ANCIEN TESTAMENT JOUR 904 DE 929
19/06/2021 00:01ANCIEN TESTAMENT JOUR 904 DE 929
HABAKUK 1 de 3
INTRODUCTION ET Habakuk 1 : 1 à 17
Le livre du prophète Habakuk
Titre
Ce livre prophétique tire son nom de son auteur, qui pourrait signifier « celui qui embrasse » (#Ha 1:1 ; #Ha 3:1). C’est à la fin de la prophétie que ce nom se révèle particulièrement approprié, puisque Habakuk y affirme son attachement à l’Eternel malgré la confusion que suscitent en lui les plans divins pour son peuple.
Auteur et date
Comme c’est le cas pour beaucoup de petits prophètes, nous ne savons rien d’Habakuk, si ce n’est ce que l’on peut déduire du livre. Or, dans son cas, ces renseignements sont quasi inexistants. Toute conclusion à propos de son identité ou de sa vie est incertaine. Puisqu’il se présente simplement comme « Habakuk, le prophète », tout semble indiquer qu’il était reconnu en tant que tel à son époque. Ce qui est certain, c’est qu’il fut contemporain de Jérémie, Ezéchiel, Daniel et Sophonie.
La mention des Chaldéens (#Ha 1:6, c’est-à-dire les Babyloniens) permet de situer cette prophétie à la fin du VIIe siècle av. J.-C., peu de temps avant que Nebucadnetsar ne lance sa campagne militaire contre Ninive (612 av. J.-C.), Charan (609 av. J.-C.) et Carkemisch (605 av. J.-C.), campagne qui devait le conduire jusqu’à Jérusalem (605 av. J.-C.). Les amères lamentations d’Habakuk (#Ha 1:2-4) semblent correspondre à une période de peu postérieure à la mort de Josias (609 av. J.-C.), dont les réformes religieuses (cf. #2R 23) furent rapidement abandonnées par son successeur Jojakim (#Jér 22:13-19).
Contexte et arrière-plan
Habakuk prophétisa dans les derniers jours de l’Empire assyrien, qui étaient aussi les premiers de la domination babylonienne, sous l’autorité de Nabopolassar et de son fils Nebucadnetsar. Lorsque Nabopolassar monta sur le trône en 626 av. J.-C., il étendit immédiatement son influence au nord et à l’ouest. Sous le commandement de son fils, l’armée babylonienne détruisit Ninive en 612 av. J.-C., obligeant la noblesse assyrienne à se réfugier d’abord à Charan, puis à Carkemisch. Nebucadnetsar la poursuivit jusque dans ces villes, s’emparant de la première en 609 av. J.-C. et de la seconde en 605 av. J.-C
Le roi d’Egypte Neco, traversant Juda en 609 av. J.-C. pour porter assistance au roi d’Assyrie dans sa fuite, dut affronter le roi Josias à Meguiddo (#2Ch 35:20-24). Celui-ci fut tué lors de la bataille, laissant le trône vacant. Trois de ses fils et un de ses petit-fils lui succéderaient. Auparavant, la découverte du livre de la loi dans le temple (622 av. J.-C.) avait poussé Josias à instituer des réformes significatives en Juda (#2R 22:1-23:2). Il supprima notamment un grand nombre de pratiques idolâtriques introduites par son père Amon (#2R 21:20-22) et par son grand-père Manassé (#2R 21:11-13). A sa mort, cependant, Juda retourna bien vite à sa mauvaise conduite (#Jér 22:13-19), ce qui amena Habakuk à s’interroger sur le silence de Dieu et sur l’apparente absence d’une punition (#Ha 1:2-4) apte à purifier le peuple.
