INTRODUCTION À 1 PIERRE
01/07/2022 00:07JOUR 243 DE 287 : NOUVEAU TESTAMENT
1 PIERRE
La première épître de Pierre
Titre
La lettre a toujours été identifiée (ainsi que la plupart des épîtres générales, cf. Jacques, Jean et Jude) par le nom de son auteur, Pierre, et par un titre (dans les manuscrits) qui la présente comme sa première lettre inspirée (cf. #2P 3:1).
Auteur et date
Le premier verset de cette épître la présente comme écrite par Pierre, qui était manifestement le chef des apôtres de Christ. Les auteurs des Evangiles mettent l’accent sur sa prééminence: ils placent son nom en tête de chacune des listes d’apôtres (#Mt 10 ; #Mr 3 ; #Lu 6 ; #Ac 1) et ils contiennent plus de renseignements à son sujet qu’à propos de n’importe qui, à l’exception de Christ. Appelé Simon (grec) ou Siméon (hébreu) à l’origine (cf. #Mr 1:16 ; #Jn 1:40-41), Pierre était le fils de Jonas (#Mt 16:17), homme aussi connu sous le nom de Jean (#Jn 1:42 dans certains manuscrits), et était membre d’une famille de pêcheurs qui habita à Bethsaïda puis à Capernaüm. C’est son frère André qui le conduisit à Christ (#Jn 1:40-42). Il était marié, et il semble que sa femme l’accompagnait dans son ministère (#Mr 1:29-31 ; #1Co 9:5).
Christ appela Pierre à le suivre (#Mr 1:16-17) au tout début de son ministère et le désigna plus tard comme apôtre (#Mt 10:2 ; #Lu 6:13-14). Il lui donna le nom de Pierre (grec) ou Céphas (araméen), termes qui signifient « caillou », « rocher » (#Jn 1:42). Le Seigneur a clairement distingué Pierre en lui donnant des leçons particulières tout au long des Evangiles (p. ex. #Mt 10 ; #Mt 16:13-21 ; #Mt 17:1-9 ; #Mt 24:1-7 ; #Mt 26:31-33 ; #Jn 6:6 ; #Jn 21:3-7, #Jn 21:15-17). Il était le porte-parole des douze, celui qui exprimait leurs pensées et leurs questions ainsi que les siennes propres. Ses forces et ses faiblesses sont rapportées dans les Evangiles et dans #Ac 1:1-12:2.
Après la résurrection et l’ascension de Christ, c’est Pierre qui prit l’initiative de remplacer Judas (#Ac 1:15). Suite à la venue du Saint-Esprit (#Ac 2:1-4), il fut le fer de lance de la prédication de l’Evangile dès le jour de la Pentecôte (#Ac 2:1-12:2). En outre, il accomplit des miracles notoires dans les premiers jours de la vie de l’Eglise (#Ac 3:1-9:2) et ouvrit la porte de l’Evangile aux Samaritains (#Ac 8) ainsi qu’aux païens (#Ac 10). La tradition rapporte qu’on l’obligea à assister à la crucifixion de sa femme et qu’il l’encouragea avec ces mots: « Souviens-toi du Seigneur! » Toujours d’après la tradition, lorsque son tour vint, il affirma être indigne d’être crucifié comme son Seigneur et demanda à être crucifié la tête en bas (vers 67-68 apr. J.-C.), ce qui lui fut accordé.
En raison de cette prééminence particulière de Pierre, il ne manqua pas de documents qui lui furent faussement attribués au sein de l’Eglise ancienne. Toutefois, il est certain qu’il a bien rédigé cette épître. En effet, son contenu reflète précisément les discours de l’apôtre rapportés dans le livre des Actes. La lettre enseigne par exemple que Christ est la pierre rejetée par les bâtisseurs (#1P 2:7-8 ; #Ac 4:10-11) et que Christ ne faisait pas de favoritisme (#1P 1:17 ; #Ac 10:34). Pierre invite ses lecteurs à « se revêtir d’humilité » (#1P 5:5), faisant écho à l’exemple de Jésus qui s’est revêtu d’un linge pour laver les pieds de ses disciples (#Jn 13:3-5). On trouve dans sa lettre d’autres propos très proches des paroles de Christ (#1P 4:14 ; #1P 5:7-8). De plus, il affirme avoir été témoin des souffrances de Jésus (#1P 5:1 ; cf. #1P 3:18 ; #1P 4:1). Outre ces preuves internes, il faut relever que les chrétiens de l’Antiquité ont unanimement reconnu en Pierre l’auteur de cette lettre.
Le seul doute significatif que l’on puisse élever contre une rédaction de cette épître par Pierre provient du style plutôt classique du grec employé. Plusieurs ont suggéré que le pêcheur sans instruction qu’il était (#Ac 4:13) ne pouvait pas écrire dans un langage aussi raffiné. A cela s’ajoute le fait que le grec de 2 Pierre est beaucoup moins classique. Cependant, on peut opposer des réponses satisfaisantes à cet argument. Premièrement, la description de Pierre comme étant « sans instruction » ne signifie pas qu’il était illettré, mais plutôt qu’il n’avait pas suivi la formation rabbinique. De plus, si sa langue maternelle était probablement l’araméen, le grec était largement répandu au Proche-Orient. Il est manifeste que plusieurs auteurs du N.T., bien que n’ayant pas suivi d’études poussées, pouvaient néanmoins lire le grec de la Septante (voir l’utilisation de cette traduction grecque de l’A.T. par Jacques en #Ac 15:14-18).
