la beauté de son caractère. Sa méthode d'enseignement était bien supérieure à la leur, et ils redoutaient son succès. Jésus les reprenait, fustigeant leur hypocrisie, et révélait quelles seraient les conséquences de leur attitude, ce qui excitait leur rage. Les reproches qu'ils ne pouvaient réduire au silence les piquaient au vif. Ils haïssaient l'idéal de justice que le Christ présentait continuellement. Et comme son enseignement dévoilait leurs tendances égocentriques, ils résolurent de le faire mourir. Ils avaient en horreur son exemple de droiture, sa piété, aussi bien que l'élévation spirituelle qui se manifestait dans tous ses actes. Sa vie tout entière était une censure perpétuelle de leur égoïsme, et quand ils durent faire un choix décisif entre l'obéissance qui conduit à la vie éternelle et la désobéissance qui entraîne la mort éternelle, ils rejetèrent le Saint d'Israël. Lorsqu'ils durent choisir entre le Christ et Barabbas, ils s'écrièrent : « Relâche-nous Barabbas. » À la demande de Ponce Pilate : « Que ferai-je donc de Jésus, qu'on appelle Christ? », ils répondirent avec rage : « Qu'il soit crucifié. » (Luc 23:18Matthieu 27:22) Le procurateur continua : « Crucifierai-je votre roi? » Les prêtres et les principaux du peuple répliquèrent : « Nous n'avons de roi que César. » Au moment où Pilate se lava les mains, en disant : « Je suis innocent du sang de ce juste », les prêtres se joignirent à la foule ignorante pour clamer : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants! » (Jean 19:15Matthieu 27:24,25)

Voila comment les conducteurs d'Israël firent leur choix. Leur décision fut enregistrée dans le livre que Jean entrevit, en vision, dans la main de celui qui était assis sur le trône -- livre que personne ne pouvait ouvrir. Au jour où il sera descellé par le Lion de la tribu de Juda, l'esprit de vengeance cache dans la détermination des chefs juifs leur apparaîtra clairement.

Le peuple d'Israël se plaisait à dire qu'il était le favori du ciel, et qu'il serait toujours considéré comme l'assemblée de Dieu. Descendant d'Abraham, il croyait que sa prospérité reposait sur un fondement si solide que ni la terre ni le ciel ne pourraient le déposséder de ses droits. Mais, par son infidélité, il se préparait à être condamné par le ciel et séparé du Très-Haut.

Dans la parabole de la vigne, après avoir montré aux prêtres comment ils mettraient le comble à leur méchanceté, le Christ leur posa cette question : « Lorsque le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons? » Les prêtres, qui avaient suivi son exposé avec un profond intérêt, ignorant les rapports qui existaient entre eux et le sujet en considération, se joignirent à la foule pour répondre : « Il fera périr misérablement ces misérables, et il affermera la vigne à d'autres vignerons, qui lui en donneront le produit au temps de la récolte. » (Matthieu 21:40,41)

À leur insu, ils venaient de prononcer leur propre condamnation. Jésus jeta sur eux un regard scrutateur, et ils comprirent qu'il lisait les secrets de leurs coeurs. Sa divinité éclatait à leurs yeux avec une puissance indubitable. Ils se reconnurent sous les traits des vignerons, et c'est involontairement qu'ils s'écrièrent: « À Dieu ne plaise! »

Solennellement et avec regret, le Christ leur demanda : « N'avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu'ont rejetée ceux qui bâtissaient est devenue la principale de l'angle; c'est du Seigneur que cela est venu, et c'est un prodige à nos yeux? C'est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra les fruits. Celui qui tombera sur cette pierre s'y brisera, et celui sur qui elle tombera sera écrasé. » (Matthieu 21:42-44)

Le Christ aurait épargné aux Juifs le sort dont ils étaient menacés, s'ils l'avaient accepté. Mais l'envie et la jalousie les rendirent implacables. Ils refusèrent de recevoir Jésus de Nazareth comme le Messie. Ils rejetèrent la lumière du monde et se trouvèrent plongés dans l'obscurité profonde de la nuit la plus noire. Les Juifs subirent le châtiment qui leur était prédit. Leurs passions indomptées furent la cause de leur ruine. Dans leur fureur aveugle, ils s'entretuèrent, et leur révolte orgueilleuse et obstinée contre les Romains leur attira la colère de leurs vainqueurs. Jérusalem fut détruite, son temple devint un monceau de ruines, et l'emplacement sur lequel il s'élevait fut labouré comme un champ. Les enfants de Juda périrent de la mort la plus horrible et des millions d'entre eux furent vendus comme esclaves chez des peuples idolâtres.

En tant que nation, Israël n'avait pas répondu aux desseins de Dieu. Aussi la vigne lui fut-elle enlevée. Les prérogatives dont il avait abusé et l'oeuvre qu'il avait négligée furent confiées à d'autres.

L'Église de nos jours

La parabole des vignerons ne s'applique pas seulement aux Juifs, elle contient aussi une leçon pour nous. Le Seigneur a gratifié l'Église de notre génération de nombreux privilèges et de grandes bénédictions, aussi attend-il d'elle des fruits proportionnés à l'importance du dépôt qui lui a été confié.

Nous avons été rachetés au prix d'une rançon inestimable, et seule son importance peut nous donner quelque idée de ses résultats. Cette terre, qui a été arrosée des larmes et du sang du Fils de Dieu, est appelée à produire les fruits du paradis. Les vérités de la parole de Dieu doivent refléter leur gloire et leur excellence dans la vie des croyants. C'est par son peuple que le Christ veut manifester son caractère et les fondements de son royaume.

Satan s'efforce d'entraver l'oeuvre de l'Éternel et, constamment, il pousse les hommes à accepter ses principes. Il présente le peuple de Dieu comme un peuple égaré. Il est l'accusateur des frères; à ce titre, il s'exerce à lancer des calomnies contre ceux qui marchent dans la justice. Or, le Seigneur désire répondre aux accusations de Satan grâce à l'expérience de son peuple et aux résultats obtenus par l'obéissance à des principes de justice.

Il faut que ceux-ci soient mis en évidence dans la vie de tout chrétien, dans la famille, dans l'Église et dans les institutions consacrées au service de Dieu. Il incombe à chacun de démontrer ce qui peut être fait pour le monde. Tous doivent mettre en relief la puissance de salut qui réside dans l'Évangile et être des instruments propres à réaliser le grand dessein de Dieu en faveur de l'humanité.

Les conducteurs d'Israël considéraient avec orgueil la somptuosité de leur temple et le caractère imposant de leurs offices religieux. Mais la justice, la miséricorde et l'amour de Dieu leur faisaient défaut. La beauté du temple et la splendeur de leurs services étaient insuffisantes pour leur assurer la faveur divine; car ces chefs spirituels n'apportaient pas ce qui seul à de la valeur aux yeux de l'Éternel : l'offrande d'un coeur humilié et contrit. Lorsque les principes fondamentaux du royaume de Dieu sont abandonnés, les cérémonies ne cessent de se multiplier et prennent un aspect outrancier. Quand la formation du caractère et la parure intérieure sont négligées, quand la simplicité de la piété est perdue de vue, l'orgueil et le désir de paraître exigent de magnifiques églises, de riches ornements et d'imposantes cérémonies. Mais tout cela ne glorifie pas Dieu. Une religion centrée sur la forme, le faste et les solennités ne saurait être agréée par lui. Ce genre de culte ne trouve aucun écho auprès des messagers du ciel.

L'Église à une grande valeur aux yeux de Dieu, et il l'apprécie, non pour son apparence extérieure, mais pour la piété sincère qui la différencie du monde. Il l'estime dans la mesure où les membres qui la composent grandissent dans la connaissance de Jésus-Christ et progressent dans la vie spirituelle.

Le Seigneur aspire à recevoir de sa vigne des fruits de sainteté et de désintéressement, d'amour et de bonté. L'art le plus merveilleux ne saurait être comparé à la beauté du caractère des représentants du Christ. C'est l'atmosphère de grâce qui environne l'âme du croyant, le Saint-Esprit agissant sur ses pensées et sur son coeur, qui fait de lui une bonne odeur de vie donnant la vie et permet à Dieu de bénir son oeuvre.

Une congrégation peut être la plus pauvre du pays et n'avoir aucun attrait visible : si les membres possèdent le caractère de Jésus, ils seront inondés de sa joie. Les anges s'uniront à leur culte, et les louanges et les actions de grâces, procédant de coeurs reconnaissants, monteront vers le trône de Dieu comme une offrande agréable.

Le Seigneur désire que nous nous entretenions de sa bonté et de sa puissance. Il est honoré par l'expression de nos sentiments de gratitude. « Celui qui offre pour sacrifice des actions de grâces me glorifie. » (Psaume 50:23), dit-il. Dans ses pérégrinations à travers le désert, Israël bénissait l'Éternel par des chants sacrés. Les commandements et les promesses divines avaient été mis en musique, et ces pèlerins les chantaient tout le long de leur route. En Canaan, à l'occasion de leurs festivités religieuses, les Israélites racontaient les oeuvres merveilleuses de Dieu et faisaient monter vers le ciel leurs accents de reconnaissance. Le Seigneur voulait que la vie de ses enfants soit une vie de prière. C'est ainsi que l'on faisait connaître sur la terre sa voie, et parmi toutes les nations son salut (Psaume 67:3).

Il devrait en être ainsi à notre époque, où les peuples de la terre adorent de faux dieux. Nous devons les en détourner, non en dénonçant leurs idoles, mais en les amenant à la contemplation de quelque chose de meilleur. Il faut leur révéler la bonté de Dieu. « Vous êtes mes témoins, dit l'Éternel, c'est moi qui suis Dieu. » (Ésaïe 43:12)

Le Seigneur aimerait que ses enfants apprécient le plan de la rédemption et l'immense privilège qu'il leur accorde en les traitant comme ses fils et ses filles. Il désire les voir marcher devant lui en obéissant avec reconnaissance. Il souhaite qu'ils vivent d'une vie nouvelle et le servent chaque jour avec joie. Son plaisir est d'entendre la gratitude jaillir de leurs coeurs, à la pensée que leurs noms sont écrits dans le livre de vie de l'Agneau, et qu'ils peuvent se décharger de tous leurs soucis sur celui qui prend soin d'eux. Il nous invite à nous réjouir parce que nous sommes son héritage, parce que la justice du Christ est le vêtement blanc des saints et que nous avons la bienheureuse espérance du retour prochain de notre Sauveur.

Louer Dieu de tout son coeur et en toute sincérité a autant d'importance que la prière. Montrons au monde et aux habitants du ciel que nous apprécions le merveilleux amour du Père pour l'humanité déchue et que nous nous attendons à recevoir de sa plénitude des bénédictions de plus en plus abondantes. Nous devons parler bien davantage des points lumineux de notre expérience chrétienne. Après une effusion particulière de l'Esprit-Saint, notre joie dans le Seigneur et notre efficacité à son service seront grandement accrues si nous nous exprimons sur la bonté et les merveilles de notre Dieu en faveur de ses enfants.

Des conversations sur ces thèmes tiennent en échec la puissance de Satan. Elles bannissent l'esprit de mécontentement et de murmure, et le tentateur perd ainsi du terrain. Elles contribuent à la formation du caractère indispensable pour pénétrer un jour dans les demeures éternelles.

Un tel témoignage exercera son influence sur nos semblables. Il n'est pas de méthode plus efficace pour gagner des âmes au Christ.

Honorons le Seigneur en le servant réellement et en faisant tout ce qui dépend de nous pour que son nom soit glorifié. Dieu nous a comblés de ses bienfaits pour que nous les partagions avec d'autres et que nous révélions ainsi son caractère au monde. Dans l'ancienne alliance, les dons et les offrandes constituaient une partie essentielle de l'adoration. Les Israélites devaient consacrer le dixième de leurs revenus au service du sanctuaire. Ils devaient en outre apporter des sacrifices pour le péché, des offrandes volontaires et des sacrifices d'actions de grâces. C'est ainsi qu'il était pourvu, à cette époque, au support du ministère évangélique. Dieu ne nous demande pas moins qu'à Israël. La grande oeuvre du salut des âmes doit se poursuivre activement, et il faut qu'elle soit soutenue par les dîmes, les dons et les offrandes des croyants. Le Seigneur a prévu ce moyen pour subvenir aux besoins du ministère. Il réclame la dîme comme sa propriété, et nous devons toujours la considérer comme un dépôt sacré, destiné à être versé dans son trésor pour le bien de sa cause. Il nous demande aussi des offrandes volontaires et des sacrifices d'actions de grâce. Tout cela doit être consacré à la diffusion de l'Évangile jusque dans les régions les plus reculées de la terre.

Le service que nous devons à Dieu comporte un ministère personnel : notre collaboration au salut des âmes. Le Christ a donné cet ordre : « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. » (Marc 16:15) Ces paroles s'adressent à chaque disciple du Sauveur. Tous les élus sont mandatés par Dieu pour aller porter la bonne nouvelle du salut à leurs semblables. Leur coeur doit battre à l'unisson de celui de Jésus. Ils éprouveront pour les âmes un amour identique au sien. Tous ne peuvent pas remplir la même fonction dans l'oeuvre de Dieu, mais il y a une place pour chacun.

Autrefois, Abraham, Isaac, Jacob, Moïse, cet homme sage et patient, ainsi que Josué avec ses nombreuses capacités furent enrôlés dans le service divin. La musique de Marie, le courage et la piété de Débora, l'affection filiale de Ruth, l'obéissance et la loyauté de Samuel, la fidélité austère d'Élie, l'influence apaisante d'Élisée -- tout fut employé. Ainsi, de nos jours, il faut que tous ceux qui jouissent de la bénédiction de Dieu répondent à son appel par un service effectif. Chaque talent doit être utilisé pour l'avancement de son royaume et la gloire de son nom.

Tous ceux qui acceptent le Christ comme leur Sauveur personnel doivent démontrer la vérité de l'Évangile et sa puissance vivifiante. Dieu n'exige rien de nous sans en avoir prévu la réalisation. Par la grâce du Christ, nous pouvons répondre à toutes les exigences divines. Les richesses du ciel doivent être révélées par le peuple du Très-Haut. Jésus a dit : « Si vous portez beaucoup de fruit, c'est ainsi que mon Père sera glorifié, et que vous serez mes disciples. » (Jean 15:8)

La terre entière est la vigne du Seigneur. Bien qu'elle soit aujourd'hui entre les mains de l'usurpateur, elle appartient à Dieu, aussi bien par droit de création que par droit de rédemption. Le sacrifice du Christ fut accompli en faveur de l'humanité. « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique. » (Jean 3:16) C'est par ce don que tous les autres sont accordés aux hommes. Quotidiennement, le monde entier reçoit la bénédiction divine. Chaque goutte de pluie, chaque rayon de soleil, chaque feuille, chaque fleur et chaque fruit sont des manifestations de la longue patience et du grand amour de Dieu envers un monde ingrat.

Que rendons-nous au grand Dispensateur de toutes ces choses? Quel cas faisons-nous des droits qu'il a sur nous? À qui la plupart des hommes consacrent-ils leur vie? Ils s'adonnent au culte de Mammon. Les richesses, les honneurs et les plaisirs, voilà ce qu'ils recherchent. Ils acquièrent la fortune en volant, non seulement leurs semblables, mais Dieu lui-même. Ils usent de leurs talents pour satisfaire leur égoïsme. Tout ce dont ils peuvent s'emparer est mis au service de leur avidité et de leur passion des plaisirs.

Le péché de nos contemporains est le même que celui qui provoqua la destruction d'Israël. L'ingratitude envers le Seigneur, la négligence des occasions et des bénédictions, l'appropriation pour un usage égoïste des dons de Dieu attirèrent le déplaisir du ciel sur la nation juive. Les mêmes péchés provoqueront aussi la ruine du monde moderne.

Les larmes que Jésus répandit sur le mont des Oliviers en contemplant Jérusalem ne furent pas versées sur elle seulement, mais sur toutes les nations. Car dans le sort de Jérusalem, le Sauveur vit l'image de la destruction de la terre entière.

« Si toi aussi, au moins en ce jour qui t'est donné, tu connaissais les choses qui appartiennent à ta paix! Mais maintenant, elles sont cachées à tes yeux. » (Luc 19:42)

« En ce jour qui t'est donné. » Ce jour touche à sa fin. Le temps de grâce est sur le point de s'achever. Déjà les nuages de la vengeance s'amoncellent. Ceux qui auront rejeté le pardon divin seront bientôt entraînés dans une ruine subite et irrémédiable.

Pourtant, les hommes sont plongés dans un profond sommeil. Ils ne reconnaissent pas le temps où Dieu vient les secourir.

En ces heures critiques, dans quel état se trouve l'Église? Ses membres répondent-ils aux exigences divines et s'acquittent-ils fidèlement de leur mandat? Révèlent-ils au monde le caractère du Père? Attirent-ils son attention sur le dernier message de miséricorde et d'avertissement que lui adresse le ciel?

L'humanité est en péril, et des multitudes se meurent. Mais combien peu ceux qui se disent chrétiens ont à coeur le salut des âmes! La destinée d'un monde oscille sur le plateau de la balance, mais cet état de choses ne semble pas devoir affecter ceux qui prétendent avoir reçu les vérités les plus solennelles jamais confiées à des mortels. Il fait tristement défaut, l'amour qui poussa le Christ à quitter le ciel et à prendre notre nature, afin que nous soyons touchés au coeur de notre humanité et attirés ainsi vers la divinité. Le peuple de Dieu semble frappé de stupeur, d'une paralysie spirituelle qui l'empêche de prendre conscience de ses devoirs actuels.

À leur entrée en Canaan, les Israélites ne répondirent pas au dessein de Dieu qui voulait qu'ils prennent possession de tout le pays. Après une conquête partielle, ils s'installèrent en vue de jouir du fruit de leur victoire. Leur incrédulité et leur amour des aises les poussèrent à se grouper dans les parties conquises au lieu de chercher à occuper de nouveaux territoires. C'est ainsi qu'ils commencèrent à s'éloigner du Seigneur. En n'accomplissant pas le plan de Dieu, ils mirent celui-ci dans l'impossibilité de leur accorder les bénédictions qu'il leur avait promises. L'Église ne suit-elle pas aujourd'hui le même chemin qu'Israël? Bien qu'ils voient le monde entier privé des bienfaits de l'Évangile, les soi-disant chrétiens se réunissent là où ils peuvent en jouir librement. Ils n'éprouvent pas le besoin d'occuper de nouveaux territoires et de porter le message du salut dans des pays où il n'a pas encore été prêché. Ils refusent de s'acquitter de leur mission : « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. » Sont-ils moins coupables que la communauté juive d'autrefois?

Ceux qui se disent disciples du Christ sont à l'épreuve devant l'univers céleste; mais la tiédeur de leur zèle et la faiblesse de leurs efforts les classent parmi les serviteurs infidèles. Si leurs actes représentaient tout ce dont ils sont capables, on ne pourrait les condamner; mais s'ils engageaient leur coeur dans le travail, ils feraient bien davantage. Ils savent -- et le monde aussi -- qu'ils ont perdu en grande partie l'esprit de sacrifice. Il en est beaucoup dont les noms, dans les livres du ciel, sont suivis de ces mots : « Consomme, mais ne produit rien. » Beaucoup qui se réclament du Christ et qui obscurcissent sa gloire, ternissent sa beauté et bafouent son honneur.

Nombreux sont ceux dont les noms sont inscrits sur les registres d'église, mais qui ne sont pas dirigés par leur Seigneur. Ses instructions les laissent indifférents et ils n'accomplissent pas son oeuvre. Voilà pourquoi ils sont placés sous le contrôle de l'ennemi. N'agissant pas résolument pour le bien, ils font un mal incalculable. Comme leur influence n'est pas un parfum vivifiant qui mène à la vie, elle est une odeur fatale qui conduit à la mort.

L'Éternel déclare : « Ne châtierais-je pas ces choses-là? » (Jérémie 5:9) C'est parce qu'il n'a pas répondu à la volonté de Dieu qu'Israël fut rejeté et que le Seigneur fit appel à d'autres peuples. Si, à leur tour, ceux-ci sont infidèles, ne seront-ils pas rejetés de la même manière?

Dans la parabole de la vigne, ce sont les vignerons que le Christ déclare coupables, car ils ont refusé de rendre au propriétaire le produit de sa terre. En Israël, c'étaient les prêtres et les docteurs qui, en induisant le peuple en erreur, avaient privé l'Éternel du culte qui lui était dû et avaient détourné du Christ la nation juive.

Jésus présenta la loi de Dieu, exempte de toute tradition humaine, comme la grande règle à laquelle il fallait se soumettre. C'est ce qui lui attira l'inimitié des rabbins, qui avaient élevé des enseignements humains au-dessus de la parole de Dieu et éloigné le peuple de ses préceptes. Ils ne voulaient pas abandonner leurs propres commandements pour suivre les impératifs de l'Écriture. Ils n'étaient pas disposés à sacrifier leur orgueil intellectuel et les louanges des hommes pour l'amour de la vérité. Lorsque le Christ vint présenter à la nation les exigences de Dieu, les prêtres et les anciens lui contestèrent le droit de s'interposer entre eux et le peuple. Ils n'acceptèrent ni ses reproches ni ses avertissements, et ils mirent tout en oeuvre pour lui aliéner les sympathies populaires et consommer sa perte.

Ces hommes furent les grands responsables du rejet du Christ et des conséquences qu'il entraîna. Le péché et la ruine d'une religion étaient donc imputables à ses conducteurs religieux.

De nos jours, les mêmes influences ne sont-elles pas à l'oeuvre? Parmi les ouvriers de la vigne du Seigneur, beaucoup ne suivent-ils pas les traces des chefs juifs? Les conducteurs religieux ne détournent-ils pas les âmes de l'obéissance à la parole de Dieu? Au lieu d'enseigner la fidélité aux préceptes divins, n'enseigne-t-on pas la légitimité de la transgression? Du haut de nombreuses chaires, on prêche l'abolition de la loi. Les traditions, les ordonnances et les coutumes humaines sont mises à l'honneur. On se sert des dons du Créateur pour cultiver l'orgueil et la satisfaction personnelle, tandis que l'on méconnaît ses droits.

En rejetant la loi du Très-Haut, les hommes ne savent pas ce qu'ils font. N'est-elle pas la transcription du caractère de Dieu, l'incarnation des principes de son royaume? Celui qui refuse de reconnaître ces principes se place en dehors du canal où les bénédictions divines s'écoulent.

Ce n'est que par l'observation des commandements que l'on bénéficiera de toutes les promesses faites à Israël. Ce n'est que sur le sentier de l'obéissance que l'on trouvera la même élévation de caractère, la même plénitude de bénédictions : bénédictions concernant l'esprit, l'âme et le corps, les maisons et les champs, cette vie et la vie à venir.

Dans le monde spirituel comme dans le monde matériel, ce n'est que par la soumission aux lois divines que l'on peut porter du fruit. Quiconque enseigne qu'il est permis de fouler aux pieds les commandements de Dieu empêche ceux qui l'écoutent de porter du fruit à sa gloire. Il se rend coupable en refusant au Seigneur les grappes de sa vigne.

Les messagers de Dieu viennent à nous avec les ordres du Maître et, comme lui, ils exigent l'obéissance à sa parole. Ils réclament de sa part les fruits de sa vigne : l'amour, l'humilité, l'esprit de sacrifice. Comme les chefs juifs, beaucoup de vignerons ne sont-ils pas outrés de ces demandes? Lorsque les droits de Dieu sont présentés devant le peuple, ces conducteurs religieux n'usent-ils pas de leur influence pour les repousser? Le Seigneur déclare que ces hommes sont des serviteurs infidèles.

Les paroles du Tout-Puissant au peuple juif sont un avertissement solennel à l'Église d'aujourd'hui et à ses dirigeants. Dieu dit, en parlant d'Israël : « Que j'écrive pour lui toutes les ordonnances de ma loi, elles sont regardées comme quelque chose d'étranger. » (Osée 8:12) Aux prêtres et aux docteurs de la loi, il dit aussi : « Mon peuple est détruit, parce qu'il lui manque la connaissance. Puisque tu as rejeté la connaissance, je te rejetterai; ... puisque tu as oublié la loi de ton Dieu, j'oublierai aussi tes enfants. » (Osée 4:6)

Ne fera-t-on aucun cas des avertissements du Seigneur? Laissera-t-on passer les occasions de le servir sans les mettre à profit? Les sarcasmes du monde, l'orgueil intellectuel, les coutumes et les traditions humaines empêcheront-ils les disciples de Jésus de lui rendre le culte qui lui est dû? Rejetteront-ils la parole de Dieu comme les chefs juifs ont rejeté le Christ? Les conséquences du péché d'Israël sont sous nos yeux. L'Église de nos jours tiendra-t-elle compte de cet avertissement?

« Si quelques-unes des branches ont été retranchées, et si toi, qui étais un olivier sauvage, tu as été enté à leur place, et rendu participant de la racine et de la graisse de l'olivier, ne te glorifie pas. Elles ont été retranchées pour cause d'incrédulité, et toi, tu subsistes par la foi. Ne t'abandonne pas à l'orgueil, mais crains; car si Dieu n'a pas épargné les branches naturelles, il ne t'épargnera pas non plus. » (Romains 11:17-21

Les paraboles de Jésus

Chapitre 24

Sans l’habit de noces

La parabole des noces nous apporte une leçon extrêmement importante. Le mariage représente l'union de la divinité avec l'humanité, tandis que l'habit de noces symbolise le caractère que doivent posséder tous ceux qui seront dignes de prendre part à cette fête.

