JEAN 01 : 1 à 51

12/01/2022 00:04

JOUR 73 DE 287 : NOUVEAU TESTAMENT

JEAN 01

JEAN 01 : 1 à 51 +
ÉTUDES EXPLICATIVES SUR LES VERSETS

1 ¶  Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.

Au commencement. Au contraire de #1Jn 1:1 (où Jean utilise une tournure similaire, « dès le commencement », pour désigner le point de départ du ministère de Jésus et de la prédication de l’Évangile), cette expression fait pendant à #Ge 1:1. Jean l’utilise dans un sens absolu, pour évoquer le commencement de l’univers matériel spatio-temporel.

était. Ce verbe souligne la préexistence éternelle de la Parole, c’est-à-dire Jésus-Christ. Avant que l’univers soit créé, la deuxième personne de la Trinité existait déjà : elle était de toute éternité (cf. #Jn 8:58). Ce verbe est utilisé en opposition avec le verbe « faire » du v. 3 qui, lui, signale un commencement temporel. Puisque le thème de Jean consiste à montrer que Jésus-Christ est le Dieu éternel, la deuxième personne de la Trinité, il n’a pas jugé bon d’inclure une généalogie, au contraire de Matthieu et Luc. Si l’on considère l’homme Jésus, il a évidemment une généalogie, mais si l’on considère le Dieu Jésus, il ne peut, par définition, en avoir.

la Parole. Jean a emprunté le terme « Parole » non seulement à l’A.T. mais aussi à la philosophie grecque, pour laquelle ce terme, totalement impersonnel, désignait le principe rationnel de la raison divine, l’esprit ou même la sagesse. Jean, quant à lui, lui donne le sens qu’il a dans l’A.T. et pour les chrétiens (p. ex. #Ge 1:3, où la parole de Dieu engendre l’univers; #Ps 33:6 ; #Ps 107:20 ; #Pr 8:27, où elle constitue l’expression toute-puissante de Dieu dans la création, sa sagesse, sa révélation et son salut), en désignant par lui une personne, c’est-à-dire Jésus-Christ. Il serait donc faux de prétendre que le seul arrière-plan culturel connu de Jean soit la philosophie grecque. L’utilisation par Jean de ce terme fait partie de sa stratégie pour atteindre non seulement les Juifs mais aussi les Grecs non sauvés : ce concept était familier aux deux groupes.

la Parole était avec Dieu. La Parole, la deuxième personne de la Trinité, était en intime communion avec Dieu le Père de toute éternité. Or, bien que jouissant des splendeurs du paradis et de l’éternité avec le Père (#Esa 6:1-13 ; cf. #Jn 12: 41 ; #Jn 17: 5), Jésus abandonna volontairement ses privilèges célestes pour prendre la forme d’un homme et se soumettre à la mort sur une croix.

était Dieu. La construction grecque souligne que la Parole possédait l’essence et les attributs de la divinité, c’est-à-dire que Jésus le Messie était, lui aussi, Dieu (cf. #Col 2:9). Même pendant son incarnation où il se dépouilla lui-même, il ne cessa jamais d’être Dieu mais prit sur lui la vraie nature humaine et donc un corps matériel ; il s’abstint volontairement de se servir de façon indépendante de ses attributs divins.

1:1-18 Ces vv. constituent un prologue qui introduit bien des thèmes majeurs que Jean va traiter, surtout le thème principal: « Jésus est le Christ, le Fils de Dieu » (vv. #Jn 1:12-14, #Jn 1:18 ; cf. #Jn 20: 31). Plusieurs mots clés récurrents dans tout l’Évangile (p. ex. vie, lumière, témoignage et gloire) apparaissent ici. Le reste de cet Évangile développe le thème du prologue : comment Jésus, le Messie et le Fils de Dieu, la « Parole » éternelle de Dieu, s’est fait chair et a accompli son ministère parmi les hommes pour que tous ceux qui croient en lui soient sauvés. Bien que Jean ait écrit ce texte en employant le vocabulaire le plus simple du N.T., les vérités qui y sont contenues font partie des plus profondes. Dans ce prologue figurent six vérités de base sur Christ en tant que Fils de Dieu :

1° le Christ éternel (vv. #Jn 1:1-3);

2° le Christ incarné (vv. #Jn 1:4-5);

3° le précurseur de Christ (vv. #Jn 1:6-8);

4° le Christ ignoré (vv. #Jn 1:9-11);

5° le Christ tout-puissant (vv. #Jn 1:12-13);

6° le Christ glorieux (vv. #Jn 1:14-18).

 

2  Elle était au commencement avec Dieu.

 

3  Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.

Toutes choses ont été faites par elle. Jésus-Christ fut l’agent de Dieu le Père, et il participa autant que ce dernier à la création de l’univers (#Col 1:16-17 ; #Hé 1:2).