Thèmes historiques et théologiques
Les versets introductifs révèlent une situation historique similaire à celle de l’époque d’Amos et de Michée: la justice avait pratiquement disparu du pays; la violence et la méchanceté se développaient en toute impunité. Au milieu des ténèbres qui l’environnaient, le prophète pria Dieu d’intervenir (#Ha 1:2-4). Dieu répondit qu’il enverrait les Chaldéens pour châtier Juda (#Ha 1:5-11), mais cette réponse provoqua un dilemme théologique bien plus grand chez Habakuk: pourquoi Dieu ne purifiait-il pas son peuple en restaurant sa justice? Comment Dieu pouvait-il se servir des Chaldéens pour juger un peuple plus vertueux qu’eux (#Ha 1:12-2:1)? Dieu répondit alors qu’il jugerait aussi les Chaldéens (#Ha 2:2-20), réponse qui ne mit pas fin au dilemme du prophète mais ne fit, au contraire, qu’augmenter son embarras. Ce qui posait problème à Habakuk, ce n’était plus la justesse de la réaction (ou de l’absence de réaction) de Dieu face au mal, mais la justification de ses attributs et de son alliance avec son peuple (#Ha 1:13). Comme Job, le prophète débattit avec Dieu. Comme lui, au travers de cette expérience, il parvint à une meilleure compréhension de la souveraineté de Dieu et affermit ainsi sa foi en lui (cf. #Job 42:5-6 ; #Esa 55:8-9). Habakuk comprit finalement que l’Eternel ne devait pas être adoré seulement pour les bénédictions matérielles qu’il accordait, mais simplement parce qu’il en était digne (#Ha 3:17-19).
Questions d’interprétation
Les interrogations du prophète correspondent à quelques-unes des questions les plus fondamentales de la vie; les réponses qu’il fournit apportent les éléments nécessaires pour une juste compréhension de la personne de Dieu et de sa souveraineté dans l’histoire. Le cœur du message réside dans l’appel du prophète à faire confiance à Dieu: « Le juste vivra par sa foi » (#Ha 2:4). Les auteurs du N.T. attribuent une importance théologique peu commune à Habakuk. L’auteur de l’épître aux Hébreux cite 2:4 pour souligner aux croyants la nécessité de rester fermes et confiants dans les souffrances et les épreuves (#Hé 10:38). L’apôtre Paul, quant à lui, utilise deux fois ce même verset (#Ro 1:17 ; #Ga 3:11) pour appuyer la doctrine de la justification par la foi. Il ne faut pas y voir un conflit d’interprétation, car Habakuk et les auteurs du N.T. dépassent la notion du simple acte de foi pour inclure la continuité de la foi dans le temps. La foi n’est pas un acte ponctuel, mais un mode de vie. Le vrai croyant, déclaré juste devant Dieu, doit normalement persévérer dans la foi tout au long de sa vie (cf. #Col 1:22-23 ; #Hé 3:12-14). Il aura confiance dans le Dieu souverain qui, seul, fait ce qui est juste.
Plan
I. Titre (1:1)
II. Perplexité du prophète (1:2-2:20)
A. Première plainte du prophète (1:2-4)
B. Première réponse de Dieu (1:5-11)
C. Deuxième plainte du prophète (1:12-2:1)
D. Deuxième réponse de Dieu (2:2-20)
III. Prière du prophète (3:1-19)
A. Appel à la compassion de Dieu (3:1-2)
B. Louange à Dieu pour sa puissance (3:3-15)
C. Promesse de la toute-suffisance de Dieu (3:16-19)
Habakuk 1 : 1 à 17
1 ¶ Oracle révélé à Habakuk, le prophète.
Oracle. Littéralement « fardeau », terme souvent utilisé par les prophètes pour désigner un message accablant de jugement (cf. #Ha 1:5-11 ; #Ha 2:2-20), annonçant la colère de Dieu contre le péché (p. ex. #Esa 13:1 ; #Esa 15:1 ; #Esa 17:1 ; #Esa 19:1 ; #Na 1:1 ; #Za 9:1 ; #Za 12:1 ; #Mal 1:1).
révélé. Littéralement « vu ». Le message transmis par Dieu à Habakuk prit la forme d’une vision.
2 Jusqu’à quand, ô Eternel ? … J’ai crié, Et tu n’écoutes pas ! J’ai crié vers toi à la violence, Et tu ne secours pas !
Jusqu’à quand. Cette expression, qui reflétait l’impatience du prophète, était fréquemment utilisée par les psalmistes pour exprimer leurs sentiments de perplexité (cf. #Ps 13:2-3 ; #Ps 62:4 ; #Jér 14:9 ; #Mt 27:46).
tu ne secours pas. Le prophète désirait que ses compatriotes retrouvent le chemin de la justice par un réveil qui les purgerait et les nettoierait en les disciplinant.