Dans cette parabole, comme dans celle du grand souper, sont figurés l'invitation évangélique, son rejet par le peuple juif et l'appel de la grâce adressé aux Gentils. Ceux qui refusent l'invitation se rendent coupables d'une plus grande injure et seront passibles d'un châtiment plus redoutable dans la parabole des noces que dans celle du grand souper. L'invitation au festin est royale; elle provient d'un personnage investi de l'autorité suprême. Elle confère un grand honneur, mais celui-ci est méconnu. On dédaigne le pouvoir du roi. Tandis que le message du maître de maison est traité avec indifférence, celui du souverain est accueilli par l'insulte et le meurtre. Ses émissaires sont méprisés, outragés et mis à mort.

Le maître de maison, voyant son invitation bafouée, déclare qu'aucun de ceux à qui elle a été adressée ne goûtera de son souper. Quant à ceux qui ont offensé le roi, ils sont frappés d'un jugement plus sévère que l'exclusion de sa présence. « Il envoya ses troupes, fit périr ces meurtriers, et brûla leur ville.» (Matthieu 22:7)

Dans ces deux paraboles, des invités participent à un banquet; mais la seconde nous montre qu'une préparation est nécessaire pour assister au festin et que ceux qui la négligent n'y seront pas admis. « Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, et il aperçut là un homme qui n'avait pas revêtu un habit de noces. Il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces? Cet homme eut la bouche fermée. Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. » (Matthieu 22:11-13)

L'invitation aux noces a été adressée par les disciples du Christ. Notre Seigneur envoya d'abord les douze, puis les soixante-dix pour annoncer la proximité du royaume de Dieu et engager les hommes à se repentir et à croire à l'Évangile. Mais on ne prit pas garde à ces exhortations : ceux qui avaient été conviés aux noces ne vinrent pas. Les serviteurs furent dépêchés une deuxième fois, pour dire : « Voici, j'ai préparé mon festin; mes boeufs et mes bêtes grasses sont tués, tout est prêt, venez aux noces. » (Matthieu 22:4) Ce fut le message porté aux Juifs après la crucifixion du Christ. Mais ce peuple, qui se prétendait l'élu de Dieu, rejeta l'Évangile qui lui était délivré avec la puissance du Saint-Esprit. Beaucoup le firent avec le plus profond mépris; d'autres furent tellement irrités qu'on leur offre le salut, le pardon de l'offense dont ils s'étaient rendus coupables en rejetant le Seigneur de gloire, qu'ils s'en prirent aux porteurs de ce message. Une « grande persécution » s'alluma soudain (Actes 8:1). Bon nombre d'hommes et de femmes furent jetés en prison, et quelques-uns des témoins du Seigneur, comme Étienne et Jacques, furent mis à mort.

Les Juifs scellèrent ainsi leur rejet de la miséricorde céleste, et la parabole en révèle les fatales conséquences. Le roi « envoya ses troupes, fit périr ces meurtriers, et brûla leur ville ». Ce jugement fut exécuté lors de la destruction de Jérusalem et de la dispersion de la nation juive.

Le troisième appel au festin représente la prédication de l'Évangile aux Gentils. « Les noces sont prêtes, annonce le roi, mais les conviés n'en étaient pas dignes. Allez donc dans les carrefours, et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez. » (Matthieu 22:8,9)

Les serviteurs du roi se rendirent dans les chemins, et « rassemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, méchants et bons » (Matthieu 22:10). C'était une société très mélangée, comprenant des gens qui ne se souciaient pas plus du maître du festin que ceux qui avaient refusé son invitation. Les premiers conviés n'avaient pas cru devoir sacrifier le plus petit avantage pour se rendre au banquet du roi. Mais parmi ceux qui s'y présentèrent se trouvaient des êtres guidés par l'intérêt personnel, n'ayant en vue que les mets de la table royale, sans la moindre pensée d'honorer le monarque.

Quand celui-ci entra pour voir ceux qui étaient à table, le caractère de chacun fut révélé. Un habit de noces avait été offert à tous, de la part du roi. En le portant, les convives honoraient le souverain. Or, l'un de ces hommes avait mis ses vêtements ordinaires. Il avait refusé de faire les préparatifs requis. Il dédaignait l'habit qui lui avait été procuré à grands frais. Il témoignait ainsi de son mépris pour son seigneur. Le roi lui demanda : « Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces? » Il ne répondit rien. Il s'était condamné lui-même. Alors le monarque déclara : « Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. » (Matthieu 22:12,136)

L'examen des invités par le roi symbolise l'oeuvre du jugement. Les convives du banquet évangélique sont ceux qui professent servir Dieu, ceux dont les noms sont inscrits dans le livre de vie. Mais tous ceux qui se disent chrétiens ne sont pas de vrais disciples du Christ. Avant que la récompense finale soit donnée, il faut savoir qui aura part à l'héritage des justes. Cette décision doit être prise avant le retour de Jésus sur les nuées des cieux. Quand il viendra, sa rétribution sera avec lui, « pour rendre à chacun selon ce qu'est son oeuvre » (Apocalypse 22:12). Par conséquent, il faut que l'oeuvre de chacun ait été manifestée auparavant. Tout disciple du Christ recevra une récompense en rapport avec ses actes.

Le jugement se prépare au ciel tandis que les hommes vivent encore sur la terre. La vie de tous ceux qui prétendent servir Dieu est examinée d'après ce qui est inscrit dans les livres, et la destinée de chacun est irrévocablement fixée selon ses actes.

L'habit de noces de la parabole représente le caractère pur et sans tache du disciples du Christ. Il a été donné à l'Église de se revêtir d'un fin lin, éclatant, pur, « sans tache, ni ride, ni rien de semblable ». Le fin lin, disent les Écritures, « ce sont les oeuvres justes des saints » (Apocalypse 19:8Éphésiens 5:27). C'est la justice du Christ, son caractère irréprochable qui est communiqué par la foi à tous ceux qui le reçoivent comme leur Sauveur personnel.

La robe blanche de l'innocence était celle que portaient nos premiers parents quand ils furent placés par Dieu dans le jardin d'Éden. Ils vivaient alors en harmonie parfaite avec sa volonté, et toutes leurs affections se tournaient vers leur Père céleste. Une belle et douce lumière, la lumière de Dieu, symbole de leurs vêtements spirituels, enveloppait le couple saint. S'ils étaient demeurés fidèles à leur Créateur, elle ne les aurait jamais quittés. Mais le péché les sépara de l'Éternel, et la lumière qui les entourait s'évanouit. Honteux de leur nudité, ils essayèrent de remplacer leurs vêtements célestes par des feuilles de figuier qu'ils cousirent ensemble.

C'est ce que tous les transgresseurs de la loi divine ont fait depuis le jour de la désobéissance de nos premiers parents. Ils ont utilisé, eux aussi, des feuilles de figuier pour cacher la nudité résultant de leurs transgressions. Ils ont mis des habits de leur invention. Ils se sont efforcés de dissimuler leurs péchés sous leurs propres oeuvres et de se rendre acceptables aux yeux de Dieu.

Mais ce travail est vain. Rien ne pourra jamais remplacer la robe d'innocence qu'ils ont perdue. Ceux qui seront assis avec le Christ et ses anges au festin de noces de l'Agneau ne seront pas revêtus de feuilles de figuier ni d'habits de ce monde.

Seuls les vêtements qui ont été préparés par le Seigneur nous permettront de nous présenter devant lui. Le Christ enveloppera de sa robe de justice tous ceux qui se repentent et qui croient. « Je te conseille, dit-il, d'acheter de moi... des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas. » (Apocalypse 3:18)

Tissée sur les métiers du ciel, cette robe n'a pas un seul fil de la sagesse d'ici-bas. Dans son humanité. le Christ a formé un caractère parfait qu'il veut bien nous communiquer. « Toute notre justice est comme un vêtement souillé ». (Ésaïe 64:5) Le meilleur de nous-même est altéré par le péché, mais le Fils de Dieu « a paru pour ôter les péchés, et il n'y a point en lui de péché ». Le péché, selon la définition biblique, est « la transgression de la loi » (1 Jean 3:5,4). Le Christ s'est soumis à toutes les exigences de la loi. Lui-même ne disait-il pas : « Je veux faire ta volonté, mon Dieu! et ta loi est au fond de mon coeur » (Psaume 40:9)? Lorsque Jésus était sur la terre, il affirmait à ses disciples : « J'ai gardé les commandements de mon Père. » (Jean 15:10) Par son obéissance parfaite, il a rendu possible pour tous les hommes l'observation des commandements de Dieu. Quand nous nous soumettons au Christ, notre coeur est uni au sien, notre volonté se confond avec la sienne, notre esprit s'identifie au sien, nos pensées sont captives de sa volonté. Nous vivons de sa vie. Voilà ce que signifie être revêtu du vêtement de sa justice. Quand le Seigneur nous regarde, il ne voit pas un habit fait de feuilles de figuier, ni la nudité, ni la laideur du péché, mais sa propre robe de justice qui est l'obéissance parfaite à la loi de l'Éternel.

C'est le roi lui-même qui fait l'inspection de ses hôtes. Seuls ceux qui se sont conformés à ses directives et ont revêtu l'habit de noces sont reçus au banquet évangélique. Ils sont appelés à passer sous le regard scrutateur du grand Roi. Seuls ceux qui porteront la robe de la justice du Christ seront agréés.

Cela revient à pratiquer ce qui est juste. C'est par ses actes que chacun sera jugé; ce sont nos oeuvres qui mettent en évidence notre caractère et l'authenticité de notre foi.

Il ne suffit pas de croire que Jésus n'est pas un imposteur et que la Bible n'est pas un recueil de fables habilement conçues. On peut admettre que le nom de Jésus est le seul qui ait été donné aux hommes pour être sauvés, et néanmoins ne pas l'accepter comme Sauveur personnel. Croire à la théorie de la vérité, se dire chrétien, faire inscrire son nom sur les registres d'église ne suffit pas. « Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui; et nous connaissons qu'il demeure en nous par l'Esprit qu'il nous a donné. » « Si nous gardons ses commandements, par là nous savons que nous l'avons connu. » (1 Jean 3:242:3) C'est à ce signe qu'on reconnaît une véritable conversion. Quelle que soit notre profession de foi, elle est inutile si le Christ ne se manifeste pas en nous par des oeuvres de justice.

La vérité doit être implantée dans notre coeur pour diriger notre esprit et contrôler nos affections. Il faut que la parole du Seigneur mette le sceau sur notre caractère. Chaque iota, chaque trait de lettre de cette parole doit entrer dans la vie de chaque jour.

Celui qui devient participant de la nature divine se conformera à la grande règle de justice : la sainte loi de Dieu. Cette loi est la norme suivant laquelle il mesure les actions des hommes, et, au jour du jugement, elle servira de pierre de touche pour évaluer le caractère.

Nombre de personnes affirment que la loi a été abolie à la mort du Christ. Mais ce raisonnement va à l'encontre de ses propres déclarations. « Ne croyez pas, dit-il, que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; ... tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre. » (Matthieu 5:17,18) Le Christ donna sa vie pour expier les transgressions dont nous nous étions rendus coupables. Si la loi avait pu être changée ou abrogée, Jésus n'aurait pas eu besoin de mourir. Au cours de sa vie terrestre, il respecta la loi de Dieu, et par sa mort, il la confirma. Il donna sa vie en sacrifice, non pour abolir le décalogue ou abaisser le niveau de l'idéal de sainteté, mais pour maintenir la justice et pour mettre en évidence l'immutabilité et la pérennité de la loi.

Satan avait prétendu que l'homme était dans l'incapacité absolue de garder les commandements de Dieu. Cela est vrai si nous ne comptons que sur nos propres forces. Mais en s'incarnant et en observant parfaitement cette loi, Le Christ a prouvé que l'obéissance à tous les préceptes divins est possible grâce à l'union de l'humanité et de la divinité.

« À tous ceux qui l'ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu. » (Jean 1:12, traduction oecuménique) Ce pouvoir n'est pas en l'homme, mais en Dieu. Quand une âme reçoit le Christ, elle reçoit la puissance de vivre sa vie.

Notre Père exige de ses enfants la perfection. Sa loi est l'expression de son caractère, et en même temps le modèle du nôtre. Cet idéal est présenté à chacun, afin d'écarter de l'esprit humain tout malentendu sur la nature des sujets que le Seigneur recevra dans son royaume. La vie du Christ ici-bas fut une révélation parfaite de la loi divine; en conséquence, pour les chrétiens, former un caractère semblable au sien revient à observer les commandements de Dieu. Le Seigneur peut alors les admettre comme membres de la famille céleste. Revêtus des habits glorieux de la justice du Christ, ils auront leur place au festin du roi. Ils se joindront à la foule des rachetés qui auront blanchi leurs vêtements, dans le sang de l'Agneau.

Celui qui est entré dans la salle du festin sans l'habit de noces représente la majorité de nos contemporains, qui se disent chrétiens et se réclament des bénédictions et des privilèges de l'Évangile, mais n'éprouvent aucun besoin d'une transformation de caractère. Ils ne se sont jamais vraiment repentis de leurs péchés. Ils ne réalisent pas la nécessité d'un Sauveur et ne mettent pas leur confiance en Jésus. Ils n'ont pas vaincu leurs tendances au mal, héréditaires ou cultivées. Cependant, ils ont une bonne opinion d'eux-mêmes et se fient à leurs mérites au lieu de se reposer sur le Seigneur. Auditeurs de la parole, ils viennent au banquet sans porter le vêtement de la justice du Christ.

Beaucoup parmi ceux qui se disent chrétiens ne sont que des moralistes. Ils ont refusé le don qui seul pouvait faire d'eux de dignes représentants de Jésus ici-bas. L'oeuvre du Saint-Esprit leur est totalement inconnue, et ils ne suivent pas la parole de Dieu. Les principes du ciel distinguant ceux qui sont unis au Christ de ceux qui font corps avec le monde sont presque indiscernables dans leur vie. Les soi-disant disciples du Maître ne forment plus un peuple particulier, séparé de tous les autres. La ligne de démarcation est floue. Ils se soumettent aux coutumes du siècle et vivent dans l'égoïsme. L'Église s'est jointe aux incroyants pour violer la loi de Dieu, alors que ceux-ci auraient dût se joindre à l'Église pour l'observer. Chaque jour, c'est l'ÉgLise qui se convertit au monde.

Ces prétendus chrétiens s'attendent à être sauvés par la mort du Christ tout en refusant de le suivre dans sa vie de sacrifice. Ils exaltent la grandeur du salut gratuit et cherchent à se couvrir d'une justice apparente, avec l'espoir de dissimuler leurs défauts de caractère; mais la vanité de leurs efforts sera manifeste au jour du jugement.

La justice du Christ ne voilera pas un seul péché que l'on a caressé dans son coeur. Un homme peut être considéré par le monde comme intègre tout en transgressant la loi de Dieu, parce qu'on ne le voit commettre aucune mauvaise action.

Mais le Seigneur juge aussi les pensées et les sentiments. Tout acte sera estimé d'après le mobile qui l'aura inspiré. Seul ce qui est conforme aux principes de la loi pourra supporter l'épreuve du jugement.

Dieu est amour, et il l'a prouvé en donnant son propre fils, « afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. » (Jean 3:16) Il n'a rien refusé à ceux qu'il s'était acquis. Il a donné le ciel tout entier pour nous assurer la force de repousser et de vaincre notre adversaire. Mais l'amour de Dieu ne l'amène pas à excuser le péché. Il ne l'excusa ni chez Satan, ni chez Adam, ni chez Caïn et ne le fera pas davantage pour qui que ce soit d'autre. Il ne sera jamais le complice de nos transgressions et ne fermera pas les yeux sur nos défauts. Il s'attend à nous voir triompher en son nom.

Ceux qui rejettent la justice du Christ repoussent le type de caractère qui ferait d'eux des fils et des filles de Dieu. Ils n'acceptent pas le seul élément qui puisse les mettre en mesure de participer au festin de noces.

Dans la parabole, quand le roi demanda : « Comment es-tu entré ici -- sans avoir un habit de noces? » (Matthieu 22:12), l'homme interpellé resta silencieux. Il en sera de même au grand jour du jugement. Maintenant encore, on peut excuser ses défauts, mais à cette heure-là on ne cherchera plus à se justifier.

En notre génération, les églises qui se réclament du Christ jouissent des privilèges les plus élevés. Le Seigneur nous a été révélé avec une clarté toujours plus vive. Nos avantages dépassent de beaucoup ceux qui étaient accordés au peuple de Dieu des siècles passés. Nous n'avons pas seulement les grandes vérités confiées à Israël, mais aussi l'évidence du salut merveilleux apporté par le Christ. Ce qui n'était que types et symboles pour les Juifs est une réalité pour nous. Ils possédaient l'Ancien Testament; nous avons en plus, dans le Nouveau, l'assurance d'un Sauveur qui est venu, qui a été crucifié, qui est ressuscité et qui a fait cette déclaration en sortant du sépulcre de Joseph : « Je suis la résurrection et la vie. » Par la connaissance du Christ et de son amour, le royaume de Dieu est au milieu de nous. Jésus nous est révélé dans les sermons et exalté dans les cantiques. Le banquet spirituel nous est offert avec largesse. Toute âme peut recevoir gratuitement un vêtement de noces d'un prix inestimable. Les messagers de Dieu nous présentent la justice du Christ, la justification par la foi, les belles et riches promesses de l'Écriture, le libre accès au Père par le Fils, l'assistance du Saint-Esprit, la ferme assurance de la vie éternelle dans le royaume des cieux. Qu'aurait pu faire de plus pour nous celui qui a préparé le grand souper, le céleste banquet?

Les anges de Dieu disent dans le ciel : « Nous nous sommes fidèlement acquittés de notre tâche. Nous avons repoussé l'armée des mauvais anges. Répandant la lumière dans les âmes, nous leur avons rappelé l'amour de Dieu manifesté en Jésus. Nous avons attiré leur attention sur la croix du Christ. Elles ont compris que leurs transgressions avaient causé la mort du Fils de Dieu et leur coeur en a été profondément touché. Elles ont vu les étapes menant d'une simple conviction à une conversion réelle. Non sans émotion, elles ont senti la puissance de l'Évangile et la douceur de l'amour de Dieu. La beauté du caractère du Christ leur est apparue clairement. Mais pour le plus grand nombre, tout cela s'est révélé vain. Les hommes n'ont pas voulu renoncer à leurs mauvaises habitudes ni échanger leurs vêtements sales contre l'habit céleste. Ils sont devenus esclaves de l'avarice et ont aimé le monde plus que Dieu.

Le jour des décisions finales sera solennel. Dans une vision prophétique, L'apôtre Jean le décrit en ces termes : « Je vis un grand trône blanc, et celui qui était assis dessus. La terre et le ciel s'enfuirent devant sa face, et il ne fut plus trouvé de place pour eux. Et je vis les morts, les grands et les petits, qui se tenaient devant le trône. Des livres furent ouverts. Et un autre livre fut ouvert, celui qui est le livre de vie. Et les morts furent jugés selon leurs oeuvres, d'après ce qui était écrit dans ces livres. » (Apocalypse 20:11,12)

Quelle tristesse se dégagera de cet examen rétrospectif à la lumière de l'éternité! La vie de chacun apparaîtra telle qu'elle aura été. Les plaisirs, les richesses et les honneurs du monde perdront alors de leur importance. Les hommes verront la valeur inestimable de la justice qu'ils ont méprisée. Ils se rendront compte qu'ils ont modelé leur caractère d'après les séductions de Satan, et que les vêtements qu'ils ont adoptés étaient des gages de soumission au grand apostat. Ils discerneront alors les conséquences de leur choix et la gravité de leur désobéissance aux commandements de Dieu.

Un second temps de grâce ne sera pas accordé aux hommes. C'est dans cette vie qu'il faut revêtir la robe de justice du Christ. L'occasion actuelle est la seule que nous ayons pour former des caractères qui nous donneront accès à la demeure préparée par Jésus pour ceux qui gardent ses commandements.

Le temps de grâce est sur le point de s'achever. La fin est proche. C'est à nous qu'est donné cet avertissement : « Prenez garde à vous-mêmes, de crainte que vos coeurs ne s'appesantissent par les excès du manger et du boire, et par les soucis de la vie, et que ce jour ne vienne sur vous à l'improviste. » (Luc 21:34) Ne vous laissez pas surprendre. Ne courez pas le risque de paraître au banquet royal sans l'habit de noces.

« Le fils de l'homme viendra à l'heure où vous n'y penserez pas. » « Heureux celui qui veille, et qui garde ses vêtements, afin qu'il ne marche pas nu et qu'on ne voie pas sa honte! » (Matthieu 24:44Apocalypse 16:15

Les paraboles de Jésus

Chapitre 25

Les talents

Sur la montagne des Oliviers, le Christ avait entretenu ses disciples de sa seconde venue. Il avait énuméré certains signes devant attirer l'attention sur la proximité de son retour, et exhorté ses disciples à veiller et à se tenir prêts. Il leur répéta cet avertissement : « Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni l'heure. » (Matthieu 25:13) Ensuite, il leur indiqua comment se préparer pour sa venue. Le temps de l'attente ne doit pas être passé dans l'oisiveté, mais dans un travail assidu. Telle est la leçon qui se dégage de la parabole des talents.

Le royaume des cieux, dit-il, peut être comparé à « un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs, et leur remit ses biens. Il donna cinq talents à l'un, deux à l'autre, et un au troisième, à chacun selon sa capacité, et il partit. » (Matthieu 25:14,15)

L'homme qui part pour un pays éloigné représente le Christ qui, au moment où il propose cette parabole, est sur le point de quitter la terre. Les serviteurs figurent les disciples de Jésus. Nous ne nous appartenons pas à nous-mêmes. Nous avons été « rachetés à un grand prix », non pas « par des choses périssables, par de l'argent ou de l'or, ... mais par le sang précieux de Christ », « afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux. » (1 Corinthiens 6:201 Pierre 1:18,192 Corinthiens 5:15)

Tous les hommes ont été rachetés à ce prix infini. En déversant sur le monde les trésors d'en haut, en nous accordant par le Christ le ciel entier, Dieu s'est acquis la volonté, les affections, l'esprit et l'âme de chaque être humain. Tous, croyants ou non, sont la propriété du Seigneur et sont appelés à le servir. Ils devront, au grand jour du jugement, rendre compte de la manière dont ils auront répondu aux désirs du Maître.

Mais tous ne sont pas disposés à reconnaître les droits de Dieu. Dans les serviteurs de la parabole, il faut voir ceux-là seuls qui prétendent avoir accepté cette mission.

Les disciples du Christ ont été rachetés en vue du service. Notre Seigneur enseigne que le véritable but de la vie, c'est l'utilité commune. Jésus lui-même fut un ouvrier, et il a fait du service une loi pour tous. Chacun doit se dépenser pour Dieu et pour ses semblables. Le Sauveur a présenté au monde une conception de la vie dépassant toutes celles que l'on connaissait. Une existence consacrée au prochain met l'homme en relation avec le Christ. La loi du service est l'anneau qui nous relie à Dieu et à nos semblables.

Le Maître nous confie ses biens, c'est-à-dire quelque chose dont nous devons faire usage pour lui. Il indique à chacun sa tâche, car tous ont un rôle dans le plan éternel de Dieu, tous sont appelés à collaborer avec le Christ au salut des âmes. Notre champ d'activité ici-bas est prévu de façon aussi certaine que la place préparée pour nous dans les parvis célestes.

Les dons du Saint-Esprit

Les talents que le Seigneur a confiés à son Église représentent avant tout les dons et les grâces que lui communique le Saint-Esprit. « À l'un est donné par l'Esprit une parole de sagesse; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit; à un autre, la foi, par le même Esprit; à un autre, le don des guérisons, par le même Esprit; à un autre, le don d'opérer des miracles; à un autre, la prophétie; à un autre, le discernement des esprits; à un autre, la diversité des langues; à un autre, l'interprétation des langues. Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut. » (1 Corinthiens 12:8-11) Tous ne reçoivent pas les mêmes dons, mais à chacun est promis quelque don de l'Esprit.

Avant de quitter ses disciples, Jésus « souffla sur eux, et leur dit : Recevez le Saint-Esprit ». Il leur dit encore : « J'enverrai sur vous ce que mon Père a promis. » (Jean 20:22;Luc 24:49) Mais ce don ne fut accordé dans sa plénitude qu'après l'ascension. Quand les disciples s'abandonnèrent totalement, par la foi et la prière, à l'action du Saint-Esprit, celui-ci fut déversé sur eux.

C'est alors, d'une façon toute spéciale, qu'ils reçurent les biens du ciel. « Étant monté en haut, il a emmené des captifs; et il a fait des dons aux hommes. » « À chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ », le Saint-Esprit « distribuant [ces dons] à chacun en particulier comme il veut. » (Jean 3:161 Corinthiens 12:11) Grâce au Christ, ces dons nous sont déjà acquis, mais pour les posséder réellement, il faut que nous ayons l'Esprit de Dieu.

La promesse du Saint-Esprit n'est pas appréciée à sa juste valeur. Elle ne se réalise pas comme cela serait possible. C'est l'absence de l'Esprit qui affaiblit le ministère évangélique. On peut avoir la science, les talents, l'éloquence, tous les dons naturels ou acquis : sans le Saint-Esprit, aucun coeur ne sera touché, aucune âme gagnée à Jésus-Christ. D'autre part, s'ils vivent en communion avec le Sauveur, s'ils ont part aux dons de l'Esprit, les disciples les plus pauvres et les plus ignorants auront le pouvoir d'agir sur les coeurs. Dieu fera d'eux des instruments par lesquels opérera la plus grande puissance de l'univers.

Autres talents

La parabole ne représente pas seulement les dons particuliers du Saint-Esprit. Elle concerne toutes les facultés et tous les dons, qu'ils soient innés ou acquis, naturels ou spirituels. Tous doivent être employés au service du Christ. En devenant ses disciples, nous nous remettons entre ses mains avec tout ce que nous sommes et tout ce que nous possédons. Il nous rend ces dons purifiés et ennoblis, pour qu'ils puissent être employés à sa gloire en contribuant au bien de nos semblables.