 

4  En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.

1:4-5

vie …  lumière. Jean introduit ici les lecteurs aux oppositions récurrentes à travers son Évangile. « Vie » et « lumière » constituent des qualités de la Parole qui sont communes non seulement aux personnes de la Trinité mais aussi à ceux qui répondent au message de l’Évangile à propos de Jésus-Christ (#Jn 8:12 ; #Jn 9:5 ; #Jn 10:28 ; #Jn 11:25 ; #Jn 14: 6). Jean utilise 36 fois le mot « vie » dans son Évangile, beaucoup plus que les autres livres du N.T. Cela ne renvoie pas seulement dans un sens large à la vie temporelle et physique que le Fils, par son engagement en tant qu’agent de la création, a donnée au monde créé (v. #Jn 1:3), mais tout spécialement à la vie éternelle et spirituelle qui est communiquée gracieusement à ceux qui croient en lui (#Jn 3:15 ; #Jn 17: 3 ; #Ep 2:5). Dans les Écritures, « lumière » et « ténèbres » sont des symboles familiers. D’un point de vue intellectuel, la « lumière » évoque la vérité biblique, alors que les « ténèbres » renvoient à l’erreur et à la fausseté (cf. #Ps 119:105 ; #Pr 6:23). D’un point de vue moral, la « lumière » évoque la sainteté et la pureté (#1Jn 1:5) alors que les « ténèbres » évoquent le péché et les mauvaises actions (#Jn 3:19 ; #Jn 12:35, #Jn 12:46 ; #Ro 13:11-14 ; #1Th 5:4-7 ; #1Jn 1:6 ; #1Jn 2:8-11). « Ténèbres » a une signification spéciale quand ce terme a trait à Satan et à ses cohortes démoniaques qui règnent sur le monde présent, dans les ténèbres spirituelles (#1Jn 5:19). Il est en effet « le prince de la puissance de l’air », qui s’efforce de semer obscurité spirituelle et rébellion contre Dieu (#Ep 2:2). Jean emploie le mot « ténèbres » 14 fois (8 fois dans l’Évangile et 6 fois dans 1 Jn). Comme il n’existe que 17 occurrences de ce mot dans tout le N.T., c’est donc un terme qui lui est presque exclusif. Chez lui, « lumière » et « vie » ont un sens particulier en rapport avec le Seigneur Jésus-Christ, la Parole faite chair (v. #Jn 1:9 ; #Jn 9:5 ; #1Jn 1:5-7 ; #1Jn 5:12, #1Jn 5:20).

 

5 ¶  La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.

reçue. Une meilleure traduction de ce terme dans ce contexte est « surmontée ». Les ténèbres ne peuvent vaincre ni conquérir la lumière. Tout comme il suffit d’un petit lumignon pour éclairer toute une pièce, les puissances de ténèbres peuvent être vaincues par le Fils, au moyen de sa mort sur la croix (cf. #Jn 19: 11a).

 

6  Il y eut un homme envoyé de Dieu : son nom était Jean.

envoyé de Dieu. Jean était le précurseur de Christ, et il devait donc témoigner de lui comme Messie et Fils de Dieu. Avec le ministère de Jean prirent fin les « 400 années de silence » entre la fin de l’A.T. et le début du N.T., au cours desquelles Dieu n’avait donné aucune révélation.

Jean. Le nom de « Jean », dans cet Évangile, désigne toujours Jean-Baptiste, jamais l’apôtre Jean. L’auteur le nomme « Jean » sans préciser « Baptiste », contrairement aux autres (#Mt 3:1 ; #Mr 6:14 ; #Lu 7:20). En outre, l’apôtre Jean (fils de Zébédée) n’est jamais directement désigné dans cet Évangile, même s’il était l’un des trois intimes de Jésus (#Mt 17: 1). Une telle discrétion tend fortement à prouver que l’apôtre Jean est bien l’auteur de l’Évangile qui porte son nom, et que ses lecteurs le savaient eux aussi. Pour plus de détails sur Jean-Baptiste, cf. #Mt 3:1-6 ; #Mr 1:2-6 ; #Lu 1:5-25, #Lu 1:57-80.

 

7  Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui.

témoin …  rendre témoignage. Ces termes reçoivent une attention particulière dans cet Évangile; cela reflète le langage juridique de l’A.T., où la vérité apparaissait sur la base du témoignage de plusieurs (#Jn 8:17-18 ; cf. #De 17: 6 ; #De 19: 15); Jean-Baptiste ne fut pas le seul à témoigner de Jésus comme Messie et comme Fils de Dieu (vv. #Jn 1:19 ; #Jn 3:27-30 ; #Jn 5:33-35), car il y eut aussi d’autres témoins:

1° la femme samaritaine (#Jn 4:29);

2° les œuvres de Jésus (#Jn 10:25);

3° le Père (#Jn 5:32-37);

4° l’A.T. (#Jn 5:39-40);

5° les foules (#Jn 12:17);

6° le Saint-Esprit (#Jn 15:26-27).

afin que tous croient par lui. « Lui » désigne non pas Christ mais Jean en tant que porteur du témoignage de Christ. Le but de son témoignage était de produire la foi en Jésus-Christ le Sauveur du monde.

 

8  Il n’était pas la lumière, mais il parut pour rendre témoignage à la lumière.

Il n’était pas la lumière. Alors que Jean-Baptiste était l’agent de la foi, Jésus-Christ en est l’objet. La personne et le ministère de Jean furent d’une importance cruciale (#Mt 11:11); il ne fut cependant que le prédécesseur qui annonça la venue du Messie. Bien des années après le ministère et la mort de Jean, certains n’avaient toujours pas compris que son ministère n’était que subordonné à celui de Jésus (#Ac 19:1-3).

 

9  Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme.

la véritable lumière …  venant dans le monde. Souligne l’incarnation de Jésus-Christ (v. #Jn 1:14 ; #Jn 3:16). Les mots « venant dans le monde » peuvent être, mais c’est moins probable, rattachés grammaticalement à « tout homme » au lieu de « lumière », ce qui se traduirait « la véritable lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde ».