1:2-3
violence … iniquité … injustice. La société de Juda est décrite en des termes qui dénotent une méchanceté pleine de duplicité, celle qui pousse à exercer une oppression morale et éthique sur les autres et ne peut déboucher que sur les divisions et les conflits.
1:2-4
Dans sa première plainte, Habakuk présenta Dieu comme indifférent au péché de Juda. Plein de zèle pour la justice divine et pleinement conscient que toute violation de l’alliance ne pouvait qu’entraîner un châtiment (cf. #De 28), il mit en doute la sagesse divine, exprimant son étonnement devant le manque de réaction apparent de l’Eternel face aux violations flagrantes de sa loi. Les Judéens s’étaient rendus coupables de violence et d’injustice, et ils auraient donc dû en subir le châtiment.
3 Pourquoi me fais-tu voir l’iniquité, Et contemples-tu l’injustice ? Pourquoi l’oppression et la violence sont-elles devant moi ? Il y a des querelles, et la discorde s’élève.
4 Aussi la loi n’a point de vie, La justice n’a point de force ; Car le méchant triomphe du juste, Et l’on rend des jugements iniques.
la loi n’a-t-elle point de vie. Littéralement la « loi est froide » (cf. #Ge 45:26 ; #Ps 77:3). La loi mosaïque avait perdu toute autorité, elle n’était plus respectée. A l’image de mains engourdies par le froid, la loi avait perdu son impact et son efficacité, paralysée qu’elle était par la corruption des chefs de Juda (cf. #Ec 8:11).
5 ¶ Jetez les yeux parmi les nations, regardez, Et soyez saisis d’étonnement, d’épouvante ! Car je vais faire en vos jours une œuvre, Que vous ne croiriez pas si on la racontait.
Jetez les yeux … regardez … soyez saisis d’étonnement. Cette série d’impératifs pluriels indique que Juda et Jérusalem devaient prendre collectivement note de l’invasion imminente. Paul cita ce texte en #Ac 13:41.
1:5-11
En réponse à la perplexité et aux supplications d’Habakuk, Dieu sortit de son mutisme pour l’informer que le péché de Juda ne l’avait jamais laissé indifférent; cependant, plutôt qu’un réveil, il allait envoyer un jugement « terrible et formidable » (v. #Ha 1:7).
6 Voici, je vais susciter les Chaldéens, Peuple furibond et impétueux, Qui traverse de vastes étendues de pays, Pour s’emparer de demeures qui ne sont pas à lui.
1:6-8
Les « Chaldéens » (c’est-à-dire les Babyloniens) allaient opérer sur ordre divin. L’Eternel était souverain, et c’était lui qui pousserait ce peuple d’une violence impitoyable à envahir Juda. Les Chaldéens sont décrits comme si confiants en eux-mêmes et en leur autonomie qu’ils se prenaient pour des dieux et lançaient des assauts mortels (cf. #Jér 51:20).
7 Il est terrible et formidable ; De lui seul viennent son droit et sa grandeur.
8 Ses chevaux sont plus rapides que les léopards, Plus agiles que les loups du soir, Et ses cavaliers s’avancent avec orgueil ; Ses cavaliers arrivent de loin, Ils volent comme l’aigle qui fond sur sa proie.
les loups du soir. C’est-à-dire des loups qui n’avaient rien trouvé à manger de toute la journée et étaient contraints de rôder, la nuit, à la recherche de nourriture. Comme eux, l’armée de Babylone démontrait une extraordinaire résistance et une impatience audacieuse dans ses attaques, appâtée qu’elle était par la perspective du butin à retirer de la victoire.
9 Tout ce peuple vient pour se livrer au pillage ; Ses regards avides se portent en avant, Et il assemble des prisonniers comme du sable.
10 Il se moque des rois, Et les princes font l’objet de ses railleries ; Il se rit de toutes les forteresses, Il amoncelle de la terre, et il les prend.
L’armée babylonienne progressait sans que rien ne semble pouvoir l’arrêter, car elle ne ressentait que mépris pour les velléités de résistance des autorités royales ou pour les obstacles physiques qui se trouvaient en travers de son chemin.
il amoncelle de la terre. Pour forcer une ville ou une forteresse, on amoncelait de la terre et des pierres contre ses remparts.