Dieu a donné « à chacun selon sa capacité ». La distribution des talents n'est pas faite arbitrairement. Celui qui est capable d'en utiliser cinq en reçoit cinq. Celui qui ne peut en employer que deux en reçoit deux. Celui qui ne sait en faire valoir qu'un en reçoit un. Nul n'a lieu de se désoler qu'il n'ait pas reçu de plus grands talents : le Maître a procédé à leur répartition, et il est honoré par l'emploi judicieux d'un dépôt quelconque, sans considération de son importance. Qui détient cinq talents doit en faire fructifier cinq. Qui n'en a qu'un seul doit faire prospérer cet unique talent. Pour chaque personne, le Seigneur tient compte « de ce qu'elle peut avoir à sa disposition, et non de ce qu'elle n'a pas » (2 Corinthiens 8:12).

L'emploi des talents

Dans la parabole, « celui qui avait reçu les cinq talents s'en alla, les fit valoir, et il gagna cinq autres talents. De même, celui qui avait reçu les deux talents en gagna deux autres » (Matthieu 25:16,17).

Quelle que soit leur quantité, il faut que ces talents soient productifs. Ne nous interrogeons pas sur le nombre des talents reçus, mais sur l'emploi que nous en faisons. Notre premier devoir à l'égard de Dieu et de nos semblables est de développer nos facultés. Celui qui n'accroît pas ses capacités de jour en jour n'atteint pas le but de sa vie. Lorsque nous affirmons croire au Christ, nous prenons l'engagement de mettre à son service tout ce que nos aptitudes nous permettent de devenir. Nos efforts doivent donc tendre à porter chacune de nos facultés au plus haut degré de perfection, afin de faire tout le bien dont nous sommes capables.

Le Seigneur a une grande oeuvre à réaliser et, dans la vie à venir, il accordera le plus bel héritage à ceux qui l'auront servi avec le plus de fidélité et d'empressement dans la vie présente. Il choisit ses instruments, et tous les jours, d'une manière ou d'une autre, il les met à l'épreuve. Il se sert de tous ceux qui s'efforcent d'exécuter ses desseins, non parce qu'ils sont arrivés à la perfection, mais parce qu'ils peuvent y parvenir avec son aide.

Dieu acceptera seulement ceux qui ont un idéal élevé. Il met tout être humain en demeure de faire de son mieux. La sainteté est exigée de chacun. Ne rabaissons jamais l'idéal de la justice pour l'accommoder à nos tendances au mal, héréditaires ou acquises. Nous devons comprendre que l'imperfection du caractère est un péché. Toutes les qualités morales se trouvent en Dieu et forment un ensemble harmonieux auquel peuvent avoir part ceux qui reçoivent le Christ comme Sauveur personnel.

Quiconque désire être ouvrier avec Dieu doit chercher à perfectionner toutes les aptitudes de son corps et de son esprit. La véritable éducation, c'est l'épanouissement de nos facultés physiques, mentales et morales en vue de l'accomplissement de nos devoirs; c'est la culture du corps, de l'esprit et de l'âme pour le service de Dieu. C'est la seule éducation qui subsistera jusque dans la vie éternelle.

Le Seigneur exige de tout croyant une croissance en capacité et en efficacité sous tous les rapports. Sous la forme de ses souffrances et du don de sa vie, le Christ a déjà payé le salaire de notre service volontaire. Il est venu dans le monde pour nous montrer comment et dans quel esprit nous devrions travailler. Il veut que nous recherchions de quelle manière nous pouvons le mieux contribuer à l'avancement de son oeuvre et à la gloire de son nom. Honorons, avec le plus grand amour et la plus entière consécration, le Père qui « a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. » (Jean 3:16)

Le Christ n'a jamais déclaré qu'il était facile d'atteindre à la perfection morale. Un caractère noble et bien équilibré ne nous est pas donné à la naissance et n'est pas non plus le fait du hasard. On l'acquiert par des efforts individuels, en vertu des mérites et de la grâce du Christ. Dieu nous accorde les facultés, les talents; à nous de former notre caractère. Nous y parvenons au prix de luttes sévères avec le moi. Les tendances héréditaires doivent être combattues sans relâche. Il faut s'examiner attentivement, avec un oeil critique, et ne faire grâce à aucun trait défectueux.

Que nul ne se déclare incapable de remédier à ses défauts de caractère. Si vous tirez une pareille conclusion, vous n'obtiendrez jamais la vie éternelle. Les impossibilités n'existent que dans votre volonté. Si vous ne le voulez pas, vous ne pourrez pas vaincre. La difficulté réelle provient de la corruption d'un coeur non sanctifié et de l'insoumission à la volonté de Dieu.

Bien des personnes que Dieu a qualifiées pour un excellent travail n'accomplissent que peu de chose parce qu'elles ne font pas beaucoup d'efforts. Des milliers de gens traversent la vie comme s'ils n'avaient aucun but, aucun objectif à atteindre. Leur récompense sera proportionnée à leurs oeuvres.

N'oubliez pas que vous ne parviendrez jamais à un idéal plus élevé que celui que vous vous serez fixé vous-même. Placez-le donc le plus haut possible, et pas à pas, même si cela devait vous demander un effort pénible. Car le sacrifice et le renoncement, gravissez l'échelle jusqu'au dernier échelon. Que rien ne vous rebute. La destinée n'a pas tissé autour de vous des mailles si serrées et si solides que vous en soyez réduit à l'impuissance et à l'incertitude. Les obstacles devraient produire en vous la ferme résolution de les surmonter. Il suffira d'une barrière renversée pour vous fortifier et vous encourager. Avancez résolument dans la bonne voie et vous verrez que les circonstances, loin de ralentir votre marche, ne feront que l'accélérer.

Ayez l'ambition, pour la gloire du Maître, de cultiver toutes les qualités. À chaque étape du développement de votre caractère, vous devez être agréable à Dieu. Cela vous est possible, car Hénoc l'a réalisé alors même qu'il vivait en un siècle dégénéré. Or, il y a encore des Hénocs de nos jours.

Imitez Daniel, ce fidèle homme d'État qu'aucune tentation ne parvint à corrompre. Ne décevez pas celui qui vous a aimé au point de donner sa vie pour effacer vos péchés : « Sans moi vous ne pouvez rien faire. » (Jean 15:5), déclare-t-il. Ne l'oubliez pas. Si vous avez commis une faute, vous remporterez en reconnaissant cette faute et en y voyant un avertissement. Vous pourrez ainsi changer votre défaite en victoire, décourager l'adversaire et glorifier votre Rédempteur.

Un caractère conforme à l'image divine, tel est le seul trésor que nous pourrons emporter dans l'éternité. Ceux qui se laissent maintenant instruire par le Christ emporteront avec eux, dans les demeures célestes, toutes les perfections divines qu'ils ont acquises ici-bas. Et dans le ciel même, nous devrons continuer à faire des progrès. Qu'il est donc important de développer notre caractère dès à présent!

Les intelligences du monde invisible aideront l'homme qui recherche, avec une foi inébranlable, cette perfection du caractère qui transparaîtra dans tous ses actes. À tous ceux qui se sont engagés dans cette voie, Jésus déclare : « Je me tiens à ta droite pour te secourir. »

La volonté humaine participe à la Toute-Puissance dans la mesure où elle coopère avec la volonté de Dieu. Tout ce qui se fait sur son ordre doit être accompli par sa force. Tout ce qu'il ordonne, il le donne.

Les facultés mentales

Dieu exige le développement des facultés mentales. Il veut que ses serviteurs aient une plus grande intelligence et un jugement plus sain que les gens du monde. Ceux qui sont trop indolents ou trop insouciants pour devenir des ouvriers utiles et instruits sont les objets de son déplaisir. Le Seigneur nous invite à l'aimer de tout notre coeur, de toute notre âme, de toute notre force, et de toute notre pensée. Cela nous place dans l'obligation de développer notre intelligence au plus haut degré possible, afin que nous puissions connaître et aimer notre Créateur de toute notre pensée.

Si nos facultés mentales sont entièrement sous le contrôle de l'Esprit-Saint, plus nous les cultivons, plus elles peuvent être utilisées efficacement au service de Dieu. L'homme peu instruit qui a une vie consacrée et qui désire faire du bien à ses semblables sera certainement aussi employé par lui. Mais ceux qui, avec le même esprit de consécration, possèdent une solide culture, peuvent réaliser une oeuvre beaucoup plus importante pour le Christ. Ils occupent une position privilégiée.

Le Seigneur désire que nous acquérions le plus de connaissances possible, avec l'unique intention d'en faire part à d'autres. Nul ne peut savoir où et comment il sera appelé à travailler ou à parler pour Dieu. Seul notre Père céleste sait ce qu'il peut faire des hommes. Il y a devant nous des possibilités que notre faible foi ne saurait discerner. Nous devrions être mentalement capables de présenter la parole de Dieu même aux plus hautes autorités de ce monde, de manière à glorifier son nom. Ne perdons pas la moindre occasion de nous perfectionner intellectuellement en vue de l'oeuvre de Dieu.

Que les jeunes se mettent au travail avec la détermination d'acquérir une solide instruction. N'attendez pas que les portes s'ouvrent toutes grandes devant vous, mais ouvrez-les vous-mêmes. Ne méprisez pas les petits commencements et faites des économies, ne dépensez pas l'argent dont vous disposez à la recherche de vos plaisirs ou à la satisfaction de votre gourmandise. Prenez la décision de vous rendre aussi utiles que Dieu le veut. Soyez consciencieux dans tout ce que vous entreprenez. Saisissez toutes les occasions qui vous sont offertes de développer vos facultés intellectuelles. Associez l'étude et la lecture à un travail manuel de valeur et faites ce qui est en votre pouvoir, dans un esprit de vigilance et de prière, en vue d'acquérir la sagesse du ciel. Ainsi, vous obtiendrez une instruction complète, et vous développerez votre caractère; vous aurez sur les autres une bonne influence qui vous permettra de les conduire sur le sentier de la justice et de la sainteté.

Nous pourrions cultiver bien mieux nos facultés si nous savions profiter de tous les avantages et de tous les privilèges qui nous sont accordés. La véritable éducation implique plus que l'enseignement prodigué dans les grandes écoles. S'il est vrai que nous ne devons pas négliger l'étude des sciences, il est tout aussi exact qu'il existe une éducation supérieure qui s'obtient seulement par une communion intime avec Dieu. Que tout élève prenne donc la Bible et se mette en contact avec le grand Éducateur. Qu'il cultive ses facultés intellectuelles afin d'être capable de résoudre les problèmes difficiles que l'on rencontre dans la recherche de la vérité.

Ceux qui aspirent à la connaissance en vue d'en faire part à leurs semblables recevront la bénédiction du Seigneur. L'étude de sa parole ravivera les énergies mentales, permettra aux facultés de s'épanouir et donnera à l'esprit puissance et efficacité.

Tous ceux qui désirent être ouvriers avec Dieu doivent se discipliner. Cela leur apportera davantage que l'éloquence ou les dons les plus brillants. Une intelligence moyenne, convenablement dirigée, dépassera dans ses réalisations les plus grands talents et l'instruction la plus étendue auxquels manque la maîtrise de soi.

Le langage

L'expression orale est un talent que nous devrions cultiver avec le plus grand soin. De tous les dons que nous avons reçus du ciel, aucun ne se révèle plus bénéfique. Par la parole, on convainc et on persuade, on prie et on proclame les louanges de Dieu; on fait part aux autres de l'amour du Rédempteur. Comme il est important de développer cette faculté en vue d'accomplir tout le bien possible!

La culture et le bon usage de la voix sort l'objet d'une négligence coupable, même de la part de chrétiens actifs et intelligents. Bien des personnes lisent ou parlent si bas ou si vite qu'on les comprend difficilement. D'autres ont une prononciation si indistincte ou s'expriment sur un ton si perçant, si aigre, qu'il est pénible de les écouter. Les textes bibliques, les cantiques, les rapports ou autres communications présentés devant un public sont parfois lus de telle façon qu'ils ne sont pas compris et perdent ainsi toute leur force de pénétration.

C'est un défaut qui peut et doit être corrigé. La Bible nous donne des instructions à ce sujet. Il est dit des Lévites qui faisaient la lecture des Écritures au temps d'Esdras : « Ils lisaient distinctement dans le livre de la loi de Dieu, et ils en donnaient le sens pour faire comprendre ce qu'ils avaient lu. » (Néhémie 8:8)

Grâce à des efforts persévérants, chacun peut arriver à lire distinctement et à parler à haute et intelligible voix et d'une manière persuasive. En faisant ainsi, on augmentera considérablement son efficacité au service du Sauveur.

Tout chrétien est appelé à révéler à d'autres les richesses insondables de Jésus-Christ; c'est pourquoi il devrait rechercher une élocution parfaite afin de présenter l'Écriture de manière à la faire apprécier de son auditoire. Dieu désire autre chose que des instruments maladroits. Il n'entre pas dans ses desseins que la grâce qui doit se répandre sur le monde soit amoindrie par l'agent dont il se sert.

Nous devons regarder à Jésus, le parfait modèle, et prier pour recevoir l'aide du Saint-Esprit, afin de développer toutes nos facultés en vue d'en tirer le meilleur parti possible.

C'est particulièrement le cas de ceux qui sont appelés à exercer un ministère public. Le prédicateur et le professeur devraient se rappeler qu'ils délivrent un message qui aura d'éternelles conséquences. La parole annoncée jugera les auditeurs au grand jour de la rétribution finale. Pour certaines personnes, l'acceptation ou le rejet de la vérité biblique dépendra de la façon dont elle leur aura été exposée. C'est pourquoi, veillons à la présenter de telle manière qu'elle soit comprise et fasse impression sur les coeurs. Parlons lentement, distinctement, avec solennité, tout en conservant la ferveur indispensable.

La culture et l'usage de la parole ont leur importance dans chaque branche de l'activité chrétienne, dans la vie familiale, comme dans tous nos rapports avec nos semblables. Habituons-nous à choisir des intonations agréables, à employer un langage correct et à nous montrer aimables et courtois dans nos propos. Les paroles douces et bienveillantes font l'effet d'une rosée ou d'une ondée rafraîchissante. Il est dit de Jésus que des paroles pleines de charme bouillonnaient dans son coeur, et qu'une langue exercée lui avait été donnée pour le mettre en état de « soutenir par la parole celui qui est abattu » (Psaume 45:2Ésaïe 50:4). Et le Seigneur nous adresse cette recommandation : « Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce », et qu'elle « serve à l'édification » de tous ceux qui l'entendent (Colossiens 4:6Éphésiens 4:29).

Si nous cherchons à réformer les autres, nous devons nécessairement surveiller notre langage. Il aura, en effet, une odeur de vie qui communiquera la vie ou une odeur de mort qui ne pourra donner que la mort. Beaucoup, en réprimant ou en conseillant les autres, se servent d'expressions dures qui ne conviennent pas à des âmes blessées. Ces paroles maladroites exaspèrent et repoussent les égarés. Il faut que les hérauts des principes de la vérité reçoivent l'onction de la miséricorde céleste. En toute circonstance, les reproches doivent être exprimés avec amour. Ainsi, au lieu d'exaspérer, nos paroles auront un effet constructif. Par le Saint-Esprit, le Seigneur nous donnera force et puissance. Telle est son oeuvre.

Pas une seule parole inconsidérée ne devrait être prononcée. Il ne tombera des lèvres du chrétien ni réflexion médisante, ni propos frivole, ni remarque maussade, ni suggestion impure. Paul écrivait sous l'inspiration divine : « Qu'il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise. » (Éphésiens 4:29) Les « paroles mauvaises » ne sont pas seulement celles qui font penser aux passions les plus basses, mais encore toutes celles qui sont contraires aux saints principes d'une religion pure et sans tache, y compris les allusions et les insinuations douteuses. Celui qui ne les réprime pas avec le plus grand soin court le danger de tomber dams des fautes très graves.

Chaque famille, chaque chrétien est tenu d'élever une barrière contre toute parole impure. Le devoir de celui qui se trouve dams la société de gens frivoles est de détourner, dans la mesure du possible, le sujet de la conversation. Avec l'aide de Dieu, il faut doucement y introduire des pensées propres à inspirer un entretien utile.

Les parents ont la tâche d'habituer leurs enfants à ne se servir de la parole qu'en vue du bien, et la meilleure école à cet égard, c'est le foyer. Dès leur plus jeune âge, les enfants doivent apprendre à parler avec déférence et affection à leurs parents et à leurs frères et soeurs, à n'exprimer que des sentiments de respect, de vérité et de pureté. Que les parents s'instruisent eux-mêmes chaque jour à l'école du Christ. C'est ainsi qu'il leur sera possible d'enseigner à leurs enfants, par le précepte et par l'exemple, à avoir une « parole saine, irréprochable » (Tite 2:8). C'est l'un des devoirs les plus importants qui leur soient confiés.

Il faut que toutes les paroles du serviteur du Christ aident et encouragent ceux qui les entendent à marcher dans le chemin de la vie chrétienne. Parlons beaucoup plus que nous n'avons coutume de le faire des épisodes encourageants de notre expérience. Étendons-nous sur la miséricorde et la tendresse de Dieu, sur la profondeur insondable de l'amour du Sauveur. Nos paroles doivent toujours servir à exprimer la louange et les actions de grâces. Celui qui est pénétré de l'amour divin le montrera dans ses conversations. Il ne sera pas difficile de communiquer ce qui fait partie de notre vie spirituelle. Le trésor caché dams le coeur se manifestera : les pensées nobles, les élans de générosité, la perception claire de la vérité, les intentions désintéressées, les aspirations ardentes à la piété et à la sainteté trouveront des mots pour s'exprimer. Celui qui révélera de la sorte le Christ dans son langage détiendra une puissance pour lui gagner des âmes.

Nous devons parler de Jésus à ceux qui ne le connaissent pas. Agissons comme lui. La vie d'en haut faisait en tous lieux l'objet de ses conversations : à la synagogue, le long du chemin, dans une barque à quelque distance du rivage, à la table du pharisien ou à celle du publicain. Aux lois de la nature et aux événements de la vie courante, il associait toujours un message concernant le salut. Les coeurs de ceux qui l'écoutaient étaient attirés, car il guérissait les malades, consolait les affligés et prenait les petits enfants dams ses bras pour les bénir. Dès qu'il ouvrait la bouche, il captivait l'attention, et chacune de ses paroles était pour l'un de ses auditeurs une odeur de vie qui donne la vie.

Nous devrions agir ainsi. Où que nous soyons, saisissons toutes les occasions de parler de notre Sauveur. Si nous suivons son exemple, en faisant le bien, comme lui nous parviendrons à toucher les coeurs. Révélons celui qui « se distingue entre dix mille », et dont toute la personne est pleine de charme (Cantique des cantiques 5:10,16), non pas d'une manière abrupte, mais avec le tact qui provient de l'amour divin. C'est surtout à cela que doit contribuer le don de la parole : il nous a été accordé pour présenter le Christ comme un Sauveur qui pardonne les péchés.

L'influence

La vie de Jésus exerçait une influence qui allait constamment en s'élargissant, comme la vague sur l'immense océan, et qui le reliait à Dieu et à l'humanité. Par son intermédiaire, Dieu à gratifie l'homme d'une puissance qui le met dans l'impossibilité de vivre pour lui-même. Individuellement, nous sommes en rapport avec nos semblables; nous faisons partie du grand univers de Dieu et nous sommes sous le poids d'obligations mutuelles. L'homme ne peut pas vivre indépendamment de son prochain, car la prospérité des uns affecte celle des autres. Le plan de Dieu est que chacun se sente nécessaire au bien de tous, et qu'il s'efforce de contribuer à leur bonheur.

Toute âme est entourée d'une atmosphère qui lui est propre. Cette atmosphère peut être la source de propriétés vivifiantes de foi, de courage et d'espérance; elle peut être adoucie par le parfum de l'amour, comme aussi refroidie par des frimas de tristesse, de mauvaise humeur et d'égoïsme, ou empoisonnée par un péché que l'on caresse. Consciemment ou non, tous ceux qui mous côtoient en subissent les effets.

Nous ne pouvons pas fuir cette responsabilité. Nos paroles, nos actes, nos vêtements, notre comportement et même l'expression de notre visage exercent une influence. De l'impression que nous laissons ainsi autour de nous découlent des conséquences bonnes ou mauvaises dont nul ne peut mesurer l'étendue. Toute impulsion donnée est une semence qui produira sa récolte, c'est un anneau de la chaîne des événements humains dont nous ignorons la longueur. Si notre exemple permet à certains d'adopter de bons principes de vie, nous leur communiquons la force de faire le bien. À leur tour, ils exerceront la même action sur d'autres, et ainsi de suite. Des milliers d'âmes peuvent de cette manière être appelées à bénéficier de notre influence inconsciente.

Jetez une pierre dans un lac : une vague se formera, puis une autre, et le cercle ira en s'élargissant, jusqu'à ce qu'il atteigne le rivage. Ainsi en est-il de notre influence. Sans que nous le sachions, sans que nous puissions la diriger, elle continue son action pour le bien ou pour le mal.

Le caractère est une puissance. Le témoignage silencieux d'une existence consacrée, sincère et désintéressée possède un pouvoir presque irrésistible. En manifestant dans notre vie le caractère du Christ, nous travaillons avec lui au salut des âmes. Ce n'est que par l'identification de notre vie avec la sienne que cette coopération est possible. Plus étendue sera notre influence, plus nous pourrons faire de bien. Quand ceux qui prétendent servir Dieu suivront l'exemple de leur Maître, quand ils mettront chaque jour en oeuvre les principes de la loi, quand ils montreront par leurs actes qu'ils aiment le Seigneur d'un amour suprême et leur prochain comme eux-mêmes, alors l'Église aura la puissance de bouleverser le monde.

Mais nous ne devons pas perdre de vue que l'influence est aussi une force pour le mal. C'est une chose terrible que de perdre son âme, causer la perte de celle des autres est plus terrible encore. Redoutable est l'idée que notre influence peut être une odeur de mort, et pourtant c'est possible. Plusieurs de ceux qui prétendent se rallier à Jésus-Christ ne font, en réalité, que s'en écarter. C'est la raison pour laquelle l'Église est si faible. Beaucoup se laissent aller facilement à la critique et à la censure. En exprimant la suspicion, la jalousie et le mécontentement, ils deviennent eux-mêmes les agents de Satan; avant qu'ils s'en soient rendu compte, ils ont servi à la réalisation des desseins de l'ennemi. Les mauvaises impressions ont été produites, le doute a été jeté et les flèches sataniques ont atteint leur but. La méfiance, le doute et l'incrédulité ouverte ont pris dans des coeurs la place qu'aurait pu y occuper le Sauveur. Pendant ce temps, les artisans du malin contemplent avec satisfaction ceux qu'ils ont précipités dans le scepticisme et qui sont maintenant insensibles aux reproches et aux exhortations. En se comparant à ces personnes, ils s'estiment justes et vertueux; ils ne voient pas que ces ruines sont le travail de leur langue sans frein et de leur coeur rebelle. La chute de ces âmes, victimes de la tentation, est due à leur propre influence.

Ainsi donc, la frivolité, le laisser-aller et l'indifférence des prétendus chrétiens détournent bien des êtres du sentier de la vie. Nombreux sont ceux qui trembleront à l'idée de comparaître devant le tribunal suprême et de voir les effets de leur attitude.

C'est seulement par la grâce de Dieu qu'il est possible de faire un bon emploi de ce talent. Il n'y a rien en nous qui puisse, venant de nous-mêmes, exercer une heureuse influence sur les autres. Si nous nous rendons compte de notre faiblesse et de notre besoin de la puissance divine, nous ne nous confierons pas dans nos propres ressources. Pouvons-nous savoir quelles seront les conséquences d'un jour, d'une heure, d'un seul instant? C'est pourquoi nous ne devrions jamais commencer une journée sans nous en remettre à notre Père céleste. Ses anges ont pour mission de veiller sur nous, et si nous nous mettons sous leur garde, ils seront à notre droite à l'heure du péril. Quand nous serons inconsciemment en danger de produire un mauvais effet sur les autres, ils se tiendront à nos côtés pour nous orienter vers une voie meilleure et pour inspirer nos paroles et nos actions. C'est ainsi que notre influence peut être une puissance silencieuse, inconsciente, mais cependant efficace pour attirer des âmes au Christ et vers le ciel.

Le temps

Notre temps appartient à Dieu, et chacun de nos instants lui est dû. Nous sommes tenus, de façon impérative, d'en tirer le meilleur parti pour sa gloire. Il n'est aucun talent dont il nous demandera un compte aussi rigoureux que celui du temps.

La valeur du temps est incalculable. Le Christ considérait chaque moment comme précieux, nous donnant en cela un exemple. La vie est trop brève pour être gaspillée, et il nous reste bien peu de temps pour nous préparer en vue de l'éternité. Nous n'avons pas un instant à perdre, pas un instant à consacrer à des plaisirs égoïstes et aux jouissances du péché. C'est maintenant que nous sommes appelés à former des caractères pour le monde à venir. C'est maintenant que nous devons prendre nos dispositions en vue du jugement dernier.

L'homme est à peine né que le processus de la mort commence, et ses labeurs incessants n'aboutiront qu'au néant s'il ne reçoit pas la véritable connaissance de la vie éternelle. Celui qui apprécie le temps et le regarde comme un jour de travail se prépare en vue des demeures éternelles. Pour lui, c'est un bonheur d'être né.

Nous sommes exhortés à racheter le temps; mais jamais nous me pourrons retrouver celui que nous avons perdu, pas même un seul instant. Il ne nous est possible de racheter le temps qu'en tirant le meilleur parti de celui qui nous reste, en collaborant avec Dieu au grand plan de la rédemption.

Celui qui agit ainsi voit son caractère se transformer. Il devient fils de Dieu, membre de la famille royale, enfant du Roi des cieux. Il est digne d'entrer dans la compagnie des anges.