La capacité de Pierre à écrire en grec est donc évidente. Par ailleurs, l’apôtre précisa qu’il écrivit cette lettre « par Silvain » (#1P 5:12), aussi connu sous le nom de Silas. Il est probable que Silvain ait été désigné comme messager, pour livrer ce courrier à ses destinataires. Mais cette remarque de Pierre le présente aussi comme son secrétaire (ou copiste). Dans le monde romain antique, les lettres étaient fréquemment dictées (cf. Paul et Tertius; #Ro 16:22), et les secrétaires pouvaient aider l’auteur du point de vue de la syntaxe et de la grammaire. Ainsi, sous la supervision de l’Esprit de Dieu, Pierre dicta sa lettre à Silvain. Lui-même prophète (#Ac 15:32), ce dernier put contribuer à un langage plus proche du grec classique.
1 Pierre a très probablement été écrite juste avant ou peu après juillet 64, moment où la ville de Rome fut détruite par un incendie. Il est raisonnable de situer sa date de rédaction en 64-65 apr. J.-C.
Contexte et arrière-plan
Quand la ville de Rome brûla, les Romains pensèrent que c’était leur empereur, Néron, qui avait ordonné l’incendie, probablement en raison de son désir insatiable de construction et d’extension. Pour pouvoir bâtir davantage, il devait détruire ce qui existait déjà.
Les Romains étaient bouleversés. Dans un certain sens, c’était leur culture qui s’en allait en fumée. Tous les éléments religieux de leur vie étaient détruits: les magnifiques temples, les autels et même les idoles familiales avaient brûlé. Cela eut d’importantes implications religieuses: cela contribua à leur faire réaliser que leurs divinités n’avaient pas été capables de gérer cette situation, puisqu’elles en étaient elles aussi les victimes. Le peuple se trouvait sans abri et sans espoir. Il y avait eu beaucoup de morts. L’amertume était si profonde que Néron chercha à diriger cette hostilité contre d’autres.
L’empereur choisit les chrétiens comme boucs émissaires. En effet, on les détestait déjà parce qu’on les associait aux Juifs et qu’on les percevait comme hostiles à la culture romaine. Néron fit rapidement répandre la rumeur qu’ils avaient mis le feu à la ville. Cela entraîna une persécution féroce qui s’étendit au reste de l’Empire romain et toucha en particulier la région située au nord du Taurus, la Galatie, le Pont, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie (#1P 1:1). Elle eut d’importantes répercussions sur les chrétiens, que Pierre qualifia d’« étrangers » (#1P 1:1). Probablement d’origine païenne pour la plupart (#1P 1:14, #1P 1:18 ; #1P 2:9-10 ; #1P 4:3), ils s’étaient peut-être convertis grâce au ministère de Paul et de ses associés et avaient bénéficié des enseignements de l’apôtre; ils avaient besoin d’être fortifiés spirituellement dans ce contexte de souffrance. C’est ainsi que l’apôtre Pierre, sous l’inspiration du Saint-Esprit, leur écrivit pour les encourager.
Pierre mentionna qu’il était à « Babylone » lorsqu’il écrivit cette lettre (#1P 5:13). Trois interprétations ont été suggérées.
1° Un poste romain dans le nord de l’Egypte portait le nom de Babylone, mais l’endroit était peu connu et il n’y a aucune raison de penser que Pierre s’y soit rendu un jour.
2° Il pourrait s’agir de la ville antique de Babylone en Mésopotamie, mais il est très peu probable que Pierre, Marc et Silvain se soient tous trois retrouvés au même moment dans cette petite bourgade éloignée.
3° Babylone pourrait être un nom d’emprunt pour Rome, peut-être même un code pour la désigner.
Dans un temps de persécution, il fallait veiller à ne pas mettre les chrétiens en danger en laissant des indices qui permettraient de les identifier. Selon certaines traditions, Pierre aurait suivi les traces de Jacques et de Paul et serait mort en martyr près de Rome environ deux ans après la rédaction de cette lettre. Il a ainsi dû écrire cette épître vers la fin de sa vie, probablement alors qu’il habitait dans la capitale de l’Empire. Pour éviter que l’Eglise soit persécutée si l’on trouvait la lettre, il a pu brouiller les pistes en employant le nom de code « Babylone ». C’est du reste un nom particulièrement approprié, du fait de l’idolâtrie de cette ville (cf. #Ap 17:1-18:2).
Thèmes historiques et théologiques
Puisque les destinataires de ce courrier subissaient une persécution grandissante (#1P 1:6 ; #1P 2:12, #1P 2:19-21 ; #1P 3:9, #1P 3:13-18 ; #1P 4:1, #1P 4:12-16, #1P 4:19), cette lettre avait pour objectif de leur enseigner comment vivre victorieusement au milieu d’une telle hostilité:
1° sans perdre espoir;
2° sans devenir amers;
3° en faisant confiance à leur Seigneur;
4° en attendant son retour.