11 Alors son ardeur redouble, Il poursuit sa marche, et il se rend coupable. Sa force à lui, voilà son dieu !
voilà son dieu. Les Chaldéens étaient certes les instruments de Dieu pour exécuter ses jugements, mais leur orgueil et leur autosatisfaction ne pouvaient qu’entraîner leur propre destruction (décrite en #Ha 2:2-20), car ils se rendaient ainsi coupables d’idolâtrie et de blasphème envers le Dieu souverain.
12 ¶ N’es-tu pas de toute éternité, Eternel, mon Dieu, mon Saint ? Nous ne mourrons pas ! O Eternel, tu as établi ce peuple pour exercer tes jugements ; O mon rocher, tu l’as suscité pour infliger tes châtiments.
Eternel, mon Dieu, mon Saint. Le prophète ne parvenait pas à comprendre pleinement les méthodes souveraines de son Dieu juste, mais il persistait à lui accorder totalement sa foi et sa confiance. Il se rappelait les attributs immuables de Dieu, son éternité, sa souveraineté et sa sainteté, et cela le confortait dans la conviction que Juda ne serait pas anéanti de façon irrémédiable (cf. #Jér 31:35-40 ; #Jér 33:23-26). Il comprenait que, grâce à la fidélité de Dieu, les Chaldéens viendraient pour infliger une correction au peuple, sans toutefois l’annihiler.
mon rocher. Ce titre de Dieu exprimait son caractère immuable et inébranlable (cf. #Ps 18:3, #Ps 18:32, #Ps 18:47 ; #Ps 31:3-4 ; #Ps 62:3, #Ps 62:7-8 ; #Ps 78:16, #Ps 78:20, #Ps 78:35).
1:12-2:1
Habakuk réagit à la surprenante révélation des vv. 5-11 en assurant l’Eternel de sa confiance (v. #Ha 1:12), pour ensuite présenter son deuxième grief: comment Dieu pouvait-il se servir d’une nation mauvaise (les Chaldéens) pour juger une nation (Juda) plus vertueuse qu’elle (vv. #Ha 1:13-17)? Le prophète conclut en exprimant sa détermination à attendre la réponse (#Ha 2:1).
13 Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, Et tu ne peux pas regarder l’iniquité. Pourquoi regarderais-tu les perfides, et te tairais-tu, Quand le méchant dévore celui qui est plus juste que lui ?
Tes yeux sont trop purs. En dépit de ses professions de foi et de confiance, le prophète se trouvait plongé dans une croissante perplexité. Ce v. livre l’essence du dilemme d’Habakuk: si Dieu, dans sa pureté, ne saurait jouer le rôle de témoin passif du mal, comment pouvait-il se servir d’hommes mauvais pour anéantir des hommes plus justes qu’eux? En utilisant les Chaldéens dans ce sens, Dieu ne porterait-il pas plus gravement encore atteinte à sa réputation de justice?
14 Traiterais-tu l’homme comme les poissons de la mer, Comme le reptile qui n’a point de maître ?
1:14-17
Habakuk craignait que Dieu n’ait oublié la légendaire cruauté des Chaldéens; c’est pourquoi il rappela la méchanceté de leur caractère et de leur comportement: la vie n’avait pas beaucoup de valeur à leurs yeux; face à leurs impitoyables tactiques de guerre, les autres nations étaient semblables aux « poissons de la mer ». A la lumière de leur réputation si déplorable (vv. #Ha 1:6-10), il était incompréhensible que Dieu ait pu envisager de déchaîner leur violence contre un peuple sans défense.
15 Il les fait tous monter avec l’hameçon, Il les attire dans son filet, Il les assemble dans ses rets : Aussi est-il dans la joie et dans l’allégresse.
16 C’est pourquoi il sacrifie à son filet, Il offre de l’encens à ses rets ; Car par eux sa portion est grasse, Et sa nourriture succulente.
sacrifie … offre de l’encens à ses rets. Le prophète ajouta un nouvel argument contre les Chaldéens: ils attribuaient leur victoire à leur propre puissance militaire plutôt qu’au vrai Dieu.
17 Videra-t-il pour cela son filet, Et toujours égorgera-t-il sans pitié les nations ?
Videra-t-il pour cela son filet. Combien de temps encore leurs agresseurs, les Chaldéens, allaient-ils être autorisés à pratiquer l’injustice et à se livrer à tant de méchancetés? Dieu allait-il tolérer cela indéfiniment?
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