C'est maintenant le moment favorable pour travailler au salut de nos semblables. Certains s'imaginent que s'ils donnent de l'argent pour la cause du Christ, on ne leur demandera rien d'autre. Ils perdent un temps précieux qu'ils pourraient consacrer à son service. Le devoir et le privilège de toute personne en santé, c'est de travailler pour le Seigneur. Chacun doit s'employer à lui gagner des âmes. Les sacrifices pécuniaires ne peuvent pas remplacer l'engagement personnel.

Chaque minute est chargée de conséquences éternelles. Nous devons être comme des gardes prêts à intervenir d'un moment à l'autre. L'occasion qui s'offre à nous maintenant de parler à une âme en détresse peut ne plus jamais se représenter. Il est possible que Dieu dise à cette personne : « Cette nuit même ton âme te sera redemandée » (Luc 12:20), et à cause de notre négligence elle ne sera peut-être pas prête. Comment mous justifierons-nous devant le Seigneur au jour du jugement?

La vie est trop solennelle pour que mous l'occupions tout entière à des questions d'ordre matériel et terrestre, et dans un souci constant des choses qui ne sont qu'un atome comparativement aux valeurs éternelles. Néanmoins, Dieu nous a aussi appelés à le servir dans les affaires temporelles. Le zèle apporté à cette tâche fait autant partie de la vraie religion que les exercices de piété. La Bible n'approuve jamais l'indolence. C'est le fléau le plus ruineux pour notre monde. Tout homme et toute femme vraiment convertis seront des travailleurs diligents.

C'est de l'emploi judicieux de notre temps que dépend le succès de notre formation intellectuelle. La pauvreté, une humble origine ou un milieu défavorable ne constituent pas un obstacle décisif à la culture. Appliquons-nous seulement à bien utiliser tous nos instants disponibles. Ceux que nous serions tentés de dissiper en conversations futiles ou au lit, le matin; le temps passé dams les transports publics, à la gare, avant de se mettre à table ou en attendant des gens qui ne sont pas exacts aux rendez-vous, tout cela devrait être employé à l'étude, à la lecture ou à la réflexion. Une énergique résolution, une application soutenue, une économie stricte de tous les instants nous permettront d'acquérir les connaissances et la discipline qui nous qualifieront pour n'importe quel poste de confiance.

Le devoir de chaque chrétien est de contracter des habitudes d'ordre, de perfection et de diligence. Quel que soit son ouvrage, l'homme qui le fait négligemment est inexcusable. Si l'on est toujours au travail et que ce dernier demeure sans cesse inachevé, c'est que l'on n'y a pas mis son esprit et son coeur. Celui qui est désavantagé par sa lenteur devrait aspirer à se corriger de ce défaut. Il faut qu'il s'applique à tirer de son temps le meilleur parti possible. Avec de l'adresse et de la méthode, certaines personnes feront en cinq heures autant de travail que d'autres en dix. Il est des ménagères qui sont toujours sur la brèche, non parce qu'elles ont fort à faire, mais parce qu'elles ne savent pas organiser leur journée. Elles n'avancent pas et se donnent beaucoup de peine pour peu de chose. Mais tous ceux qui le désirent peuvent surmonter leur embarras et leur lenteur habituelle. Il leur suffit de se fixer un but précis, de décider du temps nécessaire pour une tâche donnée et de faire tous leurs efforts pour terminer ce programme. L'exercice de la volonté rendra les mains habiles.

Faute d'énergie et de décision pour se réformer, certains finissent par s'ancrer dans leurs mauvaises habitudes. Mais s'ils cultivent leurs facultés, ils deviendront capables d'accomplir un excellent travail. Leurs services seront alors requis en toutes circonstances. On les appréciera à leur juste valeur.

Combien d'enfants, de jeunes gens et de jeunes filles gaspillent un temps qui, utilisé à des travaux domestiques, aurait pu témoigner de leur affection à l'égard de leurs parents! La jeunesse pourrait charger sur ses robustes épaules de nombreux fardeaux que d'autres doivent porter.

Dès sa plus tendre enfance, le Sauveur eut une vie très active. Il ne cherchait pas sa propre satisfaction. C'était le Fils du Dieu infini, mais il travailla en compagnie de Joseph, son père adoptif, dans une échoppe de charpentier. Son métier avait une valeur symbolique : il était venu dams le monde pour édifier des caractères. Tous ses travaux manuels reflétaient la perfection qu'il apporta dans la transformation des caractères par sa divine puissance. Il est notre modèle.

Parents, apprenez à vos enfants la valeur du temps et l'usage qu'ils doivent en faire. Enseignez-leur qu'il vaut la peine de combattre en vue de réaliser une oeuvre qui honorera Dieu et sera utile à l'humanité. Dès leur jeune âge, ils peuvent être des serviteurs de Dieu.

Les parents me sauraient commettre un plus grand péché que de permettre à leurs enfants de vivre dans l'indolence. Ainsi élevés, ils ne tardent pas à prendre goût à la paresse; ils perdent toute énergie et deviennent des êtres inutiles. En âge de gagner leur vie, ils travaillent sans ardeur et font traîner leur ouvrage en longueur. Cependant, ils réclament un salaire aussi élevé que s'ils se montraient consciencieux. Entre eux et de fidèles économes, il y a toute la distance qui sépare la terre du ciel.

On transporte naturellement sur le plan spirituel les habitudes d'indolence et d'insouciance que l'on a cultivées dans son travail manuel. Elles disqualifient celui qui les a contractées pour une activité efficace au service de Dieu. Beaucoup de gens auraient pu être en bénédiction autour d'eux, mais leur paresse les a perdus. L'oisiveté et l'absence de résolution, de but, ouvrent la porte à une multitude de tentations. Les mauvaises compagnies et les habitudes vicieuses conduisent fatalement à la dépravation de l'âme et de l'esprit; elles ont pour résultat l'échec de la vie présente et la perle de celle qui est à venir.

Quel que soit le travail que nous sommes appelés à faire, l'Écriture sainte nous dit : « Ayez du zèle, et non de la paresse. Soyez fervents d'esprit. Servez le Seigneur. » « Tout ce que la main trouve à faire avec la force, fais-le », « sachant que vous recevrez du Seigneur l'héritage pour récompense. Servez Christ, le Seigneur. » (Romains 12:11;Ecclésiaste 9:10Colossiens 3:24)

La santé

La santé est un bienfait dont peu de gens savent apprécier la valeur, et pourtant c'est d'elle que dépend en majeure partie l'efficacité de nos facultés physiques et mentales. Le corps est le siège de nos passions et de nos impulsions; il faut donc le conserver dans sa meilleure forme, et sous les influences les plus spirituelles, si nous voulons que nos talents puissent fructifier.

Tout ce qui diminue la vigueur corporelle affaiblit également l'esprit et lui enlève la possibilité de distinguer le bien du mal. La volonté de faire le bien s'en trouve donc elle aussi amoindrie.

L'usage inconsidéré des forces physiques abrège le temps de vie qui aurait pu être employé à la gloire de Dieu. De plus, il nous disqualifie pour l'oeuvre qui nous a été confiée : par de mauvaises habitudes, par des veillées trop prolongées et la satisfaction de la gourmandise au détriment de la santé, nous jetons les bases de la maladie. La négligence de l'exercice corporel, le surmenage mental ou physique déséquilibrent le système nerveux. Ceux qui raccourcissent leur vie de cette manière et qui, méprisant les lois de la nature, se disqualifient pour le service de Dieu, se rendent coupables de vol envers lui et envers leurs semblables. Car la période pendant laquelle ils peuvent être en bénédiction à d'autres -- leur raison d'être dans ce monde -- est abrégée. Ils se disqualifient même pour la tâche qu'ils auraient été à même d'accomplir en un temps plus court. Le Seigneur nous tient pour coupables quand, par de mauvaises habitudes, nous privons le monde du bien que nous aurions pu faire.

Transgresser une loi physique revient à transgresser la loi morale, car Dieu est assurément l'auteur de l'une comme de l'autre. Il a écrit sa loi de sa propre main sur chaque nerf, chaque muscle, chaque faculté de l'homme. Abuser de n'importe quelle partie de notre organisme constitue une violation de l'ordre divin.

Nous devrions connaître notre corps afin de le maintenir dams les conditions voulues pour accomplir l'oeuvre du Seigneur. Veillons avec un soin jaloux à la conservation et au développement de la vie physique, afin que la nature divine se manifeste parfaitement au travers de l'humanité. Les rapports existant entre les fonctions corporelles et la vie spirituelle représentent un des sujets d'étude les plus importants. Il faut en faire l'objet de nos recherches spéciales, aussi bien à l'école qu'à la maison. Tous on besoin de se familiariser avec la physiologie du corps humain et avec les lois qui régissent la vie. Celui qui demeure volontairement dans l'ignorance des lois biologiques et qui les viole pèche contre Dieu. Chacun devrait se placer dams les conditions les plus favorables au maintien de la vie et de la santé. Il faut contrôler nos habitudes par une intelligence qui soit elle-même sous le contrôle du Seigneur.

« Ne savez-vous pas, dit l'apôtre Paul, que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu. » (1 Corinthiens 6:19,20)

La force

Nous devons aimer Dieu, non seulement de tout notre coeur, de toute notre âme et de toute notre pensée, mais encore de toute notre force. Cela requiert un usage intelligent de toutes nos énergies physiques.

Qu'il s'agisse du domaine temporel ou du domaine spirituel, le Christ fut un travailleur au sens le plus élevé du terme. En toutes choses, il était déterminé à faire la volonté de son Père. Le ciel et la terre sort unis par des liens plus étroits, et placés plus directement sous la surveillance du Sauveur qu'on ne le suppose généralement. C'est le Christ qui conçut le plan du premier tabernacle terrestre et donna des instructions précises en rapport avec la construction du temple de Salomon. Celui qui exerça ici-bas la profession de charpentier dans le village de Nazareth, est le divin architecte qui établit le plan du sanctuaire où son nom devait être honoré.

C'est le Christ également qui donna aux ouvriers chargés d'édifier le tabernacle la sagesse et l'habileté nécessaires pour exécuter les travaux les plus délicats: « Sache, est-il écrit, que j'ai choisi Betsaleel, fils d'Uri, fils de Hun, de la tribu de Juda. Je l'ai rempli de l'Esprit de Dieu, de sagesse, d'intelligence, et de savoir pour toutes sortes d'ouvrages. ... Je lui ai donné pour aide Oholiab, fils d'Ahisamac, de la tribu de Dan. J'ai mis de l'intelligence dans l'esprit de tous ceux qui sont habiles, pour qu'ils fassent tout ce que je t'ai ordonné. » (Exode 31:2-6)

Dieu veut que ses ouvriers, dans chaque branche, le considèrent comme le dispensateur de tout ce qu'ils possèdent. Toutes les bonnes inventions et tous les progrès on leur origine en celui qui est admirable par ses conseils et infini en ressources. L'auscultation habile du médecin, sa possibilité d'agir sur les nerfs et les muscles, sa connaissance de l'organisme délicat du corps humain, tout cela procède de la sagesse divine et doit servir à soulager les souffrances. L'habileté du charpentier à manier le marteau, la vigueur avec laquelle le forgeron bat l'enclume leur soit données par Dieu. Il a confié des talents aux hommes et s'attend en retour à les voir venir à lui pour demander ses directives. Quoi que nous fassions et où que nous soyons placés, le Seigneur désire conduire notre esprit afin d'obtenir de nous un travail parfait.

La religion et les affaires ne sont qu'une seule et même chose. Il faut que la religion de la Bible pénètre tout ce que nous disons ou faisons. Le divin et l'humain doivent se mêler dans les réalisations matérielles aussi bien que dans les oeuvres spirituelles; ils doivent agir de pair dans toutes nos entreprises, qu'elles soient industrielles, agricoles, commerciales ou scientifiques. Il faut qu'il y aie coopération de ces deux facteurs dans tout ce qu'embrasse l'activité chrétienne.

Dieu a proclamé des principes sans lesquels cette collaboration est impossible. Sa gloire doit être l'unique mobile de ceux qui travaillent avec lui. Tout ce que nous faisons est à réaliser par amour pour le Seigneur et en harmonie avec sa volonté.

Il est aussi nécessaire de suivre la volonté de Dieu dans la construction d'une maison que dans la célébration d'un office religieux. Les ouvriers qui on adopté de bons principes dans l'édification de leur caractère croîtront en grâce et en connaissance chaque fois qu'ils érigeront un bâtiment.

Mais le Maître n'acceptera pas le plus beau des services ou le talent le plus éminent si le moi n'a pas été déposé, en sacrifice vivant, sur l'autel divin. La racine doit être saine, sinon l'arbre ne produira aucun fruit qui puisse être agréé par Dieu.

Le Seigneur octroya à Joseph et à Daniel le don de l'administration, et parce qu'ils ne recherchaient pas leurs propres plaisirs, mais uniquement l'accomplissement de la volonté de Dieu, il put agir par eux.

La vie de Daniel est une leçon pour nous. Elle nous apprend qu'un homme d'affaires n'est pas nécessairement un homme rusé et diplomate. Il peut être dirigé par Dieu pas à pas. Premier ministre du royaume de Babylone, Daniel restait prophète de l'Éternel et recevait la lumière de l'inspiration divine. La parole de Dieu compare les chefs d'États ambitieux à l'herbe et à sa fleur qui sèchent. Cependant, le Seigneur désire avoir à son service des hommes intelligents et capables de travailler dans les différentes branches de son oeuvre. Nous avons besoin d'hommes d'affaires qui respectent les principes de la vérité dans toutes leurs transactions. Il faut que leurs dons naturels se développent autant que possible par l'étude et l'expérience. S'il est des personnes qui doivent saisir toutes les occasions d'acquérir la sagesse et le savoir-faire, ce sont celles qui consacrent leurs talents à l'édification du royaume de Dieu sur la terre. Lorsque l'administration de Daniel fut soumise à la critique la plus malveillante, ses adversaires ne lui trouvèrent aucune faute, aucune erreur. Il est le modèle de tout homme d'affaires, et son histoire nous montre ce que peut accomplir celui qui consacre toute son intelligence, toute sa force physique, tout son coeur et toute sa vie au service de Dieu.

L'argent

Dieu confie aussi à l'homme de l'argent, et il lui donne les facultés nécessaires pour acquérir des biens. Il arrose la terre par la rosée et des averses rafraîchissantes; il la réchauffe par le soleil qui brille et réveille la nature, fait pousser les plantes et mûrir les fruits. Il demande en retour que nous lui rendions ce qui lui appartient.

L'argent ne nous a pas été donné pour que mous acquérions les honneurs et la gloire. En qualité d'administrateurs fidèles, nous devons l'employer pour l'honneur et la gloire de Dieu. Certains pensent qu'il n'y a qu'une partie de leurs biens qui est au Seigneur, et quand ils on consacré cette partie à des oeuvres charitables ou à l'église, ils estiment que le reste leur appartient et qu'ils peuvent l'utiliser à leur gré. C'est une erreur. Tout ce que nous possédons est au Seigneur, et nous devrons lui rendre compte un jour de l'emploi que nous en avons fait. La façon dont nous dépensons chaque centime montrera si nous aimons Dieu par-dessus tout et notre prochain comme nous-mêmes.

L'argent est précieux parce qu'il peut faire beaucoup de bien. Entre les mains des enfants de Dieu, c'est de la nourriture pour les affamés, de la boisson pour celui qui est altéré, des vêtements pour celui qui est nu, une défense pour l'opprimé et un secours pour les malades. Mais s'il n'est pas employé en vue des besoins de l'existence, du bien de nos semblables et de l'avancement de la cause du Christ, il n'a pas plus de valeur que le sable.

L'argent accumulé est non seulement inutile, mais il représente une malédiction. Ici-bas, il est un piège pour l'âme et détourne les affections du trésor céleste. Au grand jour de Dieu, il attirera la condamnation sur ceux qui ne s'en sont pas servis pour faire du bien. L'Écriture déclare : « À vous maintenant, riches! Pleurez et gémissez, à cause des malheurs qui viendront sur vous. Vos richesses sont pourries, et vos vêtements sont rongés par les teignes. Votre or et votre argent sont rouillés; et leur rouille s'élèvera en témoignage contre vous, et dévorera vos chairs comme un feu. Vous avez amassé des trésors dans les derniers jours! Voici, le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie, et les cris des moissonneurs sont parvenus jusqu'aux oreilles du Seigneur des armées. (Jacques 5:1-4)

Mais le Christ condamne tout gaspillage et nous donne une leçon d'économie : « Ramassez les morceaux qui restent, afin que rien ne se perde » (Jean 6:12), disait-il. Cette leçon est destinée à tous ses disciples. Celui qui comprend que son argent est un talent reçu du Seigneur sera économe, il se sentira dans l'obligation de l'être afin de pouvoir donner.

Plus nous dépensons inutilement, moins il nous reste pour nourrir ceux qui ont faim ou pour vêtir ceux qui sont nus. Chaque centime consacré à des futilités nous prive ainsi d'une belle occasion d'exercer notre générosité; de cette façon, nous dérobons à Dieu l'honneur et la gloire que lui attirerait l'usage judicieux des talents qu'il nous a confiés.

Affection et impulsions généreuses

Une nature affectueuse, des impulsions généreuses, une vive intelligence des choses d'en haut sont de précieux talents qui engagent la responsabilité de celui qui en est doué. Tous doivent être consacrés à l'oeuvre de Dieu; mais c'est là que beaucoup font erreur. Satisfaits de ces dons, ils ne les emploient pas au service de la société et se contentent de dire que s'ils en avaient la possibilité, si les circonstances leur étaient favorables, ils feraient une oeuvre magnifique. Ils attendent toujours que l'occasion se présente. Ils éprouvent du mépris pour la parcimonie de l'avare qui donne à contrecoeur un morceau de pain aux nécessiteux. Ils voient que celui-ci ne vit que pour lui-même et qu'il devra rendre compte des talents dont il fait un si mauvais usage. C'est avec une certaine complaisance qu'ils établissent le contraste qui existe entre eux et des esprits aussi étroits. Ils estiment leur situation bien préférable à celle de leurs voisins mesquins. Mais ils se bercent d'illusion, car la possession de qualités inemployées ne fait qu'accroître leur responsabilité. Ceux qui ont une nature aimante et généreuse sont tenus d'en faire bénéficier non seulement leurs amis, mais aussi les personnes qui pourraient avoir besoin de leur aide. Les avantages d'ordre social sont aussi des talents qui doivent servir au bien de tous ceux qui entrent en contact avec nous. L'amour qui ne se manifeste qu'en faveur d'un petit nombre n'est pas de l'amour, mais de l'égoïsme. Il ne pourra contribuer ni au bien d'autrui, ni à la gloire de Dieu. Ceux qui n'emploient pas les talents reçus du Seigneur se trouvent sous le coup d'une condamnation plus sévère que ceux pour lesquels ils éprouvent un tel mépris. Il leur sera dit : « Vous avez connu la volonté de votre Maître, et vous ne l'avez pas faite. »

Les talents se multiplient par l'usage

Les talents dont on se sert son des talents qui se multiplient. Le succès n'est pas le résultat de la chance ou de la destinée : il est l'oeuvre de la divine providence, la récompense de la foi et de la sagesse, de la vertu et de l'effort persévérant. Le Seigneur désire que nous fassions usage de tous les dons que nous possédons. Si nous agissons ainsi, nous en recevrons de plus grands. Il n'opérera aucun miracle pour nous accorder les talents qui nous font défaut; mais si nous utilisons ceux que nous détenons, il collaborera avec nous pour développer et fortifier chacune de nos facultés. Tout effort énergique et désintéressé au service du Maître contribuera à l'accroissement de nos capacités. Si nous nous mettons à la disposition du Saint-Esprit pour être ses dociles instruments, la grâce de Dieu agira en nous. Elle nous permettra de vaincre nos anciens penchants et d'acquérir des habitudes nouvelles. Plus nous mettrons notre coeur à obéir aux suggestions de l'Esprit, plus nous serons aptes à recevoir sa puissance et à accomplir un travail de valeur. Il éveille les énergies assouplies et redonne vigueur aux facultés paralysées.

L'humble ouvrier qui répond aux appels de Dieu peut être assuré de son assistance. L'acceptation d'une responsabilité aussi grave et aussi sacrée contribue à l'ennoblissement du caractère, fait appel aux facultés mentales et spirituelles les plus élevées, fortifie et purifie l'esprit et le coeur. On est parfois surpris de voir combien, avec la force d'en haut, un être faible peut accomplir d'efforts puissants et productifs. Celui qui débute humblement avec un minimum de savoir, se contentant de dire ce qu'il sait, tout en cherchant à acquérir d'autres connaissances, s'apercevra que tous les trésors du ciel sont à sa disposition. Plus il tentera de répandre la lumière, plus il en jouira lui-même. Plus nous nous efforcerons d'expliquer à d'autres la parole de Dieu avec amour, plus elle deviendra claire à nos propres yeux. L'usage de nos connaissances et de nos facultés conditionnera nos progrès et notre puissance.

Tout effort fait pour le Christ entraîne une bénédiction. Si nous employons nos ressources pour sa gloire, il les augmentera. Nous serons vivifiés par la grâce de Dieu dans la mesure où nous travaillerons à gagner des âmes au Sauveur, lui soumettant cette préoccupation dans nos requêtes. Nos affections acquerrons un rayonnement marqué de ferveur divine et notre vie chrétienne, devenue plus ardente, plus réelle, sera caractérisée par l'esprit de prière.

La valeur d'un homme est estimée au ciel suivant la manière don son coeur s'ouvre à la connaissance de Dieu. Cette connaissance est une source de toute-puissance, car le Seigneur nous a créés pour que chacune de nos facultés serve à exprimer des pensées divines; aussi s'efforce-t-il sans cesse d'amener l'esprit de l'homme à l'unisson avec le sien. Il nous offre le privilège de coopérer avec le Christ en manifestant sa grâce au monde, afin que nous saisissions toujours mieux les vérités célestes. En regardant à Jésus, on obtient une vue plus profonde et plus exacte de Dieu et l'on est transformé par cette contemplation. La bonté et l'amour du prochain deviennent spontanés. On édifie un caractère digne du divin modèle. On parvient à mieux connaître Dieu dans la mesure où l'on s'élève à sa ressemblance. On entre ainsi dans une communion plus intime avec le ciel, et l'on augmente ses possibilités de s'enrichir par la compréhension des valeurs éternelles.

Un seul talent

Celui qui n'avait reçu qu'un talent « alla faire un creux dans la terre, et cacha l'argent de son maître » (Matthieu 25:18).

Ainsi l'homme pourvu du don le plus modeste négligea de le mettre à profit. C'est là un avertissement pour tous ceux qui croient que l'insuffisance de leurs capacités les dispense de servir le Maître. S'ils pouvaient réaliser de grandes choses, avec quelle joie ils les entreprendraient! Mais parce qu'ils occupent une position effacée, ils se croient justifiés en ne faisant rien. C'est une erreur. Dans la répartition des dons, le Seigneur éprouve les caractères. Celui qui a négligé de faire fructifier son unique talent a démontré qu'il était un serviteur infidèle. S'il avait reçu cinq talents, il les aurait enterrés comme il le fit pour le sien. Son mauvais emploi de l'unique talent donne la mesure de son mépris pour les faveurs du ciel.

« Celui qui est fidèle dans les moindres choses l'est aussi dans les grandes. » (Luc 16:10) On méconnaît généralement l'importance des petites choses parce qu'elles son modestes, mais elles contribuent beaucoup à la discipline de la vie. Elles revêtent la plus haute valeur; les sous-estiment dans la formation du caractère serait une attitude des plus dangereuses.

« Celui qui est injuste dans les moindres choses l'est aussi dans les grandes. » (Luc 16:10) Par son infidélité dans les plus petits devoirs, l'homme prive son Créateur du service qu'il lui doit. Cette faute aura sur lui des répercussions fâcheuses : il ne recevra ni la grâce, ni la puissance, ni la force de caractère qui sont la récompense d'une soumission totale à la volonté de Dieu. En vivant éloigné de Jésus-Christ, il s'expose aux tentations de Satan et commet des erreurs au service du Maître. N'étant pas conduit par de bons principes dans les petites choses, il ne parvient pas à obéir au Seigneur dans les grandes choses qu'il considère comme sa tâche particulière. Les défauts entretenus dans les menus détails de cette vie passent dans les affaires de plus grande importance. On agit d'après les principes qu'on s'est formés. Ainsi, des actes souvent répétés engendrent des habitudes, celles-ci façonnent le caractère, et le caractère à son tour fixe notre destinée pour le temps présent et pour l'éternité.

C'est seulement par la fidélité dans les petites choses que l'on apprend à s'acquitter scrupuleusement de responsabilités plus grandes. Dieu mit Daniel et ses compagnons en contact avec les hommes éminents de Babylone, afin de donner à ces païens l'occasion de connaître les principes de la véritable religion. Daniel avait pour mission de représenter le caractère de Dieu au sein d'un peuple idolâtre. Comment se prépara-t-il à occuper un poste aussi important et aussi honorable? Sa fidélité dans les petites choses donna un cachet particulier à sa vie entière. Il honora le Seigneur dans les devoirs les plus insignifiants, aussi reçut-il sa collaboration. Dieu accorda à Daniel et à ses compagnons « de la science, de l'intelligence dans toutes les lettres, et de la sagesse; et Daniel expliquait toutes les visions et tous les songes » (Daniel 1:17).

À l'exemple de Daniel, le témoin de l'Éternel à Babylone, nous sommes appelés, tous aussi, à être ses témoins auprès de nos contemporains, à révéler les principes de son royaume aussi bien dans les menus détails que dans les affaires importantes de la vie.