éclaire tout homme. A travers la puissance souveraine de Dieu, tout homme reçoit assez de lumière pour être tenu pour responsable. Dieu a planté sa connaissance en tout homme, au travers d’une révélation générale dans la création et dans chaque conscience. Cette révélation offerte à tous ne produit cependant pas le salut : soit elle conduit à recevoir toute la lumière de Jésus-Christ, soit elle a pour conséquence la condamnation de ceux qui rejettent une telle « lumière ». La venue de Jésus-Christ était l’accomplissement et l’incarnation de la lumière que Dieu avait placée dans le cœur de chaque homme.

le monde. Le sens de base du mot grec est « ornement », « parure » (cf. #1Pi 3:3). Le N.T. l’utilise au total 185 fois, et Jean avait une prédilection pour ce mot puisqu’il l’utilise à lui seul 78 fois dans son Évangile, 24 fois dans ses épîtres et 3 fois dans l’Apocalypse. Il lui donne plusieurs nuances :

1° l’univers physique créé par Dieu (v. #Jn 1:9 ; cf. #Jn 21:24-25);

2° l’humanité en général (#Jn 3:16 ; #Jn 6:33, #Jn 6:51 ; #Jn 12: 19);

3° le système invisible du mal dominé par Satan et tout ce qu’il offre pour s’opposer à Dieu, sa Parole et son peuple (#Jn 3:19 ; #Jn 4:42 ; #Jn 7:7 ; #Jn 14: 17, #Jn 14: 22, #Jn 14: 27, #Jn 14: 30 ; #Jn 15:18-19 ; #Jn 16: 8, #Jn 16: 20, #Jn 16: 33 ; #Jn 17: 6, #Jn 17: 9, #Jn 17: 14 ; cf. #1Co 1:21 ; #2P 1:4 ; #1Jn 5:19).

Ce dernier concept est le nouvel emploi qui est, de façon significative, fait de ce mot dans le N.T. et qui prédomine chez Jean. Ainsi, la plupart des fois où Jean utilise ce terme, c’est dans un sens résolument négatif.

 

10  Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue.

 

11  Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue.

les siens …  les siens. La première acception de « les siens » renvoie probablement au monde de l’humanité en général, alors que la deuxième suggère la nation juive. Le monde appartient à la Parole puisqu’elle en est créatrice, mais il ne l’a pas reconnue, du fait de son aveuglement spirituel (cf. aussi le v. 10). Jean utilisa la deuxième occurrence de ce mot dans son sens plus étroit pour désigner la filiation biologique de Jésus, donc les Juifs. Alors qu’ils possédaient les Écritures qui attestaient de son existence et de sa venue, ils se sont obstinés à le rejeter (#Esa 65:2-3 ; #Jér 7:25-26). Ce thème du rejet par les Juifs du Messie promis reçoit une attention toute particulière de la part de Jean dans son Évangile (#Jn 12:37-41).

 

12  Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu,

à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient. La seconde expression précise le sens de la première. Recevoir celui qui est la Parole de Dieu signifie accepter pour vrai ce qu’il affirme sur lui-même, croire en lui et donc lui prêter allégeance.

son nom. Dénote le caractère de la personne elle-même.

donné. Ce terme souligne que le don du salut est exclusivement un effet de la grâce de Dieu (cf. #Ep 2:8-10).

le pouvoir. Ceux qui reçoivent Jésus, la Parole, reçoivent l’autorité pleine et entière pour se prétendre les « enfants de Dieu ».

1:12-13 Ces vv. font contraste avec les vv. #Jn 1:10-11. Jean adoucit l’amertume que provoque la notion de rejet du Messie en mentionnant un reste de croyants. Cela annonce la structure du reste du livre, puisque les douze premiers ch. focalisent sur le rejet de Christ, tandis que les ch. #Jn 13:1-21:2 se concentrent sur ceux qui l’ont reçu.

 

13  (1-12) lesquels sont nés, (1-13) non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu.

de Dieu. Le côté divin du salut : au final, ce n’est pas la volonté de l’homme qui produit le salut, mais celle de Dieu (cf. #Jn 3:6-8 ; #Tit 3:5 ; #1Jn 2:29).

 

14  Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père.

la Parole a été faite chair. Alors que Christ, en tant que Dieu, n’a pas été créé et demeure éternel, le verbe « a été faite » souligne le processus par lequel il a endossé la nature humaine (cf. #Hé 1:1-3 ; #Hé 2:14-18). Cette vérité est très clairement la plus importante, car elle indique que l’infini a accepté de devenir fini ; l’Éternel s’est conformé au temps ; l’invisible est devenu visible ; celui qui est surnaturel s’est abaissé au naturel. Dans son incarnation, en revanche, la Parole n’a jamais cessé d’être Dieu mais elle a été faite Dieu dans une chair humaine, c’est-à-dire que sa divinité n’a pas été amoindrie en prenant forme humaine (#1Ti 3:16).

a habité. Signifie « édifier un temple » ou « habiter dans une tente ». Ce terme renvoie au tabernacle de l’A.T. où Dieu rencontra Israël avant la construction du temple (#Ex 25:8). On l’appelait « tente d’assignation » (#Ex 33:7 ; « tente du témoignage » LXX), et le Seigneur y parla à Moïse face à face, comme un homme à un ami » (#Ex 33:11). Dans le N.T., par contre, Dieu choisit d’habiter parmi les hommes de façon beaucoup plus personnelle, en devenant l’un d’eux. Dans l’A.T., une fois le tabernacle terminé, la présence de Dieu remplit toute la structure (#Ex 40:34 ; cf. #1R 8:10). Quand la Parole devint chair, la glorieuse présence de la divinité fut incarnée en elle (cf. #Col 2:9).