Pierre voulait convaincre ses lecteurs qu’en menant une vie obéissante et victorieuse sous l’oppression, un chrétien peut évangéliser et gagner ce monde hostile (cf. #1P 1:14 ; #1P 2:1, #1P 2:12, #1P 2:15 ; #1P 3:1-6, #1P 3:13-17 ; #1P 4:2 ; #1P 5:8-9).
Les croyants sont constamment exposés à un système, le système du monde, dont la puissance vient de Satan et de ses démons. Ces derniers s’efforcent de discréditer l’Eglise, de détruire sa crédibilité et son intégrité. Pour ce faire, ils trouvent des chrétiens dont la vie n’est pas conforme à la parole de Dieu et les font parader devant les non-croyants afin de montrer combien l’Eglise est hypocrite. Les chrétiens doivent cependant se dresser contre l’ennemi et faire taire les critiques grâce à la puissance que représente une vie sainte.
Dans son épître, Pierre souligne abondamment deux catégories de vérités. La première est positive et contient une longue liste de bénédictions dont jouissent les croyants. Lorsqu’il évoque l’identité des chrétiens, Pierre mentionne de nombreux privilèges et bénédictions liés au fait de connaître Christ. Néanmoins on retrouve, intégré à cette liste, un catalogue de souffrances. Bien que grandement privilégiés, les croyants doivent aussi savoir que le monde les traitera injustement. Leur citoyenneté est dans le ciel, et ils sont des étrangers dans un monde hostile conduit par Satan. Ainsi la vie chrétienne peut se résumer à un appel à la victoire et à la gloire à travers le chemin de la souffrance. La question fondamentale à laquelle Pierre répond dans son épître est donc la suivante: comment les chrétiens doivent-ils réagir face à l’animosité dont ils sont l’objet? Dans sa réponse, il présente des vérités concrètes et se concentre sur la personne de Christ, présenté comme le modèle d’une attitude triomphante au milieu de l’adversité.
1 Pierre répond aussi à d’autres questions importantes et concrètes liées à la vie chrétienne: Les chrétiens ont-ils besoin que quelqu’un intercède devant Dieu en leur faveur (#1P 2:5-9)? Quelle doit être l’attitude du chrétien envers le gouvernement séculier et par rapport à la désobéissance civile (#1P 2:13-17)? Quelle doit être l’attitude d’un employé chrétien face à un employeur hostile (#1P 2:18)? Comment une femme chrétienne doit-elle se comporter (#1P 3:3-4)? Enfin, comment une femme croyante peut-elle gagner son mari à Christ (#1P 3:1-2)?
Questions d’interprétation
#1P 3:18-22 apparaît comme l’un des textes du N.T. les plus difficiles à traduire et à interpréter. Par exemple, le mot « Esprit » en #1P 3:18 renvoie-t-il au Saint-Esprit ou à l’esprit de Christ? Christ a-t-il prêché à travers Noé avant le déluge ou a-t-il prêché lui-même après la crucifixion (#1P 3:19)? L’auditoire de cette prédication était-il composé des hommes du temps de Noé ou des démons dans les abîmes (#1P 3:19)? Est-ce que 3:20-21 enseigne la régénération (le salut) baptismale ou le salut par la foi seule en Christ? Les réponses à ces questions se trouveront dans les notes.
Salutations (1:1-2)
I. Premier rappel: un grand salut (1:3-2:10)
A. La certitude de l’héritage à venir (1:3-12)
1. Un héritage préservé par la puissance de Dieu (1:3-5)
2. Un héritage éprouvé au creuset de la persécution (1:6-9)
3. Un héritage annoncé par les prophètes (1:10-12)
B. Les conséquences de l’héritage à venir (1:13-2:10)
1. La persévérance dans l’espérance (1:13-16)
2. Un émerveillement continu (1:17-21)
3. La force de l’amour (1:22-2:3)
4. La louange envers Christ (2:4-10)
II. Deuxième rappel: un comportement modèle (2:11-4:6)
A. Une vie qui honore Dieu devant les non-croyants (2:11-3:7)
1. La soumission aux autorités (2:11-17)
2. La soumission aux maîtres (2:18-25)
3. La soumission dans la famille (3:1-7)
B. Une vie qui honore Dieu devant les croyants (3:8-12)
C. Une vie qui honore Dieu au sein de la souffrance (3:13-4:6)
1. Souffrir pour la justice: un principe (3:13-17)
2. Souffrir pour la justice: un modèle (3:18-22)
3. Souffrir pour la justice: un objectif (4:1-6)
III. Troisième rappel: le retour du Seigneur (4:7-5:11)
A. La vie chrétienne et ses responsabilités (4:7-11)
B. La souffrance mais des récompenses (4:12-19)
C. Des responsabilités mais des exigences (5:1-4)
D. La victoire et son obtention (5:5-11)
Conclusion (5:12-14)
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