Par sa vie terrestre, le Christ nous a enseigné à prêter attention aux petites choses. La grande oeuvre de la Rédemption occupait continuellement ses pensées. Toutes ses facultés physiques et mentales étaient mises à contribution pour guérir et enseigner; cependant, il remarquait les moindres détails, soit dans la vie courante, soit dans la nature. Ses leçons les plus instructives étaient celles qui, illustrées par des phénomènes de la nature, mettaient en valeur les grandes vérités du royaume de Dieu. Il n'ignorait pas les besoins du plus humble de ses serviteurs, et ses oreilles étaient attentives à tous les cris de la misère humaine. Il ne resta pas indifférent à la détresse de la pauvre femme qui, perdue au milieu de la foule, l'avait touché. Le moindre geste de foi recevait son exaucement. Quand il ressuscita la fille de Jaïrus, il conseilla à ses parents de lui donner à manger. Quand, par sa grande puissance, il triompha lui-même de la mort, il eut soin de plier et de ranger le linceul qui avait servi à l'envelopper.

En qualité de chrétiens, nous sommes appelés à collaborer avec le Christ au salut des âmes. C'est la tâche que nous nous sommes engagés à entreprendre. La négliger constituerait une infidélité à son égard. Mais pour nous acquitter de ce mandat, il faut suivre l'exemple du Maître en nous occupant consciencieusement des plus petits détails. C'est ainsi que le succès nous sera assuré dans chaque branche de l'activité chrétienne.

Le Seigneur désire que son peuple atteigne le plus haut degré dans son expérience, afin qu'il puisse le glorifier par des facultés que lui-même veut lui accorder. Sa grâce à tout préparé pour nous permettre de faire savoir au monde que nous suivons des plans meilleurs que les siens. Nous croyons en un Dieu puissant pour agir sur les coeurs; nous avons donc à établir la supériorité que cette foi nous confère sous le rapport de l'intelligence, de l'habileté et de la connaissance.

Ceux qui n'ont pas reçu de grands talents ne doivent pas se laisser aller au découragement. Qu'ils travaillent avec les moyens dont ils disposent, surveillant les points faibles de leur caractère et cherchant à le rendre fort par la grâce divine. Il faut que la fidélité et la loyauté président à chacun de nos actes. Cultivons les qualités qui nous permettront de nous acquitter de notre tâche.

Nous devons vaincre à tout prix nos habitudes de négligence. Certaines personnes croient s'excuser des erreurs les plus graves en les mettant sur le compte de l'oubli. Mais ne sont-elles pas douées de facultés intellectuelles aussi bien que les autres? Il leur faut cultiver leur mémoire. L'oubli et le laisser-aller sont des péchés. Si vous faites preuve d'indolence, vous risquez de négliger votre propre salut et de vous apercevoir finalement que vous n'êtes pas prêt pour le royaume des cieux.

Les plus grandes vérités doivent pénétrer dans les plus petites choses. Une religion pratique entre dans les moindres devoirs de la vie quotidienne. L'homme se qualifie avant tout par une obéissance absolue à la parole du Seigneur.

D'aucuns estiment que s'ils ne sont pas directement employés à une oeuvre religieuse, ils sont improductifs et n'ont aucune part à l'avancement du règne de Dieu. Quelle erreur! S'ils accomplissent une besogne qui doit être faite, il ne faut pas qu'ils se croient inutiles dans la vaste maison du Père. Même les devoirs les plus humbles ne sont pas à négliger, car tout travail honnête est une bénédiction, et celui qui s'en acquitte fidèlement se prépare pour une plus grande oeuvre.

Si modeste que soit la tâche confiée à nos soins, lorsqu'elle est réalisée dans un total oubli de soi, Dieu l'agrée comme un service de valeur. Aucune offrande n'est petite quand elle provient d'un coeur qui la donne avec joie.

Où que nous nous trouvions, le Christ nous exhorte à faire face aux devoirs qui se présentent. Quand vous travaillez à la maison, mettez tout votre soin à la rendre aussi agréable que possible. Si vous êtes mère, élevez vos enfants pour le Seigneur, car c'est une mission qui a tout autant d'importance que celle du prédicateur en chaire. Votre place est-elle à la cuisine? Cherchez à devenir une cuisinière modèle. Veillez à ce que vos repas soient conformes aux règles de la diététique, nourrissants et présentés d'une manière appétissante. De même que vous utilisez des produits de qualité pour les apprêter, rappelez-vous aussi que votre intelligence a besoin d'une nourriture substantielle. Avez-vous été appelé à cultiver le sol, à faire du commence ou toute autre chose? Agissez de telle manière que vos efforts soient couronnés de succès. Travaillez avec application. Soyez partout un représentant du Christ, vous comportant comme il le ferait à votre place.

Si anodin que soit votre talent, le Seigneur en à l'emploi. Cet unique talent, sagement mis en valeur, réalisera le but qui lui est assigné. Il faut nous efforcer, par notre fidélité dans les moindres détails, d'ajouter à ce que nous possédons; si nous agissons sur le plan de l'addition, Dieu se chargera d'opérer sur celui de la multiplication. Ces petites choses auront une influence des plus précieuses dans son oeuvre.

Qu'une foi vivante soit mêlée comme des fils d'or à l'accomplissement de nos devoirs, même des plus insignifiants. Alors tout le labeur quotidien contribuera à notre croissance de chrétien. Ayons sans cesse les regards fixés sur Jésus-Christ. Chacune de nos entreprises sera vivifiée par notre amour pour lui. Ainsi donc, par un emploi judicieux de nos talents, nous pourrons nous unir au monde supérieur par une chaîne d'or. Voilà le processus de la véritable sanctification; car la sanctification consiste dans le joyeux accomplissement des devoirs de chaque jour et l'entière soumission à la volonté de Dieu.

Mais beaucoup de chrétiens attendent qu'une grande mission leur soit confiée. Ne trouvant pas le moyen de satisfaire leur ambition, ils négligent les devoirs de la vie quotidienne qu'ils jugent dénués d'intérêt. Jour après jour, ils laissent passer les occasions de montrer leur fidélité à Dieu. Pendant qu'ils languissent après une grande tâche, la vie s'écoule, son but n'est pas atteint, et le travail qui leur était assigné reste à faire.

L'heure des comptes

« Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et leur fit rendre compte. » (Matthieu 25:19) Quand les serviteurs devront répondre de l'emploi des talents reçus, ce que chacun a rapporté sera soigneusement examiné. Le rendement révèle la conscience de l'ouvrier.

Ceux qui ont reçu cinq et deux talents restituent ces derniers à leur maître avec ce qu'ils ont rapporté, sans s'en attribuer aucun mérite. Ces talents ne leur avaient-ils pas été confiés? Ils les ont fait fructifier et en ont gagné d'autres, mais ces serviteurs savent que sans le capital initial, il n'y aurait pas eu de rendement. Ils ont conscience de n'avoir fait que leur devoir. Le capital appartenait au Seigneur; les revenus sont aussi les siens. Si le Sauveur ne leur avait pas accordé sa grâce et son amour, ils seraient demeurés éternellement insolvables.

Cependant, quand le Maître reprend les talents, il approuve et récompense les ouvriers comme si tout le mérite leur en revenait. Il est rempli de joie et de satisfaction, parce qu'il peut leur accorder ses bénédictions. Il les rémunère pour chaque effort et chaque sacrifice, non parce qu'il leur doit quelque chose, mais parce que son coeur déborde d'amour et de tendresse.

« C'est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. » (Matthieu 25:21,23)

Ce qui nous vaut l'approbation de Dieu, c'est la fidélité, la loyauté envers lui, et l'amour avec lequel on le sert. Toute impulsion du Saint-Esprit qui pousse les hommes vers le bien et vers le Seigneur est notée dans les livres du ciel et, au dernier jour, les ouvriers dont il se sera servi seront loués.

Ils participeront à la joie de leur Maître quand ils verront dans son royaume les âmes qui auront été gagnées par leur moyen. Ils auront en outre l'avantage de collaborer à son oeuvre, parce que sur la terre ils se seront qualifiés pour cette tâche. Ce que nous serons un jour, dans l'éternité, sera le reflet de notre caractère actuel et de notre activité au service de Dieu. Le Christ dit de lui-même : « Le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir. » (Matthieu 20:28) Or, l'oeuvre qu'il a réalisée sur la terre est la même que celle qu'il accompli dans les cieux. Parce que nous aurons coopéré avec le Christ ici-bas, notre récompense dams le morde à venir sera de travailler pour lui avec un pouvoir plus grand et un champ d'action plus étendu.

« Celui qui n'avait reçu qu'un talent s'approcha ensuite, et il dit: Seigneur, je savais que tu es un homme dur, qui moissonnes où tu n'as pas semé, et qui amasses où tu n'as pas vanné; j'ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre; voici, prends ce qui est à toi. » (Matthieu 25:24,25)

Voilà comment on s'excuse du mauvais emploi que l'on fait des dons de Dieu. On considère le Seigneur comme un maître sévère, tyrannique, désirant trouver ses serviteurs en défaut pour pouvoir les punir. On l'accuse d'exiger ce qu'il n'a pas donné et de moissonner ce qu'il n'a pas semé.

Nombreux sont ceux qui se plaignent de la dureté de Dieu parce qu'il demande leur service et leurs biens. Or que pouvons-nous lui apporter que nous n'ayons reçu de lui? « Tout vient de toi, déclare le roi David, et nous recevons de ta main ce que nous t'offrons. » (1 Chroniques 29:14) Tout appartient à Dieu, non seulement par droit de création, mais aussi par droit de rédemption. Toutes les bénédictions qui nous sont accordées sur la terre et celles dont nous jouirons dans la vie future portent l'empreinte de la croix du Calvaire. L'accusation lancée contre Dieu suivant laquelle il serait un maître dur moissonnant où il n'a pas semé est donc dénuée de tout fondement.

Si injuste que soit le reproche du serviteur paresseux, le maître ne le réfute pas, mais il prend cet homme sur son propre terrain et lui prouve que sa conduite est inexcusable. Il avait reçu les moyens de faire fructifier son talent : « Il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, dit-il, et à mon retour, j'aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt. » (Matthieu 25:27)

Notre Père céleste ne nous demande ni plus mi moins que ce dont il nous a rendus capables. Il n'impose pas à ses serviteurs des fardeaux qu'ils ne peuvent porter. « Il sait de quoi nous sommes formés, Il se souvient que nous sommes poussière. » (Psaume 103:14) Nous avons donc la possibilité de réaliser par sa grâce tout ce qu'il attend de nous.

« On demandera beaucoup à qui l'on a beaucoup donné. » (Luc 12:48) Individuellement, nous serons tenus responsables si nous faisons un iota de moins que ce que nous aurions dû. Le Seigneur mesure avec exactitude chacune de nos possibilités. Les talents inutilisés entreront en ligne de compte aussi bien que ceux dont on aura fait usage. Car Dieu nous tien pour responsables de tout ce que nous pourrions devenir par un sage emploi des talents reçus. Nous serons jugés d'après ce que nous aurions pu accomplir, mais que nous avons délaissé en n'utilisant pas au moment opportun nos facultés à la gloire de Dieu. Même si nous ne perdons pas notre âme, nous subirons jusque dans l'éternité la perte des connaissances et des capacités que notre négligence nous a empêché d'acquérir.

Mais quand nous nous donnons entièrement au Seigneur et que nous suivons ses directives, il se porte garant de nos progrès. Il ne veut pas que nous présumions des résultats de nos efforts sincères. Nous ne devons même pas penser à un échec possible, car nous avons à collaborer avec celui qui ne connaît pas l'insuccès.

Ne parlons jamais de notre faiblesse ou de notre incapacité : cela équivaudrait à nous rendre coupables de méfiance à l'égard de Dieu et de sa parole. Quand, accablés sous le faix, mous murmurons, quand nous refusons les responsabilités que Dieu veut nous confier, nous le comparons virtuellement à un maître dur qui exige ce qu'il ne nous a pas donné la force de réaliser.

Nous sommes souvent tentés de croire que le serviteur paresseux de la parabole est un homme humble, alors que la véritable humilité est toute différente. Cette qualité ne rabaisse ni le niveau intellectuel, ni les aspirations de ceux qui la possèdent réellement; elle ne les rend pas lâches et ne les amène pas à fuir toute responsabilité dans la crainte de ne pas s'en acquitter convenablement. Non : une personne vraiment humble accomplit les desseins de Dieu en comptant sur son secours.

Le Seigneur travaille avec qui il veut. Parfois, il choisit les instruments les plus modestes pour réaliser une grande oeuvre, car c'est dans la faiblesse humaine qu'il fait éclater sa puissance souveraine. Nous avons un critère personnel auquel nous mesurons la valeur de chaque chose. Mais Dieu juge tout autrement que nous. Ne pensons pas que ce qui est grand à nos yeux soit obligatoirement grand aux siens, que ce qui est petit à nos yeux le soit également aux siens. Nous ne sommes pas qualifiés pour porter un jugement sur nos talents, pas plus que pour choisir notre tâche. Nous devons accepter les fardeaux qui nous sont assignés, les porter par amour pour Dieu et aller toujours à lui pour trouver le repos. Quel que soit le travail qu'il nous demande, c'est en nous consacrant de tout notre coeur et avec joie à son service que nous l'honorerons. Ce qui lui plaît, c'est que nous nous acquittions de nos devoirs avec reconnaissance, en nous réjouissant d'avoir été jugés dignes d'être ses collaborateurs.

Le talent enlevé

Voici la sentence prononcée contre le serviteur paresseux : « Ôtez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents. » (Matthieu 25:28) Ici, comme dans la récompense accordée au fidèle serviteur, il n'est pas simplement question de la rétribution finale, mais encore du processus graduel de rétribution qui a lieu ici-bas. Il en va du monde spirituel comme de la nature : toute faculté inutilisée s'atrophie et disparaît. L'activité est la loi de la vie; l'inaction conduit à la mort. « À chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour l'utilité commune. » (1 Corinthiens 12:7) Nos dons s'accroissent quand nous les employons pour le bien des autres. Ceux qui sont utilisés à des fins égoïstes déclinent et finissent par s'éteindre tout à fait. Quiconque refuse de communiquer à autrui ce qu'il a reçu s'apercevra un jour qu'il n'a plus rien à donner, parce qu'il se soumet à une loi fatale qui amoindrit et détruit les facultés de l'âme.

Que nul ne pense pouvoir servir le moi et s'occuper de ses seuls intérêts, puis entrer quand même dams la joie de son Seigneur. Il ne trouverait alors aucune saveur au contact de l'amour désintéressé; il ne serait pas qualifié pour le ciel et ne saurait apprécier la pure atmosphère de tendresse qui le remplit. Les voix angéliques et le son des harpes ne le satisferaient pas, et la science du ciel resterait une énigme pour lui.

Au grand jour du jugement, ceux qui n'auront pas travaillé pour le Christ, qui se seront laissés vivre, refusant toute responsabilité et ne pensant qu'à eux-mêmes, seront placés par le Juge de toute la terre dans la catégorie des méchants en recevront la même condamnation qu'eux.

De nombreuses personnes se disent chrétiennes et négligent, sans se sentir coupables, de rendre au Seigneur ce qu'elles lui doivent. Elles savent cependant que le blasphémateur, le meurtrier, l'adultère méritent leur châtiment; mais en ce qui les concerne, elles apprécient les services religieux. Comme elles aiment entendre prêcher l'Évangile, elles se croient chrétiennes. Bien qu'elles passent leur temps à se complaire en elles-mêmes, elles seront tout aussi surprises que le serviteur de la parabole d'entendre ce verdict : « Ôtez-lui le talent! » À l'instar des Juifs, elles confondent la jouissance de leurs bénédictions avec l'usage qu'elles auraient dû en faire.

Beaucoup excusent leur paresse en alléguant leur incapacité. Mais Dieu les aurait-il vraiment créés inaptes? Certainement pas. Cette incapacité est le produit de leur inaction, cultivée par eux de leur plein gré. Déjà ils sentent dans leur caractère les effets de la sentence : « Ôtez-lui le talent! » Le mépris constant de leurs dons finira par contrister et éloigner d'eux le Saint-Esprit, leur unique lumière. Le verdict : « Le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors », appose le sceau du ciel sur le choix qu'ils auront fait eux-mêmes pour l'éternité. 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 26

Les richesses injustes

Le Christ est venu sur la terre dans une période de mondanité intense, où l'on subordonnait les intérêts spirituels aux intérêts matériels, les valeurs éternelles aux valeurs temporelles. On prenait en ce temps-là les chimères pour des réalités, et inversement. On ne contemplait pas le monde invisible par la foi. Satan était parvenu à faire croire que les affaires terrestres étaient les seules qui soient dignes d'attention, et les hommes étaient tombés dans ses pièges.

Le Christ apparut pour changer cette situation. Il s'efforça de rompre le charme séducteur qui fascinait l'humanité. Dans ses instructions, il veilla à établir la part du ciel et de la terre, à détourner les pensées de ses auditeurs du moment présent pour les attirer sur l'avenir. Dans leurs activités journalières, ils devaient songer à l'éternité.

« Un homme riche, leur dit-il, avait un économe, qui lui fut dénoncé comme dissipant ses biens. » (Luc 16:1) Le riche avait confié tout son avoir à son intendant; mais celui-ci était infidèle, et le maître s'aperçut qu'il le volait systématiquement. Aussi, il décida de congédier immédiatement son économe et il l'invita à lui rendre ses comptes : « Qu'est-ce que j'entends dire de toi? Rends compte de ton administration, car tu ne pourras plus administrer mes biens. » (Luc 16:2)

Dans la perspective de son renvoi, l'intendant ne vit que trois issues possibles : se mettre au travail, mendier, ou mourir de faim. « Que ferai-je, gémit-il, puisque mon maître m'ôte l'administration de ses biens? Travailler à la terre? je ne le puis. Mendier? j'en ai honte. Je sais ce que je ferai, pour qu'il y ait des gens qui me reçoivent dans leurs maisons quand je serai destitué de mon emploi. Et, faisant venir chacun des débiteurs de son maître, il dit au premier : Combien dois-tu à mon maître? Cent mesures d'huile, répondit-il. Et il lui dit: Prends ton billet, assieds-toi vite, et écris cinquante. Il dit ensuite à un autre : Et toi, combien dois-tu? Cent mesures de blé, répondit-il. Et il lui dit : Prends ton billet, et écris quatre-vingts. » (Luc 16:3-7)

De cette manière, le serviteur infidèle rendait complices de sa malhonnêteté les débiteurs de son maître. Il lésait ce dernier à leur profit. En acceptant ses faveurs, ceux-ci se sentaient obligés de l'accueillir chez eux comme un ami.

« Le maître loua l'économe infidèle de ce qu'il avait agi prudemment. » (Luc 16:8) L'homme du monde rendit hommage à la finesse astucieuse de celui qui l'avait frustré de ses biens, mais sa louange n'était pas celle de Dieu.

Le Christ ne fait pas l'éloge de l'économe infidèle. Il se sert d'un fait bien connu pour illustrer la leçon qu'il désire donner. « Faites-vous, dit-il, des amis avec les richesses injustes, pour qu'ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles viendront à vous manquer. » (Luc 16:9)

Le Sauveur avait été blâmé par les pharisiens pour s'être mêlé aux publicains et aux gens de mauvaise vie. Cela n'avait en rien diminué l'intérêt qu'il leur témoignait, ni paralysé ses efforts en leur faveur. Il vit que leur fonction de péagers les induisait en tentation et que des pièges de toute sorte les environnaient. Facile était leur premier faux pas, et rapide la pente qui les entraînait à des actions de plus en plus coupables et criminelles. Jésus s'efforçait donc, par tous les moyens, de leur faire accepter un idéal plus élevé et de leur inculquer de plus nobles principes. Tel est l'objet de la parabole de l'économe infidèle. Il s'était présenté chez les publicains un cas identique. Dans la description faite par le Christ, ils pouvaient facilement reconnaître leur comportement. Plusieurs y prirent garde et en tirèrent une leçon spirituelle.

Cependant, la parabole s'adressait tout particulièrement aux disciples qui, les premiers, avaient reçu ce levain de la vérité qu'ils avaient pour mission de transmettre à d'autres. Les instructions de notre Seigneur demeuraient en bonne partie obscures pour eux, et souvent ils finissaient par les oublier. Mais plus tard, sous l'influence du Saint-Esprit, ces vérités revinrent clairement à leur mémoire et ils les enseignèrent aux nouveaux convertis.

Le Sauveur parlait aussi pour les pharisiens, car il ne désespérait pas de leur faire reconnaître la force de ses paroles. Plusieurs, en effet, avaient été profondément convaincus, si bien qu'au moment où la vérité leur serait présentée sous l'influence du Saint-Esprit, ils deviendraient disciples du Christ.

Les pharisiens avaient essayé de nuire au Sauveur en l'accusant de se joindre aux publicains et aux pécheurs. Maintenant, le Maître allait retourner l'argument contre ses détracteurs. Il leur présenta la scène dont les publicains étaient les acteurs principaux, et leur fit comprendre qu'elle retraçait leur comportement et qu'elle leur indiquait la seule manière de se corriger de leurs erreurs.

Les biens du maître avaient été confiés à l'intendant infidèle afin qu'il les emploie pour des oeuvres de bienfaisance. Mais il les avait utilisés à son profit. Ainsi en était-il du peuple d'Israël. Dieu avait choisi les descendants d'Abraham, et de son bras puissant. Il les avait délivrés de l'esclavage d'Égypte. Il en avait fait les dépositaires des vérités les plus précieuses -- les oracles sacrés -- afin qu'ils communiquent la lumière au monde et qu'ils soient pour tous une source de bénédictions. Mais ses économes s'étaient servis de tous ces dons pour s'enrichir et s'enorgueillir.

Vaniteux et propres justes, les pharisiens gaspillaient les biens que Dieu leur avait accordés au lieu de les utiliser pour sa gloire.

Le serviteur infidèle n'avait pas songé à faire des réserves pour l'avenir. Il s'était approprié les sommes qui lui avaient été confiées en vue de secourir ses semblables. Mais il n'avait pensé qu'au présent. Dès que son maître lui eut enlevé la gestion de ses biens, il ne lui resta rien en propre. Cependant, l'argent de son maître était encore entre ses mains, et il décida de s'en servir pour se mettre à l'abri du besoin. Il conçut un nouveau plan : au lieu de tout garder pour lui, il se mit à faire des libéralités. Les amis qu'il s'assurait de cette manière le recevraient lorsqu'il aurait perdu son emploi. Ainsi en était-il des pharisiens. Le Seigneur était à la veille de leur retirer l'administration du dépôt confié, et ils étaient invités à penser à l'avenir. Ils ne pouvaient se préparer pour l'éternité qu'en s'intéressant au bien des autres et en dispensant généreusement les dons de Dieu.

Quand il eut raconté la parabole, le Christ déclara : « Les enfants de ce siècle sont plus prudents à l'égard de leurs semblables que ne le sont les enfants de lumière. » (Luc 16:8) Il voulait dire par là que les gens du monde sont plus sages et plus persévérants dans la recherche de leurs intérêts personnels que ceux qui font profession de christianisme en servant leur Maître. Il en est aujourd'hui comme du temps de Jésus. Considérez la vie de soi-disant chrétiens à qui le Seigneur a accordé des talents, de la puissance et de l'influence. Il leur a confié de l'argent pour leur permettre de travailler avec lui au grand plan de la rédemption. Tous ces dons doivent servir au bien de l'humanité, au soulagement des malades et à l'assistance des nécessiteux. Notre devoir est de donner du pain à l'affamé, de vêtir celui qui est nu, de venir en aide à la veuve et à l'orphelin, de réconforter l'affligé et l'opprimé.

Dieu n'a pas voulu que la détresse abonde sur la terre et qu'un seul homme accumule tant de richesses, alors que les enfants des autres n'ont pas même un morceau de pain. Il nous faut employer pour le bien de nos semblables tout ce qui reste une fois que nous avons subvenu à nos besoins. Voici ce qui nous est demandé : « Vendez ce que vous possédez, et donnez-le en aumônes. » « Recommande-leur de faire du bien, d'être riches en bonnes oeuvres. » « Lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles. » « Détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés, et que l'on rompe toute espèce de joug; partage ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile; si tu vois un homme nu, couvre-le. » « Si tu rassasies l'âme indigente, ta lumière se lèvera sur l'obscurité. » « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. » (Luc 12:331 Timothée 6:18Luc 14:13Ésaïe 58:6,7,10Marc 16:15) Tels sont les ordres du Seigneur. La plupart de ceux qui se disent chrétiens les suivent-ils?

Hélas! combien de gens détournent à leur profit les dons de Dieu! Combien s'efforcent uniquement d'accroître leurs propriétés! On ne compte plus ceux qui dissipent follement leur argent dans les plaisirs, la satisfaction de leur appétit ou l'acquisition de maisons, de meubles et de vêtements somptueux, sans se soucier de leurs contemporains victimes de la misère et de la délinquance, de la maladie et de la mort. Des multitudes périssent sans recevoir un seul regard compatissant, ni la moindre parole ou le moindre geste de sympathie.

Les hommes sont coupables de vol envers Dieu. Celui qui emploie égoïstement des fonds qu'il possède, prive Dieu de la gloire qui lui reviendrait si ces ressources matérielles servaient au soulagement des souffrances humaines et au salut des âmes. Il se rend coupable de détournement des biens qui lui ont été confiés. Le Seigneur déclare : « Je m'approcherai de vous pour le jugement, Et je me hâterai de témoigner contre ... ceux qui retiennent le salaire du mercenaire, qui oppriment la veuve et l'orphelin, qui font tort à l'étranger. » « Un homme trompe-t-il Dieu? Car vous me trompez, et vous dites : En quoi t'avons-nous trompé? Dans les dîmes et les offrandes. Vous êtes frappés par la malédiction, Et vous me trompez, La nation tout entière! » « À vous maintenant, riches! ... Vos richesses sont pourries, et vos vêtements sont rongés par les teignes. Votre or et votre argent sont rouillés; et leur rouille s'élèvera en témoignage contre vous. Vous avez amassé des trésors dans les derniers jours! ... Vous avez vécu sur la terre dans les voluptés et dans les délices. » « Voici, le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie, et les cris des moissonneurs sont parvenus jusqu'aux oreilles du Seigneur des armées. » (Malachie 3:5,8,9Jacques 5:1-3,5,4)

Chacun sera appelé à rendre compte de l'administration des talents qu'il a reçus. Au jour du jugement, les richesses accumulées n'auront plus de valeur. On ne possédera plus rien que l'on puisse réclamer comme sa propriété.