pleine de grâce et de vérité. Jean avait probablement #Ex 33:1-34:2 à l’esprit. A cette occasion, Moïse demanda à Dieu de lui manifester sa gloire. Le Seigneur répondit à Moïse qu’il ferait passer devant ses yeux toute sa « bonté », et quand il passa devant lui, il se présenta comme un Dieu plein de compassion, de miséricorde, de patience, de bonté et de fidélité (#Ex 33:18-19 ; #Ex 34:5-7). Ces attributs de la gloire de Dieu soulignent sa bonté, en particulier en rapport avec le salut. Jésus, en tant que « l’Éternel » de l’A.T. (#Jn 8:58: je suis), manifesta les mêmes attributs divins quand il établit son tabernacle parmi les hommes à l’époque du N.T. (#Col 2:9).

et nous avons contemplé sa gloire. Sa divinité fut certes voilée en prenant forme humaine, mais les Évangiles révèlent, comme par des éclairs, des aperçus de sa divine majesté. Les disciples eurent un aperçu de sa divinité sur la montagne de la transfiguration (#Mt 17:1-8). La référence à la gloire de Christ, cependant, n’était pas seulement visible mais aussi spirituelle : ils le virent faire la preuve de ses attributs divins ou des caractéristiques de Dieu (grâce, bonté, miséricorde, sagesse, vérité, etc.; cf. #Ex 33:18-23).

gloire comme …  du Père. Jésus était le Fils unique de Dieu, et il démontra la même gloire que son Père. Par essence, ils ont la même nature (cf. #Jn 5:17-30 ; #Jn 8:19 ; #Jn 10:30). L’expression « Fils unique » est une traduction peu exacte, car ce mot ne dérive pas du verbe « engendrer » mais évoque plutôt l’idée qu’il était « le seul bien-aimé du Père ». Cela signifie, par conséquent, que sa particularité consistait dans le fait qu’il était aimé comme nul autre. Par ces paroles, Jean souligne le caractère privilégié de la relation entre le Père et le Fils au sein de la Trinité (cf. #Jn 3:16, #Jn 3:18 ; #1Jn 4:9). Cela n’a rien à voir avec son origine mais avec son unique prééminence ; ce terme fut p. ex. utilisé à propos d’Isaac (#Hé 11:17), qui était le second fils d’Abraham (Ismaël étant l’aîné; cf. #Ge 16: 15 avec #Ge 21:2-3).

 

15 ¶  Jean lui a rendu témoignage, et s’est écrié : C’est celui dont j’ai dit : Celui qui vient après moi m’a précédé, car il était avant moi.

Le témoignage de Jean-Baptiste corrobore la déclaration de l’apôtre Jean qui affirme que la Parole incarnée est éternelle (cf. v. #Jn 1:14).

 

16  Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce ;

grâce pour grâce. Expression qui souligne la surabondance de la grâce qui fut démontrée par Dieu envers les hommes, surtout au bénéfice des croyants (#Ep 1:5-8 ; #Ep 2:7).

 

17  car la loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.

1:17-18 En corroborant la vérité du v. 14, ces vv. établissent un contraste pour conclure le prologue. La loi, donnée par Moïse, ne fut pas une démonstration de la grâce de Dieu mais de ses exigences de sainteté. Dieu l’a conçue dans le seul but de faire la démonstration de l’injustice de l’homme pour qu’il ressente le besoin d’un Sauveur, Jésus-Christ (#Ro 3:19-20 ; #Ga 3:10-14, #Ga 3:21-26). En outre, elle a révélé seulement une partie de la vérité, et sa raison d’être était essentiellement préparatoire. La réalité, la vérité pleine et entière en direction de laquelle pointait la loi, n’est venue que dans la personne de Jésus-Christ.

 

18  Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître.

qui est dans le sein du Père. Terme qui dénote l’intimité mutuelle, l’amour et la connaissance qui existent dans la Trinité (voir #Jn 13: 23 ; #Lu 16:22-23).

a fait connaître. Les théologiens utilisent le terme « exégèse », dérivé de ce verbe grec, pour désigner une explication. Jean voulait dire que tout ce que Jésus est et fait explique ce que Dieu est et ce qu’il fait (#Jn 14:8-10).

 

19 ¶  Voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des Lévites, pour lui demander : Toi, qui es-tu ?

Jean. Jean, issu d’une famille de sacrificateurs, appartenait à la tribu des Lévites (#Lu 1:5). Il commença son ministère dans la vallée du Jourdain quand il eut environ 29 ou 30 ans et proclama avec courage qu’il était indispensable de se repentir pour préparer la venue du Messie. C’était le cousin de Jésus, et il lui servit de précurseur prophétique (#Mt 3:3 ; #Lu 1:5-25, #Lu 1:36).

les Juifs …  de Jérusalem. Allusion probable au sanhédrin, l’institution la plus importante qui gouvernait les Juifs. Cette autorité était contrôlée par la famille du souverain sacrificateur, et ses envoyés étaient naturellement des sacrificateurs et des Lévites, plus intéressés par le ministère de Jean, aussi bien par son message que par le baptême qu’il proposait.

1:19-37 Par ces vv., Jean présenta le premier des nombreux témoignages qui attestent que Jésus est bien le Messie et le Fils de Dieu, renforçant ainsi son thème principal (#Jn 20:30-31). Le témoignage de Jean-Baptiste fut donné à trois dates différentes à trois groupes distincts (cf. vv. #Jn 1:29, #Jn 1:35-36). Chaque fois, il parla de Christ de façon différente et souligna des aspects différents à son propos. Les événements cités dans ces vv. eurent lieu en 26 ou 27 apr. J.-C., quelques mois à peine après le baptême de Jésus par Jean (cf. #Mt 3:13-17 ; #Lu 3:21-22).

 

20  Il déclara, et ne le nia point, il déclara qu’il n’était pas le Christ.

qu’il n’était pas le Christ. Certains pensaient que Jean était le Messie (#Lu 3:15-17).

