
Veiller
03/01/2014 09:17Veiller. Ancien Testament. Le verbe hébreu chaqad signifie rester éveillé (#Ps 102:8), être à l’affût (#Esa 29:20), monter la garde (#Esa 21:5) ou obéir à Dieu (#Pr 8:34). Nouveau Testament. Les verbes grecs grêgoreô et agrupneô, qui dérivent de egeirô (= lever, ressusciter, réveiller), sont rendus en français par être vigilant ou veiller (#Mt 25:13; 26:38 ; #Mr 13:33 ; #Lu 21:36 ; #Ac 20:31 ; #Ep 6:18 ; #Hé 13:17 ; etc.).
Dans la Bible, Dieu veille (COLOMBE : garde) sur les êtres humains, les protégeant ou prenant soin d’eux (#Job 29:2 ; #Ps 127:1; 146:9 ; #Pr 24:12). Lorsque Jacob et Laban conclurent leur alliance, Laban dit : « Que l’Éternel veille sur toi et sur moi, quand nous nous serons l’un et l’autre perdus de vue » (c’est-à-dire « que l’Éternel lui-même veille à ce que nous respections notre engagement ») (#Ge 31:49). Dans #Ps 141:3, le psalmiste prie le Seigneur de veiller sur ses lèvres, car il craint de prononcer de mauvaises paroles. Au #Ps 50, Dieu promet à l’homme qui veille sur ses voies de lui faire voir son salut (#Ps 50:23). Dans le livre de Jérémie, Dieu, qui prend soin de sa Parole, veille à ce que rien ne vienne s’opposer à elle (#Jér 31:28) : il reconnaît le péché de l’homme et le punit (#Jér 44:27).
Le mot veiller peut aussi s’appliquer à la défense militaire. Cette responsabilité est en particulier l’affaire des sentinelles, c’est-à-dire des soldats postés à la garde (#1S 14:15,16 ; #2S 18:24 ; #2R 9:17 ; #Ez 33:2,6).
À Gethsémané Jésus a demandé à ses disciples de veiller avec lui (#Mt 26:38) mais ils se sont endormis (#Mt 26:40 et suivant). Dans différents autres passages, Jésus a exhorté ses disciples à faire preuve de vigilance (#Mt 24:42; 25:13). Il a illustré ce principe dans 2 paraboles (celle du serviteur fidèle : #Mt 24:45-51 ; celle des dix vierges : #Mt 25:1-13). Les apôtres ont souvent rappelé ce devoir de vigilance aux chrétiens (#Ac 20:31 ; #1Co 16:13 ; #Ep 5:15 ; #Col 4:2 ; #1Th 5:6 ; #Hé 13:17 ; #1P 5:8). La vigilance est associée de près à la prière (#Mt 26:41 ; #Mr 14:38 ; #Col 4:2). Dans #Lu 21:36grêgoreô est remplacé par agrupneô (pas dormir) que Paul utilise pour les veilles imposées par son ministère (#2Co 6:5; 11:27) et la vigilance à maintenir l’habitude de la prière (#Ep 6:18 ; cf. #Hé 13:17 : les conducteurs veillent sur les âmes des croyants). Pour J. Ellul, la vigilance et la prière sont indissociables : « la prière est une preuve de vigilance et la vigilance une conséquence directe de la prière ». Dans #1Ti 4:16 : « Veille sur toi-même, et sur ton enseignement », Paul emploie le mot epechô, relativement rare dans le Nouveau Testament. C’est un des nombreux composés de echô, avoir, et il signifie littéralement : avoir sur ou tenir sur. Plutarque l’emploie avec le sens de « tenir sa pensée arrêtée sur quelque chose ». Dans les papyri, il signifie fixer son attention sur, prendre garde à quelque chose ou quelqu’un. Les emplois du Nouveau Testament où le sens est le plus proche de celui de #1Ti 4:16 sont #Lu 14:7 : Jésus observe attentivement et #Ac 3:5 : l’impotent de la belle porte tient son regard attaché sur Pierre et Jean. Veille pourrait se traduire ici par : prends garde, sois attentif à toi-même, observe, examine d’un œil critique. L’attention consciente est la caractéristique essentielle de la vigilance. Veiller exige beaucoup de maîtrise de soi et de volonté (Bergson disait que « veiller et vouloir sont une seule et même chose »). D’ailleurs, le mot français veiller est dérivé d’une racine indo-européenne contenant l’idée de force, et le latin vigere a donné naissance aussi bien à vigie et vigilant qu’à rigoureux et vigueur.
La Bible nous appelle à veiller
1. parce que tout homme a en lui des tendances qui le poussent au mal (#Ep 2:1-8), elle nous donne de nombreux exemples d’hommes et de femmes qui sont tombés dans un péché par manque de vigilance (la femme de Lot, Miryam, Samson, Saül, David, Salomon, Guéhazi, Judas, Ananias et Saphira, Démas, Alexandre et Hyménée) et
2. parce que nous avons un Adversaire qui veut nous y faire tomber (#1P 5:8) en exploitant nos points faibles : l’amour de l’argent, la sensualité ou l’attrait du pouvoir. Voir Garder ; Veille.
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