Ceux qui passent leur vie à s'amasser une fortune sont encore plus imprudents, moins clairvoyants, moins soucieux de leurs intérêts éternels que l'économe infidèle ne l'était de son avenir matériel. Ceux qui se prétendent enfants de lumière montrent moins de sagesse que les enfants du siècle. C'est à leur sujet que le prophète déclare, à la suite d'une vision qu'il eut du jugement : « En ce jour, les hommes jetteront leurs idoles d'argent et leurs idoles d'or, qu'ils s'étaient faites pour les adorer, aux rats et aux chauves-souris; et ils entreront dans les fentes des rochers Et dans les creux des pierres, Pour éviter la terreur de l'Éternel et l'éclat de sa majesté, Quand il se lèvera pour effrayer la terre. » (Ésaïe 2:20,21)

« Faites-vous des amis avec les richesses injustes, nous dit Jésus, pour qu'ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles viendront à vous manquer. » Dieu, le Christ et les anges sont tous au service des affligés, de ceux qui souffrent et des pécheurs. Consacrez-vous au Seigneur en vue de cette oeuvre, faites usage pour la soutenir des dons qu'il vous accorde; vous serez alors associés aux êtres célestes. Votre coeur et le leur battra ainsi à l'unisson; votre caractère s'assimilera au leur. Les habitants des tabernacles éternels ne seront plus pour vous des étrangers. Quand ce monde aura pris fin, les sentinelles qui se tiennent aux portes du ciel vous souhaiteront la bienvenue.

Tout ce que vous aurez fait pour les autres vous sera rendu. Les richesses employées convenablement accompliront beaucoup de bien. Des âmes seront gagnées à Jésus-Christ. Celui qui conforme sa vie à la volonté du Sauveur rencontrera dans les cieux les êtres en faveur desquels il aura travaillé et pour lesquels il se sera dévoué sur la terre. C'est avec reconnaissance que les rachetés se rappelleront ceux qui auront été les instruments de leur salut éternel. Le ciel sera précieux pour quiconque aura travaillé fidèlement au salut des âmes.

La lecon de cette parabole nous concerne tous. Chacun devient responsable de la grâce reçue en Jésus. La vie est trop solennelle pour être noyée dans des questions d'ordre temporel. Le Seigneur nous demande de communiquer à nos semblables ce que les valeurs éternelles et invisibles nous ont fait connaître.

Chaque année, des millions d'âmes meurent sans avoir reçu d'avertissement et sans être sauvées. À chaque instant de notre vie si variée des occasions d'atteindre et de sauver ces âmes s'offrent à nous et Dieu désire que nous en tirions tout le parti possible. Les jours, les semaines et les mois s'écoulent; il nous reste ainsi un jour, une semaine, un mois de moins pour accomplir notre mission. Encore quelques années, et la voix à laquelle il nous faudra répondre nous dira : « Rends compte de ton administration. »

Le Christ nous demande de faire notre examen de conscience. Établissons soigneusement notre bilan. Sur un plateau de la balance, mettons Jésus, c'est-à-dire les trésors éternels, la vie, la vérité, le ciel, la joie des âmes rachetées; sur l'autre, tous les attraits que peut nous offrir le monde. D'un côté, plaçons la perte de notre âme et de celles pour lesquelles nous aurions pu travailler; de l'autre, pour nous et pour elles, une vie qui se mesure sur celle de Dieu. Pesons pour le temps et l'éternité. Tandis que nous ferons cela, écoutons la voix du Christ qui nous dit : « Que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perd son âme? » (Marc 8:36)

Dieu veut que nous préférions les réalités célestes aux réalités terrestres. Il nous donne l'occasion de faire un placement à la banque du ciel. Il encourage nos aspirations les plus élevées et désire mettre en lieu sûr nos plus chers trésors. Il déclare : « Je rendrai les hommes plus rares que l'or fin, Je les rendrai plus rares que l'or d'Ophir. (Ésaïe 13:12) Quand les richesses que la teigne et la rouille détruisent n'auront plus aucune valeur, les disciples du Christ seront heureux de posséder au ciel un trésor impérissable.

L'amitié des rachetés de Jésus-Christ est préférable à toutes celles que l'on peut trouver dans le monde. L'accès aux demeures qu'il est allé nous préparer est plus précieux que la possession de somptueux palais. Les paroles que le Seigneur adresse à ses fidèles serviteurs valent bien mieux que les louanges terrestres : « Venez, vous qui êtes bénis de mon Père; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. » (Matthieu 25:34)

Le Christ offre à ceux-là même qui ont dilapidé ses biens l'occasion d'acquérir les richesses du ciel. Il dit : « Donnez, et il vous sera donné. » « Faites-vous des bourses qui ne s'usent point, un trésor inépuisable dans les cieux, où le voleur n'approche point, et où la teigne ne détruit point. » « Recommande aux riches du présent siècle ... de faire du bien, d'être riches en bonnes oeuvres, d'avoir de la libéralité, de la générosité, et de s'amasser ainsi pour l'avenir un trésor placé sur un fondement solide, afin de saisir la vie véritable. » (Luc 6:3812:331 Timothée 6:17-19)

Que vos biens vous précèdent donc dans le ciel. Placez-les près du trône de Dieu. Assurez-vous un droit sur les richesses inestimables du Christ : « Faites-vous des amis avec les richesses injustes, pour qu'ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels, quand elles viendront à vous manquer. » 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 27

Qui est mon prochain?

Chez les Juifs, la question « Qui est mon prochain? » (Luc 10:29) provoquait souvent des discussions interminables. Ils n'étaient pas dans le doute au sujet des païens et des Samaritains. Ces derniers étaient regardés comme des étrangers. Mais comment convenait-il de faire la distinction, parmi les gens du pays, entre les différentes classes de la société? Qui donc les rabbins, les prêtres et les anciens du peuple devaient-ils considérer comme leur prochain? Ils passaient toute leur existence à se purifier par une suite ininterrompue de cérémonies, car le contact avec les masses ignorantes et insouciantes leur paraissait occasionner une souillure dont on ne pouvait se débarrasser que par des pratiques fastidieuses. Avaient-ils à regarder ces « impurs » comme leur prochain?

Le Christ va répondre à cette question par la parabole du bon Samaritain. Il montre que le prochain n'est pas simplement notre coreligionnaire, et qu'on ne le reconnaît ni à la couleur, ni à la race, ni au rang social. Le prochain, c'est toute personne qui a besoin de notre aide, toute âme qui a été blessée et meurtrie par l'adversaire. Le prochain, c'est quiconque est la propriété de Dieu.

La parabole du hon Samaritain est due à une question posée au Christ par un docteur de la loi. Tandis que le Sauveur enseignait le peuple, « un docteur de la loi se leva, et dit à Jésus, pour l'éprouver: Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle? » (Luc 10:25) Ce sont les pharisiens qui avaient suggéré cette question au docteur de la loi, dans l'espoir de prendre Jésus en défaut dans ses paroles; aussi attendaient-ils impatiemment sa réponse. Mais le Sauveur évita toute controverse, et demanda la réponse à son interlocuteur lui-même : « Qu'est-il écrit dans la loi? Qu'y lis-tu? » (Luc 10:26-28) Or, les Juifs accusaient précisément Jésus de minimiser la valeur de la loi promulguée sur le mont Sinaï; mais le Christ retourna la question du salut en la portant sur le terrain de l'obéissance aux commandements de Dieu.

Le docteur de la loi répondit : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée; et ton prochain comme toi-même. » « Tu as bien répondu, lui dit Jésus; fais cela, et tu vivras. » (Luc 10:26-28)

Cet homme n'était pas satisfait de la position et des actes des pharisiens. Il avait étudié les Écritures avec le désir d'en comprendre le véritable sens. C'est en toute sincérité qu'il posa cette question d'un intérêt vital pour lui : « Que dois-je faire? » Dans sa réponse à propos de la loi, il ne se soucia aucunement de toute la multitude des cérémonies et des rites, car il ne leur attribuait aucune valeur. Il reprit les deux grands principes dont dépendent la loi et les prophètes. L'approbation donnée à cette réponse plaçait le Seigneur dans une position avantageuse : les rabbins ne pouvaient le condamner, puisqu'il souscrivait aux paroles d'un interprète autorisé de la loi.

Jésus déclara : « Fais cela, et tu vivras. » Dans son enseignement, il présentait invariablement les exigences divines comme un tout, montrant qu'il n'est pas possible d'observer un commandement et d'en violer un autre, car le même principe est à la base de tous. L'obéissance à la loi entière décidera de notre destinée éternelle.

Le Christ savait que nul ne peut y parvenir par ses propres forces. Il voulait amener le docteur de la loi à une recherche plus approfondie, afin qu'il découvre la vérité. Celui-là seul qui accepte les mérites et la grâce du Sauveur est à même d'observer la loi de Dieu. La foi dans la propitiation pour le péché rend l'homme capable d'aimer Dieu de tout son coeur, et son prochain comme lui-même.

Le docteur de la loi était conscient de n'avoir gardé ni les quatre premiers commandements, ni les six derniers. Les paroles pénétrantes du Christ l'avaient convaincu de péché; mais au lieu de confesser sa transgression, il tenta d'excuser sa conduite. Au lieu de reconnaître la vérité, il s'efforça de montrer combien il est difficile d'obéir aux préceptes divins. Il espérait ainsi repousser la condamnation et se justifier en présence de la foule. La réplique du Sauveur avait montré que sa question était oiseuse, puisqu'il avait pu y répondre lui-même. Mais il posa une nouvelle question : « Qui est mon prochain? »

Une fois de plus, le Christ évita la controverse; il résolut le problème en évoquant un incident survenu récemment, encore frais dans l'esprit de ses auditeurs. « Un homme, dit-il, descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba au milieu des brigands, qui le dépouillèrent, le chargèrent de coups, et s'en allèrent, le laissant à demi mort. » (Luc 10:30)

Pour se rendre de Jérusalem à Jéricho, il fallait traverser une partie du désert de Judée. La route serpentait au sein de gorges rocheuses et sauvages, infestées de brigands; elles étaient souvent le théâtre de scènes de violence. C'est là que le voyageur de la parabole avait été attaqué et dépouillé de tout ce qu'il possédait. Il gisait seul, à demi mort, le long de la route. Un prêtre qui empruntait ce chemin vit ce malheureux blessé, baignant dans son sang. Mais au lieu de se porter à son secours, il « passa outre ». Vint alors un Lévite; curieux de savoir ce qui était arrivé, ii s'arrêta pour voir le blessé. Il fut vite convaincu de son devoir, mais celui-ci n'était pas agréable. Il regrettait d'avoir pris cette direction et d'avoir rencontré ce malheureux. Il se persuada que ce n'était pas son affaire et, lui aussi, il « passa outre ».

Mais un Samaritain qui effectuait le même trajet vit le blessé et fit en sa faveur ce que les autres n'avaient pas voulu faire. Avec douceur et bonté, il porta secours au malheureux. Il « fut ému de compassion lorsqu'il le vit. Il s'approcha, et banda ses plaies, en y versant de l'huile et du vin; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie, et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux deniers, les donna à l'hôte, et dit : Aie soin de lui, et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour. » (Luc 10:33-35) Le prêtre et le Lévite faisaient l'un et l'autre profession de piété, mais le Samaritain prouva qu'il était vraiment converti. Prendre soin du blessé ne lui était pas plus agréable qu'aux deux autres voyageurs, mais il montra par ses oeuvres que ses sentiments étaient en harmonie avec ceux de Dieu.

En donnant cette leçon, le Christ présentait les principes de la loi d'une manière forte et précise. Il faisait comprendre à ses auditeurs combien ils se montraient négligents à cet égard. Ses paroles étaient si claires et si directes qu'il ne restait aucune chicane possible, aussi le docteur de la loi ne put-il rien lui objecter. Ses préjugés à l'égard du Christ se dissipèrent, mais il n'avait pas encore surmonté ses antipathies raciales au point de faire ouvertement l'éloge du Samaritain. Quand le Seigneur lui demanda : « Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands? », il répondit : « C'est celui qui a exercé la miséricorde envers lui. » (Luc 10:36)

« Et Jésus lui dit : Va, et toi, fais de même! » (Luc 10:37) Manifeste la même bonté envers les malheureux. Tu montreras ainsi que tu observes toute la loi.

Ce qui différenciait les Juifs des Samaritains, c'était leur croyance religieuse en ce qui concerne le vrai culte. Les pharisiens estimaient qu'il n'y avait rien de bon chez les Samaritains, aussi proféraient-ils contre eux les pires malédictions. L'antipathie entre les deux communautés était si grande que la femme samaritaine s'étonna que Jésus lui demande à boire : « Comment toi, dit-elle, qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme samaritaine? » Car, ajoute l'évangéliste, « les Juifs, en effet, n'ont pas de relations avec les Samaritains. » (Jean 4:9) Dans leur haine meurtrière à l'égard du Christ, les Juifs se levèrent un jour dans le temple pour le lapider. Ils ne purent mieux lui exprimer leur hostilité qu'en lui disant : « N'avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain, et que tu as un démon? » (Jean 8:48) Néanmoins un fait demeurait, c'est que le prêtre et le Lévite avaient négligé leur devoir. Ils avaient laissé à un Samaritain exécré le soin de porter secours à un homme de leur peuple.

Le Samaritain avait accompli le commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Lévitique 19:18), démontrant ainsi qu'il était plus juste que ceux qui le méprisaient. Au péril de sa vie, il avait traité le blessé comme un frère. Ce Samaritain représente le Christ, qui manifesta à notre égard un amour incomparable. Alors que nous étions blessés et agonisants, il eut pitié de nous. Il ne passa pas outre en nous abandonnant à la mort, impuissants et désespérés. Il ne resta pas dans sa demeure sainte et heureuse, où il jouissait de l'affection des cohortes angéliques. Il eut égard à notre grande détresse; se chargeant de notre cause, il s'identifia avec l'humanité. Il mourut pour le salut de ses ennemis, et il pria pour ses bourreaux. Faisant allusion à son exemple, il dit à ses disciples : « Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres. ... Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. » (Jean 15:1713:34)

Le prêtre et le Lévite allaient au temple pour participer aux cérémonies prescrites par Dieu lui-même. C'était un privilège considérable. Ces deux hommes estimaient qu'après avoir été les objets d'une telle marque de distinction, ils se seraient abaissés en portant secours à un blessé inconnu gisant au bord du chemin. Ils laissèrent ainsi passer l'occasion que Dieu leur offrait d'être ses instruments en venant en aide à un malheureux.

Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui commettent la même erreur. Ils classent leurs devoirs en deux catégories distinctes. La première se compose de grandes choses, qui sont réglées par la loi divine; la seconde est faite de prétendus détails, dans lesquels le commandement : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Matthieu 19:19) est méconnu. Cette catégorie de tâches est abandonnée aux caprices et dépend des inclinations et des impulsions. C'est ainsi que le caractère est faussé et la religion chrétienne, travestie.

Certains croiraient s'abaisser en s'occupant des souffrances des autres; et ils regardent avec indifférence, quand ce n'est pas avec mépris, les temples en ruine que sont tant d'âmes. D'autres méprisent les pauvres pour des raisons différentes. À leur avis, ils sont employés au service du Christ et cherchent à promouvoir une activité louable. Ils ont l'impression de réaliser une grande oeuvre et ne pensent pas devoir s'arrêter aux besoins des malheureux et des déshérités. En vertu de ce qu'ils font, ils se croient même autorisés à opprimer les pauvres, à les plonger dans la détresse, à les priver de leurs droits légitimes et à méconnaître leurs besoins réels. Cependant, ces gens-là se sentent justifiés parce que, en agissant ainsi, ils s'imaginent travailler à l'avancement de la cause du Seigneur.

Nombre de croyants laissent un frère ou un voisin se débattre au milieu de circonstances difficiles. Puisqu'ils professent être chrétiens, celui-ci peut être conduit à penser que leur froideur et leur égoïsme reflètent le caractère du Christ. Comme ces prétendus serviteurs de Dieu ne collaborent pas avec lui, l'amour divin qu'ils devraient manifester reste en grande partie caché à leurs semblables. Ainsi se perd une abondante moisson de louanges et d'actions de grâces qui auraient pu monter du coeur et des lèvres des hommes jusqu'à Dieu.

Celui-ci est privé de la gloire due à son saint nom; des âmes pour lesquelles Jésus est mort lui sont ravies -- des âmes qu'il désirait accueillir dans son royaume pour qu'elles demeurent éternellement en sa présence.

La vérité divine n'exerce que peu d'influence sur le monde, alors qu'elle aurait sur lui un ascendant considérable si nous étions des chrétiens pratiquants. Beaucoup se contentent d'une religion superficielle; mais la seule profession de foi n'a que peu de valeur. Nous pouvons nous prétendre disciples du Christ et nous rallier à toutes les vérités de la parole de Dieu : si nos actes journaliers ne sont pas en accord avec nos croyances, quel bien en retireront nos voisins? Si nous ne sommes pas des chrétiens dignes de ce nom, notre confession de foi aurait beau être aussi élevée que le ciel, elle ne pourra nous assurer la vie éternelle, pas plus qu'a nos semblables. Un hon exemple fera plus de bien au monde que toutes nos affirmations.

Aucune forme d'égoïsme ne peut servir la cause du Christ, car cette dernière se confond avec celle des pauvres et des opprimés. Le coeur des vrais disciples doit être animé de la profonde sympathie qui a caractérisé la vie de leur Maître, et d'un amour sans limites à l'égard de ceux qu'il a appréciés au point de donner sa vie pour eux. Les âmes en faveur desquelles il est mort ont du prix à ses yeux, beaucoup plus que toutes les offrandes que nous pourrions apporter à Dieu. Le Sauveur n'approuve pas ceux qui se consacrent à une oeuvre apparemment louable tout en négligeant les nécessiteux ou en frustrant l'étranger de ses droits.

La sanctification de l'âme par l'Esprit-Saint n'est pas autre chose que l'implantation de la nature du Christ dans notre humanité. La religion de l'Évangile, c'est la vie du Christ en nous -- un principe vivant et actif. C'est la grâce du Sauveur manifestée dans le caractère et produisant de bonnes oeuvres. Il est impossible de séparer les enseignements de l'Évangile de notre existence concrète. Tous les aspects de notre expérience religieuse doivent être une révélation de la vie du Christ.

Le fondement de la piété, c'est l'amour. Quelle que soit notre profession de foi, nous n'aimons pas vraiment Dieu si nous n'aimons pas nos frères d'une manière désintéressée. Mais nous n'y parviendrons pas en « essayant » d'aimer les autres. Ce qu'il nous faut, c'est l'amour de Jésus dans notre coeur. Si le moi est absorbé par lui, l'amour jaillira spontanément. Quand nous nous sentirons constamment poussés à venir en aide à notre prochain et que la lumière céleste remplira notre âme et se reflétera sur notre visage, nous serons parvenus à la perfection chrétienne.

Un coeur où le Christ a établi sa demeure ne peut être dépourvu d'amour. Si nous aimons le Père parce qu'il nous a aimés le premier, nous aimerons aussi tous ceux pour lesquels son Fils est mort. Nous ne saurions entrer en contact avec Dieu sans entrer en contact avec l'humanité, car la divinité et l'humanité se trouvent alliées en celui qui siège sur le trône de l'univers. Lorsque nous sommes en communion avec le Christ, nous sommes aussi unis à nos semblables par les chaînes d'or de l'amour. La pitié et la compassion du Sauveur se manifestent alors dans notre vie. Nous n'attendons pas que les malheureux et les nécessiteux nous soient amenés, nous n'avons pas besoin d'être exhortés à la charité. Il nous est tout aussi naturel de leur venir en aide qu'il l'était pour le Christ de se rendre de lieu en lieu en faisant du bien.

L'action du Saint-Esprit se manifeste à chaque endroit où un coeur débordant d'amour et de sympathie s'efforce d'être en bénédiction aux autres et de les édifier. Au sein du paganisme, des hommes qui n'avaient pas connaissance de la loi écrite de Dieu et n'avaient jamais entendu parler de Jésus témoignèrent de la bonté à ses serviteurs, allant jusqu'à les protéger au péril de leur vie. À travers leurs actes, une puissance divine se montrait à l'oeuvre. Le Saint-Esprit implante ainsi la grâce du Christ dans le coeur du païen, éveillant en lui des sympathies contraires à sa nature et à son éducation. La lumière « qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. » (Jean 1:9) illumine son âme, et, s'il y prend garde, elle conduira ses pas vers le royaume de Dieu.

Pour glorifier le Seigneur, il faut relever ceux qui sont tombés et consoler ceux qui sont dans la détresse. Quel que soit le coeur dans lequel il habite, Jésus se révélera toujours de la même manière. Partout où elle se manifeste, la religion du Christ fera du bien. Quel que soit le lieu où elle opère, elle produira la lumière.

Dieu ne connaît pas les distinctions de nationalité, de race ou de rang social, car il est le Créateur de l'humanité entière. Par voie de création, tous les hommes font partie de la même famille, et tous sont aussi unis par le fait de la rédemption. Jésus-Christ est venu abattre toutes les murailles de séparation; il a ouvert les différents compartiments du temple, afin que chacun accède librement auprès de Dieu. Son amour est si vaste, si complet, si profond qu'il pénètre partout. Il arrache à l'empire de Satan les pauvres âmes abusées par ses tromperies. Il les place à la portée du trône de Dieu, ce trône entouré de l'arc-en-ciel de la promesse.

En Christ, il n'y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni libre. Tous sont unis par son sang précieux. (Galates 3:28Éphésiens 2:13)

Quelle que soit la religion d'un homme, son cri de détresse ne doit pas rester sans réponse. Là où règne l'amertume à cause de divergences religieuses, on peut faire beaucoup de bien par un ministère personnel. La bienfaisance abat les préjugés et conduit les âmes vers le Seigneur.

Sympathisons avec nos semblables dans leurs tristesses, leurs difficultés, leurs souffrances. Participons aux joies et aux soucis des grands et des petits, des riches et des pauvres. Le Christ nous dit : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » (Matthieu 10:8) Tout autour de nous se trouvent des âmes éprouvées en quête d'un mot compatissant, d'un geste d'assistance. Des veuves ont besoin d'aide et de sympathie. Le Seigneur invite ses disciples à recueillir les orphelins comme un dépôt sacré. Ils sont trop souvent négligés. Ils peuvent être en haillons, maladroits et repoussants à bien des égards; ils n'en sont pas moins la propriété de Dieu. Ils ont été rachetés à un grand prix et sont aussi précieux que nous à ses yeux. Ils sont membres de la grande famille divine. En leur qualité d'économes du Seigneur, les chrétiens sont responsables d'eux. « Je te redemanderai son sang. », dit l'Éternel. (Ézéchiel 3:18)

Le péché est le plus grand de tous les malheurs. Il nous appartient donc de prendre les pécheurs en pitié et de leur venir en aide. Il est vrai que nous ne pouvons pas tous les atteindre de la même façon. Il en est qui savent dissimuler leur dénuement spirituel. Une parole aimable ou le rappel d'un souvenir bienfaisant peuvent leur être d'un grand secours. D'autres se trouvent dans la misère la plus noire et sont inconscients de leur dépravation. Un grand nombre sont tellement plongés dans le péché qu'ils ont perdu le sens des réalités éternelles. L'image de Dieu s'est effacée en eux, et ils ne savent même pas qu'ils ont une âme à sauver. Ils n'ont ni foi en Dieu ni confiance dans les hommes. Beaucoup ne pourront être touchés que par des actes de bonté. Commençons par les aider matériellement, en leur donnant la possibilité d'être bien nourris, propres et vêtus décemment. Devant les preuves de notre amour désintéressé, il leur sera plus facile de croire à l'amour du Christ.

Parmi ceux qui se sont égarés, plusieurs éprouvent un sentiment de honte et se rendent compte de leur folie. Ils pensent tellement à leurs fautes et à leurs erreurs que le désespoir finit par s'emparer d'eux. Il ne faut pas négliger ces personnes. Lorsqu'un nageur est obligé de remonter le courant d'une rivière, il est entraîné en arrière par la force de l'eau. Tendons-lui donc une main secourable, à l'exemple de notre Frère aîné offrant la sienne à Pierre quand il enfonçait dans les flots. Adressons-lui des paroles d'espoir, qui feront renaître en lui la confiance et l'amour.

Ton frère, spirituellement malade, a besoin de toi, comme toi tu as eu besoin de l'amour d'un frère. L'expérience de quelqu'un qui a connu les mêmes faiblesses, qui puisse sympathiser avec lui et l'aider : voilà ce qui lui serait nécessaire. La connaissance de nos propres faiblesses devrait nous permettre de soulager les autres au fort de leurs détresses. Ne passons jamais auprès d'une âme affligée sans chercher à lui faire part des consolations que nous trouvons en Dieu.