Christ. Ce terme est l’équivalent grec de l’hébreux qui signifie « Messie ».

 

21  Et ils lui demandèrent : Quoi donc ? es-tu Elie ? Et il dit : Je ne le suis point. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non.

Quoi donc? Es-tu Elie? #Mal 4:5 promettait le retour du prophète Elie avant que le Messie n’établisse son royaume sur terre. Si Jean était le précurseur du Messie, était-il, lui, Elie ? demandèrent-ils. L’ange qui annonça la naissance de Jean avait dit que Jean viendrait avant Jésus « avec l’esprit et la puissance d’Elie » (#Lu 1:17), indiquant ainsi qu’un autre qu’Elie, au sens littéralement, pourrait venir accomplir la prophétie. Dieu envoya Jean qui était comme Elie, c’est-à-dire qu’il avait le même type de ministère, la même puissance et une personnalité semblable à lui (#2R 1:8 ; cf. #Mt 3:4). S’ils avaient accepté de recevoir Jésus comme leur Messie, Jean aurait réalisé cette prophétie.

Es-tu le prophète? Renvoi à #De 18:15-18, qui annonçait la venue d’un grand prophète comme Moïse, qui lui ferait office de voix. Du temps de Jean, certains interprétaient cette prophétie comme faisant allusion à un autre prédécesseur du Messie, et le N.T. (#Ac 3:22-23 ; #Ac 7:37) applique ce passage à Jésus.

 

22  Ils lui dirent alors : Qui es-tu ? afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ?

 

23  Moi, dit-il, je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit Esaïe, le prophète.

Jean cite et applique #Esa 40:3 à lui-même (cf. #Mt 3:3 ; #Mr 1:3 ; #Lu 3:4). Dans le contexte original d’#Esa 40:3, le prophète entend une voix qui l’appelle à préparer un sentier. Cet appel était une image prophétique qui annonçait le retour final en gloire d’Israël vers son Dieu. Israël quitterait ses ténèbres spirituelles et son aliénation au travers de la rédemption spirituelle accomplie par le Messie (cf. #Ro 11:25-27). En toute humilité, Jean se comparait à une voix plutôt qu’à une personne, forçant ainsi l’attention à se concentrer sur Christ seul (cf. #Lu 17: 10).

 

24  Ceux qui avaient été envoyés étaient des pharisiens.

 

25  Ils lui firent encore cette question : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es pas le Christ, ni Elie, ni le prophète ?

baptises-tu. Puisque Jean ne se définissait que comme une simple voix (v. #Jn 1:23), cela soulevait la question de savoir par quelle autorité il se permettait de baptiser. L’A.T. associait la venue du Messie à la repentance et à la purification spirituelle (#Esa 36:1-37:2 ; #Za 13:1). Jean attirait l’attention sur son statut de précurseur du Messie et se servait du baptême traditionnel des prosélytes pour symboliser le besoin de reconnaître les Juifs qui, à l’instar des païens, se trouvaient en dehors de l’alliance salvatrice de Dieu. Ils avaient, eux aussi, besoin de purification spirituelle et de préparation (repentance #Mt 3:11 ; #Mr 1:4 ; #Lu 3:7-8) avant l’avènement du Messie

 

26  Jean leur répondit : Moi, je baptise d’eau, mais au milieu de vous il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas,

 

27  (1-26) qui vient après moi ; (1-27) je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers.

Ces mots de Jean-Baptiste prolongent le thème, présent dans le prologue, de la prééminence du Messie (vv. #Jn 1:6-8, #Jn 1:15) et démontrent sa propre humilité: chaque fois qu’il en avait la possibilité, il détournait l’attention de lui-même pour la tourner vers le Messie. Jean alla jusqu’à dire que, au contraire d’un esclave qui avait pour tâche de retirer les sandales de son maître, il n’était même pas digne de rendre ce service à son Messie.

 

28  Ces choses se passèrent à Béthanie, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait.

Béthanie. Certains manuscrits portent « Bethabara », peut-être parce que des copistes ont cru que Jean s’était trompé en situant ces événements à Béthanie. On peut aussi supposer qu’il existait deux Béthanie : une près de Jérusalem, où vivaient Marie, Marthe et Lazare (#Jn 11:1), et une autre « au-delà du Jourdain » à proximité de la Galilée. Puisque Jean prit la peine de préciser la proximité de la première Béthanie par rapport à Jérusalem (#Jn 11:18), il faisait sans doute allusion ici à une autre ville qui portait le même nom.

 

29 ¶  Le lendemain, il vit Jésus venant à lui, et il dit : Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde.

Le lendemain. Renvoie sans doute au jour qui suivit la réponse que donna Jean à la délégation envoyée par Jérusalem. C’est aussi le début d’une série de jours (v. #Jn 1:43 ; #Jn 2:1) dont le point culminant fut le miracle de Cana (#Jn 2:1-11).

l’Agneau de Dieu. Les Juifs utilisaient très couramment un agneau pour leurs sacrifices. C’est un agneau qu’on sacrifiait le jour de la Pâque (#Ex 12:1-28), un agneau qui est mentionné dans la prophétie d’Esaïe (#Esa 53:7), un agneau encore que l’on offrait à l’occasion des sacrifices quotidiens en Israël (#Ex 29:38-42 ; #No 28:1-8 ; cf. #Hé 10:5-7). Jean-Baptiste utilisa cette expression en rapport avec l’ultime sacrifice de Jésus sur la croix pour racheter les péchés du monde, thème que l’apôtre Jean évoque tout au long de ses écrits (#Jn 19: 36 ; cf. #Ap 5:1-6 ; #Ap 7:17 ; #Ap 17: 14) et qui apparaît dans d’autres écrits du N.T. (p. ex. #1Pi 1:19).

