Transfiguration

08/05/2014 08:47
Transfiguration. La transfiguration (de metamorphoomai : être métamorphosé, transfiguré) est rapportée dans #Mt 17:1-8, #Mr 9:2-8 et #Lu 9:28-36. Luc parle de la « gloire » de Jésus plutôt que de la transfiguration, terme qui aurait pu suggérer à ses lecteurs païens que les dieux du ciel s’étaient métamorphosés. L’absence du récit dans l’évangile de Jean s’explique par l’idée que la vie entière de Christ a été une manifestation de la gloire divine (#Jn 1:14; 2:11 ; etc.). 
 
      Dans les synoptiques, l’événement a lieu environ une semaine après la confession de la messianité de Jésus par Pierre. Jésus emmène ses trois disciples les plus proches, Pierre, Jacques et Jean, sur une haute montagne (l’Hermon culminant à 2814 m, ou un éperon de celui-ci, ou  —  depuis le 4e siècle, mais moins probable  —  le mont Thabor). Là il fut transformé (plutôt que changé dans son apparence) et ses vêtements brillèrent d’un éclat céleste. Moïse et Élie apparurent et s’entretinrent avec lui. Pierre proposa de dresser trois tentes pour eux (pour prolonger cette expérience exaltante ?). Une voix sortit de la nuée affirmant que le Christ était le Fils de Dieu et qu’il avait toute autorité ; puis la vision prit fin. Le récit se prolonge par un enseignement sur le destin du Fils de l’homme et le prix de souffrance à payer par lui et par ses disciples. 
 
      La transfiguration marque une étape importante dans la révélation de Jésus comme Messie et comme Fils de Dieu (cf. #Ps 2:7). Marc introduit le récit par une allusion à la venue du royaume de Dieu « avec puissance » (#Mr 9:1). Une manifestation similaire eut lieu lors du baptême de Jésus (#Mt 3:13-17 ; #Mr 1:9-11 ; #Lu 3:21 et suivant). Dans la transfiguration la gloire de Christ n’est pas seulement révélée par ses actes, elle l’est d’une manière plus personnelle comme celle d’une présence royale puisque le royaume de Dieu est au milieu de son peuple. Cet épisode se situe aussi à un point stratégique du ministère de Jésus. « D’un côté, dit F. Godet, cet événement signale le faîte de son activité galiléenne ; de l’autre, c’est le premier pas sur la pente qui aboutit à la croix …  D’un côté, Jésus recueille dans la profession de Pierre et de ses disciples le fruit du travail auquel il s’était livré envers eux depuis deux années. De l’autre, il commence un nouveau travail en leur annonçant pour la première fois ses prochaines souffrances et sa mort ignominieuse (#Mt 16:13 et suivant ; #Mr 8:27 et suivant ; #Lu 9:18 et suivant). Ce moment marque donc l’apogée de l’activité publique de Jésus et …  le passage de l’action à la passion » (Études bibliques Nouveau Testament, page 111). 
      Plusieurs caractéristiques tirent leur signification de l’Ancien Testament : Moïse et Élie représentent la Loi et les Prophètes qui témoignent du Christ et qui trouvent leur accomplissement et leur finalité en lui. Tous deux avaient eu une vision de la gloire de Dieu sur une montagne : Moïse au Sinaï (#Ex 24:16), Élie sur le mont Horeb (#1R 19:8). On ne leur connaît pas de tombe (#De 34:6 ; #2R 2:11). La Loi de Moïse ainsi que la venue d’Élie sont mentionnées ensemble dans les derniers versets de l’Ancien Testament (#Mal 4:4) Certains exégètes les identifient aussi aux deux hommes devant le tombeau vide (#Lu 24:4 ; #Jn 20:12) et ceux qui étaient présents lors de l’ascension (#Ac 1:10) ainsi qu’aux deux témoins d’#Ap 11:3. Moïse et Élie représentent surtout l’un la Loi, l’autre les prophètes que Jésus est venu accomplir. Les parallèles avec l’apparence changée (cf. #Ex 34:29-35), la nuée sur la montagne (#Ex 24:15-16) et l’utilisation du mot exode (voir plus loin) désignent Jésus comme le nouveau Moïse. La voix qui sortait de la nuée et disait : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le » (#Mr 9:7) ne désigne pas seulement Jésus comme le Messie, mais aussi comme le prophète de #De 18:15 et suivants. La nuée symbolise Dieu qui « couvre » un endroit où se manifeste sa présence (#Ex 24:15-18 ; #Ps 97:2). Un nuage déroba aussi le Christ aux yeux de ses disciples lors de son ascension (#Ac 1:9) et son retour se fera avec les nuées (#Ap 1:7). Les nuées symbolisent souvent la gloire de Dieu. Luc nous dit que le sujet de leur conversation était l’« exodos (sortie) » que Jésus devait accomplir à Jérusalem, c’est-à-dire qu’ils se sont entretenus de la croix, la résurrection et l’ascension. Dans ses Études bibliques Nouveau Testament, F. Godet commente : « Deux manières de sortir de cette vie terrestre s’offraient à Jésus : l’une à laquelle il avait droit par sa sainteté et qui, sous ce rapport était pour lui l’issue légitime : la transformation glorieuse destinée à l’homme non séparé de Dieu. Jésus pouvait accepter ce départ triomphal et Dieu devait le lui offrir ; car c’était la récompense due à sa sainteté. Mais en rentrant ainsi dans le ciel, Jésus aurait dû y rentrer seul …  À côté de cette issue, Jésus en contemple une autre …  Cette issue douloureuse est celle dont il s’entretient avec les deux grands représentants de l’ancienne alliance et qu’il leur déclare accepter …  Au lieu de monter avec Moïse et Élie, Jésus descend et prend le chemin de Jérusalem » (pages 112-113). L’utilisation du mot exodos semble suggérer, de plus, que les réalités de la mort et de la résurrection de Christ seront pour le peuple de la nouvelle alliance le moyen de rédemption qui, dans l’Ancien Testament, était représenté par la sortie d’Égypte. La transfiguration est ainsi un point central dans la révélation du royaume de Dieu, parce qu’elle renvoie à l’Ancien Testament et montre que Christ l’accomplit. Elle fut aussi une révélation indubitable de la nature divine de Jésus. Pierre s’en souviendra jusqu’à la fin de sa vie (#2P 1:16-18). 
 
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