La victoire sur les instincts les plus vils de la nature humaine s'obtient par l'alliance avec Jésus et le contact personnel avec un Sauveur vivant. Parlez aux égarés de la main toute-puissante qui s'offre pour les soutenir, de la pleine humanité du Christ qui a compassion d'eux. Il ne leur suffit pas de croire à la loi et à la force, incapables d'éprouver de la pitié et d'entendre les appels désespérés. Il leur faut une chaude poignée de main et la confiance en un coeur rempli de tendresse. Rappelez-leur que Dieu se tient constamment à leurs côtés et veille sur eux avec amour. Invitez-les à penser à ce coeur paternel contristé par le péché, à la main toujours tendue de ce Père compatissant, à sa voix qui leur dit : « Celui qui me prendra pour rempart avec moi fera la paix, il fera la paix avec moi. » (Ésaïe 27:5, traduction oecuménique)

Aussitôt que vous vous serez mis à l'oeuvre, vous aurez près de vous des compagnons invisibles. Les anges du ciel se tenaient près du Samaritain quand il bandait les plaies de l'étranger. Ils sont aux côtés de tous ceux qui font la volonté de Dieu en assistant leurs semblables. Vous pouvez compter sur la collaboration du Christ lui-même. C'est lui qui restaure; dès que vous travaillerez sous sa direction, vous verrez de grands résultats.

De votre fidélité dans cette tâche dépend non seulement le bien-être de vos semblables, mais encore votre destinée éternelle. Le Christ fait tout pour attirer ceux qui consentent à s'attacher à lui, afin qu'ils soient un avec lui comme lui-même est un avec son Père. Il permet que nous entrions en contact avec la souffrance et le malheur, en vue de nous arracher à notre égoïsme. Il cherche à développer en nous les attributs de son propre caractère : La compassion, la tendresse et l'amour. En acceptant ce ministère, nous entrons à son école et nous nous y préparons pour le ciel. En le rejetant, nous repoussons ses instructions et choisissons d'être privés pour toujours de sa présence.

« Si tu observes mes ordres, déclare l'Éternel, je te donnerai libre accès parmi ceux qui sont ici. » (Zacharie 3:7), c'est-à-dire parmi les anges qui environnent son trône. En collaborant avec les êtres célestes dans leur oeuvre sur la terre, nous nous préparons à vivre en leur compagnie. Les anges du ciel, ces « esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut » (Hébreux 1:14), accueilleront celui qui n'aura pas vécu ici-bas « pour être servi, mais pour servir » (Matthieu 20:28). C'est dans cette société bienheureuse que nous comprendrons pleinement, pour notre joie éternelle, tout ce qui est inclus dans la question : « Qui est mon prochain? » 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 28

La récompense de la grâce

Les Juifs avaient presque complètement oublié la vérité relative à la grâce divine. Les rabbins affirmaient que la faveur de Dieu devait se gagner. Ils espéraient mériter par leurs oeuvres la récompense des justes. C'est la raison pour laquelle leur culte était empreint d'esprit mercenaire. Même les disciples de Jésus ne s'étaient pas tout à fait affranchis de cet esprit; aussi le Christ saisissait-il toutes les occasions pour leur montrer leur erreur. Au moment où il allait prononcer la parabole des ouvriers, un incident se produisit qui lui donna l'occasion de présenter la vérité.

Tandis qu'il cheminait, un jeune chef survint et s'inclina respectueusement pour le saluer. « Bon maître, lui demanda-t-il, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle? » (Marc 10:17)

Le chef s'était adressé à lui simplement comme à un rabbin éminent, sans discerner en lui le Fils de Dieu. Le Sauveur lui répondit : « Pourquoi m'appelles-tu bon? Il n'y a de bon que Dieu seul. » (Marc 10:18) Sur quelle base me donnes-tu à moi ce qualificatif? Dieu seul est bon. Si tu me reconnais comme tel, tu dois aussi me recevoir comme son Fils et son représentant. « Si tu veux entrer dans la vie, ajouta Jésus, observe les commandements. » (Matthieu 19:17) Le caractère du Tout-Puissant est révélé dans sa loi. Il faut donc t'inspirer de ses principes dans tous tes actes si tu veux être en harmonie avec lui.

Le Christ n'amoindrit pas les exigences de la loi divine. En un langage clair et précis, il montre que l'observation des commandements est la condition de la vie éternelle. La même condition était requise d'Adam avant son péché. Le Seigneur n'attend pas moins de nous aujourd'hui que d'Adam au paradis terrestre; il demande une obéissance parfaite et une justice irréprochable. Les exigences demeurent sous l'alliance de grâce ce qu'elles étaient au jardin d'Éden l'observation de la loi de Dieu, qui est sainte, juste et bonne.

À l'injonction : « Observe les commandements », le jeune homme répliqua : « Lesquels? » Il pensait qu'il était sans doute question de quelque précepte cérémoniel, alors que le Sauveur faisait allusion à la loi édictée au mont Sinaï. Le Christ mentionna plusieurs des commandements gravés sur la seconde table du Décalogue, puis il les résuma dans cette formule : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Matthieu 19:19)

Sans hésiter, le jeune homme lui répondit : « Maître, j'ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse. » (Marc 10:20) Sa conception de la loi morale était superficielle. À vues humaines, sa vie était irréprochable, du moins sur le plan extérieur. Il s'imaginait donc avoir atteint à une obéissance parfaite. Toutefois, il craignait secrètement de ne pas être absolument en règle avec Dieu. C'est ce qui le poussa à poser cette question : « Que me manque-t-il encore? » (Matthieu 19:20)

Jésus lui dit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi. Après avoir entendu ces paroles, le jeune homme s'en alla tout triste; car il avait de grands biens. » (Matthieu 19:21,22)

L'amour de soi est une transgression de la loi de Dieu. C'est ce que Jésus voulait faire comprendre à son interlocuteur; aussi le soumit-il à une pierre de touche qui allait mettre en évidence son égoïsme. Il lui dévoila le foyer d'infection de son caractère. Le jeune homme ne désirait pas d'autre lumière. Il chérissait une idole : le monde était son dieu. Il prétendait garder les commandements, mais il ne possédait pas le principe qui en est l'esprit et la vie. Il n'éprouvait pas un véritable amour pour Dieu et ses semblables. Il lui manquait l'essentiel pour entrer dans le royaume de Dieu. Son amour du moi et des avantages matériels le mettait en dissonance avec le ciel.

La sincérité et la ferveur de ce jeune chef lui avaient valu la sympathie du Sauveur. « Jésus, l'ayant regardé, l'aima. » (Marc 10:21) Il avait vu en lui un futur prédicateur de la justice. Il aurait reçu ce noble et ses talents avec empressement, comme il avait reçu les humbles pêcheurs qui le suivaient. Si ce jeune homme avait voulu se consacrer au salut des âmes, il serait devenu un ouvrier diligent et efficace au service du Maître.

Mais il devait tout d'abord accepter les conditions de l'apostolat et se donner à Dieu sans la moindre réserve. À l'appel du Sauveur, Jean, Pierre, Matthieu et leurs compagnons quittèrent tout et le suivirent (Voir Luc 5:28) La même consécration était exigée de la part du jeune chef. Le Christ ne lui demandait pas un sacrifice plus grand que celui auquel il avait consenti lui-même. Il « s'est fait pauvre, de riche qu'il était, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis. » (2 Corinthiens 8:9) Le jeune homme n'avait pas autre chose à faire que de suivre ses traces.

En le regardant, Jésus fut saisi du désir ardent de gagner son âme. Il aurait voulu l'envoyer porter la bonne nouvelle du salut. Pour compenser ce qu'il lui demandait de laisser, Jésus lui offrait le privilège de sa présence. « Suis-moi. », lui dit-il. Pierre, Jacques et Jean avaient considéré cette prérogative comme un sujet de grande joie. Le jeune homme lui-même éprouvait une vive admiration pour le Christ. Il se sentait attiré par lui, mais n'était pas prêt à accepter son principe de renoncement. Il attachait une plus grande valeur à ses richesses qu'à Jésus. Il désirait la vie éternelle, mais il refusait d'accepter dans son coeur cet amour désintéressé qui est la source de toute vie. Avec tristesse, il s'éloigna du Sauveur.

Comme le jeune homme s'en allait, Jésus dit à ses disciples : « Qu'il sera difficile à ceux qui ont des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu! » (Marc 10:23) Ces paroles surprirent les disciples, qui avaient toujours considéré les riches comme les favoris du ciel. Ils espéraient recevoir eux-mêmes la puissance terrestre et les richesses dans le royaume messianique. Si les riches n'entraient pas dans ce royaume, quelle espérance pourrait-il bien y avoir pour le reste des hommes?

Jésus reprit :« Mes enfants, qu'il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses d'entrer dans le royaume de Dieu! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. Les disciples furent encore plus étonnés. » (Marc 10:24-26) Ils comprenaient maintenant que cet avertissement solennel leur était aussi adressé. Les paroles du Sauveur avaient mis en évidence leur soif inavouée de richesse et de puissance. Saisis de crainte en pensant à eux-mêmes, ils s'exclamèrent : « Et qui peut être sauvé? »

« Jésus les regarda, et dit : Cela est impossible aux hommes, mais non à Dieu : car tout est possible à Dieu. » (Marc 10:27)

Un riche, en qualité de riche, ne peut hériter le royaume des cieux. Ses biens ne lui donnent aucun droit à l'héritage glorieux des saints. Ce n'est que par la grâce imméritée du Christ que l'homme entrera dans la cité de Dieu.

Ces paroles du Saint-Esprit s'adressent aussi bien aux riches qu'aux pauvres : « Vous ne vous appartenez point à vous-mêmes? Car vous avez été rachetés à un grand prix. » (1 Corinthiens 6:19,20)

Lorsque les hommes sont convaincus de la véracité de ces affirmations, ils considèrent leurs richesses comme un dépôt qu'ils doivent employer en se laissant guider par Dieu pour sauver ceux qui se perdent et secourir les pauvres et les malades. De nous-mêmes, nous ne pouvons le faire, car notre coeur est attaché aux biens terrestres. Celui qui est esclave de Mammon reste sourd aux cris de l'humanité en détresse. Mais toutes choses sont possibles à Dieu, et la contemplation de l'amour incomparable du Christ touchera et gagnera les coeurs égoïstes. Le riche dira, avec Saul le pharisien : « Ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte, à cause de Christ. Et même je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l'excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur. » (Philippiens 3:7,8) Les gens fortunés ne regarderont plus leurs biens comme leur propriété personnelle, et ils seront heureux de se considérer comme les dispensateurs des multiples grâces de Dieu et les serviteurs de tous les hommes par amour pour lui.

Pierre fut le premier à se remettre du sentiment de condamnation personnelle provoqué par les paroles du Sauveur. Il songeait avec satisfaction à ce que lui et ses compagnons avaient fait pour le Seigneur. « Voici, nous avons tout quitté, et nous t'avons suivi. » (Matthieu 19:27), dit-il. Se rappelant la promesse conditionnelle faite au jeune chef : « Tu auras un trésor dans le ciel. », il demanda ce que lui et ses amis recevraient en récompense de leurs sacrifices.

La réponse du Sauveur fit tressaillir le coeur de ces pêcheurs galiléens. Elle décrivait les honneurs qui réaliseraient leurs plus beaux rêves : « Je vous le dis en vérité, quand le Fils de l'homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m'avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d'Israël. » (Matthieu 19:28) Et il ajouta : « Je vous le dis en vérité, il n'est personne qui, ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses soeurs, ou sa mère, ou son père, ou ses enfants, ou ses terres, ne reçoive au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des frères, des soeurs, des mères, des enfants, et des terres, avec des persécutions, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle. » (Marc 10:29,30)

Mais la question de Pierre : « Qu'en sera-t-il pour nous? » (Matthieu 19:27) avait révélé un esprit qui, s'il n'était pas réformé, empêcherait les disciples de devenir les ambassadeurs du Christ, car c'était là l'esprit d'un mercenaire. Quoique attirés par l'amour de Jésus, les disciples n'étaient pas encore exempts de tout pharisaïsme. Ils travaillaient avec l'idée que leur rétribution serait proportionnée à leurs efforts. Ils avaient tendance à se glorifier eux-mêmes, et à se comparer les uns aux autres. L'un d'entre eux venait-il à commettre une faute quelconque, les autres se laissaient aller à des sentiments de supériorité.

De peur que ses disciples ne perdent de vue les principes évangéliques, Jésus leur dit une parabole pour illustrer la manière d'agir de Dieu à l'égard de ses serviteurs, et l'esprit dans lequel ils devaient travailler pour lui.

« Le royaume des cieux, dit-il, est semblable à un maître de maison qui sortit dès le matin, afin de louer des ouvriers pour sa vigne. » (Matthieu 20:1) C'était alors la coutume, pour les hommes qui cherchaient du travail, de se rendre sur la place du marché et d'y attendre qu'un employeur vienne leur en proposer. Ainsi, dans notre parabole, nous voyons un maître de maison sortir à différentes heures du jour pour embaucher des ouvriers. Les premiers engagés convinrent d'un certain salaire, et ceux qui furent engagés plus tard laissèrent la question de leur rétribution au bon vouloir de l'employeur.

« Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à son intendant : Appelle les ouvriers, et paie-leur le salaire, en allant des derniers aux premiers. Ceux de la onzième heure vinrent, et reçurent chacun un denier. Les premiers vinrent ensuite, croyant recevoir davantage; mais ils reçurent aussi chacun un denier. (Matthieu 20:8-10)

Dans ses rapports avec les vignerons, le maître représente Dieu dans ses relations avec les hommes. Ses voies diffèrent des usages en vigueur ici-bas. Dans les affaires de ce monde, le salaire est proportionné à la somme de travail que l'on accomplit. L'ouvrier ne s'attend à recevoir que ce qu'il a gagné. Dans la parabole, au contraire, le Christ met en évidence les principes de son royaume, qui n'est pas de ce monde et n'est pas dirigé par des lois humaines. N'est-ce pas le Seigneur qui déclare : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies. ... Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, Et mes pensées au-dessus de vos pensées. » (Ésaïe 55:8,9) ?

Les premiers ouvriers engagés acceptèrent de travailler pour une certaine somme, qu'ils reçurent, sans plus, le soir venu. Ceux qui furent embauchés par la suite crurent à cette promesse du maître : « Je vous donnerai ce qui est raisonnable. » (Matthieu 20:4) Ils eurent confiance en sa justice et en son équité; ils ne demandèrent rien au sujet de leur salaire. Ils furent récompensés, non pas selon leur travail, mais selon la générosité du maître.

Ainsi Dieu désire que nous nous en remettions à celui qui justifie le pécheur. Il nous donne sa récompense, non d'après nos mérites, mais « selon le dessein éternel qu'il a mis à exécution par Jésus-Christ notre Seigneur » (Éphésiens 3:11) « Il nous a sauvés, non à cause des oeuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde. » (Tite 3:5) Il fera pour ceux qui mettent leur confiance en lui « infiniment au delà de tout ce que nous demandons ou pensons » (Éphésiens 3:20).

Ce qui fait la valeur de notre service aux yeux de Dieu, ce n'est pas la somme de travail que nous accomplissons ni les résultats visibles de nos efforts, mais l'esprit dans lequel nous agissons. Les ouvriers de la onzième heure s'estimèrent heureux de l'occasion qui leur était donnée de travailler; leur coeur vibrait de reconnaissance envers celui qui avait consenti à les engager. Le soir venu, lorsque le maître leur accorda le salaire d'une journée entière, ils en furent grandement surpris, car ils ne pensaient pas mériter autant. La bonté qu'ils lisaient sur son visage les remplissait de joie. Jamais ils n'oublièrent sa générosité, ni le salaire inespéré qu'ils avaient reçu. Il en est de même du pécheur qui s'est engagé à servir le Maître avec le sentiment de son indignité, alors que la onzième heure du jour est déjà arrivée. Son temps de service lui semble être bien court, et il a l'impression de ne mériter aucun salaire. Mais la pensée que Dieu l'a accepté remplit son coeur de joie. Il travaille avec humilité et confiance, heureux d'être ouvrier avec le Christ. C'est un tel esprit que le Seigneur se plaît à honorer.

Jésus désire que nous nous reposions sur lui sans nous inquiéter de la récompense. La question de la rétribution passe à l'arrière-plan, quand il habite dans nos coeurs, car ce n'est pas le mobile qui nous fait agir. Accessoirement, il est vrai, nous devrions avoir égard à la rémunération. Dieu désire nous voir apprécier les bénédictions promises, mais il ne veut pas que nous soyons impatients de recevoir la récompense, ni que nous nous attendions à une rétribution pour chaque devoir accompli. Il nous faut faire ce qui est bien sans nous inquiéter du gain que nous en retirerons. Le mobile de nos actions devrait être l'amour de Dieu et du prochain.

Cette parabole n'excuse nullement ceux qui ont entendu le premier appel à entrer dans la vigne, mais qui ont négligé d'y répondre. Quand, à la onzième heure, le maître de la maison se rendit sur la place du marché et y rencontra des hommes inoccupés, il leur dit : « Pourquoi vous tenez-vous ici toute la journée sans rien faire? Ils lui répondirent : « C'est que personne ne nous a loués. » (Matthieu 20:6,7) Aucun des ouvriers engagés tard dans la journée ne se trouvait là le matin. Ils n'avaient donc pas rejeté l'appel. Ceux qui refusent et qui plus tard se repentent font certainement bien de se repentir, mais il est dangereux de prendre à la légère le premier appel de la miséricorde divine.

Quand les ouvriers, la journée terminée, « reçurent chacun un denier » (Matthieu 20:9,10), ceux qui avaient commencé le travail dès la pointe du jour en furent mécontents. N'avaient-ils pas peiné douze heures? N'auraient-ils pas dû obtenir plus que ceux qui n'avaient travaillé qu'une heure, et cela dans la partie la moins chaude de la journée? « Ces derniers n'ont travaillé qu'une heure, disent-ils, et tu les traites à l'égal de nous, qui avons supporté la fatigue du jour et la chaleur. » (Matthieu 20:12-16)

« Mon ami, répondit à l'un d'eux le maître de la maison, je ne te fais pas tort; n'es-tu pas convenu avec moi d'un denier? Prends ce qui te revient, et va-t'en. Je veux donner à ce dernier autant qu'à toi. Ne m'est-il pas permis de faire de mon bien ce que je veux? Ou vois-tu de mauvais oeil que je sois bon? -- Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. » (Matthieu 20:12-16)

Les ouvriers de la première heure représentent ceux qui, en vertu de leur état de service, estiment avoir plus de droits que les autres. Ils se mettent à l'ouvrage avec un sentiment de supériorité, et non avec un esprit d'abnégation et de sacrifice. Il se peut qu'ils aient fait profession de servir Dieu toute leur vie, qu'ils aient été les premiers à endurer la fatigue, les privations, les épreuves; c'est d'ailleurs la raison pour laquelle ils prétendent mériter une forte récompense. Ils pensent plus à celle-ci qu'au privilège d'être les serviteurs du Christ. À leur point de vue, tous ces travaux et ces sacrifices leur donnent droit à une rémunération plus grande que celle de leurs compagnons; parce qu'il n'en est pas ainsi, ils en sont scandalisés. S'ils apportaient dans leurs activités un esprit de foi et d'amour, ils resteraient à la première place. Mais leur esprit revendicatif n'est pas conforme à celui du Christ et montre combien ils sont peu dignes de confiance. Ils dévoilent ainsi leur ambition personnelle, leur doute à l'égard de Dieu et la jalousie que leur inspire la prospérité de leurs frères. La bonté et la libéralité du Seigneur ne sont pour eux que des occasions de murmurer. Ils prouvent qu'ils ne sont pas en communion avec Dieu. Ils ne connaissent pas la joie de la collaboration avec le maître de la moisson.

Rien n'offense davantage notre Père qu'un esprit étroit et égoïste. Dieu ne peut se servir de ceux qui sont animés de tels sentiments, car ils sont insensibles à l'action du Saint-Esprit.

Les Juifs avaient été les premiers appelés à entrer dans la vigne du Seigneur; ils en conçurent de l'orgueil et devinrent des propres justes. Ils considérèrent leurs longues années de service comme leur donnant le droit de recevoir une plus grande récompense que les autres. Ils s'exaspéraient par-dessus tout lorsqu'on leur laissait entendre que les Gentils seraient l'objet de privilèges spirituels semblables aux leurs.

Le Christ avertit les disciples, qui avaient été les premiers appelés à le suivre, de crainte qu'ils ne tombent dans le même travers. Il vit qu'un esprit de propre justice serait une cause de faiblesse et de malédiction pour son Église. Les hommes se jugeraient capables de faire quelque chose pour mériter une place dans le royaume des cieux. Ils s'imagineraient qu'au moment où ils auraient réalisé certains progrès, le Seigneur leur viendrait en aide. Ainsi, ils s'occuperaient beaucoup plus d'eux-mêmes que de Jésus. Plusieurs de ceux qui avaient fait quelques progrès allaient être enflés d'orgueil et se croire supérieurs aux autres. Ils en recevraient avec empressement les adulations, et veilleraient jalousement à occuper une place très importante dans l'estime de leurs semblables. C'est contre ce danger que le Seigneur mit en garde ses disciples.

Se vanter de ses mérites personnels est un acte déplacé. « Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse, que le fort ne se glorifie pas de sa force, que le riche ne se glorifie pas de sa richesse. Mais que celui qui veut se glorifier se glorifie d'avoir de l'intelligence et de me connaître, de savoir que je suis l'Éternel, qui exerce la bonté, le droit et la justice sur la terre; car c'est à cela que je prends plaisir, dit l'Éternel. » (Jérémie 9:23,24)

La récompense n'est pas donnée à cause des oeuvres, de crainte que quelqu'un ne s'en prévale, mais par pure grâce : « Que dirons-nous donc qu'Abraham, notre père, a obtenu selon la chair? Si Abraham a été justifié par les oeuvres, il a sujet de se glorifier, mais non devant Dieu. Car que dit l'Écriture? Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice. Or, à celui qui fait une oeuvre, le salaire est imputé, non comme une grâce, mais comme une chose due; et à celui qui ne fait point d'oeuvre, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice. » (Romains 4:1-5)

Nul n'a donc sujet de se glorifier ou de se plaindre en se comparant aux autres. Aucun n'est privilégié aux dépens de ses semblables, et personne ne peut faire valoir des droits à la récompense.

Le premier et le dernier doivent avoir part à la vie éternelle, et il conviendrait que le premier accueille joyeusement le dernier. Celui qui murmure à propos de la rétribution accordée à un autre oublie qu'il n'est lui-même sauvé que par grâce. La parabole des ouvriers condamne tout esprit de jalousie et de suspicion. L'amour se réjouit de la vérité et ne fait pas de comparaison dictée par l'envie. Celui qui possède l'amour ne compare que la beauté du Christ avec les défauts de son propre caractère.

Cette parabole est un avertissement pour tous les ouvriers du Seigneur. Quelles que soient l'ancienneté de leurs services et l'importance de leurs labeurs, sans amour pour leurs frères et sans humilité devant Dieu, ils ne sont rien. Il n'y a pas de religion dans la glorification du moi. Celui qui s'exalte lui-même se trouvera privé de la grâce qui assure son efficacité au service du Christ. Celui qui se laisse aller à l'orgueil ou à la présomption n'accomplira qu'un travail défectueux.

Ce n'est pas le temps que nous pouvons consacrer à la tâche qui nous rend agréables à Dieu, mais notre empressement à le servir et notre fidélité. Notre vie doit se caractériser par l'abnégation. Le moindre effort, fait en toute sincérité et avec désintéressement, plaît beaucoup plus au Seigneur que de grands exploits entachés d'égoïsme. Dieu nous sonde pour voir si l'esprit du Christ habite en nous, et il note jusqu'à quel point nos actes reflètent son image. À ses yeux, notre amour et notre fidélité dans la tâche comptent plus que la somme de travail accompli.

Le Christ ne sera l'hôte de notre âme et Dieu ne nous reconnaîtra pour ses ouvriers qu'à partir du moment où notre égoïsme sera vaincu, où nous cesserons de lutter pour la suprématie, où notre coeur sera rempli de reconnaissance et où l'amour parfumera notre vie.

Si pénible que soit la tâche, les véritables ouvriers ne la considèrent pas comme une corvée. Ils sont prêts à dépenser et à se dépenser sans compter, aimant leur travail et s'y livrant d'un coeur joyeux. Jésus-Christ exprime parfaitement cette joie quand il dit : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé, et d'accomplir son oeuvre. » (Jean 4:34) Il s'agit de coopérer avec le Seigneur de gloire. Cette pensée adoucit les tâches; elle fortifie la volonté et affermit l'esprit pour tout ce qui peut survenir. En collaborant avec abnégation, en s'ennoblissant par la participation aux souffrances du Christ, en partageant sa compassion, on contribue à augmenter sa joie et à faire rejaillir gloire et honneur sur son saint nom.

Tel est l'esprit du véritable service. Faute d'en être animés, beaucoup de ceux qui nous paraissent les premiers seront les derniers, tandis que ceux qui le possèdent, même s'ils sont jugés les derniers, deviendront les premiers.

Plusieurs se sont donnés au Christ et ne trouvent néanmoins aucune occasion de faire pour lui de grandes choses ou des sacrifices importants. Qu'ils se consolent à l'idée que ce n'est pas nécessairement le sort du martyr qui est le plus agréable à Dieu. Il se peut que ce ne soit pas le missionnaire affrontant tous les jours le danger et la mort qui occupe la première place dans les livres du ciel. Celui qui est réellement chrétien dans sa vie privée, dans ses luttes quotidiennes contre le moi, et qui l'exprime par la sincérité et la pureté de ses pensées, par sa douceur sous la provocation, par sa foi, sa piété et sa fidélité dans les petites choses, celui qui, dans son foyer, reflète le caractère du Christ, celui-là peut être plus précieux aux yeux de Dieu que le missionnaire ou le martyr mondialement célèbres.

Oh! combien les barèmes humains diffèrent de celui que le Seigneur emploie pour mesurer le caractère! Dieu voit les nombreuses tentations auxquelles on a résisté, alors que le monde et même les amis intimes les ignorent -- tentations surgies dans le cercle familial ou dans les profondeurs du coeur. Il voit l'humilité de l'âme qui ressent sa propre faiblesse, et la repentance profonde qu'elle éprouve au sujet d'une seule mauvaise pensée. Il voit la consécration sans réserve apportée à son service. Il a tenu un compte précis des combats victorieux livrés contre le moi. Dieu et les anges connaissent tout cela. Un livre de souvenir est écrit devant l'Éternel en faveur de ceux qui le craignent et bénissent son nom.