le péché du monde. cf. #Jn 3:16 ; #Jn 6:33, #Jn 6:51. Dans ce contexte, le « monde » désigne l’humanité en général, et non chaque personne en particulier. L’utilisation de « péché » au singulier, en lien avec « du monde », indique que le sacrifice de Jésus pour le péché atteint potentiellement tous les êtres humains, sans distinction (cf. #1Jn 2:2). Jean explique en revanche clairement qu’il n’est efficace que pour ceux qui reçoivent Christ dans leur cœur (vv. #Jn 1:11-12). Pour plus de détails au sujet de la relation entre la mort de Christ et le monde, voir la note 1 au bas du texte sur {==> "2Co 5:19"}.

1:29-34 Cette partie évoque le témoignage que rendit Jean de Jésus à un deuxième groupe de Juifs, le second jour (voir vv. 19-28 pour ce qui est du premier groupe et du premier jour). Cette partie fait office de transition. Elle continue sur le même thème du témoignage de Jean-Baptiste, mais introduit déjà une longue liste de titres applicables à Jésus : l’Agneau de Dieu (vv. #Jn 1:29, #Jn 1:36), Rabbi (vv. #Jn 1:38, #Jn 1:49), Messie / Christ (v. #Jn 1:41), Fils de Dieu (vv. #Jn 1:34, #Jn 1:49), roi d’Israël (v. #Jn 1:49), Fils de l’homme (v. #Jn 1:51) et « celui de qui Moïse a écrit dans la loi et dont les prophètes ont parlé » (v. #Jn 1:45).

 

30  C’est celui dont j’ai dit : Après moi vient un homme qui m’a précédé, car il était avant moi.

 

31  Je ne le connaissais pas, mais c’est afin qu’il fût manifesté à Israël que je suis venu baptiser d’eau.

Je ne le connaissais pas. Bien qu’étant le cousin de Jésus, Jean ne le connaissait pas en tant que « Messie », celui qui vient (v. #Jn 1:30).

 

32  Jean rendit ce témoignage: J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et s’arrêter sur lui.

l’Esprit descendre. Dieu avait précédemment communiqué à Jean que c’était par ce signe que serait identifié le Messie promis (v. #Jn 1:33), si bien que lorsqu’il fut témoin de cet événement, il fut en mesure de reconnaître que Jésus était bien le Messie (cf. #Mt 3:16 ; #Mr 1:10 ; #Lu 3:22).

 

33  Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau, celui-là m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et s’arrêter, c’est celui qui baptise du Saint-Esprit.

 

34  Et j’ai vu, et j’ai rendu témoignage qu’il est le Fils de Dieu.

le Fils de Dieu. Dans un sens restreint, tous les croyants peuvent s’appeler « fils de Dieu » (p. ex. v. 12; #Mt 5:9 ; #Ro 8:14), mais Jean donne ici à cette expression toute sa force, en l’employant comme un titre qui souligne l’unicité et l’intimité particulières de Jésus avec son Père. Il souligne aussi la divinité de Jésus en tant que Messie (v. #Jn 1:49 ; #Jn 5:16-30 ; cf. #2S 7:14 ; #Ps 2:7 .

 

35  Le lendemain, Jean était encore là, avec deux de ses disciples ;

1:35-51 Cette partie décrit le témoignage que Jean donna de Jésus à un troisième groupe, c’est-à-dire à certains de ses disciples, le troisième jour (voir vv. 19-28, 29-34 pour le récit de la rencontre avec le premier et le deuxième groupe). Comme il fallait s’y attendre de la part d’un homme aussi humble que Jean, il oriente l’attention de ses propres disciples vers Jésus (v. #Jn 1:37).

 

36  et, ayant regardé Jésus qui passait, il dit : Voilà l’Agneau de Dieu.

 

37 ¶  Les deux disciples l’entendirent prononcer ces paroles, et ils suivirent Jésus.

ils suivirent Jésus. Bien que le verbe « suivre » signifie d’habitude « suivre en tant que disciple » dans les écrits de l’apôtre (v. #Jn 1:43 ; #Jn 8:12 ; #Jn 12:26 ; #Jn 21:19-20, #Jn 21: 22), il peut aussi prendre un sens neutre (#Jn 11:31). Le sens du mot ne signifie pas nécessairement qu’ils devinrent ses disciples de façon définitive à ce moment-là. Il est plutôt suggéré ici qu’ils le suivirent afin de pouvoir l’observer de plus près, motivés comme ils l’étaient par le témoignage de Jean. Cet incident servit à mettre en contact les disciples de Jean avec Jésus (p. ex. André ; #Jn 1:40). Ils finirent par lui consacrer leur vie comme d’authentiques disciples et apôtres quand Jésus les appela définitivement à son service, quelque temps plus tard (#Mt 4:18-22 ; #Mt 9:9 ; #Mr 1:16-20). A ce point du récit, Jean-Baptiste se retire de la scène, et l’attention se porte désormais sur le ministère de Christ.

 

38  Jésus se retourna, et voyant qu’ils le suivaient, il leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Rabbi ce qui signifie Maître, où demeures-tu ?

 

39  Venez, leur dit-il, et voyez. Ils allèrent, et ils virent où il demeurait ; et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était environ la dixième heure.

la dixième heure. D’après la manière romaine de compter les heures, cela correspond à 10 heures du matin ; d’après la manière juive, à 4 heures de l’après-midi. Jean mentionne l’heure précise, probablement pour signaler qu’il était lui-même le compagnon d’André (v. #Jn 1:40). Témoin oculaire de ces événements qui se déroulèrent sur trois jours - Jean vécut avec Jésus une première rencontre si bouleversante pour lui qu’il se souvenait de l’heure exacte où il le vit pour la première fois.

