Triomphe. (Hébreu ’alaz : exulter ; ’alas : sauter de joie ; grec thriambeuô : triompher (sur), diriger en triomphe). Dans l’antiquité, les peuples païens fêtaient leurs victoires militaires par un triomphe, c’est-à-dire par un cortège magnifique, par l’exhibition des prisonniers et du butin et par une cérémonie destinée à remercier les dieux païens.
Chez les Égyptiens, le vainqueur était accueilli par toute la population rassemblée qui poussait des acclamations. Les prêtres et les autorités de tout le pays marchaient avec des guirlandes et des bouquets de fleurs. Les armées défilaient dans les rues, suivies de la population qui poussait des acclamations en l’honneur des divinités protectrices et les priait de continuer à bénir l’Égypte et son pharaon.
Les Israélites fêtaient leurs victoires par des cortèges triomphaux, dans lesquels les femmes et les enfants dansaient au son des instruments (#Jug 11:34). Ils louaient aussi Dieu (cf. les hymnes de Myriam [#Ex 15:1-21] et de Déborah [#Jug 5:1-31]). Les chants de triomphe acclamaient les vainqueurs (#1S 18:6-8 ; #2Ch 20:21-28) et des élégies funèbres étaient chantées pour les morts (#2S 1:17-27 ; #2Ch 35:25). Les cris de joie retentissaient de colline en colline (#Esa 42:11). On érigeait des monuments en souvenir de la victoire. Les armes des vaincus étaient conservées dans des lieux saints (#1S 21:9) comme c’était l’habitude chez les peuples païens alentour (#1S 31:10 ; #2S 8:11 ; #2R 11:10).
Chez les Romains, le triomphe était le plus grand honneur que l’on pouvait rendre à un citoyen. Il ne lui était accordé qu’une seule fois dans sa vie. Le général qui avait remporté une bataille devait prendre part à un cortège commençant aux portes de Rome et le menant jusqu’au Capitole, en passant par les plus importantes places de la ville. Les rues étaient jonchées de fleurs et l’on brûlait de l’encens sur les autels païens. Devant le cortège marchait un chœur important ainsi qu’un orchestre ; ensuite venaient les bœufs qui allaient être sacrifiés, les prisonniers et le butin, les visages des licteurs étaient ornés de lauriers. De nombreux danseurs et musiciens accompagnaient la procession. Des serviteurs répandaient de l’encens et du parfum. Le général, vêtu de pourpre et d’or, portait une couronne de lauriers. Il tenait une branche de laurier dans la main droite et un sceptre dans la main gauche. Son visage était maquillé de vermillion. À son cou pendait une sphère d’or. Debout sur son char tiré par 4 chevaux blancs, il avait à ses côtés un esclave qui devait lui rappeler sa condition de mortel. Derrière lui marchaient les consuls, les sénateurs et les autres magistrats. L’armée victorieuse fermait le cortège. Après le triomphe, certains prisonniers étaient exécutés, d’autres libérés (voir #2Co 2:15) et l’armée recevait de riches présents.
Si une armée victorieuse désignait son général comme empereur, cela lui donnait le droit de revendiquer la souveraineté. Il était alors placé en concurrence directe avec l’empereur au pouvoir.
Dans un sens théologique, l’image du triomphe s’applique à la victoire de Jésus-Christ sur les puissances et les dominations (#Col 2:15). En effet il est venu libérer les hommes du péché et de la mort (#Jn 8:34-36 ; #Ro 7:6,23; 8:21), il a vaincu Satan et il a offert ses dons aux hommes délivrés (#Ep 4:7 et suivants). L’apôtre Paul se voit lui-même comme un homme à la fois vaincu et libéré par Christ, marchant à la suite de son cortège triomphal (#2Co 2:14-16). Dans ce passage, il fait allusion à l’odeur (du parfum ou de l’encens) dans laquelle baignait toute le cortège triomphal. Aux prisonniers qui savaient qu’ils allaient être exécutés après la cérémonie, c’était « une odeur de mort », aux autres, au contraire la même odeur était une « odeur de vie ». Ainsi le même Évangile apporte à ceux qui le refusent la mort éternelle, à ceux qui l’acceptent, la vie éternelle.
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