Ce n'est ni dans la science, ni dans la condition sociale, ni dans le nombre et la qualité de nos talents, ni dans la volonté de l'homme qu'il faut aller chercher le secret du succès. Conscients de notre faiblesse, nous avons à contempler le Christ, qui est à l'origine de toute force et de toute pensée; en nous soumettant à lui, nous remporterons victoire sur victoire.

Si court et si efface que soit notre service, si nous suivons Jésus avec foi, nous ne serons pas frustrés de la récompense. Les plus humbles et les plus faibles peuvent recevoir ce que les plus grands et les plus sages ne sauraient gagner. Les portes d'or du ciel ne s'ouvriront jamais devant les orgueilleux, ni devant les hautains, mais elles céderont à la timide poussée du petit enfant. Magnifique sera la récompense de la grâce réservée à ceux qui auront travaillé pour Dieu dans la simplicité de la foi et de l'amour! 

Les paraboles de Jésus

Chapitre 29

À la rencontre de l’Époux

Le Christ est assis avec ses disciples sur le mont des Oliviers. Le soleil a disparu à l'horizon par-delà les collines, et le ciel a pris ses teintes du soir. On aperçoit très distinctement une maison brillamment illuminée, comme pour quelque festivité. De toutes les fenêtres jaillissent des flots de lumière. La foule, groupée aux alentours, indique qu'un cortège nuptial va bientôt apparaître. Dans plusieurs contrées de l'Orient, les cérémonies de mariage se célèbrent le soir. L'époux va à la rencontre de l'épouse pour la conduire chez lui, et c'est à la lueur des flambeaux que la procession se dirige de la demeure de la jeune femme vers celle du mari, où un banquet a été préparé en l'honneur des invités.

Dans la scène que contemple Jésus, des personnes rassemblées attendent l'arrivée du cortège avec l'intention de s'y joindre.

Tout près de la maison de la fiancée se tiennent dix jeunes filles en robes blanches. Chacune est munie d'une lampe allumée et d'un petit vase à huile. Elles attendent avec impatience l'arrivée de l'époux. Mais celui-ci tarde à venir. Après quelques heures, elles se lassent et s'endorment. À minuit, le cri se fait entendre : « Voici l'époux, allez à sa rencontre! » (Matthieu 25:6) Réveillées en sursaut, les jeunes filles se lèvent précipitamment et voient le cortège nuptial s'approcher, illuminé par des torches et égayé par les accents de la musique. Puis elles discernent les voix de l'épouse et de l'époux. Les dix vierges prennent leurs lampes, les mouchent et se hâtent de rejoindre le cortège. Mais cinq d'entre elles ont oublié de remplir leur petit vase à huile. N'ayant pas prévu un si long retard, elles n'ont rien fait pour parer aux désagréments d'une pareille éventualité. Dans leur détresse, elles font appel à leurs compagnes plus avisées : « Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent. » (Matthieu 25:8) Mais celles-ci ont déjà vidé dans les leurs toute leur réserve d'huile. « Non, répondent-elles, il n'y en aurait pas assez pour nous et pour vous; allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous. » (Matthieu 25:9)

Pendant qu'elles vont en acheter, le cortège passe. Les cinq jeunes filles aux lampes allumées se joignent à la foule et entrent dans la maison avec la suite nuptiale, puis la porte est fermée. Quand les vierges imprévoyantes arrivent à la salle du festin, elles reçoivent un accueil inattendu. L'ordonnateur de la fête leur répond : « Je ne vous connais pas. » (Matthieu 25:12) Elles sont contraintes de rester dehors, dans la rue déserte et sombre.

Tandis qu'il observait les gens qui attendaient l'époux, Jésus raconta à ses disciples l'histoire des dix vierges, illustrant l'expérience de l'Église au temps de sa seconde venue.

Les deux catégories de jeunes filles correspondent aux deux classes de personnes qui disent croire au retour du Seigneur. Toutes sont appelées des « vierges », à cause de la pureté de leur profession de foi. Leurs lampes représentent la parole de Dieu. « Ta parole est une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon sentier » (Psaume 119:105), déclare le psalmiste. L'huile est un symbole du Saint-Esprit, figure ainsi dans la prophétie de Zacharie : « Puis l'ange qui conversait avec moi revint : il me réveilla, comme un homme qu'on réveillerait de son sommeil. Et il me dit : " Que vois-tu? " Je répondis : Je vois un chandelier tout en or, surmonté d'un réservoir et portant sept lampes, avec sept conduits pour les sept lampes qui sont au sommet du chandelier. Il y a près de lui deux oliviers, l'un à droite du réservoir, l'autre à gauche.

Je repris la parole, et je dis à l'ange qui conversait avec moi : Que signifie tout cela, mon seigneur? ... Alors il reprit : Voici la parole que l'Éternel adresse à Zorobabel : Ce n'est point par la puissance ou la force, mais c'est par mon Esprit que s'accomplira cette oeuvre, a dit l'Éternel des armées. ...

» Je repris encore la parole, et je dis : Que signifient ces deux oliviers, à droite et à gauche du chandelier? Je répétai une seconde fois : Que signifient ces deux branches d'oliviers, qui sont à côté des deux conduits en or, d'où découle le liquide doré? L'ange me répondit : Ne sais-tu pas ce qu'ils signifient? Je répliquai : Non, mon seigneur. Alors il dit : Ce sont les deux hommes qui ont reçu l'onction de l'Éternel, et qui se tiennent près du Seigneur de toute la terre. » (Zacharie 4:1-4,6,11-14, version Synodale)

Des deux oliviers, l'huile était déversée dans les conduits en or jusqu'au chandelier lui-même, et de là dans les lampes qui éclairaient le sanctuaire. C'est ainsi que par le canal des êtres saints qui se tiennent autour du trône de Dieu, l'Esprit est communiqué à tous ceux qui se consacrent à son service. La mission des deux oints est de transmettre au peuple de Dieu la grâce qui, seule, peut faire de sa parole une lampe à nos pieds et une lumière sur notre sentier. « Ce n'est point par la puissance ou par la force, mais c'est par mon Esprit que s'accomplira cette oeuvre, a dit l'Éternel des armées. »

Dans la parabole, les dix jeunes filles allèrent à la rencontre de l'époux. Elles avaient toutes des lampes et des vases à huile. Pendant un certain temps, on ne faisait aucune différence entre elles. Ainsi en est-il de l'Église à la veille de la seconde venue du Christ. Tous les chrétiens ont la connaissance des saintes Écritures, tous ont entendu parler de la proximité de la venue du Seigneur et attendent avec confiance son apparition. Mais ce qui s'est produit dans la parabole arrive aussi maintenant. Un délai survient et met à l'épreuve la foi de chacun. Quand retentit le cri : « Voici l'époux, allez à sa rencontre », beaucoup ne sont pas prêts. Ils n'ont plus d'huile dans leurs vases pour alimenter leurs lampes. Ils sont dépourvus du Saint-Esprit.

Sans l'Esprit de Dieu, toute connaissance de sa parole est vaine. La théorie de la vérité ne peut vivifier l'âme et sanctifier le coeur si elle ne s'accompagne pas de son influence. Nous pouvons connaître les commandements de Dieu et les promesses de la Bible : si le Saint-Esprit ne fait pas pénétrer la vérité au fond de notre coeur, notre caractère ne sera pas changé. Sans son illumination, il est impossible de distinguer la vérité de l'erreur, et l'on succombe inévitablement aux habiles tentations de Satan.

Les personnes figurées par les vierges folles ne sont pas des hypocrites. Elles respectent la vérité, elles ont soutenu ses droits; elles aiment la compagnie des croyants, mais elles ne se sont pas abandonnées à l'action de l'Esprit. Elles n'ont pas brisé leur nature sur le Rocher, c'est-à-dire Jésus-Christ. Elles sont également représentées par le terrain pierreux. Elles reçoivent avec empressement la parole de Dieu, mais sans en assimiler les principes, si bien que son influence n'est pas durable. L'Esprit n'agit sur le coeur de l'homme, pour le faire naître à une vie nouvelle, que dans la mesure où il le désire. Mais ceux que symbolisent les vierges folles se sont contentés d'une expérience superficielle, et n'ont pas connu Dieu véritablement. Ils ne se sont pas appliqués à sonder son caractère, ils n'ont pas entretenu de communion avec le Seigneur; voilà pourquoi ils ne savent comment faire pour croire et pour vivre leur foi. Leur culte n'est plus qu'un tissu de rites formalistes : « Ils se rendent en foule auprès de toi, et mon peuple s'assied devant toi; ils écoutent tes paroles, mais ils ne les mettent point en pratique, car leur bouche en fait un sujet de moquerie, et leur coeur se livre à la cupidité. » (Ézéchiel 33:31) L'apôtre Paul précise quels seront les traits dominants de ceux qui vivront immédiatement avant la seconde venue de Jésus-Christ. « Dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes, ... aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force. » (2 Timothée 3:1-5)

Ce sont ceux qui, en ce temps de crise, diront : « Paix et sûreté! », se laissant bercer par une fausse sécurité, oublieux du danger qui les guette. Réveillés de leur léthargie spirituelle, ils verront l'étendue de leur misère et demanderont aide à leurs frères. Mais dans le domaine de la foi, nul ne peut combler les déficiences des autres. La grâce de Dieu a été librement offerte à chaque homme. Le message évangélique a été proclamé : « Que celui qui a soif vienne; que celui qui veut, prenne de l'eau de la vie, gratuitement. » (Apocalypse 22:17) Le caractère ne se transmet pas. Personne ne peut avoir la foi pour un autre, ni recevoir l'Esprit pour un autre. Comme le caractère est le résultat de l'action de l'Esprit, il est incommunicable. S'il y avait dans le pays « Noé, Daniel et Job, je suis vivant! dit le Seigneur, l'Éternel, ils ne sauveraient ni fils ni filles, mais ils sauveraient leur âme par leur justice » (Ézéchiel 14:20)

Le caractère se révèle dans les heures cruciales. Quand, à minuit, le cri se fit entendre : « Voici l'époux, allez à sa rencontre. », et que les vierges furent tirées de leur sommeil, on vit alors lesquelles s'étaient préparées. Toutes furent prises à l'improviste; mais les unes étaient en mesure de faire face à toute éventualité, tandis que les autres n'avaient rien prévu. Aujourd'hui également, une catastrophe soudaine et inattendue, mettant l'âme face à face avec la mort, montrera si notre foi dans les promesses divines est réelle ou non, si notre âme est soutenue ou non par l'Esprit de Dieu. Le grand test aura lieu à la fin du temps de grâce, au moment où il sera trop tard pour se préparer et subvenir à ses besoins spirituels.

Les dix vierges veillent au crépuscule de l'histoire de ce monde. Toutes se disent chrétiennes; toutes ont reçu un appel, un nom, une lampe, et toutes prétendent être au service du Seigneur. Chacune semble attendre l'apparition du Christ, mais cinq ne sont pas prêtes, cinq seront surprises et désolées quand elles se trouveront exclues de la salle des noces.

Au dernier jour, beaucoup revendiqueront leur admission dans le royaume de Jésus-Christ : « Nous avons mangé et bu devant toi, et tu as enseigné dans nos rues. » « Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé par ton nom? n'avons-nous pas chassé des démons par ton nom? et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom? » Mais voici la réponse qu'ils entendront : « Je vous le dis, je ne sais d'où vous êtes; retirez-vous de moi. » (Luc 13:26,27Matthieu 7:22) Ici-bas, ils n'ont pas goûté la communion avec le Christ, c'est pourquoi ils ne connaissent pas le langage du ciel et sont privés de ses joies. « Lequel des hommes, en effet, connaît les choses de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est en lui? De même, personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n'est l'Esprit de Dieu. » (1 Corinthiens 2:11)

Les paroles les plus terribles que des oreilles humaines puissent entendre se trouvent contenues dans cette sentence : « Je ne vous connais pas! » La communion de l'Esprit dont vous avez fait peu de cas, aurait été la seule préparation possible en vue de la compagnie des heureux convives qui assistent au banquet des noces. Vous ne pouvez participer à cette scène. Sa lumière frapperait des yeux aveugles, et sa musique des oreilles fermées. L'amour et le bonheur qui s'y expriment n'éveilleraient aucun accord joyeux dans un coeur engourdi par le monde. Vous vous êtes ainsi exclus du ciel par votre inaptitude à jouir de la compagnie des êtres saints.

Le réveil occasionné par le cri : « Voici l'Époux! » ne suffira pas pour nous préparer à rencontrer le Seigneur. Il sera trop tard, à ce moment-là, pour aller remplir nos lampes vides. Il est impossible d'éloigner le Christ de sa vie présente et d'être prêt à jouir de sa compagnie dans le ciel.

Notons que dans la parabole les vierges sages avaient de l'huile dans leurs vases, outre celle qui se trouvait dans leurs lampes. Ces lampes purent brûler sans que la flamme baisse pendant toute cette nuit de veille. Elles contribuèrent à augmenter l'éclat de l'illumination en l'honneur de l'époux et éclairèrent la route qui conduisait à sa maison.

C'est ainsi que les disciples de Jésus-Christ doivent briller dans les ténèbres du monde. Grâce au Saint-Esprit, la parole de Dieu est une lumière quand elle devient une puissance transformatrice dans la vie de celui qui la reçoit. En implantant dans nos coeurs les principes de cette parole, l'Esprit révèle en nous le caractère du Seigneur et fait alors rayonner sa gloire dans la vie de ses disciples. C'est ainsi qu'il leur faut glorifier Dieu, et briller sur le chemin qui conduit à la demeure de l'Époux, à la cité de Dieu, au banquet des noces de l'Agneau.

L'arrivée de l'époux eut lieu à minuit -- l'heure la plus sombre. De même, le retour du Christ se produira dans la période la plus critique de l'histoire de notre planète. Le temps de Noé et de Lot illustre bien la situation du monde avant l'apparition du Fils de l'homme. Les Écritures nous disent à ce sujet que Satan opérera puissamment « avec toutes les séductions de l'iniquité » (2 Thessaloniciens 2:9,10). Son action se manifeste par les ténèbres de plus en plus épaisses, par les erreurs, les hérésies et les tromperies sans nombre en ces derniers jours. Non seulement le diable entraîne le monde dans ses pièges, mais ses séductions corrompent même les églises qui se déclarent chrétiennes. La grande apostasie engendrera des ténèbres aussi épaisses que celles de minuit, aussi impénétrables qu'un sac de crin. Ce sera une nuit d'épreuves pour le peuple de Dieu, une nuit de larmes et de persécutions pour ceux qui s'attachent à la vérité. Néanmoins, la lumière divine aura raison de ces ténèbres.

Le Seigneur a dit : « La lumière brillera du sein des ténèbres! » (2 Corinthiens 4:6) Quand « la terre était informe et vide », quand « il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme », « l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit : Que la lumière soit! Et la lumière fut. » (Genèse 1:2,3) De même, dans cette nuit de ténèbres spirituelles, la parole de Dieu s'exprime ainsi : « Que la lumière soit! » Et l'Église reçoit cet ordre : « Lève-toi, sois éclairée, car ta lumière arrive, Et la gloire de l'Éternel se lève sur toi. »

« Voici, disent les Écritures, les ténèbres couvrent la terre, et l'obscurité les peuples; mais sur toi l'Éternel se lève, sur toi sa gloire apparaît. » (Ésaïe 60:1,2)

Les ténèbres de la méconnaissance de Dieu enveloppent la terre. Les hommes ont oublié son caractère. On l'a mal compris et faussement interprété. Il faut qu'un message venant du Seigneur soit proclamé à notre époque, message lumineux par son influence et salutaire par sa puissance. Nous avons à révéler au monde le caractère de Dieu. L'éclat de sa gloire, de sa bonté, de sa miséricorde et de sa vérité doit se répandre au milieu des ténèbres.

Telle est l'oeuvre annoncée par le prophète Ésaïe en ces termes : « Monte sur une haute montagne, Sion, pour publier la bonne nouvelle; élève avec force ta voix, Jérusalem, pour publier la bonne nouvelle; élève ta voix, ne crains point, dis aux villes de Juda : Voici votre Dieu! Voici, le Seigneur, l'Éternel vient avec puissance, et de son bras il commande; voici, le salaire est avec lui, et les rétributions le précèdent. » (Ésaïe 40:9,10)

Ceux qui attendent l'arrivée de l'Époux doivent dire au monde : « Voici votre Dieu. » Les derniers rayons de la lumière de la grâce, le dernier message de miséricorde qu'il faut porter à l'humanité, c'est une révélation de son amour. Les enfants de Dieu sont appelés à manifester sa gloire. Dans leur vie et leur caractère, ils ont à témoigner de ce que la grâce de Dieu a fait pour eux.

La lumière du Soleil de justice doit produire des paroles de vérité et des oeuvres de sainteté.

Le Christ, reflet de la gloire du Père, est venu ici-bas pour être la lumière du monde et le représentant de Dieu devant les hommes. Aussi est-il écrit de lui qu'il a été « oint du Saint-Esprit et de force » et « qu'il allait de lieu en lieu faisant du bien » (Actes 10:38). Lui-même a déclaré, dans la synagogue de Nazareth : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres; Il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur. » (Luc 4:18,19) C'est le mandat qu'il a confié à ses disciples. C'est à eux qu'il a dit : « Vous êtes la lumière du monde. ... Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. (Matthieu 5:14,16)

Le prophète Ésaïe décrit aussi cette oeuvre en ces termes : « Partage ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile; si tu vois un homme nu, couvre-le, et ne te détourne pas de ton semblable. Alors ta lumière poindra comme l'aurore, et ta guérison germera promptement; ta justice marchera devant toi, et la gloire de l'Éternel t'accompagnera. » (Ésaïe 58:7,8)

Ainsi, dans l'obscurité spirituelle, la gloire de Dieu brillera par l'intermédiaire de son Église pour relever l'opprimé et consoler l'affligé.

Que d'âmes en détresse autour de nous! Notre tâche est de leur venir en aide et de les soulager dans leurs souffrances et leurs misères.

La pratique de la bienfaisance sera beaucoup plus efficace que tous les sermons du monde. Nous devons donner du pain à l'affamé, des habits à celui qui est nu, un abri à celui qui est sans asile. Et nous sommes appelés à faire plus encore. Seul l'amour de Jésus peut subvenir aux besoins de l'âme. Si le Christ demeure en nous, nos coeurs déborderont d'une divine sympathie, et les sources d'un amour fervent comme le sien seront ouvertes.

Dieu ne demande pas seulement nos dons en faveur des malheureux, mais il réclame de nous un visage affable, des paroles d'encouragement, de chaudes poignées de main. Quand Jésus guérissait les malades, il leur imposait les mains. Il faut entrer en rapport intime avec les personnes auxquelles on désire faire du bien.

Nombreux sont ceux qui vivent sans espérance; apportez-leur quelques rayons de soleil. Beaucoup out perdu courage; adressez-leur des paroles de réconfort et priez pour eux. Il en est qui ont besoin du pain de vie; lisez-leur la parole de Dieu. Plusieurs sont affligés d'une maladie de l'âme qu'aucun baume ni aucun médecin ne peuvent guérir. Intercédez en leur faveur et amenez-les à Jésus, en leur disant qu'il y a du baume en Galaad et un Médecin puissant.

La lumière est une bénédiction, une bénédiction universelle qui répand ses trésors sur un monde ingrat, impie et privé de sens moral. Il en est de même de la lumière du Soleil de justice. La terre entière, perdue dans les ténèbres du péché et de la souffrance, doit connaître l'amour du Père. L'éclat qui jaillit du trône de Dieu est destiné à tous les hommes, sans distinction de secte, de rang ou de classe.

Il faut porter jusqu'aux confins du monde le message d'espérance et de miséricorde. Tous ceux qui le veulent ont la faculté de s'emparer de la puissance divine et de faire la paix avec le Seigneur. Les païens ne doivent pas rester enveloppés plus longtemps dans l'obscurité de minuit, qui se dissipera devant les lumineux rayons du Soleil de justice. La puissance de l'enfer a été vaincue.

Mais nul ne saurait donner ce qu'il n'a pas reçu. Dans l'oeuvre de Dieu, l'humanité ne peut rien faire d'elle-même. Il est impossible d'y devenir un porte-flambeau par ses propres efforts. Amenée par les messagers célestes dans les conduits d'or, l'huile qui coulait dans les réservoirs du chandelier permettait à celui-ci de donner une lumière toujours égale. Ainsi l'amour divin, communiqué à l'homme sans interruption, le rend capable de transmettre la lumière autour de lui. C'est dans les coeurs unis à Dieu par la foi que l'huile sainte se déverse continuellement pour produire de bonnes oeuvres et un service sincère et véritable.

Le don inestimable du Saint-Esprit renferme toutes les ressources du ciel. Ce n'est pas à cause d'une quelconque restriction de la part de Dieu que les richesses de sa grâce ne se répandent pas abondamment sur les hommes. Tous seraient remplis du Saint-Esprit s'ils étaient disposés à le recevoir.

Chaque âme a le privilège de devenir un instrument par lequel Dieu transmet au monde les trésors de sa grâce, les richesses insondables du Christ. Jésus désire par-dessus tout des serviteurs qui révèlent son caractère et soient imprégnés de son Esprit. L'amour du Sauveur manifesté par des êtres humains, voilà le plus grand besoin de l'humanité. Le ciel entier attend notre collaboration pour répandre l'huile sainte qui sera un sujet de joie et de bénédiction parmi les hommes.

Jésus a tout préparé pour que son Église soit transformée à son image, illuminée par celui qui est la Lumière du monde, et qu'elle reflète la gloire d'Emmanuel. Il désire que chaque fidèle soit entouré d'une atmosphère de paix rayonnante. Il veut que notre vie devienne la manifestation de sa propre joie. Celui en qui réside l'Esprit se distinguera par un courant d'amour céleste. La plénitude divine sera communiquée au monde par le canal d'hommes consacrés.

« Le Soleil de justice porte la guérison sous ses ailes. » (Malachie 4:2) Tout chrétien véritable aura donc pour mission de vivifier, d'encourager, d'assister et de guérir en profondeur.

La religion de Jésus-Christ comporte plus que le pardon des péchés; elle exige leur abandon pour laisser la place libre aux grâces de l'Esprit. Elle suppose aussi la connaissance et la joie divines, un coeur dépouillé du moi et rempli de la présence du Sauveur. L'âme dans laquelle le Christ habite est pure, libre de tout péché. En elle se réalise le plan de l'Évangile dans toute sa gloire, toute sa plénitude et sa divine perfection. L'acceptation du salut en Jésus-Christ fait rayonner de paix, d'amour et de confiance véritables. Une vie pénétrée de la beauté et du parfum de son caractère prouve que Dieu a vraiment envoyé son Fils dans le monde pour en être le Sauveur.

Le Christ n'a pas ordonné à ses disciples de s'efforcer de briller, mais il leur dit : « Que votre lumière luise. » (Matthieu 5:16) Si vous avez reçu la grâce de Dieu, la lumière est en vous. Écartez les obstacles, et sa gloire éclatera pour dissiper les ténèbres. Rien ne saurait empêcher votre rayonnement de s'exercer autour de vous.

La révélation de sa gloire par l'intermédiaire de l'humanité amènera le ciel si près de nous que les beautés du temple intérieur seront visibles en tous ceux chez qui le Sauveur est entré. Les hommes seront captivés par la lumière émanant d'un chrétien en qui demeure le Christ. Des louanges et des actions de grâces monteront vers Dieu de la part de tous ceux qui auront ainsi été gagnés au Sauveur, et le grand donateur en sera glorifié.

« Lève-toi, sois éclairée, car ta lumière arrive, et la gloire de l'Éternel se lève sur toi. » (Ésaïe 60:1) Ce message est adresse à ceux qui vont à la rencontre de l'Époux. Le Christ vient avec puissance et une grande gloire, celle qui lui est propre et celle de son Père. Il est accompagné de tous les saints anges. Le monde entier se trouvera plongé dans l'obscurité totale, mais la demeure des saints sera illuminée de sa gloire. Ils distingueront les premiers rayons de lumière de sa seconde apparition. Sa splendeur projettera un éclat parfait, et ceux qui auront servi Jésus admireront en lui leur Rédempteur. Tandis que les méchants fuiront loin de sa face, les fidèles seront dans l'allégresse. Le patriarche Job, contemplant en vision le temps du second avènement du Christ, déclarait : « Je le verrai, et il me sera favorable; mes yeux le verront, et non ceux d'un autre. » (Job 19:27) Le Sauveur a été pour ses disciples un compagnon de chaque jour et un ami intime, parce qu'ils ont vécu en étroite communion avec le Père. Sur eux s'est levée la gloire de l'Éternel. Ils out reflété la lumière de la connaissance de Dieu que le Christ leur a donnée. Maintenant, ils se réjouissent dans la splendeur éblouissante de la Majesté du ciel. Ils sont prêts à entrer dans la communion des êtres célestes, car ils ont déjà le ciel dans leurs coeurs.

« J'entendis comme une voix d'une foule nombreuse, comme un bruit de grosses eaux, et comme un bruit de forts tonnerres, disant: Alléluia! Car le Seigneur notre Dieu tout-puissant est entré dans son règne. Réjouissons-nous et soyons dans l'allégresse, et donnons-lui gloire; car les noces de l'agneau sont venues, et son épouse s'est préparée. ... Et l'ange me dit : Écris: Heureux ceux qui sont appelés au festin de noces de l'agneau! » « Il est le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois, et les appelés, les élus et les fidèles ... sont avec lui. » (Apocalypse 19:6-917:14

 

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