 

40  André, frère de Simon Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean, et qui avaient suivi Jésus.

 

41  Ce fut lui qui rencontra le premier son frère Simon, et il lui dit : Nous avons trouvé le Messie ce qui signifie Christ.

Messie. Ce terme est la transcription approximative d’un mot hébreu ou araméen qui signifie « oint ». Il dérive d’un verbe signifiant « oindre » quelqu’un pour le consacrer à une fonction particulière. D’abord appliqué au roi d’Israël (« l’oint de l’Éternel », #1S 16: 6), au souverain sacrificateur (« sacrificateur ayant reçu l’onction », #Lé 4:3) et, dans un passage, aux patriarches (« mes oints », #Ps 105:15), le terme finit par désigner, avant tout, celui qui avait été annoncé comme étant « celui qui vient » ou le « Messie », dans son rôle de prophète, de sacrificateur et de roi. Le terme « Christ », mot grec (adjectif verbal) qui vient du verbe signifiant « oindre », est utilisé pour traduire le terme hébreu, si bien que les termes « Messie » et « Christ » sont des titres, et non des noms personnels de Jésus.

 

42  Et il le conduisit vers Jésus. Jésus, l’ayant regardé, dit : Tu es Simon, fils de Jonas ; tu seras appelé Céphas ce qui signifie Pierre.

Jésus, l’ayant regardé. Jésus connaît ce qui est dans le cœur des hommes (vv. #Jn 1:43-51), mais il ne se contente pas de voir en eux (vv. #Jn 1:47-48): il est aussi capable de les transformer pour faire d’eux ce qu’il veut qu’ils deviennent.

tu seras appelé Céphas. Jusqu’à ce jour-là, Pierre était connu sous le nom de « Simon fils de Jonas » (cf. #Jn 21:15-17 ; #Mt 16: 17). Le terme « Céphas » signifie « pierre » en araméen et se traduit en grec par Petros. Jésus donna à Simon le nom de Céphas/Pierre au début de son ministère (cf. #Mt 16: 18 ; #Mr 3:16). Il annonçait ainsi non seulement la nouvelle façon dont ce disciple serait désormais appelé, mais aussi la manière dont il transformerait son caractère et l’utiliserait en relation avec la fondation de l’Église (cf. #Jn 21:18-19 ; #Mt 16:16-18 ; #Ac 2:14-4:32).

 

43 ¶  Le lendemain, Jésus voulut se rendre en Galilée, et il rencontra Philippe. Il lui dit : Suis-moi.

1:43-51 Cette section présente le quatrième jour depuis le commencement du témoignage de Jean-Baptiste (cf. vv. #Jn 1:19, #Jn 1:29, #Jn 1:35).

 

44  Philippe était de Bethsaïda, de la ville d’André et de Pierre.

Bethsaïda …  de la ville d’André et de Pierre. Alors que #Mr 1:21, #Mr 1:29 situe la maison de Pierre à Capernaüm, Jean précise qu’il était originaire de Bethsaïda. Pierre et André grandirent probablement à Bethsaïda pour aller ensuite s’installer à Capernaüm ; de même, Jésus était toujours identifié comme originaire de la ville où il vécut, Nazareth, alors qu’il habita plus tard ailleurs (#Mt 2:23 ; #Mt 4:13 ; #Mr 1:9 ; #Lu 1:26).

 

45  Philippe rencontra Nathanaël, et lui dit : Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi et dont les prophètes ont parlé, Jésus de Nazareth, fils de Joseph.

celui de qui Moïse a écrit dans la loi et dont les prophètes ont parlé. Expression qui résume toute l’argumentation de l’Évangile de Jean : Jésus représente l’accomplissement de l’A.T. (cf. v. #Jn 1:21 ; #Jn 5:39 ; #De 18:15-19 ; #Lu 24:44-47 ; #Ac 10:43 ; #Ac 18: 28 ; #Ac 26:22-23 ; #Ro 1:2 ; #1Co 15: 3 ; #1Pi 1:10-11 ; #Ap 19: 10).

 

46  Nathanaël lui dit : Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? Philippe lui répondit : Viens, et vois.

Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon? Nathanaël était originaire de Cana (#Jn 21: 2), autre ville de Galilée. Les Galiléens étaient méprisés par les Judéens, et les Galiléens eux-mêmes méprisaient les natifs de Nazareth. Le mépris de Nathanaël était peut-être motivé par le fait que Nazareth était une localité insignifiante, sans valeur prophétique notoire (#Jn 7:52, cf. cependant #Mt 2:23). Plus tard, les chrétiens seront désignés de façon dédaigneuse comme les membres de la « secte des Nazaréens » (#Ac 24: 5).

 

47  Jésus, voyant venir à lui Nathanaël, dit de lui : Voici vraiment un Israélite, dans lequel il n’y a point de fraude.

point de fraude. Ce que Jésus voulait dire, c’est que la brusque franchise de Nathanaël révélait un Israélite bien disposé à examiner pour sa part, et sans idée derrière la tête, tout ce qu’on racontait à propos de Jésus. Le terme désigne un cœur honnête et curieux. Possible allusion ici à #Ge 27:35: Jacob était notoirement connu pour sa duplicité, au contraire de Nathanaël. On peut comprendre que la duplicité de Jacob ne caractérisait pas seulement Jacob lui-même, mais aussi toute sa descendance. Aux yeux de Jésus, un Israélite honnête et sincère en était venu à représenter une exception plutôt que la règle (cf. #Jn 2:23-25).

 

48  D’où me connais-tu ? lui dit Nathanaël. Jésus lui répondit : Avant que Philippe t’appelât, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu.

Je t’ai vu. Aperçu rapide des pouvoirs surnaturels de Jésus : non seulement il fit une brève description de Nathanaël qui était juste, mais il révéla des choses que lui seul était en mesure de connaître (v. #Jn 1:47). Nathanaël venait peut-être de faire l’expérience d’une communion particulière avec Dieu à cet endroit-là, et c’est pourquoi il pouvait comprendre à quoi Jésus faisait allusion. De toute façon, Jésus avait connaissance d’informations qui n’étaient pas accessibles au commun des mortels.

 

49  Nathanaël répondit et lui dit : Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d’Israël.

le Fils de Dieu …  le roi d’Israël. La preuve donnée par Jésus de ses connaissances surnaturelles s’ajoutait au témoignage de Philippe, et balaya ainsi tous les doutes de Nathanaël. C’est pourquoi Jean ajoute à cette partie le témoignage de ce disciple. L’emploi de « le » associé à « Fils de Dieu » indique probablement que l’expression doit être comprise dans son sens le plus fort (cf. v. #Jn 1:34 ; #Jn 11:27). Pour Nathanaël, Jésus était quelqu’un que les pauvres mots humains ne suffisaient pas à décrire.

 

50  Jésus lui répondit : Parce que je t’ai dit que je t’ai vu sous le figuier, tu crois ; tu verras de plus grandes choses que celles-ci.

 

51  Et il lui dit : En vérité, en vérité, vous verrez désormais le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme.

En vérité, en vérité. Cf. #Jn 5:19, #Jn 5:24-25. Expression fréquemment employée par Jésus pour signifier l’importance et la vérité de ce qu’il allait ajouter.

le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre. A la lumière du contexte du v. 47, ce v. renvoie probablement à #Ge 28:12 où Jacob rêve d’une échelle qui descend des cieux. Ce que Jésus voulait faire comprendre à Nathanaël, c’est que, tout comme Jacob avait reçu des révélations surnaturelles, les autres disciples et lui vivraient des instants de révélation surnaturelle qui viendraient confirmer la nature de Jésus. De plus, la mention du Fils de l’homme à la place de l’échelle du rêve de Jacob désigne Jésus comme moyen d’accès à Dieu pour les hommes.

Fils de l’homme. C’est le titre de prédilection de Jésus qui l’employa pour se désigner lui-même plus de 80 fois. Dans le N.T., il est exclusivement réservé à Jésus et apparaît principalement dans les Évangiles (cf. #Ac 7:56). Dans le quatrième Évangile, l’expression se répète 13 fois, et elle est le plus souvent associée aux thèmes de la crucifixion et de la souffrance (#Jn 3:14 ; #Jn 8:28) ou de la révélation (#Jn 6:27, #Jn 6:53), mais aussi à l’autorité eschatologique (#Jn 5:27). Bien que pouvant parfois évoquer l’humanité de la personne ou fonctionner en tant que simple substitut pour « je » (#Jn 6:27 ; cf. #Jn 6:20), elle prend une signification eschatologique en rapport avec #Da 7:13-14 où un « fils de l’homme », le Messie, vient en gloire pour recevoir le royaume des mains de l’« Ancien des jours », c’est-à-dire le Père.

 

Note 1

2 Corinthiens 5:19

Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, en n’imputant point aux hommes leurs offenses, et il a mis en nous la parole de la réconciliation.

Dieu était en Christ. Dieu a souverainement décidé d’employer son Fils, le seul sacrifice acceptable et parfait, comme moyen d’effectuer la réconciliation entre lui et les pécheurs.

réconciliant le monde. Dieu prend l’initiative de changer la condition du pécheur : il s’approche de celui qui est éloigné, lui pardonne et l’accueille dans une relation juste avec lui-même. Cet enseignement constitue l’essence de l’Évangile. Le mot « monde » ne devrait pas être interprété ici dans un sens universaliste qui supposerait que tous les humains seront sauvés, ou sont potentiellement réconciliés. Il renvoie plutôt à l’humanité (cf. #Tit 2:11 ; #Tit 3:4) en tant que catégorie particulière des êtres à qui Dieu offre la réconciliation, et il englobe ainsi des personnes de tout groupe ethnique, sans distinction. La valeur de la mort de Christ est infinie, et le pardon qu’elle offre n’a pas de limites. Cependant, la rédemption a été effectivement réalisée pour ceux qui croient (cf. #Jn 10:11, #Jn 10:15 ; #Jn 17: 9 ; #Ac 13: 48 ; #Ac 20: 28 ; #Ro 8:32-33 ; #Ep 5:25). Le reste de l’humanité paiera personnellement le prix pour son péché dans l’enfer éternel.

imputant. Ce verbe peut aussi être traduit par « comptant ». C’est ici le cœur de la doctrine de la justification, par laquelle Dieu déclare que le pécheur repenti est juste à ses yeux: au moment même où une personne place toute sa foi en Christ et en sa mort sacrificielle, ses péchés sont couverts par la justice de Christ et ne sont plus pris en compte.

la parole de la réconciliation Dans ce passage, Paul présente une autre dimension du message de l’Évangile. Le mot grec pour « parole » (cf. #Ac 13: 26) souligne l’authenticité et la véracité d’un message, par opposition à une proclamation mensongère ou d’origine douteuse. Dans un monde rempli d’affirmations fausses, les croyants disposent des certitudes qu’apporte le message véridique et fiable de l’Évangile.

 

 

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